[PROJET] Zov Brejnev : ou comment ne pas confondre Grands Anciens et gérontocrates

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Orlov
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Re: [PROJET] Zov Brejnev : ou comment ne pas confondre Grands Anciens et gérontocrates

Message par Orlov »

Pas de vor v zakone sous Brejnev, on parle plutôt de Blatnoy. Mais comme c'est un peu moins folklorique et cinématographique, on peut préférer l'archétype du bandit tatoué. En revanche, le point d'honneur d'un vor v zakone est de ne jamais coopérer (y compris avec d'autres voir), donc avoir un vrai vor dans un groupe, j'y crois moyen.
Cryoban a écrit : lun. juin 26, 2023 7:56 am Le vrai problème c'est les gens.

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Re: [PROJET] Zov Brejnev : ou comment ne pas confondre Grands Anciens et gérontocrates

Message par Le merlock »

Orlov a écrit : jeu. juil. 31, 2025 11:35 am Pas de vor v zakone sous Brejnev, on parle plutôt de Blatnoy. Mais comme c'est un peu moins folklorique et cinématographique, on peut préférer l'archétype du bandit tatoué. En revanche, le point d'honneur d'un vor v zakone est de ne jamais coopérer (y compris avec d'autres voir), donc avoir un vrai vor dans un groupe, j'y crois moyen.

Je suis d'accord avec ça. De plus mon idée est de jouer des citoyens ordinaires, donc pas de Vory...

Ou alors un groupe 100%  vor v zakone, mais là c'est un nouveau jeu...
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Re: [PROJET] Zov Brejnev : ou comment ne pas confondre Grands Anciens et gérontocrates

Message par wade le rond »

You des Alpages a écrit : mer. juil. 30, 2025 6:34 pm Star Marx, dont une réédition est en cours de livraison - sf, mais pile dans l'inspiration (humoristique)

Merci à toi; j' y pensais aussi.
@Le merlock : merci à toi pour ce beau contexte si original. Je ne sais pas si tu as pensé à mage l'ascension pour la compatibilité avec ce background.
 
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Re: [PROJET] Zov Brejnev : ou comment ne pas confondre Grands Anciens et gérontocrates

Message par Le merlock »

wade le rond a écrit : jeu. juil. 31, 2025 12:18 pm
@Le merlock : merci à toi pour ce beau contexte si original. Je ne sais pas si tu as pensé à mage l'ascension pour la compatibilité avec ce background.

De rien, ça me fais plaisir et je suis content de voir qu'il y a des Casusiens intéressés. N'hésite pas à ajouter tes propres idées, suggestions ou propositions à ce contexte, tous les avis m'intéressent !

J'ai pensé à pensé à Mage : l'Ascension, mais je ne connais pas assez ce jeu pour y faire des propositions pertinentes. Je pense en tout cas que paradoxalement, la Technocratie est très mal implantée en URSS et que la conquête spatiale soviétique peut très bien avoir été impulsée par les Fils de l'Ether, ce qui a généré une réponse immédiate des Ingénieurs du vide, via la NASA.
Pour le reste, l'URSS devrait faire la part belle aux Parlesonges (chamanisme sibérien), au Verbenae (magie païenne traditionnelle), au Chœur Céleste (mystiques et autres ermites à moitié fous) et aux Excavés (des types normaux qui craquent sous la pression d'un système totalitaire et passent en mode plus ou moins psychopathe)...
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Re: [PROJET] Zov Brejnev : ou comment ne pas confondre Grands Anciens et gérontocrates

Message par wade le rond »

Le merlock a écrit : jeu. juil. 31, 2025 1:03 pm J'ai pensé à pensé à Mage : l'Ascension, mais je ne connais pas assez ce jeu pour y faire des propositions pertinentes. Je pense en tout cas que paradoxalement, la Technocratie est très mal implantée en URSS et que la conquête spatiale soviétique peut très bien avoir été impulsée par les Fils de l'Ether, ce qui a généré une réponse immédiate des Ingénieurs du vide, via la NASA.
Pour le reste, l'URSS devrait faire la part belle aux Parlesonges (chamanisme sibérien), au Verbenae (magie païenne traditionnelle), au Chœur Céleste (mystiques et autres ermites à moitié fous) et aux Excavés (des types normaux qui craquent sous la pression d'un système totalitaire et passent en mode plus ou moins psychopathe)...

On pourrait imaginer un cycle de "dissidents" issus des versions slaves des 9 traditions (et je pense que c'est très simple à faire).

Pour la technocratie c'est passionnant, la question se pose : on pourrait imaginer une technocratie en Janus, le dieu à deux têtes dont l'une des têtes est capitaliste, l'autre communiste.
Derrière l'opposition idéologique alimentée par le NWO, c'est la même course à la technologie dans les deux blocs, et peut être une "racine commune" aux deux têtes qui "organise" la querelle idéologique, de façon un peu orwellienne.
 
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Re: [PROJET] Zov Brejnev : ou comment ne pas confondre Grands Anciens et gérontocrates

Message par Orlov »

Bon. Parlons Mat' (ou Mat, ça marche aussi) et Fenya.
Le Mat est manière de s'exprimer grossière et obscène dont l'usage est interdit, y compris dans la rue. L'emploi du Mat est considéré comme une circonstance aggravante dans un crime, comme une cause de divorce (et on ne divorce pas si facilement que ça en URSS) et peut valoir amendes voire des peines de prison légères en cas d'emploi public. Le Mat emploie quatre "racines" (bite, chatte, putain et baiser) qui sont combinées par son locuteur pour insulter proprement ou simplement communiquer dans les milieux populaires. Par exemple, pourquoi dire " passe moi le compresseur" si on est pas sûr que l'interlocuteur sache ce qu' est un compresseur " ?passe moi le putain de truc là" a plus de chances d'être compris par l'autre opérateur. Par ailleurs, utiliser le mat pose un statut social informel et communique une agressivité qui peut aider un investigateur à se faire comprendre dans les milieux populaires, voire des flics ou des bureaucrates du coin s'ils ne sont pas trop revêches. C'est aussi une manière de se faire respecter dans une file d'attente ou une queue.

