1.)
Quoi que c'est ?
Shadowdark VF (version pdf alpha pour les contributeurs du crowfunding)
2.)
Vous en avez entendu parler où pour la première fois ?
Ici, lorsque la version originale a été lancée.
3.) Achat compulsif, impulsif ou réfléchi ?
Réfléchi. J'avais lu les trucs gratuits en anglais puis en français disponibles.
4.) Que pensiez-vous trouver ?
Pour moi, en tant que meneur, un jeu complet aux règles épurées pour jouer du médiéval fantastique dans un univers type "dungeonverse". J'espérais aussi trouver un système me permettant de bidouiller moins pour jouer plus. Bref, une mécanique à laquelle j'adhère à 100 % et que je joue "By The Book".
Pour mes joueuses, un système intuitif qui fait qu'on peut jouer sans lire les règles (une explication globale du système avant de jouer et puis on gère au fil de la partie les cas particuliers). Un truc où la création de personnage est rapide.
5.) Qu'avez-vous trouvé ?
Petit préalable, j'ai donc lu la version PDF alpha envoyée aux contributeurs du crowdfunding. La mise en page n'est pas totalement terminée et il y aura sans doute quelques modifications dans le texte également. Mais en soi, tout est là pour jouer.
Niveau mise en page, ce qui existe est déjà très bien et clair. L'une des qualités citées souvent pour ce livre est qu'il est pensé pour jouer et je rejoins cet avis. C'est épuré et efficace. Il y a des illustrations que je trouve moins bien, mais je ne cherchais pas à acheter un artbook donc ça n'a pas beaucoup d'importance.
Pour le cœur du système, c'est le niveau de complexité qui me convient et c'est une simplification de D&D5. C'est-à-dire que ce n'est pas complexe du tout. La mécanique de jeu est parfaite pour moi. Elle a une cohérence d'ensemble qui fait que je me vois sans difficulté faire jouer sans devoir vérifier dans les règles si je ne me trompe pas. Les règles tiennent en quelques pages et permettent de jouer ce que j'ai l'habitude de jouer (vous êtes assis dans une auberge, une veuve s'approche de vous. Elle vous demande de retrouver son alliance de mariage qu'un minotaure planqué dans un donjon a malencontreusement volé pendant sa sortie dominicale pour massacrer des villageois. La récompense ? Une tarte au riz et une carte menant à la légendaire épée de vérité). Pour jouer ce type de partie à l'accroche originale et avenante, ce n'est évidemment pas le seul système disponible sur le marché. Voici un peu les différences que je vois par rapport à d'autres jeux visant un peu la même logique : Knave2, Macchiato Monsters et 5B.
Contrairement à Knave2 ou Macchiato Monsters, Shadowdark propose des classes de personnages. On aime ou pas la proposition, mais pour moi qui cherche une mécanique où la création de perso est rapide et les personnages complémentaires, les classes de persos conviennent bien. Pour Knave2, j'ai du mal à dire, mais pour Macchiato Monsters, je pense que la création de personnages me prendrait plus de temps à la table qu'avec Shadowdark. 5B propose des classes aussi, mais me semble moins clair dans les explications pour créer un perso (il tient en moins de pages et l'extrême concision nuit à l'utilisation selon moi). Bref, à ce niveau-là, si on est OK avec les classes de personnages, Shadowdark propose quelque chose de simple, facile à lire et à comprendre pour créer un personnage en très peu de temps. C'était un de mes besoins et Shadowdark remplit pleinement l'attendu. J'ajoute que monter de niveau est tout aussi simple et donc nickel pour moi. On n'a pas la liberté des trois autres systèmes, mais on gagne en rapidité et clarté selon moi.
Macchiato Monsters et 5B proposent de la magie freeform. De base, c'est la mécanique pour la magie que je préfère. Ça prend moins de pages, ne demande pas aux joueuses de retourner dans le bouquin régulièrement et permet de créer des surprises en partie. Macchiato Monsters propose un système de magie dans la continuité du dK system (ce qui me convient bien puisque je l'ai largement utilisé à ma table - reconnaissance éternelle à Eric Nieudan pour ces deux jeux) et 5B propose un truc dans le même style. Shadowdark propose de son côté une liste de sorts comme on en trouve dans D&D. Les sorts tiennent en quelques paramètres et explications. Le mage jette son dé pour voir si son sort fonctionne, point barre. S'il foire, ça peut générer plein d'ennuis pour lui et ce qui l'entoure. S'il réussit, pas de jets de sauvegarde pour le camp d'en face. Là, j'adhère à 100 %. Je pense que Shadowdark, en se mettant dans une logique OSR de "vous avez une forte chance de mourir et de devoir recréer un personnage", a pu faire l'économie de toutes les règles visant à diminuer les risques de mourir à cause d'un mauvais jet de dés. Donc, pas de jet de sauvegarde (qui finalement porte assez bien son nom). Résultat, une approche de la magie qui me convient. Une mécanique qui fera réfléchir les joueuses sur le fait de lancer un sort, mais qui s'ancre dans la règle universelle du jeu : 1d20 + Carac contre Niveau de Difficulté (et ici, c'est simplement 10 + Niveau du sort). Knave utilise aussi une liste de sorts, mais en version encore plus light (la marge d'interprétation me semble plus élevée). Bref, MM, 5B et Knave sont plus libres sur le système de magie, mais Shadowdark fait une proposition qui reste simple et sexy.
