Les livres dont vous n'êtes pas le héros (et sans image)

Ciné, télé, zik et bla bla persos (trolls, floodeurs et baskets interdits)
Avatar de l’utilisateur
Erwan G
Envoyé de la Source
Messages : 18649
Inscription : lun. oct. 25, 2004 6:51 pm
Localisation : Grenoble

Re: Les livres dont vous n'êtes pas le héros (et sans image)

Message par Erwan G »

vivien a écrit : jeu. déc. 04, 2025 12:36 pm Je ne comprends pas bien pourquoi faire lire du barjavel alors qu'il y a tellement de choses plus intéressantes en sf.
Je me suis permis de corriger. Surtout que je ne considère pas Barjavel comme un auteur de SF : il déteste la science et c'est toujours quelque chose de nocif, qui empêche la nature réelle de l'être, à savoir le paysan, de s'exprimer. Il faut travailler dur, faire des enfants. Le reste, c'est nocif.

senradackod a écrit : jeu. déc. 04, 2025 1:42 pm
Eh ben : je n'ai gardé aucun souvenir de tous ces travers, ma lecture préadolescente étant ancienne, comme je le disais plus haut.
De fait, tu m'as coupé l'envie de le relire pour me faire une idée.  8O
 

Pilule rouge ou pilule bleue ?

Image
Va prophétiser ailleurs, c'est interdit dans le centre ville !
Avatar de l’utilisateur
Erwan G
Envoyé de la Source
Messages : 18649
Inscription : lun. oct. 25, 2004 6:51 pm
Localisation : Grenoble

Re: Les livres dont vous n'êtes pas le héros (et sans image)

Message par Erwan G »

Image

LA FILEUSE D’ARGENT
Naomi Novik

Trouver de la bonne Fantasy à lire, c’est difficile. Heureusement, il semble y avoir une série de « nouveaux » auteurs qui arrivent à proposer des livres qui sortent de l’ordinaire, quand bien même ils reprennent, parfois, des thèmes ou des cadres connus.

Miryem, 16 ans, est la fille du prêteur d’un bourg si petit qu’il n’a pas de nom. Le prêteur vit en paix dans ce village, mais aux torts de sa famille. Il a prêté tout ce qu’il a pu et peine à se faire rembourser, trouvant toujours des excuses à ses débiteurs. Lorsque Meriem et sa mère rendent visite à son grand-père maternelle, banquier dans la grande ville voisine, elle se sent toujours en décalage. Jusqu’au jour où sa mère tombe malade et que Miryem, face à une absence de nourriture et de bois, se décide à faire ce que son père refuse de faire, à savoir recouvrer ses créances. Lors de sa visite suivante chez son grand-père, elle est moins maigre, mieux habillée et son grand-père découvre qu’elle est une bonne prêteuse. Wanda est la fille d’un paysan pauvre qui, à chaque fois qu’il a trois sous en poche, le bois et frappe ses enfants. Un jour, il a emprunté au père de Miryem une petite fortune, qu’il a dépensée essentiellement en boisson, et un peu pour tenter de sauver sa femme, morte en couche. Il en est à chercher combien il pourrait tirer du mariage de sa fille, lorsque Miryem vient lui proposer de régler la dette en nature, par l’embauche de Wanda. Peu à peu, Wanda devient le bras droit de Miryem et accomplit les tournées auprès de ses débiteurs. De plus, Miryem commence à acheter des biens dans la ville de son grand-père pour les vendre sur le marché de son bourg. Sa réputation est telle qu’elle finit, un jour, par attirer l’attention d’un Staryk, sorte d’elfe des neiges, passionnés par l’or. Ce dernier la met au défi de transformer de l’argent Starik en or. Elle contacte alors un bijoutier qui va transformer l’argent staryk en bijoux dotés d’une certaine magie. Irina est la fille du duc, née d’un premier lit. Sa totale banalité fait qu’elle n’a, pour le duc, aucune valeur ni aucune importance. Jusqu’au jour où son père achète assez de bijoux en argent staryk pour qu’elle puisse, pense-t-il, attirer l’œil du jeune tsar, encore célibataire.

