[Série TV] L'héritage d'AB Productions

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Saladdin
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Re: [Série TV] L'héritage d'AB Productions

Message par Saladdin »

nonolimitus a écrit : mer. oct. 15, 2025 9:39 am Hier soir, j'ai découvert NERO sur NETFLIX...

Les scénaristes ont lu et relu Gagner la Guerre de Jean-Philippe JAWORSKI ? Parce que franchement, le Néro en question il est très inspiré de  Benvenuto GESUFAL !

On en a déjà parlé ici, mais oui, à la base cela devait être une adaptation de Gagner la Guerre
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nonolimitus
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Re: [Série TV] L'héritage d'AB Productions

Message par nonolimitus »

Saladdin a écrit : mer. oct. 15, 2025 9:44 am
nonolimitus a écrit : mer. oct. 15, 2025 9:39 am Hier soir, j'ai découvert NERO sur NETFLIX...

Les scénaristes ont lu et relu Gagner la Guerre de Jean-Philippe JAWORSKI ? Parce que franchement, le Néro en question il est très inspiré de  Benvenuto GESUFAL !

On en a déjà parlé ici, mais oui, à la base cela devait être une adaptation de Gagner la Guerre
je me disais bien aussi... C'est dommage de s'éloigner autant du matériaux de base et je trouve l'explication d'un des scénaristes bancale... 

Quand je l'aurais terminée, je relirais l'original  :P
 
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Re: [Série TV] L'héritage d'AB Productions

Message par DocDandy »

Sans doute que le personnage et les intrigues de Jaworsky étaient trop complexes pour la ménagère de -50ans.  :D
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Re: [Série TV] L'héritage d'AB Productions

Message par Rosco »

Boots sur netflix, inspiré du roman "the pink marines"
Le pitch, un jeune gay, non pratiquant, des années 90 harcelé car jugé faible decide suivre son meilleur ami dans les marines. En mentant sur son poids car trop leger, mais il sait aussi que l'homosexualité est interdite dans les forces américaines.
La serie nous conte donc son camps d'entrainement pour valider la première partie de sa formation.
Avec les peripétie que l'on peut connaitre en 13 semaines.

Très interessante sur la manipulation mentale que l'on fait subir et le fonctionnement du camps. Mais aussi sur certain choix amour ou patrie, que doivent faire les marines
Gork est « brutal mè ruzé » et son frère Mork est « ruzé mè brutal »

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Re: [Série TV] L'héritage d'AB Productions

Message par Sammael99 »

Après avoir fini il y a deux semaines Firefly avec ma fille (c'était mon troisième visionnage en 20 ans), on a regardé Serenity ce soir. C'est pas un chef d'oeuvre, mais c'est pas si pire, et il y a des moments forts. 
Mozart n'a pas écrit que le Boléro de Ravel. Mais aussi plein d'autres trucs beaucoup moins connus (comme le canon de Pachelbel). - Le Grümph
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Re: [Série TV] L'héritage d'AB Productions

Message par Qui Revient de Loin »

Ah, tiens, j'ai voulu le regarder une 3e fois aussi l'autre jour. Mais la scène d'ouverture (la bataille avec les red coats) pique tellement fort que j'ai arrêté... Mais il me semble m'être déjà dit que cette scène cheap était pas à la hauteur de la série.
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Re: [Série TV] L'héritage d'AB Productions

Message par Sammael99 »

Qui Revient de Loin a écrit : ven. oct. 17, 2025 10:22 pm Ah, tiens, j'ai voulu le regarder une 3e fois aussi l'autre jour. Mais la scène d'ouverture (la bataille avec les red coats) pique tellement fort que j'ai arrêté... Mais il me semble m'être déjà dit que cette scène cheap était pas à la hauteur de la série.
De toute façon, faut mettre ses attentes visuelles au placard. La CGI était déjà pas très bonne pour l'époque, et c'est peu de dire qu'elle a mal vieilli. Mais c'est une série dont le signe distinctif est les personnages et leurs relations, et ça ça n'a pas pris une ride. 
 
