[Série TV] L'héritage d'AB Productions

[Paiji]

on finit par ouvrir les yeux sur la personnalité profondément pathologique de Tony

L'épisode qui dévoile le mieux la nature pathologique de Tony, c'est celui où sa soeur a suivi une thérapie de contrôle de la colère et qu'il fait tout pour la contrarier et réussit à la pousser à bout en lui rappelant qu'elle a abandonné son fils. Le sourire sur son visage après que Janice ait essayé de le poignarder avec sa fourchette, devant Bobby et ses enfants, c'est une vision du mal à l'état pur. La jouissance perverse d'avoir réussi a rabaisser sa soeur à son niveau.

[vivien]

@Orlov et @Erwan G en vous lisant je me rends compte que je suis plus intéressé par les analyses de l'oeuvre que par l'oeuvre en elle même 

[Orlov]

@Orlov et @Erwan G en vous lisant je me rends compte que je suis plus intéressé par les analyses de l'oeuvre que par l'oeuvre en elle même 

Ça m'a fait longtemps ça avec le Seigneur des Anneaux et A la recherche du temps perdu. Deux oeuvres faisant d'ailleurs leur apparition dans la Série.
@Paiji absolument, cette scène rend d'ailleurs Janice presque sympathique. Très beau personnage.

[Paiji]

cette scène rend d'ailleurs Janice presque sympathique

C'est le presque qui compte. C'est le point fort de cette série, David Chase ne tombe pas dans la facilité de racheter les personnages d'une façon ou d'une autre. Ce sont tous, à des degrés divers et pour diverses raisons, des psychopathes dangereux et leur vraie nature ressort toujours à un moment ou un autre, même s'ils sont parfois (rarement) capables de bonté.

Au début de la série, quand Silvio amuse ses confrères avec son imitation de Michael Corleone dans le Parrain :  Just when I thought I was out, they pull me back in, on rigole, mais quand on regarde plus d'épisodes, on réalise que ce n'est surement pas un hasard s'il fait cette imitation, dès qu'un des personnages essaie de s'écarter du milieu, il est vite rattrapé par son passé ou ses faiblesses.

Même Bobby Baccalieri, qui est un des moins tordus du groupe, choisit de rester dans cette vie alors qu'il aurait pu s'en éloigner ... mais non, il s'intégre et il épouse la plus tarée. La scène où Janice le convainc de manger le dernier plat de pâtes cuisiné par son épouse avant qu'elle ne décède ... on comprend que c'est fini pour lui.
 

[Islayre d'Argolh]

@Orlov et @Erwan G en vous lisant je me rends compte que je suis plus intéressé par les analyses de l'oeuvre que par l'oeuvre en elle même 

Oui.
J'ai regardé les premières saisons de la série il y a trèèèèèès longtemps de ça, sans particulièrement accrocher (= je n'ai pas poursuivi) mais votre échange est passionnant.

[Orlov]

Excellent exemple de la manière dont la Série utilise la nourriture et les repas pour dire plein de choses. J'aurais dû y penser car la nourriture est une thématique à part entière.

Elle est socialement centrale (les repas de famille, ceux des bosses, les frichtis du clan, les repas de noce et d'enterrements, les plats que Carmela apporte au Père Phil qui cimentent leur relation, les critiques de Livia sur la cuisine de Carmela, l'imposture de Janice qui sert à Bobby les lasagnes de Carmela), topographiquement importante (avec le Vesuvio et la personnalité d'Artie Bucco et de sa femme, Charmaine) et très symbolique. Elle apparaît comme un objet du système de don et contre-don qui caractérise le système criminel, mais elle est également liée au deuil et à l'amour (la relation de Tony et Carmela passe beaucoup par la nourriture). Elle est également utilisée pour faire ressortir la pathologie de ce milieu (que ce soit dans l'anorexie de certains personnages ou dans le goinfrage de Tony quand il déprime). Elle est également l'objet de clins d'oeil humoristiques réalistes comme quand le représentant Zellman dit à Irina " Go easy on the mayo" qui renvoie directement à la fameuse salade russe dite " Olivier". Et elle est aussi rebondissement du récit comme lors d'une certaine indigestion de Tony.

Là encore, la série déploie un catalogue de fonctions et de nuances liées au repas, à l'alimentation et à la nourriture qui est sans égal dans aucune série non explicitement centrée sur la bouffe.

[Paiji]

 topographiquement importante (avec le Vesuvio 

Et aussi le Satriale's Pork Shop ... il y a tout une symbolique liée à la nourriture mais aussi au sang, et c'est là que Tony enfant comprend la vraie nature du job de son père quand il s'empare de la boutique ... et du doigt du propriétaire qui lui devait de l'argent.

 elle est également liée au deuil et à l'amour (

Et au sexe ... Il y a cette scène ou Tony raconte au Dr Melfi que la seule fois où il se rappelle avoir vu sa mère émoustillée par une relation sexuelle avec son père c'est parce qu'il lui avait ramené un gigot extorqué chez Satriale.