Derrière une apparence de conte de fées, la Fileuse d’argent est un livre qui aborde des sujets intéressants : la nature des engagements staryk, par exemple, qui contraint certaines situations surprenantes, la place des juifs dans une Europe de l’est imaginaire mais fidèle sur leur situation, les dangers du quotidien. La place des femmes, qui ne sont que des objets de convoitise ou des poids morts que l’on ne souhaite pas. La pauvreté et ce qu’elle peut engendrer.

Si le roman se perd un peu en multipliant les personnages (et, subséquemment, nous apporte des informations assez peu utiles pour justifier la narration dudit personnage), il reste court, efficace et prenant. Loin des champs de bataille, des affrontements guerriers, on parle de la vie des gens, dans un univers touché par le merveilleux, de leurs envies, de leur besoin. Le fait de placer ce roman dans un univers fantastique issus de l’Europe orthodoxe et de ses croyances, pratiques, rites & cultures, donne au livre une certaine originalité qui aurait manqué si l’on s’était retrouvé avec le même roman et des elfes anglo-saxons, glissant de leur monde au notre. L’histoire reste au niveau humain, repose sur l’intelligence et l’empathie des personnages bien plus que sur leurs prouesses. Malgré tout, le livre est en dessous de Déracinée mais reste une lecture agréable, surtout en audio. Le choix d’avoir une voix par narrateur est agréable et rend la lecture très fluide.
Va prophétiser ailleurs, c'est interdit dans le centre ville !
Avatar de l’utilisateur
theWatch
Evêque
Messages : 484
Inscription : mer. juil. 26, 2023 4:12 pm

Re: Les livres dont vous n'êtes pas le héros (et sans image)

Message par theWatch »

Tiens, au détour d'un post Facebook, j'ai repéré ça, pour ceux qui s'intéressent au cyberpunk : https://editions-actusf.fr/a/antoine-da ... no-futures

C'est un essai sorti en septembre dernier (pas lu, et ce n'est pas forcément ma tasse de thé)
J'ai revendu mon intégrale Cthulhu Descartes à un particulier il y a fort longtemps et cédé gracieusement tout récemment mes bouquins de/sur H.P. Lovecraft (copieuse collection débutée dans les années 90) à un célèbre collectif d'auteurs... No more Cthulhueries for me!
Avatar de l’utilisateur
Inigin
Dieu des hakamas perdus
Messages : 13796
Inscription : dim. août 02, 2009 7:27 am
Localisation : à droite de Saint-Ex

Re: Les livres dont vous n'êtes pas le héros (et sans image)

Message par Inigin »

Erwan G a écrit : jeu. déc. 04, 2025 3:24 pm Image

LA FILEUSE D’ARGENT
Naomi Novik

Trouver de la bonne Fantasy à lire, c’est difficile. Heureusement, il semble y avoir une série de « nouveaux » auteurs qui arrivent à proposer des livres qui sortent de l’ordinaire, quand bien même ils reprennent, parfois, des thèmes ou des cadres connus.

Miryem, 16 ans, est la fille du prêteur d’un bourg si petit qu’il n’a pas de nom. Le prêteur vit en paix dans ce village, mais aux torts de sa famille. Il a prêté tout ce qu’il a pu et peine à se faire rembourser, trouvant toujours des excuses à ses débiteurs. Lorsque Meriem et sa mère rendent visite à son grand-père maternelle, banquier dans la grande ville voisine, elle se sent toujours en décalage. Jusqu’au jour où sa mère tombe malade et que Miryem, face à une absence de nourriture et de bois, se décide à faire ce que son père refuse de faire, à savoir recouvrer ses créances. Lors de sa visite suivante chez son grand-père, elle est moins maigre, mieux habillée et son grand-père découvre qu’elle est une bonne prêteuse. Wanda est la fille d’un paysan pauvre qui, à chaque fois qu’il a trois sous en poche, le bois et frappe ses enfants. Un jour, il a emprunté au père de Miryem une petite fortune, qu’il a dépensée essentiellement en boisson, et un peu pour tenter de sauver sa femme, morte en couche. Il en est à chercher combien il pourrait tirer du mariage de sa fille, lorsque Miryem vient lui proposer de régler la dette en nature, par l’embauche de Wanda. Peu à peu, Wanda devient le bras droit de Miryem et accomplit les tournées auprès de ses débiteurs. De plus, Miryem commence à acheter des biens dans la ville de son grand-père pour les vendre sur le marché de son bourg. Sa réputation est telle qu’elle finit, un jour, par attirer l’attention d’un Staryk, sorte d’elfe des neiges, passionnés par l’or. Ce dernier la met au défi de transformer de l’argent Starik en or. Elle contacte alors un bijoutier qui va transformer l’argent staryk en bijoux dotés d’une certaine magie. Irina est la fille du duc, née d’un premier lit. Sa totale banalité fait qu’elle n’a, pour le duc, aucune valeur ni aucune importance. Jusqu’au jour où son père achète assez de bijoux en argent staryk pour qu’elle puisse, pense-t-il, attirer l’œil du jeune tsar, encore célibataire.