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Re: [Série TV] L'héritage d'AB Productions

Message par Mugen »

DocDandy a écrit : jeu. oct. 16, 2025 3:38 pm Sans doute que le personnage et les intrigues de Jaworsky étaient trop complexes pour la ménagère de -50ans.  :D

Pourtant Netflix, c'est pas TF1.
Il faut croire que c'est devenu une seconde nature chez les scénaristes français...
Sois satisfait des fruit, des fleurs et même des feuilles,
Si c'est dans ton jardin à toi que tu les cueilles.
Ne pas monter bien haut peut-être, mais tout seul.
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Re: [Série TV] L'héritage d'AB Productions

Message par Tybalt (le retour) »

Je pense qu'on a tort de résumer ça à une question de nationalité des scénaristes. Il suffit de se renseigner un tout petit peu sur la façon dont un scénario de film ou de série s'écrit pour se rendre compte du nombre effarant de relectures-corrections par lesquelles il doit passer et du nombre astronomique de décideurs à convaincre en passant par diverses fourches caudines, les plus couards état bien entendu ceux qui détiennent le plus d'argent. À côté, le processus de correction éditoriale d'un manuscrit de roman, c'est rien.
Toute production un peu velue nécessitant des financements internationaux et de multiples natures (publics et privés, gros studios et minuscules structures, etc.), cela multiplie encore le nombre de regards et d'approches différentes du même projet, qui doit donc plaire à la fois à tout un chacun et à son pire ennemi.
Ce qui m'émerveille est bien plutôt qu'il reste des scénarios intéressants voire engagés après un tel processus de lessivage à répétition.

Vraiment, arrêtons le scénaristes-bashing, vos scénaristes sont des héros/héroïnes de l'ombre.

Et ce n'est encore que des dégâts limités à côté de ce que peut commettre la culture du scénario écrit collectivement pour les blockbusters hollywoodiens...
Mes sites : Kosmos (un jdra sur la mythologie grecque qui a lu les auteurs antiques pour vous) ; blog de lectures ; site d'écriture.
Disclameur : j'ai écrit pour "Casus" et "Jdr Mag".
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DocDandy
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Re: [Série TV] L'héritage d'AB Productions

Message par DocDandy »

Tybalt (le retour) a écrit : sam. oct. 18, 2025 10:27 am Je pense qu'on a tort de résumer ça à une question de nationalité des scénaristes. Il suffit de se renseigner un tout petit peu sur la façon dont un scénario de film ou de série s'écrit pour se rendre compte du nombre effarant de relectures-corrections par lesquelles il doit passer et du nombre astronomique de décideurs à convaincre en passant par diverses fourches caudines, les plus couards état bien entendu ceux qui détiennent le plus d'argent. À côté, le processus de correction éditoriale d'un manuscrit de roman, c'est rien.
Toute production un peu velue nécessitant des financements internationaux et de multiples natures (publics et privés, gros studios et minuscules structures, etc.), cela multiplie encore le nombre de regards et d'approches différentes du même projet, qui doit donc plaire à la fois à tout un chacun et à son pire ennemi.
Ce qui m'émerveille est bien plutôt qu'il reste des scénarios intéressants voire engagés après un tel processus de lessivage à répétition.

Vraiment, arrêtons le scénaristes-bashing, vos scénaristes sont des héros/héroïnes de l'ombre.