Le Fenya est un vrai langage, dans le sens où il n'est pas compréhensible des non initiés. Originaire des milieux criminels des ports de la mer noire, il incorpore des mots venus du Grec, du Yiddish et du Turc qui vont remplacer subtilement les racines russes. Un criminel ne dira pas qu'il va dormir, roupiller ou mettre le jambon dans le torchon mais qu' il va "somner" (du Grec somnos, le sommeil) [ceci est un exemple non documenté, c'est juste pour montrer comment ça marche]. Comme le rhymin' slang, le Fenya va chercher des sons similaires à d'autres mots russes sans rapports. Par exemple " monter sur un coup " va sonner comme " prendre le train ", " voler quelqu'un" comme "traire la vache" ou "coucher le petit". Bref, c'est un langage pour initiés et curieusement, il faut attendre Danzig Baldaev, un officier de police leningradois et les années 60 pour que des lexiques circulent au sein des forces de police et remplacent les compilations de l'époque tsariste. C'est également ce même officier qui va commencer à copier les tatouages des criminels (il faut en faire un PNJ car c'est une personnalité historique très atypique). Son emploi commence cependant à être mieux connu du public à cause du brassage des populations au goulag et parce que des chansonniers commencent à se spécialiser dans la Blatnaya Pesnya, la chanson criminelle qui célèbre les Blatnoy. Les milieux criminels ne voient d'ailleurs pas toujours d'un bon œil cette lumière mise sur leur langage.

A mon sens, le Fenya et le Mat devraient être des compétences de langues séparées en particulier si on parle de jeu style BRP.
Cryoban a écrit : lun. juin 26, 2023 7:56 am Le vrai problème c'est les gens.

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Re: [PROJET] Zov Brejnev : ou comment ne pas confondre Grands Anciens et gérontocrates

Message par Harfang2 »

Brillant travail!
Je ne jouerais pas dans l'univers soviétique, mais, effectivement, tu donnes des outils pour une expérience, pour le moins exotique.
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Re: [PROJET] Zov Brejnev : ou comment ne pas confondre Grands Anciens et gérontocrates

Message par Cuchurv »

C'est un travail époustouflant mais ça me rappellerait un peu trop l'administration pour laquelle je travaille pour y jouer. :mrgreen:

Mais je garde la phrase : " Le langage soviétique est un outil d’endoctrinement. Il évacue la pensée individuelle.
On ne dit pas : "L’usine est en ruine."
On dit : "L’unité de production connaît des conditions d’optimisation différée."

On dirait les communiqués officiels du ministère c'est beau. :yes:
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Re: [PROJET] Zov Brejnev : ou comment ne pas confondre Grands Anciens et gérontocrates

Message par Le merlock »

wade le rond a écrit : jeu. juil. 31, 2025 1:19 pm On pourrait imaginer un cycle de "dissidents" issus des versions slaves des 9 traditions (et je pense que c'est très simple à faire).

Pour la technocratie c'est passionnant, la question se pose : on pourrait imaginer une technocratie en Janus, le dieu à deux têtes dont l'une des têtes est capitaliste, l'autre communiste.
Derrière l'opposition idéologique alimentée par le NWO, c'est la même course à la technologie dans les deux blocs, et peut être une "racine commune" aux deux têtes qui "organise" la querelle idéologique, de façon un peu orwellienne.


Alors… Mage est un jeu complexe et c’est difficile de répondre simplement et rapidement à ces questions.

Avant toute chose, je voudrais préciser que concernant l’influence des Entités surnaturelles (Vampire, Garous, Mages, le Ver, etc…) sur le Monde des Ténèbres, je considère que jamais aucune Entité surnaturelle n’a jamais été à l’origine des grands événement mondiaux. Les Entités surnaturelles ne sont pas des initiatrices mais des parasites des grand événements historiques ; elles les phagocytent, les détournent à leur profit, les aggravent afin d’augmenter la souffrance générale, protéger leurs petits intérêts ou mener leurs conflits personnels. Mais aucune Entité surnaturelle n’a été à l’origine des révolutions françaises et russes, des guerres napoléoniennes ou des deux guerres mondiales, l’Humanité est seule responsable.

Et c’est selon cette approche que je considère de jouer à Mage dans un univers brejnévien.

Bien, ceci étant posé :

Concernant ta proposition de jouer des "dissidents" issus des versions slaves des 9 traditions est effectivement aussi logique que possible, même si certaines Traditions sont plus faciles à adapter que d’autres... En outre, vu le système de surveillance de masse, les Mage possèdent un réel atout avec l’Historique Arcane, qui augmente leurs chances de passer entre les mailles du filet.

Donc, là, d’accord.



Concernant la Technocratie, c’est nettement plus compliqué.

En effet, pour comprendre SELON MOI ce que représente la Technocratie, il faut se remettre dans le contexte d’écriture d’un jeu dont la première édition fut publiée en août 1993.

À cette époque, rappelons-nous, l’URSS vient de disparaître, la Guerre froide est terminée (croit-on), les USA ont démontré leur toute-puissance militaire dans le Golfe, en 1991, le monde semble mûr pour la "Fin de l'Histoire", chère à M. Fukuyama et le triomphe sans fin du libéralisme mondialisé où les habitants du "Village global" deviendront tous d'heureux consommateurs d'une culture standardisée et forcément états-unienne... On sait aujourd'hui ce qu'il en est advenu.

Donc, pour les auteurs du jeu, la Technocratie est (aussi mais pas seulement) une sorte de personnification de ce phénomène qui est la poursuite logique de l’exploration/colonisation du monde entamée en 15e siècle par les Européens et qui reposait sur le système de financement capitaliste.

Or, l’URSS a été créée en opposition totale et frontale de ce modèle.

En termes White-wolfien/Mage, cela signifie que la Technocratie ne peut tout simplement pas être présente en URSS.

Certes, l’idée d’une "racine commune" aux deux têtes qui "organise" la querelle idéologique, de façon un peu orwellienne est séduisante, mais elle revient à greffer une excroissance de la Technocratie dont on peine à saisir les motifs et objectifs. Franchement, si le NOM russe est devenu communiste, je ne vois vraiment pas comment une telle révolution copernicienne aurait pu se produire sans altérer radicalement le background du jeu…

Je préfère utiliser au mieux les information "officielles" sur la Russie, notamment le supplément "Rage Across Russia" pour Loup-Garou et le White Wolf Wiki.