Derrière une apparence de conte de fées, la Fileuse d’argent est un livre qui aborde des sujets intéressants : la nature des engagements staryk, par exemple, qui contraint certaines situations surprenantes, la place des juifs dans une Europe de l’est imaginaire mais fidèle sur leur situation, les dangers du quotidien. La place des femmes, qui ne sont que des objets de convoitise ou des poids morts que l’on ne souhaite pas. La pauvreté et ce qu’elle peut engendrer.

Si le roman se perd un peu en multipliant les personnages (et, subséquemment, nous apporte des informations assez peu utiles pour justifier la narration dudit personnage), il reste court, efficace et prenant. Loin des champs de bataille, des affrontements guerriers, on parle de la vie des gens, dans un univers touché par le merveilleux, de leurs envies, de leur besoin. Le fait de placer ce roman dans un univers fantastique issus de l’Europe orthodoxe et de ses croyances, pratiques, rites & cultures, donne au livre une certaine originalité qui aurait manqué si l’on s’était retrouvé avec le même roman et des elfes anglo-saxons, glissant de leur monde au notre. L’histoire reste au niveau humain, repose sur l’intelligence et l’empathie des personnages bien plus que sur leurs prouesses. Malgré tout, le livre est en dessous de Déracinée mais reste une lecture agréable, surtout en audio. Le choix d’avoir une voix par narrateur est agréable et rend la lecture très fluide.

Un peu dans le même genre (mais comme je suis fan de Novik, sans doute moins efficace) je conseille l'Ours et le Rossignol, de K Arden.
Barde biclassé secrétaire de la Voix de Rokugan

ImageImageImageImageImageImage
Avatar de l’utilisateur
Highlandjul
Dieu d'après le panthéon
Messages : 3412
Inscription : lun. avr. 18, 2011 3:19 pm
Localisation : Lille

Re: Les livres dont vous n'êtes pas le héros (et sans image)

Message par Highlandjul »

Erwan G a écrit : jeu. déc. 04, 2025 3:24 pm Image

LA FILEUSE D’ARGENT
Naomi Novik

Trouver de la bonne Fantasy à lire, c’est difficile. Heureusement, il semble y avoir une série de « nouveaux » auteurs qui arrivent à proposer des livres qui sortent de l’ordinaire, quand bien même ils reprennent, parfois, des thèmes ou des cadres connus.

Miryem, 16 ans, est la fille du prêteur d’un bourg si petit qu’il n’a pas de nom. Le prêteur vit en paix dans ce village, mais aux torts de sa famille. Il a prêté tout ce qu’il a pu et peine à se faire rembourser, trouvant toujours des excuses à ses débiteurs. Lorsque Meriem et sa mère rendent visite à son grand-père maternelle, banquier dans la grande ville voisine, elle se sent toujours en décalage. Jusqu’au jour où sa mère tombe malade et que Miryem, face à une absence de nourriture et de bois, se décide à faire ce que son père refuse de faire, à savoir recouvrer ses créances. Lors de sa visite suivante chez son grand-père, elle est moins maigre, mieux habillée et son grand-père découvre qu’elle est une bonne prêteuse. Wanda est la fille d’un paysan pauvre qui, à chaque fois qu’il a trois sous en poche, le bois et frappe ses enfants. Un jour, il a emprunté au père de Miryem une petite fortune, qu’il a dépensée essentiellement en boisson, et un peu pour tenter de sauver sa femme, morte en couche. Il en est à chercher combien il pourrait tirer du mariage de sa fille, lorsque Miryem vient lui proposer de régler la dette en nature, par l’embauche de Wanda. Peu à peu, Wanda devient le bras droit de Miryem et accomplit les tournées auprès de ses débiteurs. De plus, Miryem commence à acheter des biens dans la ville de son grand-père pour les vendre sur le marché de son bourg. Sa réputation est telle qu’elle finit, un jour, par attirer l’attention d’un Staryk, sorte d’elfe des neiges, passionnés par l’or. Ce dernier la met au défi de transformer de l’argent Starik en or. Elle contacte alors un bijoutier qui va transformer l’argent staryk en bijoux dotés d’une certaine magie. Irina est la fille du duc, née d’un premier lit. Sa totale banalité fait qu’elle n’a, pour le duc, aucune valeur ni aucune importance. Jusqu’au jour où son père achète assez de bijoux en argent staryk pour qu’elle puisse, pense-t-il, attirer l’œil du jeune tsar, encore célibataire.

