Tonio se lève pour saluer Lupo qui s'avance vers eux.
L-/ « Que puis je pour vous ?
T-/ merci Aniello, tu peux aller te coucher, j'ai à parler avec don Compari.
Mais vous, c'est pas Compari non ?
L-/ Si, si, ne vous inquiétez pas. »
Tonio congédie Aniello car il doit parler en toute discrétion avec Lupo et pas besoin d'oreilles indiscrètes pour entendre les propos et autres échanges.
Au moment où Aniello s'éloigne, Lupo lui dit de saluer et remercier sa mère pour son aide.
Aniello se retourne ne sachant trop si c'est du lard ou du cochon mais il s'éloigne.
T-/ « Fameux ce vin. Aniello m'a dit qu'il y avait un peu de grabuge dans la rue ce matin.
L-/ Querelle de voisinage qui est rentrée dans l'ordre.
T-/ Les jeunes, des fois ça s’énerve pour pas grand chose.
L-/ C'est ce que je me disais, c'est pas comme si on était embêté dans cette rue.
T-/ Je présume que les traces de sang, c'est un cochon qui était transporté dans une brouette puis c'est tombé et il a fallu le traîner.
L-/ Je sais pas, j'ai pas vu. Un poivrot peut être qui s'est éclaté le pif ?
T-/ Je préférais le cochon mais j'espère que vous avez des éléments pour aider à clore mon enquête. »
Ça sent le pot de vin et pas que celui du Bœuf Rouge
L-/ « Je crois que je dois avoir des éléments qui peuvent vous aider dans votre enquête, peut être même une dizaine.
T-/ Je suis sûr qu'avec ça l'affaire est claire. »
Lupo l'incite à finir son verre pendant qu'il va chercher une enveloppe avec du papier ou il a emmailloté les pièces pour limiter le bruit.
L-/ « J'ai consigné quelques arguments par écrit.
T-/ Au poids, les arguments sont là, On voit l'homme de lettre. »
Sur les vœux de bonne journée, il repart assurer la sécurité de la ville, du quartier et ranger sa prime.
L-/ «Bonne journée et merci de ce que vous faites pour la population de cette ville. »
Une fois les dépenses non courantes expédiées, Lupo se dirige vers Angelo pour récupérer les courriers, il y en a trois qui sont pour Lupo, Ettore et Speranza, rien pour Pidocchi.
Même papier, même encre, même écriture.
L-/ « C'est le même coursier qui a amené ça ? »
La tête baissée sur sa vaisselle, Angelo hoche la tête.
Lupo reconnaît l'écriture de Demestilla. Il remonte avec les lettres et pose celle d'Ettore sur son oreiller vu qu'il est absent. Dans la chambre de Speranza, y'a Soraya qui est revenue, pied nus sur le lit avec Speranza qui est tombée de sommeil sur les couvertures. Soraya bouquine en dégustant un petit verre de vin les jambes repliées pour cause de Speranza affalée sur son lit. Il pose le courrier sur le secrétaire.
L-/ « C'est un livre de Pido ?
So-/ -/ C'est un livre de toi mais je comprends pas tous les mots.
L-/ Tu veux que je t'en explique certains ?
So-/ Non, ça ira, plus tard peut-être.
L-/ Avec les enfants, ça s'est bien passé ?
So-/ Bien. T'as pas manger qui pique ?
L-/ Hein ? »
On a ça dans la culture culinaire de Ciudalia ?
…
L-/ « Si, on doit avoir une amphore d'olives. Tu m'en diras des nouvelles.
Du coup tu fais quoi aujourd'hui ? Rien ? »
Elle montre le livre
L-/ « Tu fais pas cours aux enfants ?
So-/ Enfants partis. Pas vu moi. »
Speranza se réveille, interrompue dans son sommeil par l'échange.
L-/ « T'as une lettre
S-/ Non, moi je sais pas écrire.