Et ce n'est encore que des dégâts limités à côté de ce que peut commettre la culture du scénario écrit collectivement pour les blockbusters hollywoodiens...

il y a quelques années un groupe de scénaristes avaient justement poussé leur gueulante. Les idées ne manquent pas chez eux pour inventer un nouveau The Wire ou Game of Thrones à la française mais les producteurs sont extrêmement conservateurs. La seule exception est Canal Plus avec des projets ambitieux comme Engrenages ou autres. On voit bien que les productions Netflix de la France sont géré par des jeunes qui sont issus (ou sensibles) à la diversité mais peu regardants sur la complexité des intrigues. Quand tu vois Sous la Seine, Plan Coeur ou Voleuses tu vois le genre de public auquel il s'adresse.
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Re: [Série TV] L'héritage d'AB Productions

Message par Jiohn Guilliann »

J'ai deux amis qui ont fait une école de scénaristes, il y a quelques années. Ils ont travaillé sur un paquet de scenarios, mais au final, aucun des deux ne travaille plus dans le milieu. Ils en ont été dégoutés par le manque de volonté des producteurs, qui ne jurent que par les séries policières sans envergure ni ambition.
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Re: [Série TV] L'héritage d'AB Productions

Message par Neluge »

Ayant eu un film produit et vécu ça de l'intérieur, je peux vous garantir que :
- les scénaristes sont moins souvent responsables des catastrophes à l'arrivée qu'on ne le croit
- la plupart des gens extérieurs à l'industrie du cinéma n'ont qu'une idée très approximative de la manière dont un film se fait

Dans le cas d'un projet initié par un.e scénariste, dites-vous bien qu'une fois son script vendu, le ou la scénariste n'a plus aucun pouvoir, et n'est souvent même plus consulté.e par rapport aux changements apportés à l'histoire par le producteur/réalisateur/acteur principal/etc. - toutes des personnes qui sont bien, bien plus hautes sur l'échelle d'importance des intervenants.

Pour une foule de raisons (volonté de lisser l'histoire pour toucher un plus grand public, problèmes de financement, contingences du tournage, etc.) le résultat sera toujours plus ou moins éloigné du script initial. Parfois c'est pour le mieux (l'image du producteur stupide avec son gros cigare ne correspond heureusement pas toujours à la réalité, et certains ont une vraie sensibilité artistique et des propositions très pertinentes) mais souvent le produit fini souffrira du syndrome "trop de cuisiniers dans la marmite".

Dites-vous aussi que des tonnes de projets originaux et novateurs sont écrits chaque année à l'initiative des scénaristes, qui y investissent souvent des mois voire des années de travail sans aucune garantie. Le problème vient après, quand il s'agit de trouver un producteur prêt à défendre un projet, un réalisateur prêt à y consacrer trois ans de sa vie, et surtout des financiers prêts à y investir plusieurs millions (les producteurs investissent rarement leur propre argent).

Je ne peux parler que pour l'industrie anglo-saxonne avec laquelle je suis plus familier, mais je suppose que c'est pareil pour la française : il y a chez les producteurs et financiers une obsession de l'IP (propriété intellectuelle préexistante : romans, BD, jeux, etc.), qui fait que les projets qui ne sont pas des adaptations n'ont que très peu de chances d'aboutir. Beaucoup de producteurs préféreront investir leur temps et argent dans une adaptation de Uno ou une énième version d'un concept tombé dans le domaine public, plutôt que dans un projet original. Et on peut les comprendre, vu que le public dans son ensemble a tendance à voter avec son portefeuille en faveur des adaptations. Et parfois ça donne des très bons films, hein !

Tout ça pour dire qu'un film original (au sens de "pas une adaptation") qui arrive en salles ou en streaming, c'est un putain de miracle. Même s'il est mauvais, même s'il est raté, même si vous vous dites que les gens qui l'ont fait devraient avoir honte (et Dieu sait que j'ai dit ce genre de choses avant de mettre un pied dans le milieu, naïf que j'étais) : chaque film pourri que vous voyez, c'est un miracle qui a probablement commencé avec les meilleurs intentions, et a tout simplement rencontré une foule de problèmes en chemin.

edit : désolé, je me rends compte qu'on est dans le fil séries plutôt que cinéma, et que mon intervention n'est peut-être pas à sa place vu qu'elle parle plutôt de longs-métrages... mais bon, ça me semblait pertinent vu ce qui a été dit au-dessus.
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Olivier.Legrand
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Néro sur Netflix

Message par Olivier.Legrand »

Petit préambule : grand amateur de séries télévisées, je fais partie de ceux qui déplorent régulièrement le manque de qualité, d'ambition ou de créativité des séries françaises... et qui, jusqu'à aujourd'hui, pensaient ne jamais voir un jour de série française fantastique de qualité (et encore moins dans le genre sword & sorcery 8O )...