Pour White Wolf Wiki
https://whitewolf.fandom.com/wiki/Russia_(WOD)

Pour le supplément "Rage Across Russia"
Il y a ceux qui s'opposent à la Voie de Gaïa : Les Zmei
https://whitewolf.fandom.com/wiki/Zmei

Les Zmei sont des antagonistes purement géniaux, des avatars du Ver assez puissants pour influencer tout un sous-continent et, surtout, assez puissants pour tenir la Technocratie à distance. Evidemment, la corruption est leur objectif.
Corruption des âmes – Propagande continue – Check ! 
Corruption de l’environnement – Il faudrait écrire un "livre noir" consacré aux catastrophes environnementales de l'URSS – Check ! 

Bien sûr, il y a la course à l’espace, mais elle est imputable a des Fils de l’Ether convaincus que l’avenir du Socialisme réel est dans les étoiles.

Cela ne veut pas dire que le Ver est au commandes, ni que Staline (ou l’un quelconque de ses successeurs) ait été un disciple du Ver ou un Fomor ; mais on peut parier sans risque que sa garde rapprochée en comprenait plus d’un…


Bref, dans un cadre de campagne Zov Brejnev, pour Mage, le véritable ennemi c’est le Ver, avec la complicité passive d’un système qu’il a contribué à façonner…
Harfang2 a écrit : jeu. juil. 31, 2025 4:36 pm Brillant travail!
Je ne jouerais pas dans l'univers soviétique, mais, effectivement, tu donnes des outils pour une expérience, pour le moins exotique.

C'est comme Paranoïa, mais plus authentique...  :mrgreen:
Membre unique et autoproclamé du Comité d'attribution de Point De Calembour Lame En Table Comme Seul Orphée Ose En Faire (PDCLETCSOOEF)
Lauréats :
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Esbehmj  (1 - Merci Florentbzh)
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Re: [PROJET] Zov Brejnev : ou comment ne pas confondre Grands Anciens et gérontocrates

Message par Le merlock »

Zov Brejnev pour Chill.

Voici le texte que je propose pour jouer à Chill dans cet environnement. Dites-moi ce que vous en pensez, SVP…

Chill
Chill est un jeu de rôle américain d'horreur contemporaine qui a fait l’objet de trois éditions entre 1984 et 2017. Les personnages-joueurs sont tous membres de la SAVE, une société secrète qui lutte contre "l’Inconnu", terme générique pour désigner le surnaturel qui menace l’humanité (vampires, loups-garous, fantômes…etc.). La SAVE a été fondée à Dublin, en Irlande, en 1844 ; cette société secrète est exclusivement financée par des fonds privés fournis par de riches mécènes déterminés à combattre l’Inconnu. Dans le jeu, la SAVE est présentée comme active dans le monde entier, mais rien n’est indiqué au sujet de l’URSS ou de la Russie.

Origines de la SAVE en Russie
On peut supposer qu’il faut attendre la mort du très réactionnaire tsar Nicolas 1er (2 mars 1855) et la fin de la guerre de Crimée (30 mars 1856) pour que la SAVE commence à enquêter sur l’Inconnu en Russie. Le travail est à l’échelle de l’empire des Tsars : immense, d’autant que la Russie est un territoire particulièrement sauvage, largement inexploré et singulièrement riche en mythes, légendes et phénomènes paranormaux.

La SAVE s’installe à Saint Petersburg en 1859, avec l’appui de riches négociants russes qui avaient également pris conscience des activités de l’Inconnu, jusqu’au sein de la noblesse et de l’église orthodoxe russe. Le travail d’enquête sur l’Inconnu est compliqué par la nécessité d’échapper à l’attention de la "Troisième section de la Chancellerie impériale" (1825-1881), la très puissante police politique tsariste. Pour mieux couvrir le territoire russe, la SAVE ouvre une annexe à Odessa dès 1864 et une autre à Omsk eu 1872. Le manque de moyens et les soupçons croissants des autorités empêchent l’ouverture d’une quatrième annexe à Vladivostok tout juste fondée (le 2 juillet 1860)… par contre la fondation en 1893 de la ville de Novonikolaïevsk (renommée Novossibirsk en 1925) voit le transfert de l’annexe d’Omsk dans cette ville en 1902. Dans l’ensemble, ce triptyque permet à la SAVE d’enquêter correctement sur l’Inconnu en Russie…
Puis viennent la révolution bolchevique et la guerre civile russe qui scelle le destin de ces trois bureaux d’une manière différente.

La Révolution bolchevique et ses conséquences
Le 17 janvier 1918, le bureau de Saint Petersburg est pris d’assaut par la Tcheka qui saccage ce "repère de comploteurs bourgeois s'appuyant sur l'obscurantisme de la superstition" et détruit une partie des archives. Pourtant, l’examen de dossiers récupérés convainc certains tchékistes haut placés que la SAVE en savait long sur certaines questions restées inexpliqués quant à des événements incompréhensibles, jusque dans l’entourage du tsar. Une enquête de vérification tourne au désastre, avec la quasi-éradication d’une équipe de tchékistes ; cet incident convainc certains dirigeants bolcheviques que la Vérité sur l’Inconnu peut être ailleurs que dans la rhétorique marxiste-léniniste sur les superstitions bourgeoises servant d’opium au Peuple.

En 1919, la ville d’Odessa est occupée par les forces navales françaises venues y soutenir les armées blanches, mais l’intervention est un échec. Le bureau d’Odessa parvient cependant à évacuer par la mer avec ses archives qui ont pour l’essentiel (mais pas toutes) quitté le pays lorsque les bolcheviques s’emparent d’Odessa en 1920. Malheureusement de nombreuses archives sont perdues dans la précipitation ; certaines avaient été confiées à des Russes blancs partant vers l’exil qui, à bout de ressources, furent contraints de les revendre. De fait, une bonne partie des "archives russes" de la SAVE s’est retrouvée dispersée un peu partout dans le sillage de l’émigration russe blanche… ce qui a pu être sauvé (environ la moitié) est rapatrié au siège à Dublin. Une partie des documents de la SAVE embarque sur un navire de guerre français qui l’escorta pieusement jusqu’au ministère de la Marine à Paris.