L-/ C'est Majan qui t'écrit. »
Speranza fait la moue
S-/ « Je vois pas pourquoi elle m'écrit. »
Lupo quitte les lieux et va ouvrir son propre courrier. Demestilla donne des nouvelles et demande des nouvelles de Lupo et mentionne que lors de sa venue au Bœuf Rouge elle est tombée sur son beau-frère, Ettore Stoccata. Elle a été surprise de le voir là et a cru comprendre qu'il logeait dans ce lieu comme lui et qu'elle en avait été étonnée. T'as t'il parlé de moi ? Je le croyais loin d'ici et je le retrouve là et je ne sais pas si son frère, mon époux est au courant ou doit l'être. Elle poursuit que Ettore l'avait battu froid, qu'elle comprenait ses raisons mais ne voudrait pas commettre un impair et désire en discuter avec Lupo.
Le texte finit par une invitation à venir boire une boisson chaude un après-midi prochain.
Lupo prend sa plus belle plume pour lui répondre.
Ma chère Demestilla, ravi d'avoir de vos nouvelles …. vu Maggio ce matin ...bla bla bla.
Je n'étais pas au courant de la relation avec Ettore et vous et seulement que ce dernier n'était pas à l'aise en la voyant au théâtre mais sans plus d'explication. En toute amitié, il ne m'a pas battu froid, fournit un brin plus d'explication et mis les poings/points sur les I. C'est avec grand plaisir que j'accepterai votre invitation. Il omet volontairement de confirmer que Ettore loge bien là.
Après avoir relu et vérifié, il fait expédier par un gamin de la rue avant que ses comparses n'empêchent le courrier de partir vers cette destinataire.
Il chope un des souriceaux, Sfacciato, pour lui demander où sont les autres.
Sfa-/ «Ben ils sont partis gagner à manger parce que ça nourrit pas d'apprendre des trucs.
L-/ Va falloir être sérieux.
Sfa-/ Tu te touches toi ! Baragouiner le sorayen, ça sert à rien
L-/ Tu veux que j'en parle à Pidocchi ?
Sfa-/ Tu veux que ta lettre elle arrive à la fille ? »
Ils négocient une pièce entre deux bravades et le gamin se barre en lâchant,
Sfa-/ « la déesse baise ton cul. »
Ettore est réveillé par l'odeur de nourriture et les deux femmes qui discutent dans leur pièce à côté. C'est le midi, l'heure de pause où elles peuvent se parler, vivre tranquillement ou se moquer de la soirée de la veille.
Il émerge, se passe la tête sous l'eau pour réveiller les sens, s'habille avant de quitter la chambre pour les croiser.
A côté les deux femmes causent.
Renata-/ « T'es levé, tu manges un morceau avec nous ?
E-/ Non, je vais vous laisser. »
Elle hésite puis retient ce qu'elle allait dire.
Il sort dans la rue ou on le salue comme d'habitude. La vie continue. Tout semble presque comme avant cette nuit et pourtant. Quand il arrive au Bœuf, Angelo lui indique que tout va bien et Pietra mentionne qu'il y a peu de monde, moins que les autres midis.
Pi-/ « Ça donne le temps de nettoyer le sol.
E-/ Ne te plains pas. Aujourd'hui, y'a pire à l'hirondelle. »
Il va vérifier dans le quartier des Carpone jusqu'à l'hirondelle. Il n'en a pas croisé sur le chemin.
L'activité est très calme dans le quartier. Il rentre dans l’auberge, passe la porte principale. Pas mal de monde est occupé à nettoyer. On évite son regard.
E-/ « Je voulais juste vérifier qu'on vous avait sorti de la cave. Désolé, pardon. Je voulais juste vérifier ça. »
Il repart vers le Bœuf mais aujourd'hui même leur quartier semble trop calme.
Quand il revient enfin chez eux, Pietra voit bien qu'il n'est pas dans son état habituel.
Pi-/ « T'as l'air tout chose. Tu veux un verre.
E-/ Non, je te finirai toutes les bouteilles si je commence.
Pi-/ C'est pas moi qui paye.
E-/ Oui mais c'est toi qui va me ramasser.