Eh bien aujourd'hui, je mange publiquement mon chapeau car je suis en train de visionner une véritable pépite : la série Netflix NERO, avec Pio Marmaï dans le rôle titre et plein d'autres excellents acteurs, dont l'immense Olivier Gourmet (eh oui). Il y a huit épisodes et, pour l'instant, j'en ai visionné quatre... donc à moins d'un gros dérapage dans le nawak en seconde moitié de saison, on se dirige, à mon sens, vers une réussite magistrale.

Alors de quoi ça parle (sans déflorer) ? Des mésaventures d'un assassin professionnel, Néro, sur fond d'intrigues politiques, de prophéties apocalyptiques et de fléaux divers (sécheresse, famine, etc.). L'ambiance est résolument picaresque - pour l'instant, j'ai l'impression de suivre une chronique d'Epées & Voleurs (autopromotion éhontée), impression qu'aucune série anglosaxonne (ou autre) ne m'avait jusqu'ici procurée.

L'univers de la série est aussi simple qu'ingénieux : on est dans une sorte de renaissance / début de 16ème siècle évoquant le sud de la France, avec des éléments historiques qui parleront à tout le monde (présence de l'église, avec les croix, les écritures et tout le toutim) mais aussi des éléments fictifs, qui permettent au scénario de s'affranchir de toute historicité (ainsi, les principales cités mentionnées se nomment Ségur et Lamartine).

Bref, vous l'aurez compris, c'est une UCHRONIE, ce qui permet aux scénaristes de jouer à fond sur certaines ambiances bien connues sans jamais tomber dans le cours d'histoire (ou l'exposition indigeste de background). Sur ce point précis, ça rappelle un peu l'excellente approche du Grümph dans son jdr de cape et d'épée Mordious.

Les costumes sont parfaits, les décors très réussis... rien ne fait "toc" (ce qui est trop souvent le cas dans les séries en costumes françaises quand on y regarde de trop près). Les grands paysages désolés écrasés de chaleur ajoutent un petit côté "western spaghetti" qui fonctionne parfaitement (et que souligne parfois discrètement la musique).

Les scènes de combat sont très bien réglées, avec des manoeuvres rapides et meurtrières. Les éléments fantastiques sont utilisés avec parcimonie mais jamais de façon anecdotique - et même la prophétie (fictive) qui est au coeur de l'intrigue "tient la route", sur le plan de l'imaginaire théologique.

Les acteurs sont tous excellents (vraiment)... avec des dialogues qui méritent une mention particulière. Les auteurs n'ont pas cherché à les rendre archaïques; les personnages parlent plutôt comme tout le monde (enfin sauf les nobles, bien sûr mais même eux n'essaient pas de "jargonner médiéval")... et ça fonctionne parce que c'est hyper-bien dosé. Ca ne sombre jamais dans le pseudo-parodique qui loucherait trop du côté de Kaamelott mais ça donne à l'ensemble des dialogues un côté crédible, familier (dans tous les sens du terme) - si on est un peu surpris au début, très vite on se laisse porter et on ne "tique" jamais à cause d'une formule qui semblerait vraiment trop moderne, même si les auteurs flirtent parfois volontairement avec la limite (excellent passage où le 'héros', vexé par un commentaire désobligeant qui le vise, rétorque que "c'est un peu réducteur").

A mes yeux, c'est la première vraie série de sword & sorcery picaresque... et, ô surprise, elle est française. Et surprise derechef, c'est (pour l'instant) une grande réussite.