Derrière une apparence de conte de fées, la Fileuse d’argent est un livre qui aborde des sujets intéressants : la nature des engagements staryk, par exemple, qui contraint certaines situations surprenantes, la place des juifs dans une Europe de l’est imaginaire mais fidèle sur leur situation, les dangers du quotidien. La place des femmes, qui ne sont que des objets de convoitise ou des poids morts que l’on ne souhaite pas. La pauvreté et ce qu’elle peut engendrer.

Si le roman se perd un peu en multipliant les personnages (et, subséquemment, nous apporte des informations assez peu utiles pour justifier la narration dudit personnage), il reste court, efficace et prenant. Loin des champs de bataille, des affrontements guerriers, on parle de la vie des gens, dans un univers touché par le merveilleux, de leurs envies, de leur besoin. Le fait de placer ce roman dans un univers fantastique issus de l’Europe orthodoxe et de ses croyances, pratiques, rites & cultures, donne au livre une certaine originalité qui aurait manqué si l’on s’était retrouvé avec le même roman et des elfes anglo-saxons, glissant de leur monde au notre. L’histoire reste au niveau humain, repose sur l’intelligence et l’empathie des personnages bien plus que sur leurs prouesses. Malgré tout, le livre est en dessous de Déracinée mais reste une lecture agréable, surtout en audio. Le choix d’avoir une voix par narrateur est agréable et rend la lecture très fluide.
Je viens de prêter mon exemplaire à une collègue, elle est hypée. J'ai aussi filé la Scholomance à une autre, elle adore aussi. Ouaip, j'ambitionne de transformer l'équipe de lettres en petit fan club.
De mon côté, je lis la Chasseuse et l'Alchimiste, d'Alisson Saft, meh. Moyen plus.
Avatar de l’utilisateur
Sama64
Dieu d'après le panthéon
Messages : 4665
Inscription : mer. janv. 21, 2015 10:58 am
Localisation : Vanves (92)

Re: Les livres dont vous n'êtes pas le héros (et sans image)

Message par Sama64 »

Erwan G a écrit : lun. oct. 27, 2025 2:51 pm Image

LEÇONS
Ian McEwan

Depuis quelques temps, j’ai l’impression d’avoir la chance de lire essentiellement de bons livres ou, à tout le moins, des livres satisfaisants. Alors, chaque année, je suis à la recherche d’un livre particulier qui m’aura marqué pour l’année, comme cela a été le cas par le passé : l’Infini dans un roseau ou le Nuage et la valse. Lorsque j’en ai parlé à mon libraire préféré, en début d’année, en lui disant que j’avais lu plein de bons livres mais pas encore de livre extraordinairement marquant, il m’a conseillé Leçons de Ian McEwan. Visiblement, ce livre l’avait beaucoup marqué lors de sa sortie, en 2024, puisqu’il me l’avait déjà conseillé et que je l’avais acheté en grand format. Avec deux exemplaires dans ma pile des danaïdes, je ne pouvais faire autrement que de le lire.