Pi-/ Faut que je m'occupe !»
Ne pouvant rester sur place à attendre que le temps passe ou à ressasser, ne sachant pas quelle suite de l'enquête il peut mener tout seul sans leur chef, il décide d'aller vers chez Ducatore pour signaler à Lupo ou à Spada Matado que Schernittore doit leur foutre la paix.
Dans le quartier Torrescella, on le surveille du regard. Y'a une énorme tension entre les maisons de nobles avec des allées et venues de diverses troupes de soldats pour sécuriser les carrefours et même parfois les palais. Ça discute entre factions dont d'anciens compagnons d'armes qui sont contents de caserner en ville plutôt que loin des terres Ciudaliennes.
Les phalangistes sont à l'aise mais chaque escorte de sénateur ou de patrice semble sur les dents. Chacun a peur, se méfie et pourrait mordre celui qui s'approche de trop ou ne se cale pas contre un mur quand ils le croisent. C'est tendu dans tout le quartier et quelques lames jouent des coudes mais le sang ne coule pas. Pas encore ou bien caché mais ça pourrait couler à tout moment avec les Bellicistes et les derniers événements du sénat.
Premier passage devant le palais pour repérer. C'est ouvert mais triple garde. Il devine que y'a du phalangistes dans la garde qui se sont ajoutés aux gardes habituels. Les permissionnaires ont trouvé du boulot pour compléter la solde.
Ettore profite de reconnaître des signes du régiment Burlamuerte pour aborder un garde avec un air et un signe de régiment facile à reconnaître pour ceux qui ont marché sous les mêmes couleurs.
E-/ « Est-ce que Lupo ou Matado sont à l'intérieur ?
g-/ T'es direct toi. » il hésite, regarde puis croyant reconnaître l'ancien dizainier.
« Je vais voir si je les trouve »
Lupo arrive quelques instants après et estime la situation.
L-/ « Tu veux rentrer ? Histoire qu'on n'ait pas des espions qui regardent. Même si y'en a sûrement à l'intérieur. Tu bois un verre ? »
Les deux hommes rejoignent une salle des gardes qui est bondée. En plus de ceux déjà en poste aux portes et dans le palais, il y encore ici plein de monde en armes pour protéger Léonide Ducatore.
Il commence à expliquer à Lupo qu'ils sont empêchés dans leurs enquêtes au service de Ducatore parce qu'un petit con de patrice, Dilettino Schernittore leur met des bâtons dans les roues. Vu que c'est une famille du clan des souverainistes, il devrait y avoir moyen que le message passe et que Dilettino se calme ou fasse un voyage loin avant qu'un accident arrive ? Toute la ville est déjà sous tension, ça serait dommage qu'un patrice ait un accident.
Lupo tique un peu sur la menace concernant le jeune patrice.
L-/ « Je sais bien que tu blagues mais faut éviter de dire ce genre de choses même ici. »
Ettore sort l'écharpe.
E-/ « Le Schernittore, il avait embauché Scheggia pour nous pister. Ce matin avec d'autres gars armés, ils nous ont tendu un piège et ils nous ont même attaqué chez nous.
L-/ Vu que c'est toi qui a l'écharpe, je présume que le reste n'en a plus besoin.
E-/ Va pas falloir que ça continue. Ton patron doit avoir les moyens de le calmer avant qu'une connerie plus grosse arrive. Tant qu'on l'a au cul, on ne peut pas bosser tranquille sur les trucs que vous nous avez demandé. Toute la ville est sous tension. Il suffit d'un accident et la populace peut se réveiller contre les nobles et même ceux-là sont sur les nerfs. Y'a des gardes partout, des mecs prêts à tirer l'épée si une ombre bouge. Si on peut pas calmer le jeu parce qu'on essaie de sauver notre peau, ça va pas être simple ».
