
Les livres dont vous n'êtes pas le héros (et sans image)
- Erwan G
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Re: Les livres dont vous n'êtes pas le héros (et sans image)
Carthage, Rome en elle même et les étrusques, j'ai déjà de la doc, mais je n'ai effectivement pas pensé à un ouvrage sur le monde romain et la croissance de l'empire. Je vais jeter un oeil là dessus, merci. 

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- Inigin
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Re: Les livres dont vous n'êtes pas le héros (et sans image)
Inigin a écrit : ↑jeu. août 21, 2025 12:55 pmErwan G a écrit : ↑jeu. août 21, 2025 9:56 am Puisqu'il y a des historiens qui passent souvent par ici, je me permets une question : auriez vous le titre d'un ouvrage qui permette de comprendre ce qui se déroule en Méditerranée après la création de Carthage ?
Je suis dans l'envie de jouer dans cette période ou une version L5R/S7M de cette période, mais je ne dispose que de peu d'éléments sur la période, ou alors des éléments assez précis/ponctuels : Carthage, la Mésopotamie, les royaumes d'Israël et de Judée, les Hittites, les étrusques... mais pas de vision d'ensemble (et, certainement, des peuples ou des colonies qui s'oublient).
Carthage, que sais-je. Les pages Wikipedia offrent aussi plein de doc.
Pour Rome il faut que je retrouve une référence italienne qui traite dans le détail (avec une plume certaine) l’intégralité des guerres puniques (et le reste).
Je m'autocite : Histoire de Rome, Indro Montanelli, éditions mondiales, Paris 1959 pour la VF.
444 pages de bonheur.
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Re: Les livres dont vous n'êtes pas le héros (et sans image)
Erwan G a écrit : ↑jeu. août 21, 2025 9:24 am C'est amusant, parce que je trouve à ce livre le même désespoir et le même nihilisme que le mouvement punk, la certitude de ne pas être fait pour exister dans ce monde, de ne pas y trouver sa place et la certitude qu'accepter un petit quotidien sécurisé et sécurisant ne permet pas de vivre.
J'oserais même aller plus loin, à dire que Céline en utilisant sa prose orale pour envoyer chier absolument tout et tout le monde, avec un mélange de poésie, d'argots et de punchlines crues, devient factuellement un précurseur du rap.
- Erwan G
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Re: Les livres dont vous n'êtes pas le héros (et sans image)

L’ESPACE DE LA REVELATION
Alastair Reynolds
Je ne connaissais pas Alastair Reynolds avant ce livre. Vu la difficulté (relative) que j’ai eu à le trouver, je pensais qu’il s’agissait d’un auteur des années 70-80. Le trouvant assez précurseur sur certains thèmes, j’ai tenu à vérifier la date de publication (en vf) : 2002. Un livre donc bien moins ancien que je ne pouvais le penser. J'ai été attiré par ce roman en ce qu'il est présenté comme un roman sur les mystères oubliés d'autres civilisations. J'ai peu de doutes sur le fait qu'il ait pu, par exemple, inspirer les auteurs de Mass Effect. Pour ma part, je recherchais quelque chose qui puisse me permettre de mieux cerner le concept des Annunakis de Fading Suns.
Sylveste est le dirigeant d’une colonie humaine sur une planète pauvre et perdue, sur laquelle il a découvert des traces d’une civilisation non humaine disparue il y a un million d’années. La colonie est dans une situation politique complexe : une partie des colons a fait sécession pour retourner sur leur planète d’origine, avec le seul vaisseau spatial de la colonie. Parmi ceux qui sont restés se trouvent deux camps : ceux qui veulent continuer à explorer les ressources archéologiques de la planète et ceux qui veulent accélérer la terraformation au risque de détruire les traces du passé et, subséquemment, l’énigme de la disparition subite de cette civilisation. Dans le gobe Lumen Spleen, Volyova est l’ingénieure en chef du vaisseau et utilise ses temps libres hors cryosomnie à trouver un moyen de guérir le Capitaine, conservée dans une cuve dans un environnement extrêmement froid pour tenter de contenir la peste qui l’a contaminée. Le Capitaine, Volyova et les deux autres membres du triumvirat qui gèrent le gobe lumen en l’absence du Capitaine, sont des Ultras, des humains modifiés, composés de plus de machines que d’organisme vivant. Et ces ultras sont, comme le vaisseau, sujet au risque de la peste, une maladie qui affecte les artefacts technologiques en les contraignant à se multiplier et à se déformer. Volyova est responsable du poste de tir et, donc, du membre du personnel qui y est affecté, Nagorny, qui semble sombrer dans la folie : il cherche à se protéger et craint le Voleur de soleil, une entité bien nébuleuse pour l’Ultra. Khouri est une soldate de Bout du Ciel qui, blessée sur le champ de bataille, a été envoyée par erreur dans le système de Yellowstone. Eloigné de son mari, qui combattait avec elle, elle survit en participant au Jeu en tant qu’assassin, ce qui attire sur elle l’attention de la Demoiselle, une personne étrange, modifiée qui vit dans un sarcophage pour éviter d’être contaminée par la peste qui a fait des ravages sur les villes (auto réparatrices) de Yellowstone.
