[CR] Quattro Compari - aventures à Ciudalia, d'après le roman Gagner la guerre (motorisé sous Epées & Voleurs)

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Doji Satori
Dieu d'après le panthéon
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Re: [CR] Quattro Compari - aventures à Ciudalia, d'après le roman Gagner la guerre (motorisé sous Epées & Voleurs)

Message par Doji Satori »

Trigger Warning : alcoolisme et évocation (voile) d'abus sexuel

 
Épisode 75 Oh, les filles, oh les filles !


P/ Aller et venir, il nous faut au moins deux embarcations pour passer de la rive au bateau.
Un navire et deux canots. Virer les gardes du corps des deux côtés parce que Sanguinella ne viendra pas à poil et Ducatore non plus. Ils seront là donc Lupo, tu nous trouves le matériel adéquat.
P/ Un navire d’assez grosse taille avec une cabine qui ferme et qui coule pas.
L/ On fait ce qu’on peut mais s'il prend feu.
P/ Le deuxième canot en cas d’évacuation précipité.
L/ Pour la haute mer, ils ont trois canots.
P/ Mais aussi beaucoup de personnel
L/ Peut-il y avoir une garde minimale ce soir-là ?
P/ Je veux bien qu’on leur demande de se barrer mais qui c’est qui rame ?
L/ Je connais un ancien phalangiste assez balaise qui parle pas trop
P/ Ettore je l’aurai plutôt vu entre les deux bordées de gardes du corps avec ses meilleures blagues
L/ On va voir ça.
P/ Je pense que t’es l’homme de la situation et si tu croises des Stefani.
P/ Tout le monde se doute bien que c’est un accident.
L/ Surtout à un contre cinq.
P/ en parlant de notre égorgeur préféré, il pionce encore ?
L/ Pourquoi ? Il est là ? Il a pas bougé de sa chambre encore ?
P/ J’en sais rien
L/ Il a pas été empoisonné ?
P/ j’ai une vague idée, une certaine Demestilla est venue lui parler ce matin et je suppose qu’il est passé la voir.
L/ Ça suppose qu’il est parti.
P/ On peut toquer à sa porte.
L/ Tu veux pas envoyer Speranza ?
P/ Je dois aller voir Argante.
L/ Je dois aller voir le bateau alors, le premier de nous qui croise Ettore le met au parfum.
P/ Ça roule. De toute façon on laisse un petit mot pour Ettore ou Speranza
P/ Petit mot mais pas explicite, trop d’étrangers dans la maison en ce moment.
L/ C’est ce que je dis aussi et moi je vais pas ramener une femme et des gamins.

Les deux se retrouvent devant la porte à qui frappera le dernier et sont étonnés que ça réponde.
E/ Oui ?
L/ Ah si, il est là.
P/ T’es visible ou pas ?
E/ Non, non. Mais, j’arrive.
P/ Faut qu’on sorte, je te laisse des consignes avec Bella.
L/ Speranza plutôt ?
P/ Je sais jamais où est Speranza.

Pidocchi va faire le point avec les souriceaux. Bella n’est pas là et quand il demande où elle est, il sent qu’on lui ment en disant ne pas savoir. Pas très clair. Ils savent mais elle a pas dit où elle allait.
Pido insiste auprès de Pulcino qui se dit, pourquoi moi ?
Coltello qui le foudroyait du regard se trouve à son tour interrogé.
Coltello/ T’as besoin qu’on fasse des trucs sinon ?
P/ J’ai besoin de toi pour une mission spéciale mais après avoir eu l’info qui m’intéresse.
P/ T’es partant ?
c/ Ben ouais
P/ Alors après que tu m’ai dit ce que je veux savoir.
c/ C’est quoi comme mission ?
P/ J’ai dit après.
c/ Partie chercher de la picole au Bœuf Rouge.
P/ Alors, je t’ai promis une mission, on va à l’hirondelle et tu y rentre pour trouver Argante et tu le guide jusqu’à dehors.
c/ Ou ça ?
P/ Là ou je t’aurai attendu.
c/ Faut que je le tranche ?
P/ Pas prévu de te servir de ton couteau
c/ J’en prends trois c’est plus sûr, truffé de Carpone là-bas.
P/ Si Ettore vient vous lui dites que je suis parti avec Coltello.
Preferiti/ A l’Hirondelle, oui.


Speranza surveille l’hôtel Ducatore. Elle apprend à connaître les lieux mais ça reste ennuyeux.