Ça magouille, ça se tape dans le dos en parlant de s’entraîner un de ces jours dans la salle d'armes du palais. Lupo a bien écouté mais à son poste, il a peu de pouvoir pour agir alors il demande
L-/ « Tu veux que j'appelle Matado ? Finis le cruchon pendant ce temps-là. »
Ettore reste seul à la table. il a enlevé son masque pour boire et certains peuvent le reconnaître et après quelques hésitations un des soldats vient le voir.
s-/ « Ettore Stoccata ?
E-/ Presque, qui le demande ?
s-/ Je suis Fausto, j'ai appris avec votre père comment va-t-il ?
E-/ Je ne sais pas, ça fait longtemps que j'l'ai pas vu. »
Une chape de gêne vient de tomber sur Fausto qui pensait trouver un sujet de conversation pour lier amitié et partager un instant et se fait battre froid par un Ettore qui fait semblant ou pas de ne pas avoir vu son père depuis longtemps alors qu'ils sont dans la même ville. A quelques centaines de mètres d'ici même.
Lupo revient avec Matado qui s’assoit et demande à Ettore de résumer l'affaire.
L'agression au couteau dans la ruelle. L’altercation chez Diamantina où Schernittore a voulu s'en prendre à Gesufal et que ce dernier a tué Ronzino pendant que les Compari intervenaient pour équilibrer le débat. La haine qu'en a conçue Dilettino et ce qu'il a mis en œuvre pour les trouver.
L'intervention de Scheggia pour monnayer son silence puis la mise en œuvre d'une embuscade avec une bande de malfrats locaux.
SM-/ « Oui mais ça c'est juste utiliser les bandes rivales à son avantage.
E-/ Il nous a quand même envoyé des Fratelli Verdi, ça rigole pas. C'est quoi la prochaine étape ? »
Matado revoit à la hausse la problématique que cette tension peut faire monter dans une ville déjà en ébullition. Si en plus des phalangistes, des gardes sous pression, des alguazils aux abois on ajoute des routiers qui se font mercenaire, la ville peut imploser ou une révolte éclater et les rues se couvrir de sang. Le sujet est sérieux et Schernittore va devoir comprendre le message qui doit venir d'en haut.
SM-/ « Pour en revenir à Scheggia, il a bavé quelque chose ?
E-/ Des conneries sur la mort, son regret de Ciudalia.
SM-/ Mais concernant notre affaire ?
E-/ C'est pas lui. Concernant Blattari, c'est pas lui. J'ai demandé.
SM-/ En tout cas, ça fait une personne de moins dans la liste.
E-/ Reste surtout Mezzasole et Chiodi mais je suis pas pressé de les voir.
SM-/ Moi non plus.
SM-/ Le gars qui était avec toi. L'autre jour à propos de Don Blattari. Tu réponds de lui ? C'est qui pour toi ?
E-/ Comme un frère qu'on aurait choisi. Oui, j'en réponds. Y'a deux autres gamins qui ont disparu et on est aussi sur cette affaire. On approche d'un nom mais c'est pas encore sûr donc on vous en parle pas pour le moment mais comme c'est du sénateur, faudra voir à un moment ou à un autre.
SM-/ Et pour don Blattari, c'était quoi le but de ton ami quand il est venu ? Qu'est-ce qu'il faisait là ?
E-/ C'était son maître je crois. En tout cas un ami. »
Matado sent qu'il faut faire fructifier ce travail commun mais aussi mettre en place des sécurités pour éviter que les espions qui rôdent partout, même chez Ducatore, n'aient vent de ce qui se passe de ce côté-là et que le nom Ducatore soit associé à cette équipe utile mais inattendue.
SM-/ « y'a une poterne sur l'arrière qui donne sur le parc, vaudrait mieux passer par là les prochaines fois. Vous venez par là-bas et on vous ouvre. Une idée de mots de passe ?
E-/ Coccio ça serait pas mal.
SM-/ Coccio ? Pourquoi pas. Pas mal.
E-/ Coccio Compari ! »
Sur cet accord et une fois le mot de passe validé par chacun, Ettore quitte les lieux en passant à travers un parc qui mène vers une poterne pour sortir sur les arrières du palais. A une fenêtre, une jeune fille chante. Lorsque son regard se lève pour en chercher l'origine, Lupo le prévient.