Roland Baine est un enfant anglais de l’après-guerre, fils d’un militaire qui a épousé une jeune veuve, et qui officie en Lybie. Arrivé à l’âge du collège, son père, Robert, décide de l’envoyer en pension en Angleterre, pour qu’il reçoive une véritable éducation anglaise. Et découvre, notamment, la musique. Là, il va suivre des cours de piano dispensés par une jeune professeur qui va entretenir avec lui une relation ambigüe, au point de le transférer, pour ses cours particuliers, à un autre enseignant, tout en l’invitant à déjeuner chez lui. Roland, effrayé, ne va pas donner suite à cette invitation. Dans un premier temps, tout du moins. Mais, voilà, la crise des missiles survient, les jeunes pensionnaires de ce collège sont persuadés que la guerre va survenir et que les bombes nucléaires vont voler bas. Et tous sont écœurés à l’idée de mourir sans avoir connu le plaisir sexuel avec une femme. Alors, Roland se décide à se rendre chez son professeur, effrayé par l’idée de mourir si jeune et si inexpérimenté. En 1986, Roland est père d’un jeune garçon de quelques mois, Lawrence, quand l’accident de Tchernobyl se produit. Mais il a d’autres choses à penser, notamment du fait que sa femme a décidé de le quitter pour, enfin, devenir celle qu’elle veut devenir. Elle lui envoie des cartes postales qui retracent son trajet entre Londres où ils habitaient ensemble, et l’Allemagne, dont elle est originaire. Et, dans ces cartes, elle lui demande de ne surtout pas chercher à la contacter et de la laisser tranquille. Mais l’enquêteur qui vient le voir trouve cela un peu trop étrange et convenant pour que ce soit vrai…

J’ai beaucoup aimé ce roman et j’ai du mal à ne pas lui trouver un air de famille avec le monde selon Garp mais aussi avec d’autres livres anglais retraçant des vies entières, comme le Livre d’Ebenezer Le Page : on y suit la vie complète de Roland, de l’histoire de ses parents ou, tout du moins, de celle que l’on peut reconstruire, comme celle de ses beaux-parents, de sa première femme, de ses choix et de ses errements, avec une question qui sous-tend le tout : qu’est-ce que réussir sa vie ? Des personnages complexes, des histoires personnelles qui ne le sont pas moins, des réflexions autant sur les périodes (Tchernobyl, la chute du mur, la chute du Tatcherisme, le Brexit…), sur soi, sur ce qui nous entoure, sur ce que nous sommes, sur ce que nous acceptons, sur ces souvenirs qui nous forgent et nous accompagnent. Il est passionnant de bout en bout et il n’est pas une ligne qui paraisse de trop : en dépit de ses 600 pages, il n’y a pas un moment de remplissage. Bien que certains faits ou certaines histoires reviennent régulièrement dans le livre, à aucun moment elles ne lassent puisque le point de vue change. Ou leurs conséquences.

Bref, je ne sais pas si ce livre sera, pour moi, le livre de l’année, mais clairement, il entre dans les meilleurs que j’ai lus en 2025, à tel point que passer à un autre après sa fin m’a été difficile. J’ai donc complètement changé de style, d’univers et de concept en allant lire un roman d’aventure et d’histoire chinois du XIVème siècle.
Je rebondis avec retard sur ce message. Est ce que style (au moins de la traduction) est satisfaisant ?
Aurais tu lu d'autres ouvrages de cet auteur?
Merci
L'expression "adolescent boutonneux" est désormais proscrite : Bienvenue chez les ayatollahs du dictionnaire

"Le tact dans l'audace, c'est de savoir jusqu'où on peut aller trop loin" J. Cocteau
Avatar de l’utilisateur
Cuchurv
Messie
Messages : 1021
Inscription : mer. févr. 19, 2020 11:29 pm
Localisation : faubourg est de Paname
Contact :

Re: Les livres dont vous n'êtes pas le héros (et sans image)

Message par Cuchurv »

Armageddon Ragg de GRR Martin.
Résumé rapide :
" Jamie Lynch, l'imprésario d'un des plus grands groupes de rock des années soixante, les Nazgûl, est retrouvé ligoté à son bureau et le coeur arraché. Un meurtre qui en fait remonter un autre à la surface : celui du chanteur du groupe, abattu en plein concert, en 1971. Deux crimes non élucidés distants d'une dizaine d'années. Une énigme. Parce que son quatrième roman est au point mort, parce qu'il a suivi l'affaire Charles Manson en tant que journaliste, parce qu'il est fasciné par l'histoire et la musique des Nazgûl, l'écrivain Sander Blair décide de mener sa propre enquête et d'en tirer un livre, son De sang-froid. Mais Sander va rapidement se rendre compte que, malgré les apparences, le meurtre de Jamie Lynch n'est pas une nouvelle affaire Sharon Tate. C'est bien plus compliqué. Et bien pire. "