Coltello, suivi comme d’habitude comme son ombre par Pulcino, et Pido se dirigent vers l’Hirondelle.
P/ Tu vas dedans, tu demandes Argante et tu parles que à Argante.

Coltello revient et touche sa prime.
c/ Il avait une affaire à traiter et il arrive.
P/ V’la ta prime et tu assures la sécurité du rendez vous.
c/ Je vais derrière lui ?
P/ Si tu veux.
c/ Je vais faire comme Speranza et je vais monter sur le toit. Pulcino, aide-moi.
P/ Si tu vois un curieux, tu siffles.
c/ Pulcino va se mettre au coin et faire le mendiant.
Le gamins se contestent le privilège de monter sur le toit, Coltello règle l’affaire à l’aide de quelques taloches et peu après, du haut de son observatoire, il signale l’arrivée d’un Argante seul d’un jet de cailloux.

Argante vérifie qu’il n’est pas suivi, fait semblant de dénouer l’aiguillette avant de rentrer dans la ruelle histoire de ne pas avoir à expliquer à d’éventuels spectateurs.
Il pisse sur le mur à un mètre du Compari qui a vue sur cour …
A/ Je voulais te voir parce que ça bouge. Ceux qui veulent reprendre le combat montrent les dents.
A/ Si vous retapez dessus ça peut dégénérer mais faudrait les calmer sans qu’il y ait trop de casse et que ça brise les dernières volontés.
P/ Est ce qu’organiser un coup occuperai les plus actifs ?
A/ Ces gars-là se réunissent et je suis pas invité.
P/ Ah ouais.
A/ Natale non plus et après la petite comédie de la dernière fois. Ceux qui l’ont admis sont exclus de cette petite bande. Si y’avait un bon coup qui fait arriver de la thune au Carpone, bonne idée Pido.
P/ Ça, ça peut s’arranger.
A/ Tu peux passer les soirs à l’Hirondelle, j’y serai et on en parle.
A/ Bon, j’arrête de pisser, j’aurai eu de quoi remplir quatre pichets.
P/ Ça concerne combien de gars ?
A/ Cinq six pas plus mais je te ferai passer le nom du leader.
A/ Ce sera grâce aux Compari qu’on aura le coup, je mettrai ça en avant. J’ai vu que t’avais causé à Rosina qu’est ce qu’elle t’a dit ?
P/ Elle était inquiète.
A/ Qu’elle s’occupe de ses affaires. J’étais pas pour mais certains voulaient que la veuve de Vascularino soit là pour les représenter.
P/ Tes cinq six gars sont quoi par rapport à Rosina ?
A/ Rosina c’est rien.
P/ Ils prévoient de te putscher ou quoi ?
A/ Non, toujours pareil. De chopper un Compari dans un coin. Se réunir pour vous nuire. Soit à vous soit à un de vos protégés.
P/ T’as des noms ?
A/ De qui ils cherchent, sûrement vers le Bœuf Rouge.
P/ Non, les leurs.
A/ Pas facile à voir entre les vraiment hostiles, ceux qui font semblant d’en être pour ne pas avoir l’air de et ceux qui viennent pour voir.
P/ Histoire de savoir qui je dois surveiller.
A/ De toute façon y’a plus de Carpone qui doit venir dans votre rue. 
P/ Je vais vous organiser ça pour gagner de l’argent mais ça sera dans un autre quartier que le vôtre.

Pido rentre dans ses pénates avec ses deux gardes du corps fiers comme des coqs.
P/ Et pas un mot, pas un geste.


Lupo s’est habillé d’une tenue un peu bourgeoise, habits de qualité mais de couleurs sombres pour faire sérieux dans une zone salissante. Le fils de l’armateur qui devait monter dans la société s’équipe quand même d’une rapière et d’une main gauche mais assume de s’y présenter sans masque.
Sur le port, l’activité est au ralenti, les navires ont peu à charger ou décharger et les embauches se font rares. Les ouvriers se rabattent sur les rades le long du port ou joue aux dés assis par terre sur les quais.

Il observe les navires dans le port. Pas évident de savoir ce qui est accessible ou utilisable entre l’hivernage ou les cales sèches de certains et l’absence de marchandises pour les autres.

Il entend une voix venant de derrière un tas de caisse.
L’Anguille/ Lupo, fait gaffe. Te retourne pas mais y’a un mec qui te suit et un autre vient de partir en courant. Les dockers, t’es marron. Si tu veux je peux faire une diversion mais ils vont revenir avec des gars pour te péter la gueule car vu leur tronche ça doit pas être tes potes.
L/ Va pas prendre de risques mais merci pour l’info.