Roman choral et transhumaniste (un des personnages est le père de Sylveste, Calvin, ou plus exactement sa simulation béta, une simulation non complète), l’Espace de la révélation donne une bonne vision de ce que peut être le space opera post cyberpunk, avec une richesse d’imagination particulière. Le roman n’est pas centré sur les vaisseaux spatiaux, les affrontements physiques et les explosions, même s’il y en a, mais s’interroge sur l’idée d’une galaxie qui a existé avant que les hommes ne quittent leur boulle de glaise pour découvrir les étoiles et donne sa vision du paradoxe de Fermi. J’ai beaucoup aimé l’inventivité, le moteur du roman (comprendre une société qui s’est éteinte bien avant que ne naissent les hommes), la façon dont les personnages mènent leur chemin, font face à leurs difficultés, font des choix. Je suis un peu déçu par la fin, qui est très positive, sans coût réel pour les différents protagonistes. Au vu de ce qui a été développé tout au long du roman, je suis un peu déçu du happy end final qui permet, certes, de tout expliquer, mais au détriment de la narration, pourtant bonne du reste du roman.
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- Jiohn Guilliann
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Re: Les livres dont vous n'êtes pas le héros (et sans image)
Alors je l'ai lu à sa sortie, et je me refais le cycle (Dit "des inhibiteurs") en ce moment.je viens même de terminer le tome 4.
Car oui, c'est un cycle. le tome 1 et le tome 2 n'ont rien à voir, mais le tome 3 rassemble les histoires des tomes 1 et 2 pour donner une continuité. Et le tome 4 conclu le cycle, et pas de façon aussi optimiste que le T1 laisserait le supposer.
Il y a deux autres tomes, mais ils ne sont pas traduits en français, et je les soupçonne d'être des romans dans l'univers, sans lien avec l'intrigue principale. Je verrai ça dans un mois, quand je m'y mettrai.
Dans l'ensemble, c'est un excellent cycle, mais je trouve qu'il y a quelques longueurs, surtout dans le T4 (1200 pages). Certains concepts étaient plutôt novateurs pour l'époque. Depuis, certains thèmes ont été repris. J'ai notamment été surpris de trouver une telle similarité dans les thèmes abordés dans le T3 de ce cycle et dans celui de The Expanse (que je lis en alternance).
Ensuite, pour avoir passé une partie d'un après midi avec l'auteur il y a quelques années, je dois dire que c'est quelqu'un de passionnant et passionné. Je n'ai plus le souvenir du contenu des discussions, mais je me souviens d'un très bon moment. Notamment autour de son roman "Pushing Ice", qui est celui que je préfère, je pense.
C'est aussi un auteur très fan des vieux docteur Who, dont il a écrit une nouvelle et un roman dans l'univers.
Car oui, c'est un cycle. le tome 1 et le tome 2 n'ont rien à voir, mais le tome 3 rassemble les histoires des tomes 1 et 2 pour donner une continuité. Et le tome 4 conclu le cycle, et pas de façon aussi optimiste que le T1 laisserait le supposer.
Il y a deux autres tomes, mais ils ne sont pas traduits en français, et je les soupçonne d'être des romans dans l'univers, sans lien avec l'intrigue principale. Je verrai ça dans un mois, quand je m'y mettrai.
Dans l'ensemble, c'est un excellent cycle, mais je trouve qu'il y a quelques longueurs, surtout dans le T4 (1200 pages). Certains concepts étaient plutôt novateurs pour l'époque. Depuis, certains thèmes ont été repris. J'ai notamment été surpris de trouver une telle similarité dans les thèmes abordés dans le T3 de ce cycle et dans celui de The Expanse (que je lis en alternance).
Ensuite, pour avoir passé une partie d'un après midi avec l'auteur il y a quelques années, je dois dire que c'est quelqu'un de passionnant et passionné. Je n'ai plus le souvenir du contenu des discussions, mais je me souviens d'un très bon moment. Notamment autour de son roman "Pushing Ice", qui est celui que je préfère, je pense.