Je dirais donc : à voir absolument !
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Re: [Série TV] L'héritage d'AB Productions

Message par griffesapin »

j'avais le même avis que toi jusqu'à ce même épisode : le 4, ensuite j'ai un peu déchanté...
Un épisode "ventre mou" , le 6 de mémoire, puis une bascule franchement anti religieuse en fin de série qui tombe comme ca, et quelques autres choses qui m'ont fait un peu redescendre , même si au final cela reste , pour moi, une bonne série.
Ca serait intéressant d'avoir ton avis final après visualisation complète  ;)
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Orlov
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Re: [Série TV] L'héritage d'AB Productions

Message par Orlov »

Erwan G a écrit : mer. oct. 22, 2025 12:27 pm
Je ne reprends pas les points avec lesquels je suis d'accord, parce que je trouve que tu les as excellement bien présentés. Je reprends juste mes points de désaccord.

C'est toujours un plaisir de parler des Sopranos.

En revanche, je crois que j'ai oublié un thème : celui de la religion. Je profite de ton message pour détailler.

Religion: tout me porte à croire que David Chase, le créateur de la série doit avoir quelque chose contre l'Eglise Catholique, voire contre la religion en général. Dans les Sopranos, la religion et de l'Eglise catholiques font partie du décor, ce qui fait sens dans ce petit monde italo-américain. Si Tony se définit comme un "Catholique strict", son épouse Carmela peut être décrite de Catholique mondaine (qui participe à la vie de sa paroisse chic: participe à des réunions, organise des soirées de charité et est l'amie du Père Phil). Ce qui se dégage c'est l'hypocrisie de ces deux paroissiens un peu spéciaux qui ne vivent pas vraiment leur vie dans le sens prôné par les Evangiles. L'autre aspect, plus critique, c'est que l'Eglise catholique est à plusieurs reprises présentées comme un miroir de la Mafia. Les deux organisations ont en commun des traditions anciennes et sacrées qui non seulement se heurtent au monde moderne mais qui sont de plus largement trahies par ceux censés les maintenir. Ainsi, non seulement un boss d'une famille new yorkaise, se plaignant du non-respect des usages mafieux, déclare 'We bend more rules than the f...ing Catholic Church", mais à l'inverse, le prêtre d'une église catholique locale se comporte avec un membre de l'organisation Soprano comme un racketeur lorsqu'il lui demande une plus grande contribution pour présenter une relique à une fête patronale. Si la question du Salut taraude parfois les protagonistes, ce qui permet d'apprendre que l'Enfer pourrait être un pub irlandais où l'on perd tout le temps aux fléchettes, on n'y redoute guère l'Enfer. Les bonnes oeuvres, les donations servent d'assurance de l'âme et une logique de marchand de tapis est appliquée à la religion. Ainsi, un superstitieux tueur de l'organisation demande à son prêtre pourquoi ses généreuses donations ne le protègent pas des fantômes de ses victimes qui le poursuivent, ainsi qu'il lui a été révélé lors d'une séance de spiritisme... Le catholicisme n'est pas la seule cible de cette satyre. Les Hassidith avec laquelle l'organisation Soprano noue des liens sont décrits comme des gens certes coriaces mais pas moins criminels et mesquins que leurs associés italiens. Chase n'épargne pas non plus l'athéisme car le doute nietzchéen sur l'existence de Dieu qui se saisit d'Antony Jr est vite dissipé lorsque le jeune lycéen apprend qui était Nietzche (un raté selon les standards de son milieu). On pourrait probablement isoler tous les passages de la série qui traitent de religion et avoir un portrait anthropologique et sociologique intéressant des pratiques religieuses modernes.