L-/ « C'est la fille du podestat.
E-/ Les nobles protègent leurs filles contre les regards.
L-/ Il a deux autres enfants, des fils dont un est idiot et l'autre est parti loin. »
Ettore quitte le palais puis le quartier de Torrescella et prend le chemin pour rentrer au Bœuf Rouge.
Au Bœuf Rouge, justement, Lupo prévient Pietra que les gamins devraient venir pour leur leçon et que lui va s'absenter.
Pi-/ « Encore les gamins ? Ils puent ! Ils font fuir la clientèle. Ils ont moins de dents que Renata.
L-/ Qu'est-ce qu'elle a Renata ?
Pi-/ Moitié moins de dents dans la bouche. T'es bien un homme. C’est pas ça que tu regardes.
L-/ Tout ça pour dire que si les gamins réclament à bouffer, faudra leur en filer.
Pi-/ C'est ce que je fais mais si vous voulez en garder pour vous... Sinon d'ici deux jours ils ouvrent une épicerie avec tout ce qu'ils ont piqué.
L-/ C'est pour consommer sur place. Pas pour qu'ils emmènent.
Pi-/ Mais ils prennent ici, ils stockent ça dans leur joues, comme des rats.
L-/ Je pars faire un petit tour.
Pi-/ et elle s'appelle comment le petit tour ?
L-/ De toute façon, tu vas pas apprécier.
Pi-/ Si c'est comme l'autre pimbêche de l'autre jour ?
L-/ Laquelle ?
Pi-/ Celle avec la bouche un peu pincée, un peu blonde.
L-/ Non, celle avec qui je vais traîner s'appelle Claudio et elle aime pas qu'on soit en retard. Si les gamins débarquent, faut les installer dehors et faire descendre Soraya.
Pi-/ C'est encore à moi de gérer tout ça …
L-/ T'as qu'à réveiller Pido …
Pi-/ Tu veux que je le borde aussi ?
L-/ Il serait content. »
Elle laisse échapper un sifflement et regarde Lupo partir vers les mercenaires qu'il doit vite payer.
Quand Ettore rentre, on l'informe que Lupo est sorti.
Il mange un truc, pain, fromage avant de monter à l'étage où il n'y a personne alors il rentre dans sa chambre pour une éventuelle sieste qui compléterait son repos du matin. Sur son oreiller, une lettre déposée qu'il ouvre et commence à lire.
Mon cher Ettore,
Je ne sais pas si cette missive te trouvera. L'enfant que j'avais chargé de la précédente lettre m'a dit que tu l'avais refusée mais qu'une amie à toi avait accepté de la prendre, pour te la transmettre après, j'espère.
Je ne sais si cette missive restera lettre morte mais j'espère qu'elle pourra te toucher. Je ne peux que répéter par écrit des mots que je n’ai pu te dire. Pourquoi ne veux tu pas me revoir ? Pourquoi es-tu revenu à Ciudalia sans m'annoncer ton retour ? Pourquoi ? J'ai besoin de toi, je te prie de me pardonner ma lâcheté, je t'en supplie reviens moi.
Il finit la lettre, la repose et tente de chercher le sommeil quand Pietra braille dans l'escalier.
« Y'a une gerce qui demande à vous voir. »
Il se réveille de sa courte sieste puis sous le regard d'un pirate enjoué qui sent une balade possible se dirige vers les escaliers. Dans la salle, Zora semble attendre, seule. Pietra lui a servi un verre.
E-/ « Ouais ? »
Il se frotte la tête un brin endormi
E-/ « y'a quelqu'un d'autre qui a été enlevé ?
Z-/ Oui, moi, Je venais aux nouvelles. »
Ettore lui fait un résumé de ce qu'il s'est passé après que Zora ait évacué Gabriella. La contre embuscade, l'hirondelle et sa conclusion par un duel avec l'homme de main qui était derrière ça. Comment pendant ce temps-là un groupe de mercenaires venait pour attaquer nos quartiers mais que Pidocchi a profité d'une imprudence de Tignola pour lui caser un carreau fatal en pleine tête. Que l'attaque s'est dispersée par manque de commanditaire pour payer et diriger l'assaut.