C'est aussi un auteur très fan des vieux docteur Who, dont il a écrit une nouvelle et un roman dans l'univers.
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Re: Les livres dont vous n'êtes pas le héros (et sans image)
Alors j'ai très hâte d'avoir votre retour dessus, d'autant que j'ignorais l'existence de ces deux tomes.Jiohn Guilliann a écrit : ↑ven. août 22, 2025 7:25 pm Il y a deux autres tomes, mais ils ne sont pas traduits en français, et je les soupçonne d'être des romans dans l'univers, sans lien avec l'intrigue principale. Je verrai ça dans un mois, quand je m'y mettrai.
Vous avez aussi lu Diamond Dogs et Turquoise Days ? (deux romans courts dans le même univers que le cycle des inhibiteurs)
- Jiohn Guilliann
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Re: Les livres dont vous n'êtes pas le héros (et sans image)
Oui. Je me souviens d'une de deux nouvelles, celle qui est en rapport avec la Pourriture Fondante. Mais je vais aussi les relire dans la foulée.Rufus51 a écrit : ↑dim. août 24, 2025 9:54 amAlors j'ai très hâte d'avoir votre retour dessus, d'autant que j'ignorais l'existence de ces deux tomes.Jiohn Guilliann a écrit : ↑ven. août 22, 2025 7:25 pm Il y a deux autres tomes, mais ils ne sont pas traduits en français, et je les soupçonne d'être des romans dans l'univers, sans lien avec l'intrigue principale. Je verrai ça dans un mois, quand je m'y mettrai.
Vous avez aussi lu Diamond Dogs et Turquoise Days ? (deux romans courts dans le même univers que le cycle des inhibiteurs)
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- Erwan G
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Re: Les livres dont vous n'êtes pas le héros (et sans image)
Merci pour ton retour, @Jiohn Guilliann, qui me confirme dans mon envie de continuer.
Après avoir lu un excellent livre (Giovanni Falcone), j'ai commencé le Diable au piano de Léo Henry et, au bout de 3 nouvelles, je dois avouer que je m'ennuie mortellement. Au point où je n'ai même pas envie de continuer ce livre. C'est moi ou bien ?
Après avoir lu un excellent livre (Giovanni Falcone), j'ai commencé le Diable au piano de Léo Henry et, au bout de 3 nouvelles, je dois avouer que je m'ennuie mortellement. Au point où je n'ai même pas envie de continuer ce livre. C'est moi ou bien ?
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Re: Les livres dont vous n'êtes pas le héros (et sans image)
le seigneur de Samarcande, Robert H. Howard, 160 p. Nouvelles éditions Oswald, 1986
Un recueil de nouvelles de Robert H. Howard. L'ensemble est très dispensable. La cabane hantée, Noirs sortilèges et les Doigts de la mort sont bien ficelés proposant des nouvelles horrifiques qui présentent le talent d'Howard sur un mode moins présent, usuellement, dans ces oeuvres. On se laisse, de même, assez facilement porté par le vol des aigles, se déroulant en Iran. Le petit peuple et les démons du Lac noir sont carrément mauvais et Le seigneur de Samarcande ennuyeux et mal gaulé tout le long, achevé par une chute sans intérêt.
Un recueil de nouvelles de Robert H. Howard. L'ensemble est très dispensable. La cabane hantée, Noirs sortilèges et les Doigts de la mort sont bien ficelés proposant des nouvelles horrifiques qui présentent le talent d'Howard sur un mode moins présent, usuellement, dans ces oeuvres. On se laisse, de même, assez facilement porté par le vol des aigles, se déroulant en Iran. Le petit peuple et les démons du Lac noir sont carrément mauvais et Le seigneur de Samarcande ennuyeux et mal gaulé tout le long, achevé par une chute sans intérêt.
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Re: Les livres dont vous n'êtes pas le héros (et sans image)
Erwan G a écrit : ↑lun. août 25, 2025 8:59 am Merci pour ton retour, @Jiohn Guilliann, qui me confirme dans mon envie de continuer.
Après avoir lu un excellent livre (Giovanni Falcone), j'ai commencé le Diable au piano de Léo Henry et, au bout de 3 nouvelles, je dois avouer que je m'ennuie mortellement. Au point où je n'ai même pas envie de continuer ce livre. C'est moi ou bien ?
Il y a quelques années, sur la base de moult recommandations je m'étais commandé Yama Loka Terminus et je n'ai pas réussi à le finir non plus. Je pense que je suis (très) réfractaire au format de la nouvelle en fait. Ou plutôt au format du recueil de nouvelles. Y a que Borges qui me fait décoller.