Lupo manœuvre et finit par aviser le gars qui essaie de le suivre discrètement.
Lupo lui fait signe qu’il l’a vue et continue sa route le long du quai.
Surpris, le docker s’inquiète de savoir si ses potes arrivent, reste à distance mais grimace avec une autre idée en tapotant l’épaule d’un type qui jouait pas loin. Les gars se lèvent avec un sourire en avisant le beau qu’on leur indique comme une proie facile.
Ça fait un peu plus à semer. Lupo longe le port et part en direction de l’arsenal en utilisant l’opposition les ouvriers remontés contre l’incendie de l'entrepôt et les dockers soupçonnés d’en être plus ou moins impliqués. Une partie des gars renoncent à aller dans ce quartier. Dès qu’ils sont à hauteur des abattoirs, il a moins de suivant et seuls trois gars sont encore à sa suite. Les voyant courir, il comprend qu’ils veulent l’intercepter avant le fortin et pour se défendre, il dégaine ses lames. Le rattraper c’est une chose mais la victime qui sort deux lames avec une posture sérieuse, c’est dissuasif.

D’ailleurs, celui qui a le plus approché engueule ses copains qui ont renoncé. Des phalangistes approchent nonchalamment la hallebarde sur l’épaule. Les dockers s'engueulent, avisent des phalangistes et Lupo rengaine ses lames.
Les soldats s’approchent encore et le chef arrive, souriant.
d/ Des problèmes monsieur ?
L/ Bonjour dizainier, j’ai vu que j’avais attiré votre attention mais j’avais un doute concernant les malandrins qui me suivaient.
d/ Vous avez fort bien réagi monsieur. Monsieur ?
L/ Tramonte.
d/ Désirez vous que nous vous escortions ?
L/ Non mais trinquez plutôt à ma santé à la fin de votre service.
Quelques pièces changent de main.
d/ Fort aimable, nous avons la gorge sèche monseigneur.
L/ Vous assurez la sécurité publique.
d/ Peu de citoyens ont conscience de notre mission.

Les soldats s’éloignent après avoir démontré leur souplesse. Ils ont rapidement appris auprès des alguazils les subtilités de la ville et de comment apporter un plus à la solde.

Quitte à être à l’arsenal, Lupo observe d’autres bateaux sur place dont un navire en attente de cale sèche qui pourrait convenir. Au moins là, pas d’équipage. Dans le bassin mais pas encore en cale sèche avec le gréement qui a déjà été enlevé.
Lupo se renseigne pour connaître le nom du capitaine et voir comment organiser la rencontre. Capitaine ou Quartier-maître, sonder le premier qu’il trouve pour lui exposer son besoin d’un lieu qu’il pourrait occuper une nuit moyennant compensation.
qm/ On peut en discuter dans un coin avec moins de monde ?
L/ Tout à fait, je vous laisse gérer.
Sous prétexte de causer charpenterie de marine et adaptation à la haute mer, ils trouvent des sujets à aller discuter autour d’un verre de façon plus précise.
d/ Savoir sans trop savoir, mais m’assurer que mon bateau restera en bon état.
L/ Rien d’illégal mais juste un rendez-vous discret. On arrive, on cause et c’est fini.
Ils s’arrangent sur une somme coquette. Le marin négociant plus que les cinq premiers florins proposés en tentant de multiplier par dix.
L/ Vingt.
d/ Quarante et on tope.
L/ Trente cinq.
d/ Va pour trente cinq.

Speranza, au bout de son ennui, pique du nez, elle va s’endormir si elle continue de regarder les murs du palais Ducatore et décide de rentrer.