Le bureau de Novonikolaïevsk ne s’en sort guère mieux : Les soviets des ouvriers et des soldats prennent le contrôle de la ville dès décembre 1917. En mai 1918, la Légion tchécoslovaque, avec l’appui les gardes blancs, s'empare de la ville. L'Armée rouge la reprend définitivement en 1919. Cette fois, les Rouges ne s’intéressent pas d’emblée à la SAVE qui parvient à dissimuler la majorité de ses archives ; une partie est toutefois évacuée par la transsibérien avec des russes blancs qui, là encore en dispersent en route une bonne partie à travers la Mongolie, la Mandchourie, la Chine… jusqu’au Japon ! Un autre important stock d’archives est confié aux Tchèques qui le ramènent, complet et intact, à Prague (au lieu de le restituer à Dublin comme initialement promis).

Réaction des autorités bolcheviques :
Sur la base des archives de Saint Petersburg, la Tcheka crée le OBSO, officiellement un "Département de lutte idéologique contre la superstition et l’arriération" (sic !), soit en russe (Отдел по идеологической борьбе с суеверием и отсталостью - ОБСО / Otdel po ideologicheskoy bor’be s suyeveriyem i otstalost’yu - OBSO). Cette unité reprend en fait le travail là où la SAVE l’avait laissé, avec plus de moyens et un pouvoir discrétionnaire quasi-illimité pour éliminer toute menace potentielle contre la Révolution. Le OBSO apprend dans la douleur qu’on ne lutte pas sans risque contre l’Inconnu… mais il apprend. Bien vite, ses pertes sont si élevées qu’il disparaît des rare    s organigrammes où il se trouvait et gagne une certaine autonomie de recrutement (les victimes de l’Inconnu et désireuses de se venger font des agents très motivés). Le changement de dénomination de la Tchéka en GPU (1922-1923) puis OGPU (1923-1934) ne change rien au OBSO mais la création du NKVD en 1934 voit le OBSO intégrer le GUGB du NKVD, dont il devient la "Section des situations spéciales" (Секция особых ситуаций -СОС / Sektsiya osobykh situatsiy -SOS). Elle semble avoir utilisé la Via Subumbrae pour des éliminations discrètes, notamment à l’étranger. En 1943 il est intégré au SMERSH tout juste créé, comme " Section des événements spéciaux" (Секция специальных мероприятий -ССМ / Sektsiya spetsial'nykh meropriyatiy -SSM), jusqu’à la dissolution du SMERSH en 1946. À la création du MGB (1946-1953) il intègre sa Quatrième Direction. Aux débuts du MGB, la Quatrième Direction est conçue comme une force proto-terroriste dédiée au contre-espionnage idéologique national et est responsable de "la lutte contre les éléments clandestins antisoviétiques, les formations nationalistes et les éléments hostiles". La SSM prend le nom de "Groupe d'intervention idéologique " ((Группа идеологической интервенции -ГИИ  / Gruppa ideologicheskoy interventsii -GII [Prononcer : Gui-i-i). En pratique, une fois les formations clandestines antisoviétiques supprimées, la Quatrième Direction est essentiellement chargée de la surveillance de l'intelligentsia d'Etat. Après la création du KGB, cette quatrième direction est fermée en février 1960 et fusionnée avec d'autres bureaux de contre-espionnage au sein de la Deuxième Direction Principale (responsable du contrôle politique interne des citoyens soviétiques et des étrangers résidant en Union soviétique). Le GII semble avoir utilisé la Via Subumbrae à de nombreuses reprises pour des missions de surveillance, d’élimination ou de sabotage. Malheureusement, nul ne joue avec les forces occultes sans attirer leur attention, suivie d’un sérieux retour de flamme : de 1922 à 1968, de nombreuses équipes ont disparu sans laisser la moindre trace, et en 1968, lors de l’écrasement du Printemps de Prague une équipe du GII a réveillé "quelque chose" qui a dévasté un quartier entier et tué des centaines de personnes. Les destructions furent mises sur le compte des combats, mais l’activité du GII fut sérieusement mise en sommeil par le patron du KGB lui-même, Iouri Andropov. Le GII ne retrouve pas ses moyens d’antan et se recentre davantage sur l’investigation occulte, ce qui n’empêche pas les pertes de s’allonger. À la mort d’Andropov, le GII est plus ou moins abandonné à son sort et oublié, ce qui ne l’empêche pas de continuer de profiter de l’infrastructure surpuissante du KGB pour poursuivre ses opérations, y compris à l’insu de Moscou. Lorsque le KGB est dissout le 3 décembre 1991, personne ne se rappelle du GII, tous ses agents disparaissent dans la nature, emportant parfois avec des documents occultes très dangereux. On ignore ce qu’il advint des uns et des autres.

La SAVE tente de sauver les meubles
De son côté, la SAVE fit de son mieux pour retrouver les archives perdues d’Odessa ; ce fut en fait l’essentiel de ses activités durant l’entre-deux-guerres, et non sans raison : en Europe, en Amérique du nord et sur tout le pourtour de ma Mer noire de nombreux occultistes plus ou moins compétents (et plutôt moins que plus) firent l’acquisition de documents dangereux relatifs au surnaturel et tentèrent souvent de les tester… avec des conséquences désastreuses que la SAVE dut ensuite venir "nettoyer". Les années 20 et 30 furent donc des années "fastes" en matière d’événements inexpliqués mais catastrophiques… une des conséquences pour la SAVE fut un renforcement sensible des moyens de son bureau d’Istanbul.

Les archives de Novossibirsk furent considérées par la SAVE comme définitivement perdues. Pourtant, de loin en loin, quelque dossier ou artefact ressurgissait quelque part en Extrême-Orient, ce qui justifiait l’envoi d’une équipe de récupération. Au cours de ces opération, la SAVE prit conscience qu’une bonne partie de ses dossiers avaient été récupéré par les gouvernements mongol, chinois et japonais, sans qu’elle pût déterminer leur sort ni ce que ceux-ci en firent (on suppose que les documents japonais furent saisis par les Américains après 1945…) En réalité, dès 1917 une bonne moitié des archives de Novossibirsk fut cachée dans une isba perdue au fond des forêts impénétrables de Sibérie, tandis que les survivants russes de la SAVE se fondirent dans le paysage comme ils le purent, attendant le moment de reprendre du service.