Tombé dessus au hasard après avoir récupéré quelques bouquins de GM. J'avais commencé il y a.... Plus de 20 ans "le trône de fer" mais le délayage de l'évasion de je sais plus quelle fille Stark m'avait gavé et à l'époque, prenant mes romans fantasy en bibliothèque je n'avais pas emprunté la suite. Je n'avais donc pas été hypé par la série GOT (bien que la série sur l'oeuf et le chevalier m'intéresse car la nouvelle que j'avais lu m'avait plu). J'ai entamé avant ce livre un roman de SF de GM (un truc avec des gens qui utilisent des ailes en métal pour voler/planer et une fille qui s'est entraîné toute sa vie avec se la voit enlevé car le fils de la famille qui n'aime pas voler doit quand même l'utiliser.) Ça m'est tombé des mains, donc exit ce roman et j'entame un peu au hasard "Armageddon ragg" sans savoir de quoi ça parlait... 

Et depuis je suis accro à ce bouquin. La période des 60's aux USA ne m'a jamais particulièrement attiré, j'ai vu Forrest Gump qui en parle un peu et The Doors (mais j'avais 17 ans et on avait rendu hommage à Jim Morrison pour le regarder avec mes potes un mercredi après-midi après les cours... aussi j'en ai des souvenirs très flous...  🙈 ). Bref ça aurait logiquement du rejoindre le cimetière des bouquin entamés et jetés au bout de quelques pages. Et pourtant... Le côté "roman policier/thriller" est très bien amené et on a vraiment envie de connaître le coupable. Mais il n'y a pas que ça. Il émane de ce livre un côté "nostalgie" ; "retour sur sa jeunesse folle" ; "rencontre avec des vieux amis pas vu depuis des années" qui me parle beaucoup (bien que ma jeunesse ait été infiniment plus sage que celle du personnage). Au moment où j'en suis, ça commence à flirter avec le fantastique et je ne sais pas trop où ça va aller ? Mais je me laisse guider par GM et bon sang le roman fait 400 pages et je ne me lasse pas. Le protagoniste cite des albums de sa jeunesse ? Ça m'a même poussé à réécouter des vieux albums de métal que j'avais écouté ado et que je n'avais pas écouté en entier depuis un bail ! Madeleine de Proust avec Killers de Maiden dont je possédais la K7 audio (#VieuxCon) mangée par ce putain de walkman aiwa acheté un rein chez Darty un mois de janvier des 90's. Mon frère ainé avait le vinyl et on l'écoutait sur la platine de nos parents tiens... 

Est-ce que je vous le conseille ? Oui bien sûr ! Est-ce que ça vous plaira ? Alors là AUCUNE idée !! C'est le genre de trucs qui aurait du me barber mais que contre toute attente, j'adore. Ca faisait longtemps (la dernière fois c'était ado avec "Caro diaro" de Nani Moretti : sa ballade à Vespa dans les rues de Rome (il me semble) en été aurait dû me barber et j'ai adoré... Ca me renvoyait à mes ballades à mobylette sans doute ? Bref, tentez-le ? Ca peut faire une bonne inspi pour du jdr occulte contemporain (je verrais bien ça pour du Over The Edge mon cher @Xyrop) et au pire c'est 10 € en poche. Ou ça se trouve d'occasion aussi (je viens de le voir à 2€ chez Momox). 
Avatar de l’utilisateur
Erwan G
Envoyé de la Source
Messages : 18649
Inscription : lun. oct. 25, 2004 6:51 pm
Localisation : Grenoble

Re: Les livres dont vous n'êtes pas le héros (et sans image)

Message par Erwan G »

Sama64 a écrit : mar. déc. 09, 2025 3:25 pm Je rebondis avec retard sur ce message. Est ce que style (au moins de la traduction) est satisfaisant ?
Aurais tu lu d'autres ouvrages de cet auteur?
Merci

Je ne connaissais pac McEwans avant ce livre qui m'a été présenté par mon libraire comme le client potentiel du livre 2025 (et je me suis rendu compte qu'il me l'avait déjà proposé en grand format pour le meilleur livre de 2024). Et oui, la traduction semble bonne. En tout cas, le livre est très bien écrit et je n'ai identifié aucune tournure anglosaxonne mal dégrossie. Amha, tu peux te jeter dedans les yeux fermés (mais ça serait dommage, tu ne pourrais alors pas le lire 8)7 )
Va prophétiser ailleurs, c'est interdit dans le centre ville !
Avatar de l’utilisateur
Jiohn Guilliann
Dieu du plan social
Messages : 1487
Inscription : jeu. août 14, 2003 3:55 pm
Localisation : Vernon, Normandie