Sur ces deux points qui sont les deux trucs que je regarde toujours attentivement dans un jeu, on peut comprendre que Shadowdark est la proposition la plus cadrante selon moi. C'est donc aussi celle qui me semble la plus adaptée pour les joueuses "une fois de temps en temps" (ce qui est le cas de mon groupe) et les personnes qui n'ont pas une expérience JDR suffisante pour exploiter la liberté des autres systèmes.
Le truc le plus vendu par rapport à Shadowdark est la gestion de la lumière (une torche = une heure de luminosité en temps réel). Honnêtement, c'est une idée comme on en trouve dans plein d'autres jeux de ce type donc ce n'est pas ce qui m'a le plus percuté à la lecture. D'autant plus que si je veux implanter cela dans Macchiato Monsters, Knave ou 5B, c'est une adaptation qui me demandera 0 minute. Bref, je vais utiliser la règle parce que j'imagine bien la tension qu'elle peut amener, mais elle est clairement exportable dans d'autres jeux et ne justifie pas à elle seule l'achat du livre.
Un autre point mis en avant est le foisonnement de tables aléatoires. Pour faire simple, il y en a effectivement beaucoup et les résultats proposés sont clairs. Elles sont pensées pour amener de l'histoire et en cela, c'est nickel. Trois bémols pour moi cependant. Premièrement, j'ai parfois eu du mal à imaginer comment utiliser certaines tables. Là, on est au niveau de l'explication de l'utilisation des tables aléatoires (et de leurs liens les unes par rapport aux autres). N'étant pas un habitué des tables de rencontres aléatoires, j'ai eu le sentiment que le besoin de concision dans le texte et l'idée que le lecteur final est un utilisateur régulier de tables aléatoires a fait prendre quelques raccourcis au détriment du côté pédagogique. Ou alors, je suis une quiche. Ce qui est tout à fait possible. Bref, à la première lecture, tout ne m'est pas apparu comme fluide (essentiellement sur les liens à faire entre les différentes tables aléatoires). Deuxième bémol, elles créent logiquement un type d'univers en creux. Si on se met dans le poncif Dungeonverse, ça roule. Si on veut jouer dans un univers qui a quelques particularités, il faudra ponctuellement adapter. Ce n'est évidemment pas un défaut puisque c'est bien un livre pour jouer dans le style de D&D (pas de mensonge sur la marchandise donc). Juste, si vous avez un univers à vous avec quelques twists, il faudra ponctuellement adapter à la volée. Troisième bémol lié au deuxième, le fait d'être dans un univers typé D&D et pensé pour être relativement générique fait que les propositions sont peut-être moins surprenantes. Pour résumer, je ne suis pas un adepte des tables aléatoires, mais si je m'y frotte, j'ai lu d'autres livres qui collaient mieux à ce que j'attends.
Pour mes joueuses, je pense qu'on pourra effectivement faire l'économie de la lecture du livre. C'est facile à comprendre et à expliquer. Au pire, le livre est tellement bien fait qu'on retrouvera rapidement la règle dont on a besoin. On est dans un des points positifs souvent cités sur l'ouvrage et je le rejoins. C'est un livre fait pour être joué, pas pour décorer. De plus, on pourrait s'attendre à un truc lourd à lire et finalement non. C'est bien pensé pour être joué, mais ce n'est pas pour autant casse-pieds à lire.
J'ai lu des remarques sur le prix qui était jugé élevé et je ne vais pas rentrer dans le débat de savoir si le prix est juste pour l'ouvrage. Je dirai juste que de mon point de vue, le livre est autonome. Donc, le jeu est complet avec ce livre de base (règles, monstres, sorts, objets magiques, etc.) pour une partie de JDR classique dans un monde typé D&D. On peut acheter des extensions, mais cela ne me semble pas du tout indispensable.
Dernier point d'importance, est-ce que je me vois le jouer "By The Book" ? Parce que si l'optique est de préparer moins et de jouer plus, c'est un point important pour moi. Pour un one-shot, je pense que je peux jouer en ne touchant à rien. C'est complet et on trouve la totale dans le livre (règles, sorts, monstres, objets magiques, etc.). Pour une campagne, j'aurais du mal à ne pas modifier quelques points. Premièrement parce que si je pars sur une campagne, je prendrai un univers qui a un peu de relief (et donc il faudra apporter des petites modifications dans des tables aléatoires, monstres, objets, etc.) et ensuite parce que le système de classe d'armure de D&D m'a toujours gonflé. Clairement, je suis adepte du système d'armure de Macchiato Monsters (un dé correspondant à l'armure jeté en début de combat pour servir de PV temporaires). En soi, pas de hacking révolutionnaire donc. Et c'est sans doute là le point le plus important de Shadowdark, c'est que la proposition de jeu est finalement très cohérente et attirante pour ne pas vouloir faire du tuning de A à Z.
6.) Allez-vous vous en servir ?
Oui, c'est du bon. Probablement un one-shot d'abord pour voir ce que cela donne à ma table.
7.) En conseilleriez-vous l'achat ?
Oui si vous vous retrouvez dans la proposition de jeu. Jouer dans le style de D&D avec un côté plus gritty. Et pour les adeptes du jeu à distance, il existe un module Shadowdark traduit en français dans Foundry VTT. Et de ce que j'ai testé, il est assez complet tout en étant gratuit.