Le retour de la SAVE
Ce ne fut qu’en 1957 que quelques survivant parmi les anciens (littéralement, vu leur âge moyen) de la SAVE se réunirent à nouveau dans l’isba pour reprendre la lutte contre l’Inconnu. Les débuts furent laborieux : tous étaient septuagénaires ou nonagénaires (autant dire que les courses-poursuites étaient brèves), certains avaient renoncé, mais peu à peu des contacts furent pris et du sang neuf fut recruté. La SAVE investi d’abord les milieux artistiques (où les gens semblent en moyenne plus "sensibles" au surnaturel), mais aussi universitaires tournés notamment vers l’archéologie ou l’ethnologie. Patiemment la SAVE tendit ses filets et en 1963 une première affaire fut résolue avec l’élimination d’un "esprit destructeur" dans une mine en Yakoutie. La SAVE se montre toutefois très prudente, limite ses actions aux espaces sauvages de Sibérie et de l’Extrême-Orient, elle soupçonne une activité gouvernementale dans le paranormal, mais elle évite à tout prix le contact avec les autorités, même au prix de l’annulation d’une enquête contre l’Inconnu. La SAVE n’a pas de quartier général, mais ses archives ont été transférées de leur isba et cachées au milieu de celles de l’Université d'État de Novossibirsk (fondée en 1958), où travaillait un des anciens de la SAVE et où seuls quelques initiés savent les retrouver… Les Russes de la SAVE ont surnommé leur groupe la "Sokhraneniye" ("Сохранение"), que l’on peut traduire par "Préservation" (par analogie de sens avec le mot anglais "Save"), un terme qui peut se comprendre à plusieurs niveaux dans le contexte soviétique. Les membres se reconnaissent en portant une broche "CCCP" ("URSS"), des plus ordinaire, si ce n’est que le premier "C" est légèrement détaché des suivants. Si ce détail est tout à fait explicable par une mauvaise finition de la broche (un classique en URSS), il est immédiatement reconnaissable pour tout membre de la "Sokhraneniye"…
 
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Re: [PROJET] Zov Brejnev : ou comment ne pas confondre Grands Anciens et gérontocrates

Message par Orlov »

Alors une petite revue des archétypes si je peux me permettre :

Le merlock a écrit : jeu. juil. 31, 2025 10:21 am
Antiquaire     NON      Le métier n’existe pas en tant que tel : commerce privé interdit, l'État contrôle les objets anciens via musées ou institutions. Remplaçable par : Conservateur de musée, fonctionnaire de l’Institut d’Histoire de l’Art.
Archéologue      OUI      Archéologue d’État, souvent membre de l’Académie des sciences, rattaché à des expéditions encadrées, toujours sous surveillance. Toute découverte est propriété de l’État. Les archéologues sont parfois utilisés pour couvrir des recherches “sensibles” ou fouiller des zones frontalières.

La période brejnevienne est un Âge d'or pour l'Anthropologie et l'Archéologie soviétiques. Pourquoi ? La période est une période de folklorisation des nationalités et donc de mise en valeur de leurs particularités. Il ne s'agit pas, bien sûr, d'exalter les différences mais de montrer un passé, si possible arriéré et superstitieux, qui contraste avec les réalisations de la période soviétique. En général le musée local d'anthropologie n'est jamais loin d'une réalisation soviétique typique style Palais des Congrès, Opéra, Gare monumentale, histoire que les gens comprennent bien le message. Après avoir vu aux musées d'effrayants masques de shamans, un grand portrait de Gagarine, ça rassure forcément.
Deuxième bémol : le grand récit des origines doit se fondre dans celui d'une ancestralité commune, celle des Scythes.

Il existe des espaces de liberté cependant avec les sociétés locales et en particulier les académies des sciences des républiques fédérées (à l'exception de celle de la RSFSR qui tient lieu d'académie pour toute l'union) et en République de Russie des républiques nationales où l'on peut travailler plus librement à condition de faire attention à ce que l'on publie et où on le publie.

En conclusion : un bon archéologue, historien, anthropologue doit avant tout être un fin connaisseur de la bureaucratie. C'est une question de survie.

Le merlock a écrit : jeu. juil. 31, 2025 10:21 am Artiste      OUI      Statut d’artiste d’État, souvent membre d’une union officielle (des peintres, sculpteurs, etc.). Sujet à la censure et à la ligne officielle du "réalisme socialiste". Toute déviation peut mener à la marginalisation ou pire. Artistes "non officiels" = dissidents.
Artiste de cabaret      OUI (mais différent)      Le cabaret au sens occidental n’existe pas. Il s’agit ici d’artistes de variété, humoristes, chanteurs dans des clubs ouvriers, ou animateurs de soirée dans les maisons de culture. Certains sont des vedettes très populaires... mais étroitement surveillés.

Oui... et non. L'ambiguïté de la dissidence c'est qu'elle ne peut vivre du Samizdat. Certains dissidents seront membres d'une union et publieront des textes critiques jusqu'à ce qu'on leur demande de choisir. Pour les non membres d'une union, il existe d'autres possibilités. Nombreux par exemple sont les poètes qui trouvent un emploi dans la publicité directement auprès d'une entreprise d'état ou qui gagnent leur pain en publiant dans d'obscures revues provinciales. Il existe également la possibilité de rejoindre une union d'une république nationale qui n'a rien à voir avec son lieu d'origine. Il existe de nombreuses blagues sur le nombre d'écrivains inscrits à l'union des écrivains de la République du Birobidzhan (la république "juive" de la RSFSR), ne serait-ce que pour noyer les locaux.

Le merlock a écrit : jeu. juil. 31, 2025 10:21 am Athlète      OUI      Membre d’un club sportif d’État, parfois militaire (armée rouge) ou policier (Dynamo), utilisé comme propagande vivante du modèle soviétique. Peut être envoyé à l’étranger, donc surveillé de près par le KGB.

Alors oui, carrément : le grade de "Master", donné à tout sportif de plus ou moins haut niveau, assure un statut social comme prof, entraîneur ou compétiteur.