E-/ « Tu diras à Stella qu'ils doivent discuter avec Pidocchi du sujet Carpone. »
Z-/ « Merci d'être venu.
E-/ C'est tous les Compari qui sont venus. »
Il est con ou il ne veut pas comprendre. Zora le regarde de son œil valide et insiste.
Z-/ « C'était important même si c'est pas toi qui est descendu à la cave. Et, pourquoi ce n'est pas toi qui es descendu ? Je lui dis quoi ?
E-/ A propos de quoi ?
Z-/ Elle pleure, elle est triste et seule après ce qu'elle a souffert et tu ne lui donne pas de nouvelles. Tu n'en demandes même pas.
E-/ Le mieux, c'est qu'elle m'oublie.
Z-/ Mais elle n'y arrive pas.
E-/ Ça j'y peux rien.
Z-/ OK, laissons ça de côté pour l'instant. On va niquer ensemble les Carpone ?
E-/ Ça, c'est pas moi qui décide. »
Rien à en tirer de ce type qui semble obtus. Il sait rien, il voit rien, il sent rien.
Trop bête ou trop fatigué ? Pourquoi sa cousine s'est entichée de ce mec ?
Z-/ « Tu vas pouvoir te recoucher. »
Z-/ « Je file.
E-/ La bonne journée et qu'on se revoit dans des occasions plus calmes.
Z-/ Va falloir qu'on se revoie bientôt de toute façon. Nos clans vont se rapprocher pour le partage des affaires des Carpone, peut-être même nouer des alliances. Sceller ça par un mariage.
E-/ Le mariage, ce n'est pas vraiment le genre de ton clan à ce qu'on dit.
Z-/ Qu'est-ce que tu en sais ? On ne conçoit sans doute pas la même chose que vous avec ce mot mais c'est important. Elle est juste malheureuse, elle ne comprend pas pourquoi tu es comme ça alors qu'elle te parle de ses sentiments, faudrait que tu lui écrives une lettre.
E-/ Qu'est-ce qu'elles ont toute avec les lettres ? Quel est l'idiot qui a appris aux femmes à écrire !
Z-/ Tu ne comprends rien. »
Z-/ « T'as raison faut qu'elle t'oublie. Tu te jettes dans le port et que tu disparaisses.
E-/ Encore ? Trouve lui un beau et gentil garçon.
Z-/ C'est ça, je vais faire la mère maquerelle maintenant. Non merci. Allez, bonne journée Ettore.
E-/ Bonne journée Zora, à la prochaine. »
Lupo et Ettore se retrouvent sur les marches de devant au soleil mais Coltello, un des souriceaux, vient rapidement se coller aux Compari et quasi sans hésiter :
Coltelo-/ « Vous faites quoi pour Zoppa, vous allez le chercher ou vous vous en foutez ? »
Il provoque ? Il veut sa baffe de midi après la nuit qu'on vient de passer et tous les efforts que font les Compari ? Non, il voit juste son problème et celui de son pote disparu en se disant que ça pourrait être lui qu'on devrait chercher alors il ose et même s'il faut les protéger d'un autre enlèvement, il ne faut pas les laisser sans nouvelles ni activités à attendre que leur copain réapparaisse.
L-/ « Tu connais des gamins qui traînent du côté de Purpurezza ?
C-/ Y'en a qui viennent de là-bas mais on évite.
L-/ Si tu connais des gamins qui crèchent du côté de Purpurezza, vous pouvez avoir les oreilles qui traînent sur ce coin-là. Y'a des chances que Potito et Zoppa soient par là mais c'est dangereux.
C-/ On sait.
L-/ Non, tu sais pas. Y'a des nobles et de la magie derrière donc c'est très compliqué. »
Pour ne plus être dérangés, Ettore et Lupo ont choisi de changer d’endroit et de profiter du soleil sur la terrasse au niveau des toits. Autant de soleil mais plus de calme.