Orlov a écrit : mar. oct. 21, 2025 9:21 pmLe capitalisme : Tony se décrit comme un capitaliste. Ses idéaux sont ceux de Trump : le profit, la réussite et le bling bling parce qu'il pense qu'ils équivalent au bonheur. Mais comme le président, son rêve américain est un cauchemar pour la société, un cancer qui la corrompt.
(...)
L'histoire des EUA: les Sopranos descendent d'un ancêtre venu d'Avellino en Campanie, ils sont fiers de leur héritage et estiment que la société américaine leur doit une place en raison du travail laborieux de leurs ancêtres immigrants. Évidemment, cela se traduit par du mépris et du racisme envers les autres communautés vues comme des assistés. Cela se traduit également par la défense contre la pensée moderne que cela concerne le couple, la sexualité ou le récit national qui n'est plus celui des années 50. D'où une de mes répliques préférées quand Antony, le fils, explique à son père que son professeur lui a raconté en cours d'histoire que Colomb n'était pas qu'un explorateur mais un type avide d'or et ayant permis la réduction en esclavage des Indiens. Tony lui dit en substance " Peut-être que, dehors, tout le monde pense que Colomb est un assassin, mais ici, dans cette maison, ça sera un héros. Point final".

C'est là que je ne suis pas d'accord et je te propose une autre piste de lecture : la mafia, c'est avant tout une société initiatique. Elle repose sur des valeurs, des rituels qui sont importants. Les membres sont des "frères", ils sont unis et se doivent assistance, tant qu'ils respectent la hiérarchie et qu'ils ne font pas trop de connerie. Des valeurs morales, il y en a plein : le respect de la parole donnée, le respect de la hiérarchie, l'importance de la famille (au sens propre comme au sens figuré) mais également des valeurs que nous regardons d'un mauvais oeil aujourd'hui : la virilité, essentiellement, qui se traduit par le fait que tu agis bien avec les filles avec lesquelles tu couches, que tu couches avec des filles que tu peux afficher auprès de tes amis et tu camoufles tes histoires vis à vis de ta femme, que tu respectes (sur des valeurs affichées). Ceux qui ne respectent pas ces valeurs ou qui, s'ils les ont enfreintes, ne reconnaissent pas leurs torts, meurent. C'est une parole donnée : on te protège, t'aide jusqu'à ce que tu aies un comportement que l'on ne peut pas cautionner.
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Certes, mais je crois que la scène d'initiation (qui est saisissante) et sa suite (le banquet avec le spectacle lesbien) montrent, à mon avis, toutes les limites d'une lecture qui ferait de la Mafia une organisation structurée par des principes. Après la cérémonie quasi religieuse (qui rattache d'ailleurs l'organisation Soprano d'avantage à la Camorra qu'à Cosa Nostra) qui inclut de prêter serment tout en brûlant l'image d'un Saint (Saint Antoine si je me souviens bien), tout ce qui suit dans cet épisode montre l'hypocrisie ambiante. D'abord la cérémonie profane montre l'hypocrisie du regard masculin: le show érotique lesbien (d'ailleurs j'y pense maintenant, mais il y a beaucoup de scènes impliquant des strip-teaseuses et cela peut constituer un obstacle pour qui veut regarder cela avec ses ados, par exemple) est déjà caractéristique d'une certaine hypocrisie masculiniste, ensuite, la discussion entre Tony et un boss new-yorkais montre l'hypocrisie de leurs rapports, mais ce qui attend Christipher, affranchi fraîchement initié et neuveu initié met à mal toute idée que les valeurs morales soient structurantes. Ce qui compte c'est le fric ainsi que Paulie, le boss de Christopher explique à la nouvelle recrue. Toutes les semaines, Christopher doit ramener 10 000 dollars à son boss pour que Paulie en verse une partie à son propre Boss, à savoir Tony. Tony explique à Christopher qu'il est le "Page d'un samouraï", mais, en réalité, il n'est qu'une vache à lait de plus pour son sous-boss, ce dernier n'étant qu'une nourrice pour le boss, c'est à dire Tony. Dans cette optique, où l'argent est la seule forme de hiérarchie, la mafia qui est montrée dans la série ressemble plus à une pyramide de Ponzi que l'organisation féodale protectrice de ses membres qu'elle s'imagine et affirme être. Ce fait est illustré par les nombreux manquements de Tony vis à vis du code qu'il est censé incarner lorsqu'il tabasse par exemple un autre affranchi (celui dont on apprend par la suite, dans des circonstances malheureuses, qu'il porte une perruque) qu'il n'a, théoriquement, pas le droit de toucher. Ce fait est d'ailleurs complètement intégré par les personnages qui affirment tout le temps que plus personne ne respecte les règles (cf la comparaison précédente avec l'Eglise Catholique). On notera également le nombre de mafieux retournés et infiltrés (malgré les châtiments qui attendent les traîtres) qui attestent du délitement structurel de l'organisation. Ne restent alors de la culture de l'organisation que les codes virilistes et masculinistes, comme tu le soulignes très bien.