Le merlock a écrit : jeu. juil. 31, 2025 10:21 am Cure de campagne / Prêtre / Missionnaire     NON (Officiellement interdit)      La religion est tolérée mais marginalisée. Certains prêtres orthodoxes existent encore, mais sont étroitement surveillés. L'Église est souvent infiltrée par le KGB ou soumise à la compromission. Missionnaires étrangers : inexistants.
Justement pourquoi se priver d'une balance du KGB dans un groupe ? On tient peut-être le futur Patriarche de Moscou (toute ressemblance avec une personne existante est fortuite, bien évidemment).

Le merlock a écrit : jeu. juil. 31, 2025 10:21 am Dilettante     NON      La richesse privée étant interdite, un dilettante oisif n’a pas de place dans la société. Remplaçable par : "Enfant de la nomenklatura", jeune diplômé affecté mais désœuvré, scientifique protégé qui a du temps libre.
je te propose d'ajouter l'archétype "veilleur de nuit". Ce n'est pas un métier qui enrichit, mais qui est vital et confortable. Contrairement au Dvornik, concierge, qui est immanquablement un indic, le veilleur de nuit est chargé d'entretenir la chaudière du bâtiment. Il passe donc ses nuits au chaud et avec de la lumière : idéal pour lire, se cultiver, écrire, ramener des amants et amantes, ou des copains et copines pour boire un coup, même si on est un peu à l'étroit. Autre avantage énorme : l'accès au téléphone pour prévenir en cas d'urgence qu'on peut utiliser également pour parler aux collègues. L'avantage de cette position est formidablement illustré par Le Journal d'un veilleur de nuit de Zinoviev (que je préfère même aux Hauteurs Béantes).

Le merlock a écrit : jeu. juil. 31, 2025 10:21 am Fermier / Bûcheron      OUI      Travailleurs de kolkhoze (coopérative collective) ou sovkhoze (ferme d’État). Conditions souvent dures. Peu de liberté, salaire dérisoire, mais parfois connaissance du terrain rural, des superstitions locales, etc. Le bûcheron est un ouvrier forestier d’État.
Bien tenir compte du fait que la filière forestière est militarisée et dépend du ministère du Bois et du papier. Et ses fonctionnaires sont armés.

Le merlock a écrit : jeu. juil. 31, 2025 10:21 am Pêcheur      OUI      Métiers de la mer ou des rivières. Souvent dans des coins reculés. Typique pour une ambiance rurale + superstitions + apparitions étranges sur la côte de la mer Noire ou les lacs sibériens.

La haute pêche soviétique existe et se développe même sous Brejnev dans l'Arctique et ses mers adjacentes, dans l'Atlantique nord et le Pacifique. Les chalutiers partent en bande, autour d'une "base" qui se charge de réfrigérer la pêche et de la mise en conserve. Il est à noter que l'activité attire pour ses hauts salaires et ses possibilités de troquer avec les marins étrangers. Et ce, avec de moindres contrôles car, sauf urgence, les marins ne quittent pas la zone de pêche et ne déserteront donc pas. Ce milieu est décrit dans le très beau roman Deux (ou Trois je ne suis plus sûr) minutes de silence. Les permissions étant très généreuses, ces pêcheurs passent beaucoup de temps auprès de leurs familles et ont du temps libre. Ils font donc de bons investigateurs potentiels.

Le merlock a écrit : jeu. juil. 31, 2025 10:21 am Vagabond / SDF      OUI (mais risqué)      Officiellement, "le vagabondage n’existe pas" car tout citoyen soviétique a un logement. En réalité, marginaux, sans-papiers, alcooliques ou anciens détenus errent dans les marges, souvent raflés ou internés. Très bon profil pour des histoires sombres et étranges.
L'acronyme BOMJ commence à être popularisé dans la presse durant les années 70 pour " Sans lieu défini de villégiature" (en sachant que tout citoyen soviétique est inscrit dans un lieu précis qu'il ne peut quitter sans propiska ou "passeport intérieur"). Il désigne à la fois les SdF et toute une population flottante installée sans permis. Tout ceci pour faire mon malin et dire que si l'on veut rester réaliste (ce n'est pas obligé, hein), un groupe qui enquête hors de sa ville de résidence devra se procurer une propiska.

Le merlock a écrit : jeu. juil. 31, 2025 10:21 am Si vous avez d'autres archétypes à proposer, je peux les lui soumettre...
Oui, en plus du "veilleur de nuit", il serait sympa d'avoir un "Dvornik" ou Concierge.
Personne à tout faire dans un immeuble qui se charge de faire respecter le règlement et procéder aux menues réparations, entretenir (balayer, nettoyer) les espaces communs. Des compétences de bricolage, de mécanique, donc. Il est aussi très fréquemment un indic et sait gérer les relations avec la police.

Voilà, je souhaite éventuellement revenir sur la vie quotidienne (on mange quoi ? Y a quoi à la télé ? Et on s'habille comment), la psychiatrie et la psychologie et proposer quelques PNJ. C'est possible ou c'est trop envahissant ?
Cryoban a écrit : lun. juin 26, 2023 7:56 am Le vrai problème c'est les gens.

Mildendo aka Capitaine Caverne a écrit : Faire du Jdr c'est prendre une voix bizarre et lancer des dés en racontant qu'on tue des gobs.
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Re: [PROJET] Zov Brejnev : ou comment ne pas confondre Grands Anciens et gérontocrates

Message par Le merlock »

Orlov a écrit : sam. août 02, 2025 4:00 pm Alors une petite revue des archétypes si je peux me permettre :

-SNIP-

Voilà, je souhaite éventuellement revenir sur la vie quotidienne (on mange quoi ? Y a quoi à la télé ? Et on s'habille comment), la psychiatrie et la psychologie et proposer quelques PNJ. C'est possible ou c'est trop envahissant ?

Alors : Merci pour cette revue des archétypes et tes commentaires, c'est excellent ! Jamais je n'aurais imaginé que "veilleur de nuit", fusse un archétype intéressant dans ce contexte !  :bravo:

Comment traduire l’acronyme  BOMJ ?