L-/ « Qu'est ce tu as prévu de faire ?
E-/ aller voir dans le quartier ou y'a du bruit pour éviter qu'il y ait trop d'agitation et que les nobles viennent taper sur la population et comme c'est la famille de Speranza faudrait ..
S-/ Oui, on parle de moi.
L-/ Bien dormi ? En forme ?
S-/ C'est qui qui m'a amené le courrier ? C'est qui qui m'a écrit ?
L-/ J'en sais rien. T'as qu'à ouvrir. »
Sur l'enveloppe, jeune fille, madame, j'ai écrit une lettre à Ettore Stoccata qu'il a refusé de prendre et que vous avez prise. Je remercie qu'elle ne soit pas restée lettre morte.
Je ne sais quelle est votre relation. Je suis Demestilla Stoccata, sa belle-sœur. Je pense que vous étiez présente quand …
Speranza froisse la lettre avant de finir et semble mimer le dégoût.
Elle s’assoit à côté d'Ettore
S-/ « T'as un problème.
E-/ Tu parles d'aujourd'hui ou en général ?
S-/ Dans le genre fixette.
E-/ Quoi ?
S-/ La nana que tu voulais éviter, elle m'a carrément écrit. Elle va pas te lâcher.
E-/ Déjà que Zora est passée pour me dire que l'autre ne m'oublie pas et est triste à cause de moi.
S-/ Gabriella ? Après l'hirondelle, elle pense encore à ça ?
E-/ D'après Zora oui et elle parle d'alliance entre les deux familles.
S-/ Tu veux qu'on se marie ? »
Il s'étouffe de surprise et devant sa réaction Speranza reprend.
S-/ « Eh oh ! C'est pour rendre service, hein! Je n'ai pas prévu de me marier mais si ça fait qu'elles te lâchent, je t'aide. »
Lupo rigole.
L-/ « Les inconvénients du mariage sans les avantages. Tu as les problèmes et tu couches même pas. Tout l'inverse de ce qui me convient à moi. »
S-/ « Tu leur donne rendez-vous à toutes les deux et tu les laisse s'écharper.
Elle demande carrément dans la lettre quelle relation on a.
E-/ J'habite plus là-bas.
S-/ Vu comment elle est partie, elle risque de débarquer. Vu qu'elle connaît l'adresse.
E-/ Grâce à qui ?
L-/ Oh ne recommencez pas. Personne ne pouvait savoir.
E-/ Ce n'est pas comme si monsieur donnait pas l'adresse de notre quartier secret à toutes les dames qu'il fréquente. La dernière en date, c'est Majan.
S-/ Elle est partie elle ?
L-/ Non, l'enquête n'est pas finie.
S-/ Mais je suis dessus moi, pas besoin d'elle.
L-/ Y'a qu'à mettre en commun.
S-/ Mais je vois pas pourquoi elle n'a pas besoin d'enquêter. On s'en charge et elle n'a pas à fouiller dans mes affaires.
E-/ Genre casse toi de ma ville ?
S-/ Elle se mêle pas de mes affaires et tout ira bien.
E-/ Dans l'idée ?
S-/ Dans l'idée, fallait pas qu'on sache que c'était ma famille.
L-/ Se faire passer pour morte, ça semble pas une bonne habitude pour avoir la paix ici.
S-/ Si elle se mêle de mes affaires » Elle passe son doigt sous la gorge, un message évocateur.
L-/ « Elle est du culte du desséché, tu veux qu'il y en ait six qui débarquent pour enquêter ? »
Speranza consent que ça lui amènerait plus d'ennuis que de soulagement alors elle change de sujet.
S-/ « Et l'autre aussi, elle s'en va quand ?
L-/ Y'a au moins un mois pour que ça aille jusqu'à Ressine et que ça revienne.
E-/ Trente dodos.
L-/ non, parle pas en dodo »
Speranza frappe amicalement Lupo.
Sur la terrasse, le soleil se couche.