Erwan G a écrit : mer. oct. 22, 2025 12:27 pm
Subséquemment, les Sopranos (et les autres) ne sont pas des oligarques : Tony ne prétend pas devenir le boss après la mort d'April parce qu'il est le fils de son père, mais en raison de ses qualités mafieuses. Les fils de, on a plutôt tendance à les pousser loin de Cosa Nostra. On a donc une population sous éduquée qui se retrouvent avec beaucoup d'argent, qui deviennent de nouveaux riches mais sans culture ni bonnes manières. Ils profitent de l'ascenseur social pour leurs enfants, tout en profitant des bénéfices de leur travail. Leur but n'est pas de s'accaparer pour eux ou leur famille le rêve américain, c'est de le vivre à leur façon, avec un fantasme sur leur origine ("- Where are the fucking Romans, now ? - They're here !"). C'est là, à mon sens, la cause du racisme : ils participent du rêve américain, en tentant de s'élever et d'élever leur famille, là où les autres profitent ou détruisent le système.

Tu fais bien de souligner qu'on a affaire à une bande de gros beaufs qui ont cependant le mérite et la lucidité de souhaiter autre chose pour leurs enfants. Ca pourrait être d'ailleurs presque un autre thème, tant le destin de cette jeunesse est souvent tragique. Et tu as aussi raison sur l'ambiguïté identitaire de Tony (ambiguïté qui caractérise également le docteur Melfi d'ailleurs), même si je fais une autre analyse sur la cause de son racisme.
Tony se présente, se définit et mange comme un italo-américain, mais il s'identifie à Gary Cooper ("the strong, silent type") et aux héros de Western. Ses origines tiennent plus du fantasme, ce qui fait qu'elles se manifestent par ce rêve très étrange où il ne parle plus que l'italien, ou bien encore par celui où il est un centurion romain (après ce retour à Naples) ou, mieux encore, par les fantasmes qu'il élabore à propos de sa voisine, la belle Isabella. Il est également récalcitrant à s'investir dans la bataille de relations publiques pour faire interdit les manifestations hostiles à Christophe Colomb lors du Columbus Day et ne le fait que parce qu'il sent que son clan attend qu'il le fasse. Car, je pense qu'au même titre qu'il ne reste de la culture organisationnelle mafieuse que les réflexes masculinistes et virilistes, l'identité italo-américaine est le dernier vrai lien qui unit le clan. Si ce lien est la dernière soudure à tenir ensemble les hommes de l'organisation, son omniprésence entraîne également un rejet raciste des autres communautés, lequel est plusieurs fois exprimé par Tony même s'il est en affaire avec des Afro-américains, des Juifs ou des Russes. Les plaisanteries antisémites dont il affuble Hersch, son mépris pour le petit ami métis de Meadow et autres quolibets racistes qui reviennent régulièrement dans sa bouche sont la manifestation la plus évidente de ce racisme fondamental. Il est d'ailleurs à noter que David Chase ne se montre pas vraiment tendre avec les revendications ethniques ou victimaires quelles qu'elles soient, lorsqu'il fait dire à un psychanalyste que consulte Carmela " Many patients want to be excused for their current predicament because of events that occured in their childhood. That's what psychiatry has become in America. Visit any shopping mall or ethnic pride parade, and witness the results". (je suis sûr que tu apprécieras cette perle de sagesse).