Pour ce qui est de revenir sur la vie quotidienne c'est aussi possible qu'indispensable : tout ce qui permettra de présenter le quotidien ordinaire d'un soviétique moyen pour permettre au MJ de décrire l'univers de jeu (car c'est bien d'un univers à part entière dont nous parlons) avec vraisemblance est le bienvenu. On parle quand même d'un endroit où voyager demande un passeport intérieur et où trouver un canapé relève de la chasse au trésor... 

Comme tu l'as fait remarque plus haut, dans les années 70, une partie des Soviétiques vit encore dans des appartements communautaires ("kommunalka)".

Le matou flatulent me signale l'existence des lieux de vie suivants : 

 La Khrouchtchevka (1956–1970) : le béton du peuple

 Caractéristiques principales :
    Petits immeubles de 3 à 5 étages sans ascenseur
    Murs fins, isolation médiocre → on entend tout
    1 à 3 pièces par appartement, souvent très exigus
    Souvent construits en "temps record" avec des matériaux bon marché
    Zones périphériques des villes, parfois en lisière de forêt ou de friche

 Avantages pour le jeu :
    Promiscuité maximale : les murs laissent passer les bruits, les odeurs et les disputes; parfait pour une ambiance de surveillance mutuelle, paranoïa ou lien communautaire fort
    Ambiance grise et triste qui se prête bien à une campagne réaliste, oppressante ou anxiogène (façon Crimes ou Cthulhu)
    Possibilités d’horreur domestique : on entend des voix dans les conduits de chauffage, des rats dans les murs, une trappe oubliée dans la cave…

    PNJ typiques : vieux militaires, jeunes familles, ouvriers, anciens déplacés de la campagne

La Brejnevka (1970–1985) : le confort de masse
 Caractéristiques principales :
    9 à 16 étages, avec ascenseur (parfois deux - généralement en panne)
    Appartements un peu plus grands mais toujours standardisés
    Architecture plus fonctionnelle mais impersonnelle
    Présence de cours, de jardins publics ou de squares autour
    Concentration forte de familles, de retraités et de cadres moyens

 Avantages pour le jeu :
    Écosystème plus vaste : possibilité de créer un "univers vertical" avec plusieurs paliers, caves, greniers, chaufferie, toit, etc.
    Plus grande variété de PJ/PNJ : retraités, ingénieurs, anciens du Parti, jeunes couples, bureaucrates, agents de la sécurité
    Parfaite base pour une cellule de surveillance / conspiration / cellule surnaturelle : chaque étage a son ambiance propre, des appartements peuvent être inoccupés ou secrets…
    Zones communes plus nombreuses : buanderies, chaufferies, parkings, terrain de jeu pour enfants (idéal pour scènes étranges et apparitions)


Quel genre de logement peut-on encore décrire ? 
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Re: [PROJET] Zov Brejnev : ou comment ne pas confondre Grands Anciens et gérontocrates

Message par Le merlock »

Réponse : En dehors des kommunalki, khrouchtchevki et brejnevki, qui constituent l’essentiel du logement urbain soviétique de la période post-Staline, il existe quelques autres formes d’habitat qu’un soviétique moyen peut croiser ou habiter, en particulier dans les années 60–80. Voici un tour d’horizon :

1. Baraques (Бараки)
Type : Logement temporaire en bois ou briques, souvent sans confort.
Origine : Constructions de l’après-guerre (et parfois plus anciennes) pour loger rapidement les ouvriers et réfugiés.
Caractéristiques : Une pièce par famille, chauffage rudimentaire, commodités communes voire absentes. Beaucoup de ces baraques subsistent jusque dans les années 1980.
Population : Ouvriers, anciens kolkhoziens venus s’urbaniser, familles en attente d’un logement plus moderne.
Ambiance : Dure, précaire, propice à une solidarité de survie… ou à la délation.

2. Maisons individuelles (Частные дома / Избы)
Type : Maisons privées, généralement dans des zones rurales ou semi-urbaines.
Caractéristiques :
En bois dans les campagnes (les fameuses izbas).
En briques dans les villes (souvent anciennes, parfois partagées entre plusieurs familles).
Jardin potager attenant souvent indispensable pour la survie (patates, betteraves, concombres, etc.).
Population : Paysans, retraités, familles ouvrières de longue date, individus restés en périphérie de la modernisation.
Ambiance : Plus de liberté, mais aussi plus d’autonomie nécessaire. Les rumeurs circulent vite dans les villages…

3. Foyers de travailleurs / Dortoirs d'usine (Общежитие)
Type : Logement collectif temporaire, souvent fourni par l’employeur.
Caractéristiques : Une chambre partagée (2–4 lits), salle de bain et cuisine communes à l’étage.
Population : Jeunes ouvriers, étudiants, scientifiques en mission, soldats démobilisés.
Ambiance : Mélange d’ennui, d’alcool, de promiscuité et parfois de camaraderie virile. Environnement propice aux intrigues souterraines (et à quelques rumeurs paranormales...).

4. Immeubles staliniens (Сталинки)
Type : Immeubles massifs construits entre les années 1930 et le milieu des années 1950.
Caractéristiques : Hauteur sous plafond généreuse, murs épais, escaliers de marbre ou en fonte, architecture "socialiste impériale", parfois luxueuse.
Population : Intelligentsia, fonctionnaires du Parti, artistes renommés, anciens combattants décorés.
Ambiance : Solennelle, parfois figée dans une gloire fanée. Le concierge sait tout. Le KGB n’est jamais loin.

5. Wagons désaffectés ou bâtiments de fortune
Type : Habitations improvisées (rares mais existantes).
Caractéristiques : Camions garés à demeure, wagons désaffectés transformés en "logement", bâtiments abandonnés ou inachevés squattés.
Population : Vagabonds (бомж), marginaux, artistes excentriques, parias du système.
Ambiance : Hivernale et sordide. Lieu parfait pour croiser un culte étrange ou une horreur oubliée…

6. Kolkhose et logements de campagne
Type : Petits logements attachés aux kolkhozes (fermes collectives) ou aux sovkhozes (fermes d'État).
Caractéristiques : Simples, souvent vétustes, sans confort moderne. Parfois partagés entre plusieurs familles.
Population : Paysannerie soviétique, cadres agricoles, vétérinaires ou ingénieurs de passage.
Ambiance : Rustique, austère, pleine de folklore, de superstition… et de secrets bien gardés par les anciens.