Mozart n'a pas écrit que le Boléro de Ravel. Mais aussi plein d'autres trucs beaucoup moins connus (comme le canon de Pachelbel). - Le Grümph
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Re: Les livres dont vous n'êtes pas le héros (et sans image)
Sammael99 a écrit : ↑lun. août 25, 2025 10:55 amErwan G a écrit : ↑lun. août 25, 2025 8:59 am Merci pour ton retour, @Jiohn Guilliann, qui me confirme dans mon envie de continuer.
Après avoir lu un excellent livre (Giovanni Falcone), j'ai commencé le Diable au piano de Léo Henry et, au bout de 3 nouvelles, je dois avouer que je m'ennuie mortellement. Au point où je n'ai même pas envie de continuer ce livre. C'est moi ou bien ?
Il y a quelques années, sur la base de moult recommandations je m'étais commandé Yama Loka Terminus et je n'ai pas réussi à le finir non plus. Je pense que je suis (très) réfractaire au format de la nouvelle en fait. Ou plutôt au format du recueil de nouvelles. Y a que Borges qui me fait décoller.
Je ne sais pas, il y a des recueils de nouvelles que j'apprécie, soit en elles mêmes (comme par exemple, les Chroniques martiennes, Kirinyaga, la Ménagerie de papier, les nouvelles de Dick...) soit en dépit d'elle même (comme par exemple le manque total d'empathie de Ken Liu). Mais là, j'ai l'impression de tomber dans le vice de l'écriture française, à savoir énormément de culture que l'on met en oeuvre dans un esprit ludique mais qui, au final, si l'on n'est pas aussi calé que l'auteur sur le domaine, passe complètement à coté. On n'est pas dans l'utilisation de références pour construire une histoire, comme chez Tim Powers ou Alan Moore, non. On est dans le "regardez bien, je connais bien l'auteur dont je parle et voilà ce que je vois de lui".
La première nouvelle est totalement illisible, fouillis, absconse. Je me suis demandé si c'était le style de l'auteur ou si c'était moi, mais j'ai vu dès la deuxième nouvelle que c'était un choix. Rendait-il hommage à Blaise Cendrars dans ce style ? Je ne connais pas Blaise Cendrars donc je n'ai aucune clef de compréhension. Dans le "Je suis de mon enfance comme d'un pays", on se contente de voir en le Petit prince un double de Saint Exupéry découvert dans son enfance dans le reflet d'un puit et qui le suit, toujours. J'en suis à me demander ce que l'auteur a bien pu vouloir faire dans cette nouvelle.
Je viens de voir sur Babelio qu'il fallait passer le premier tiers du livre pour avoir des nouvelles intéressantes. Je vais essayer de tenir, alors. Parce que pour le moment, le seul truc positif que j'ai lu, c'est la quantité incroyable de cirage utilisé par l'auteur de la préface pour tenter de vendre le livre. Rien que cela m'a déjà braqué. Mec, j'ai acheté ton livre, c'est pas la peine de me faire un panégyrique avant que je commence la lecture de tes textes, ça me donne encore plus envie d'avoir un oeil critique.
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- Erwan G
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Re: Les livres dont vous n'êtes pas le héros (et sans image)

GIOVANNI FALCONE
Roberto Saviano*
J’ai pour habitude de ne pas lire de roman ou de regarder des séries ou des films qui parlent de justice, parce que, d’une part, je n’aime pas mêler vie professionnelle et loisir et, d’autre part, parce que je suis souvent déçu de voir que l’auteur ne maitrise pas ou déforme tant le matériau que rien de ce qui est dans l’œuvre n’est compréhensible pour moi. Alors, quand on m’a proposé ce livre, j’ai eu du mal à me convaincre de le prendre.