Orlov a écrit : mar. oct. 21, 2025 9:21 pm Elle est aussi très violente avec un mort (au moins) par épisode, parfois pour des motifs futiles.

Par saison, oui. Par épisode, non. Il y a des tas d'épisodes où il n'y a pas de mort. Des tentatives, parfois, des actes de violence, souvent, mais des fois, non. Par contre, on passe sur tous les modes de violences (physiques, mortelles, sexuelles, psychologiques, familiales...). Pareil, je ne suis pas d'accord avec toi quand tu dis qu'on ne peut pas aimer Tony Soprano. Je pense, au contraire, qu'on peut l'apprécier mais que les phases où tu apprends à le prendre pour ce qu'il prétend être (un business man vivant le rêve américain en provenance du caniveau) se terminent systématiquement par la preuve qu'il n'est pas cela et qu'il est ce que tu appelles le cancer de la société américaine.

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Alors, tu as raison, j'ai vérifié les chiffres: il n'y a pas un meurtre par épisode car six épisodes sur 85 n'en montrent pas. En tout la série a vu 92 personnages mourrir, dont 66 par mort violente. Pour 85 épisodes, c'est un bodycount à faire palir l'ami Johan Scipion. Blague à part, tu as absolument raison sur le fait que le meurtre n'est pas la seule forme de violence présente. Mais je vais rester sur la violence homicide car elle va me permettre non seulement de rappeler que la série est remarquable pour la manière dont elle la traite (sans glamour) mais également de faire le lien avec ce que tu dis sur l'affection qu'on peut porter à Tony Soprano. Parmi la soixantaine de morts violents, une trentaine peuvent être attribués à Tony directement ou indirectement. Certains sont justifiés par la nature des activités de Tony: dans le monde criminel, le meurtre fait partie du business. Il est parfois préférable de l'éviter, mais il n'y a parfois pas le choix. D'autres sont liés au fait que la vie de Tony est mise en danger et qu'il s'agit de parer le danger. Mais, dans au moins deux cas, la mort provient de l'incapacité de Tony à contrôler ses pulsions. Si Tony n'est pas sadique, et qu'il aime sincèrement certains de ses amis, sa femme et ses enfants, il est également mû par une profonde colère. Au début de la série, on suit le diagnostic du Docteur Melfi qui lui explique que sa colère, c'est l'expression de sa dépression. A la fin, on sait que la violence de Tony n'a pas d'autre explication qu'elle même, ce qu'illustre la dernière scène de la série. La violence des Sopranos est absurde, endémique et sans fin. Elle n'est ni une manifestation perverse de la main invisible du marché, ni ne tient de la folie meurtrière, elle est tantôt fatum, tantôt endogène à une société fragmentée et à la culture mafieuse. De ce fait, la série a réussi ce remarquable exploit de faire de la violence et du meurtre un ressort tendu en permanence, comme si le récit allait exploser sans jamais les idéaliser. Si beaucoup de séries de gangsters ont un peu le cul entre deux chaises dans la manière dont les personnages se servent de la violence pour de "bonnes" raisons, la série ne tombe jamais dans ce travers: on y tue pour quelques dollars, pour garder ses secrets ou par lubie. Et, tout comme ce bon docteur Melfi, on finit par ouvrir les yeux sur la personnalité profondément pathologique de Tony, même en connaissant ses souffrances. Et la série a alors atteint son but: desciller le spectateur sur le spectacle de la violence et de la glamourisation du monde criminel.

Bref, les Sopranos sont une oeuvre majeure qui articule dans une narration haletante et dans la durée des thèmatiques qui parlent tout autant du monde moderne que de choses universelles.
Cryoban a écrit : Le vrai problème c'est les gens.

Florentbzh a écrit : J'avoue ne pas bien comprendre ce qu'on peut jouer, mais si cela existe c'est qu'il doit bien y avoir une raison.

Mildendo a écrit : Faire du Jdr c'est prendre une voix bizarre et lancer des dés en racontant qu'on tue des gobs.
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