Re: Les livres dont vous n'êtes pas le héros (et sans image)

Message par Jiohn Guilliann »

Erwan G a écrit : mar. déc. 09, 2025 9:42 pm  
 Amha, tu peux te jeter dedans les yeux fermés (mais ça serait dommage, tu ne pourrais alors pas le lire 8)7)
Dis le mec qui écoute des livres audio :-)

Les expressions anglaises que tu lis derrière la traduction, c'est vraiment un truc bloquant, pour moi. Je ne sais pas pourquoi, mais dès que j'en repère une, ça me sort du bouquin et je ne fais plus que chercher les suivantes...
 
Heureux détenteur d'un point CLETCSOOEF (cf Le merlock)
Avatar de l’utilisateur
Erwan G
Envoyé de la Source
Messages : 18649
Inscription : lun. oct. 25, 2004 6:51 pm
Localisation : Grenoble

Re: Les livres dont vous n'êtes pas le héros (et sans image)

Message par Erwan G »

C'est une difficulté pour traduire certains auteurs, notamment pour Toni Morrison et cela rend la lecture très difficile.
Va prophétiser ailleurs, c'est interdit dans le centre ville !
Avatar de l’utilisateur
Sammael99
Dieu des babines ruinées
Messages : 13569
Inscription : mer. sept. 15, 2004 11:43 pm
Localisation : Nantes, France

Re: Les livres dont vous n'êtes pas le héros (et sans image)

Message par Sammael99 »

Erwan G a écrit : mer. déc. 10, 2025 10:47 am C'est une difficulté pour traduire certains auteurs, notamment pour Toni Morrison et cela rend la lecture très difficile.

J'ai toujours eu une énorme admiration pour les traducteurs d'Ellroy...

Je me souviens du choc quand j'ai commencé à lire American Tabloid en VO à sa sortie. J'avais beau être bilingue et vivre en Angleterre à l'époque il m'a fallu 50 pages pour commencer à piger ce que je lisais...
Mozart n'a pas écrit que le Boléro de Ravel. Mais aussi plein d'autres trucs beaucoup moins connus (comme le canon de Pachelbel). - Le Grümph
Avatar de l’utilisateur
vivien
Dieu d'après le panthéon
Messages : 2917
Inscription : mer. avr. 19, 2006 1:24 pm
Localisation : Le Puy-en-Velay

Re: Les livres dont vous n'êtes pas le héros (et sans image)

Message par vivien »

@Sammael99 ça tenait à quoi ces difficultés ?
ok on a rien a se dire, mais on a tout le temps de trouver avant que le réchauffement climatique nous tue tous.
Avatar de l’utilisateur
Sammael99
Dieu des babines ruinées
Messages : 13569
Inscription : mer. sept. 15, 2004 11:43 pm
Localisation : Nantes, France

Re: Les livres dont vous n'êtes pas le héros (et sans image)

Message par Sammael99 »

vivien a écrit : mer. déc. 10, 2025 11:43 am @Sammael99 ça tenait à quoi ces difficultés ?

Dans mon souvenir (lointain) l'écriture d'Ellroy est à la fois très argotique et très discursive, avec des phrases longues, des propositions imbriquées, etc. Elle est très immersive, une fois qu'on rentre dans sa manière d'écrire, mais c'était pas ma langue natale, et j'avais galéré à trouver les clés d'entrée.

C'est un peu comme aller voir un film avec des bons gros accents écossais authentiques. T'as beau être bilingue, il faut un bon moment au cerveau pour s'adapter à la sonorité.