Je crois qu'avec ça on fait globalement le tour...
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Orlov
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Re: [PROJET] Zov Brejnev : ou comment ne pas confondre Grands Anciens et gérontocrates

Message par Orlov »

La typologie est plutôt juste, il ne manque que deux choses il me semble.
Les Datchas, datant souvent d'avant la Révolution, maisons en bois avec jardins et potagers, elles sont très prisées par la nomenklatura et constituent souvent des cadeaux prisés (notamment dans le cadre des villages d'écrivains comme Peredelkino qui accueille la crème de l'intelligentsia soviétique) et logent aussi les dirigeants. Staline par exemple, ne dormait pas sur le lit spartiate du Kremlin, mais le plus souvent dans une de ses cinq Datchas. Certaines sont en fait des usadba, de véritables (et authentiques) manoirs aristocratiques. Ce sont des lieux que les PJ peuvent être amenés à visiter, voire à posséder.

A l'autre bout du spectre, les Ziemlianka qu'on peut littéralement considérer comme des "trous" creusés dans la terre et recouverts d'un toit de tôle ou autre matériau précaire. S'ils ont disparu de Moscou, Leningrad ou Kyiv, Limonov qui a grandi à Kharkiv dans les années 60 en a connu. Certaines ont été converties en débarras mais elles peuvent servir de lieux de rendez-vous pour les truands et conspirateurs.

On doit également mentionner l'architecture "spatiale" ou "cosmique". La mode architecturale est à la construction de bâtiments ressemblent à des engins spatiaux ou semblant échapper à la gravité. Trois exemples : la maison des écrivains de la RSS d'Arménie sur les bords du lac Sivan (le domaine a incorporé des lieux de cultes majeurs du christianisme arménien, histoire d'en interdire l'accès), le restaurant Kosmos à Kyiv (une vraie soucoupe volante) ou, plus étonnant encore, la datcha de Khrouchtchev à Jurmala en Estonie (Jurmala est d'ailleurs la vraie Côte d'Azur des dirigeants, bien plus que la Crimée). Cette Datcha est assez représentative de cette architecture non-euclidienne, mais toutes ces constructions des années 70-80 ont des allures ellipsoidales, probablement pour se prémunir des chiens de Tindalos.
Cryoban a écrit : lun. juin 26, 2023 7:56 am Le vrai problème c'est les gens.

Mildendo aka Capitaine Caverne a écrit : Faire du Jdr c'est prendre une voix bizarre et lancer des dés en racontant qu'on tue des gobs.
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Re: [PROJET] Zov Brejnev : ou comment ne pas confondre Grands Anciens et gérontocrates

Message par Le merlock »

J'ai transmis et voilà la répnse : 
ChatGPT a dit :

Ton interlocuteur a parfaitement complété le panorama — et avec beaucoup de justesse (et d’esprit). Voici un petit résumé organisé pour servir d’aide de jeu claire et exploitable, notamment en contexte rôliste soviétique :
 Complément sur les types d’habitations en URSS

 1. Ziemlianka (землянка)
    Définition : abris semi-enterrés, parfois simples trous dans la terre recouverts de planches, de tôle ou de chaume.
    Contexte historique : typiques des périodes de guerre ou d'extrême pauvreté, elles ont aussi servi d’abris clandestins.
    Usage en jeu :
        Cachette de dissidents, de déserteurs ou de cultistes.
        Relique de guerre transformée en repaire criminel ou entrepôt occulte.
        Parfois simplement un lieu oublié, loin de la surveillance de l’État.

 2. Datcha (дача)
    Définition : maison de campagne, souvent dotée d’un potager (et souvent un symbole de statut social).
    Catégories :
        Datchas populaires : souvent en bois, dans des coopératives rurales, pour les travailleurs privilégiés.
        Datchas de la nomenklatura : véritables usadba (manoirs d'avant la Révolution) parfois attribuées comme récompenses d’État.
    Lieux célèbres :
        Peredelkino : village littéraire près de Moscou pour écrivains et artistes du régime.
        Datcha de Staline : il en avait plusieurs, comme à Kountsevo.
        Jūrmala (Lettonie) : station balnéaire de prestige pour dirigeants — la "Riviera" soviétique.
    Usage en jeu :
        Lieu de retraite hautement sécurisé, bourré de secrets.
        Peut contenir des laboratoires clandestins, des salles de rituel, ou abriter un vampire ou un démon bien installé.
        Datcha attribuée à un PJ (ou PNJ) comme récompense ambiguë du Parti.

 3. Architecture "cosmique" ou brutaliste-futuriste
    Caractéristiques : bâtiments aux formes elliptiques, paraboloïdes ou inspirés des engins spatiaux, emblématiques des années 60–80.
    Exemples :
        Restaurant Kosmos à Kyiv : soucoupe volante.
        Maison des écrivains d’Arménie (lac Sevan) : architecture utopiste, avec récupération de lieux religieux anciens.
        Datcha de Khrouchtchev à Jūrmala : chef-d'œuvre non-euclidien, digne d’un cauchemar lovecraftien de l’ère soviétique.

    Usage en jeu :
        Parfaits pour des lieux d’anomalies : distorsions spatiales, portails, bâtiments "plus grands à l’intérieur".

        Écho architectural de la Tisseuse : rationalité poussée à l’absurde.
        Lieux d’expériences secrètes, de culte technognostique ou de contacts extraterrestres (officiels ou interdits).

 Bonus narratif :
    Ces architectures "soviétiques cosmiques" peuvent être interprétées comme tentative humaine de percer les cieux par le béton… ou comme réminiscence inconsciente d’un savoir antédiluvien, hérité d’anciens contacts oubliés.
    Parfait pour des campagnes à la Delta Green sauce soviétique, ou Vampire + Via Subumbrae + art brutaliste.

Ca paraphrase, mais ça résume bien...
Membre unique et autoproclamé du Comité d'attribution de Point De Calembour Lame En Table Comme Seul Orphée Ose En Faire (PDCLETCSOOEF)
Lauréats :
mitriel (1)
Erestor (1)
Esbehmj  (1 - Merci Florentbzh)
pseudo (1)
Moi (3)
Saladdin (1 - Merci Florentbzh)
 
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