Pendant ce temps, dans la chambre d’Ettore
E/ Vont finir par revenir et va falloir que tu rentres.
Demestilla/ Tu souhaites que je parte, je comprends.
E/ Non, tu comprends pas.
E/ La dernière personne dont on a cru qu’elle était avec moi, ils l’ont enlevée, l’ont séquestrée dans une cave, battue et violée pendant plusieurs jours jusqu’à ce qu’on vienne la délivrer. Juste pour me chopper moi, c’est elle qu’ils ont attrapé.
D/ Dans quoi tu t’es mis ?
E/ Dans ce qui se fait dans cette partie de la ville. C’est pas Deglia Ducati, pas de palais, de marchands et de belles tenues. C’est plus sale et faut survivre.
D/ Tu fais quoi là dedans ?
E/ Je fais ce que je sais faire, casser des gueules et tuer les problèmes. Soldat à mon compte.
D/ Tu comptes rester ?
E/ Je suis chez moi ici. J’ai pas d’école ni d’héritage pour gagner de l’argent. Faut qu’on se débrouille pour se faire une place et la garder.
D/ Et vous êtes nombreux dans votre coterie ?
E/ Assez pour se protéger, pas assez pour éviter les ennuis.
D/ Tu n’as besoin de te justifier.
E/ Mais je ne me justifie pas.
D/ Je comprends que ta vie est dangereuse, que tu veux m’en protéger.
Un doigt sur la bouche d’Ettore.
D/ Cela me fait du bien ce moment.
E/ Pareil.
D/ Je n’ai pas envie qu’il s’arrête.
E/ Faut que tu rentres. La maison doit s’inquiéter de ton absence.
D/ Tout le monde doit être fou d’inquiétude mais j’en ai cure.
E/ Tu as intérêt à avoir une belle histoire à raconter.
D/ C’est différent mais toujours aussi... vivant. Je me sens vivante avec toi.
Il va pour descendre avec elle mais, riante, elle le retient pour un baiser de plus.
E/ Tu devrais pas montrer que tu es avec moi, on peut pas sortir en même temps.
D/ L’aubergiste et la servante sont dignes de confiance ?
E/ Y’a intérêt pour eux.
Un dernier sourire et elle descend les escaliers.

Elle dénote dans le quartier et les gens jettent un oeil à cette étrangère au quartier mais la capeline empruntée à la servante permet de limiter les regards. Ettore regarde alentour elle part en direction de via Imbosca. Chemin entre le Castelleto Acigliato et la plazza Smaradina patrouillé par les phalanges, elle est en zone sécurisée. La regarder comme le font les autres mais pas plus pour ne pas attirer l’attention et il choisit d’aller chez le barbier.
Zani/ Ah, Ettore, comment va ?
E/ Bien Zani et toi ?
Z/ Pas terrible les gens préfèrent se raser eux même.
Les deux hommes échangent sur les nouvelles de la ville.
Z/ De moins en moins grève mais plus de jours sans travail.
Z/ Mais bon, ça me regarde peut-être pas et vous êtes pas là pour entendre les mauvaises nouvelles. La petite Sandra a eu un bébé. Le père est parti, la mère a pas de travail mais ils ont besoin de se nourrir.
Ils discutent les ragots d’une vie de quartier.
E/ Tu vois toujours passer le bellâtre qui va chez Azzura ?
Z/ Il est venu quelques fois se faire raser, un peu comme vous mais ça fait quelque temps qu’il est pas venu. Il vient avant pour être présentable, une peau de bébé.
Ettore paye le barbier et double la somme.
Z/ Non merci don Compari. Pas besoin.
E/ Si la moitié de tes clients ne payent plus, faut que tu manges.
Z/ Je disais pas ça pour me plaindre c’est plutôt Sandra qui aurait besoin de votre visite.
E/ Tu lui donneras si tu veux.
Z/ Vous voulez pas lui donner directement ? Elle sera contente.
E/ Quand j’arrive, les gens commencent par me craindre et après il savent pas s’ils doivent dire merci. 
E/ C’est mieux si ça vient de toi.

Il fait un tour rapide et passe au niveau de la cache des souriceaux.
E/ Tout va bien ici ?
Bella/ Pidocchi est venu après moi. J’ai réfléchi à ce qu’il m’avait proposé. Les enfants sont encore petits. Je peux continuer à m’en occuper.
E/ Tu pourras pas jouer tout le temps à la maman.
La gamine a l’air un peu saoule.
E/ Tu sors la bouteille ?
Elle lui tourne le dos et part pour rejoindre les enfants.
E/ Bella ?
B/ Oui ?
E/ Est ce que tu peux me sortir une bouteille ?
B/ J’en ai pas.
E/ T’as l’air d’en avoir dans le gosier donc ça doit pas être si loin.
B/ J’ai bu un coup au Bœuf Rouge.
E/ Je me souviens pas qu’ils servent les enfants au Bœuf.
B/ Je suis plus une enfant, Pidocchi me l'a dit.
E/ T’es plus une enfant ?
B/ Oui puisque Pidocchi dit que je devais choisir un métier.
E/ Choisir un métier c’est pas finir poivrot.
B/ Je suis pas un poivrot puis tous les enfants picolent ici.
E/ Oui mais ils marchent droit.
B/ En tout cas je bois moins que toi.
E/ Si t’es une adulte, on va voir comment tu bois ? D’adulte à adulte.