J’ai, finalement, bien fait de l’accepter. Contrairement à ce que laisse penser le livre, il ne s’agit pas vraiment de la seule histoire de Giovanni Falcone, même s’il est presque le personnage principal de l’histoire ou, tout du moins, le personnage le plus mis en avant. Il s’agit, avant tout, d’un roman dont le sujet me semble être plutôt l’évolution de la connaissance de Cosa Nostra par l’Italie des années 70-90. Alors, oui, le roman se termine nécessairement, sur l’assassinat du juge Falcone. Mais ce n’est pas une simple chronique d’une mort annoncée d’un héros luttant contre la maffia. Le livre s’ouvre sur la naissance de Toto Riina. Pas sa naissance physique, mais plutôt sa naissance morale, celle d’un futur parrain de la maffia, chef des corléanais, la façon dont il s’est forgé une opinion sur la violence et la vitesse à laquelle la vie peut passer. Puis, ensuite, on va suivre différents acteurs de la lutte contre la maffia : Rocco Chinnici, le fondateur du pool d’instruction anti-mafia, dalla Chiesa, le préfet antimafia tué quelques mois après sa prise de fonction alors qu’il n’avait pas encore cerné sa mission… Les luttes intestines au sein du palais de justice de Palerme, les différentes visions des différents acteurs de la lutte antimafia, les manigances politiques et les liens forts entre la mafia et la Démocratie chrétienne, la vision de ce que pouvait être la lutte contre la pieuvre.
Saviano dit s’être énormément documenté, et cela ne fait aucun doute. Mais cela constitue aussi les limites du roman. En optant pour un roman classique, Saviano a induit qu’il allait raconter d’une certaine façon cette histoire, sans pour autant simplement la rapporter. On le sent, à la lecture de certains chapitres, dans lesquels l’auteur réussit à prendre l’angle de vision de certains personnages. Mais cela reste très superficiel et camoufle mal ce qui est, réellement, selon moi, ce livre : la dénonciation des dysfonctionnements étatiques dans la lutte contre la mafia. Le refus d’admettre qu’il était nécessaire de faire des choix et de prendre des positions fortes pour que le Maxi-procès ne finisse pas par être simplement la partie émergée de l’iceberg. Une ode aux courageux qui ont osé arpenter un chemin dont ils savaient que, à la fin, ils ne rencontreraient qu’une mort violente, ordonnée par Cosa Nostra. Un livre qui rappelle que Saviano a une meilleure protection que Falcone mais qu’il a pris les mêmes risques et, peut-être, avec les mêmes oppositions.
Alors, qu’est-ce-que ce livre qui, en italien, s’appelle « le courage est solitaire », une phrase magnifique qui clôt parfaitement le livre, est, finalement ? Pour moi, c’est un mauvais roman, en ce qu’il omet totalement le coté romanesque pour tenter de décrire ce qui a pu se passer et les quelques états d’âme que le juge Falcone a pu avoir. Mais c’est un très bon livre, en ce qu’il regorge d’informations intéressantes, de questions et de description d’une Italie que je n’ai connue que par la radio et la télévision à l’époque, en dépit de son côté monolithique : les magistrats antimafias sont tous présentés comme des héros et ne cessent de se comporter comme tels, tandis que les mafieux sont mafieux. Il y manque donc, quelque part, soit le recul de l’auteur, comme a su si bien le faire Laurent Binet dans HhHH ou un vrai développement des acteurs pour en faire de réels personnages dans ce qui serait alors un roman. Néanmoins, la masse d’information, la plume de Saviano qui, sans être sans défaut, reste agréable à lire, les couleurs données aux événements et aux doutes donnent à Giovanni Falcone un lustre intéressant qui en fait un livre très agréable à lire.
* Pour ceux qui l'ignorent, Roberto Saviano est un journaliste qui vit sous protection policière suite aux menaces de mort reçues de la part de Cosa Nostra suite à la publication de Gomorrra, son livre sur la mafia et son organisation du coté de Naples. Il y a donc, visiblement, des parallèles à faire entre ce qu'il vit et ce qu'a pu vivre le juge Giovanni Falcone. Ceci explique peut-âtre aussi cela dans son livre...
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- Cédric Ferrand
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Re: Les livres dont vous n'êtes pas le héros (et sans image)
J'ai lu récemment une BD (Je suis toujours vivant) qui raconte la solitude de Saviano.
Avec des gens qui l'accusent de jouer les victimes, d'autres qui trouvent que ça coûtent trop cher de le protéger...
C'est glaçant.

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- Erwan G
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Re: Les livres dont vous n'êtes pas le héros (et sans image)
Cédric Ferrand a écrit : ↑lun. août 25, 2025 3:16 pm J'ai lu récemment une BD (Je suis toujours vivant) qui raconte la solitude de Saviano.
Avec des gens qui l'accusent de jouer les victimes, d'autres qui trouvent que ça coûtent trop cher de le protéger...
C'est glaçant.
Ca se sent dans ce qu'il écrit sur Falcone. J'ai eu l'impression que c'était un plaidoyer pour la protection et la prise en charge réelle de ceux qui sont sous le coup d'une menace de mort de la mafia, menaces qu'ils peuvent mettre à exécution de façon flamboyante, pour ne pas dire explosive...
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