Bon, du coup j'ai envie de relire du Ellroy maintenant. C'est malin...
Mozart n'a pas écrit que le Boléro de Ravel. Mais aussi plein d'autres trucs beaucoup moins connus (comme le canon de Pachelbel). - Le Grümph
Avatar de l’utilisateur
vivien
Dieu d'après le panthéon
Messages : 2917
Inscription : mer. avr. 19, 2006 1:24 pm
Localisation : Le Puy-en-Velay

Re: Les livres dont vous n'êtes pas le héros (et sans image)

Message par vivien »

He he, c'est toujours une bonne chose de relire Ellroy!
ok on a rien a se dire, mais on a tout le temps de trouver avant que le réchauffement climatique nous tue tous.
Avatar de l’utilisateur
Erwan G
Envoyé de la Source
Messages : 18649
Inscription : lun. oct. 25, 2004 6:51 pm
Localisation : Grenoble

Re: Les livres dont vous n'êtes pas le héros (et sans image)

Message par Erwan G »

Image

L’ILE DU JOUR D’AVANT
Umberto Eco

Cela fait des années que je me dis qu’il faut que je lise à nouveau du Umberto Eco. J’ai une profonde admiration pour l’homme, mais mon expérience passée m’a quelque peu échaudée. Jeune homme d’à peine 20 ans, je me suis plongé, comme de nombreux autres, dans le Pendule de Foucault et, au lieu de trouver ce que je cherchais (très certainement une sorte de Dan Brown mais en bien), j’ai trouvé un roman dont je ne retiens que les passages mélancoliques sur une époque passée. Ma déception repose plus sur l’âge et les attentes que j’avais que sur la qualité du livre qu’il faudrait que je relise aujourd’hui, plus vieux, plus à même de comprendre et d’apprécier la plume d’Eco. Quelque part, dans ma bibliothèque, il y a le Nom de la rose, qui m’a toujours intimidé en raison du nombre de locutions latines qu’il contient, mais qui ne sont plus réellement une limitation aujourd’hui où les outils de traduction sont disponibles. Mais avant de tomber sur le Nom de la rose, je suis tombé sur l’île du jour d’avant et je me suis jeté dedans. Le début a été difficile, notamment parce que j’ai eu besoin de recourir régulièrement à un dictionnaire après avoir définitivement abandonné l’idée de comprendre les termes de marine à voile. Bien que très documenté, très riche tant au niveau du contenu et de la forme, j’ai petit à petit réussi à entrer dans un livre qui réussit à la fois à être un roman picaresque, une réflexion sur la condition d’auteur, une recherche métaphysique, un récit humoristique et mélancolique. Oui, visiblement, il faut être Umberto Eco pour réussir à mettre tout cela dans un roman.

Roberto de la Grive est un gentilhomme italien du XVIème siècle, embarqué dans une aventure marine, qui se termine par un désastre : il s’échoue sur un navire abandonné… Jeune homme, il a participé à un conflit entre la France et le Saint Empire, au cours duquel il a compris qu’il n’était pas un guerrier et il a perdu son père, mais rencontré la philosophie et la soif d’apprendre. Alors, au décès de sa mère, il décide de partir à Paris, où il va fréquenter les salons et les précieuses qui n’ont pas encore été ridiculisées. Là, il va aller de découverte en découverte, de discussion en discussion jusqu’à ce que ses pas le mènent à rencontrer le cardinal Mazarin, qui va lui confier une mission essentielle : découvrir l’état d’avancement des recherches des autres nations sur la détermination des longitudes. C’est ainsi que, après une tempête qui a fait couler son navire, il finit par échouer sur un bateau qui semble inoccupé, mais rempli d’horloges, d’oiseaux et de plantes, ainsi que de nourriture et de boisson. Ce bateau mouille à quelque distance d’une île qui, selon toute vraisemblance, se trouve dans le domaine physique de l’hier…

Picaresque, le roman l’est par les aventures de Roberto mais aussi celles de Ferrante, son frère ainé inventé qui représente le côté obscur de Roberto : guerre, batailles, espionnage, trahisons… On y retrouve tout et l’on y prend du plaisir. Et, entre deux aventures ou deux idioties de Roberto ou de ceux qu’il rencontre, on explore les croyances scientifiques de l’époque, la question de l’existence de Dieu et de sa négation par la science, les difficultés pour appréhender pleinement le monde et l’univers, les limites mais aussi l’influence de la foi sur les découvertes et sur les aventures & expériences destinées à mieux comprendre.

Difficile d’abord, de par le style d’Umberto Eco et les thèmes abordés (je ne suis toujours pas sûr d’avoir compris complètement les méthodes de calcul des longitudes), le livre est, malgré tout plaisant et intéressant pour mieux comprendre et cerner le lien entre l’auteur et son œuvre, sa conception et sa construction. Peu accessible, donc, mais terriblement intéressant.
Va prophétiser ailleurs, c'est interdit dans le centre ville !
Répondre