Il repart d’un pas décidé vers l’auberge. Si elle veut boire, on va boire.
E/ Pietra, c’est souvent que Bella vient boire à l’auberge ?
p/ Ben ouais. Pourquoi ?
Elle a regardé sur le côté avant de répondre. Là où le tenancier essuie ses verres. Alors Ettore demande plus bas.
E/ Y’a un problème avec Angelo ?
p/ Non
E/ Y’a un problème avec Angelo ? 
E/ Pourquoi t’as regardé Angelo avant de répondre.
p/ Parce que c’est lui qui lui file à boire.
Il lui demande de venir ranger des trucs à l’étage. Faisant semblant de l’engueuler et elle de rechigner à la tâche.

Une fois à l’étage, il lui fait signe de s’asseoir à la table de la salle commune.
E/ C’est souvent que les gamins viennent chercher à boire ?
p/ Surtout Bella qui vient, elle repart souvent avec une bouteille de vin.
E/ Pidocchi est au courant ?
p/ Je sais pas.
E/ Et pourquoi t’as regardé Angelo ?
p/ C’est pas gratoche, elle donne des choses pour Angelo.
E/ C’est vrai que c’est de plus en plus souvent ?
p/ Quand elle va chercher son vin c’est dans l’arrière cuisine. Des fois elle va chercher à la cave.
E/ Et pas toute seule. 
p/ Comme je suis plus d’accord pour Angelo, tu vois bien.
E/ Prends ton temps pour ranger, y'a rien à ranger. Elle est ou cette boutanche? J’en pique une à Lupo si sa sœur a pas tout sifflé.
p/ Par contre, c’est qui qu’a fait le ménage ici ? C’est pas vous c’est la vieille hein ?
Speranza arrive en croquant une pomme et fait sursauter Pietra à venir sans bruit comme à son habitude.
E/ Tu veux bien m’accompagner chez les souriceaux ?
S/ Ouais

Quand ils repassent par la salle, peu de clients et un regard en coin d’Angelo.
Ça sent bon, dans la cuisine et même Ettore sent moins fort que d’habitude, voire il sent bon.
S/ T’es passé chez Zani toi ? Et ça sent sent la bouffe ! J’arrive.
Dans la cuisine, Francesca fait mijoter un petit plat en ce milieu d'après-midi.
Speranza pique une belle tranche de viande et la récupère sur une miche de pain.
F/ Pas touche, tu mangeras pas ce soir sinon. C’est pas bon. Faut que l’estomac se repose ou t’auras des remontées.
S/ J’ai pas de remontées et c’est toi qu’a dit que j’étais toute maigre.
Ils laissent la cuisinière à ses affaires et repartent retrouver les souriceaux. Quelques-uns sont rentrés.
La miche de pain frais garnie assure un succès immédiat à Speranza qui distribue des tranchotes.

Ettore a ramené une bouteille de gnole et deux verres, un pour lui et un pour Bella. Il les remplit, lui tend un verre et commence par boire le sien.
E/ Bois, c’est une conversation d’adultes.
Elle n’est pas heureuse de la contrainte mais obéit quand même et son verre à peine vide est vite rempli par Ettore qui va donner la cadence.
E/ Donc tu veux parler à Pido de tes plans d’avenir maintenant que t’es adulte.
B/ Je sais pas ce que tu veux me faire dire.
E/ Ben qu’est ce tu veux faire.
B/ Travailler à l’auberge. Aider Pietra, c’est pas loin pour les gamins.
E/ Puis à l’auberge y’a Angelo.
B/ Ben ouais.
E/ Puis à l’auberge y’a la cave.
B/ Ben oui.

Speranza a compris les allusions d’Ettore que les réactions désabusées de la gamine à moitié ivre ont confirmé. D’ailleurs à moitié ivre est une faible interprétation car rapidement le corps malingre subit la défaite face à l’alcool et Ettore la porte jusqu’à sa couche en laissant à d’autres la consigne de veiller sur elle et sur les plus petits.
Petit à petit, les enfants les plus âgés reviennent de leur tribulation dans les rues de la ville et le pain devient un souvenir qu’on a partagé. 
Speranza et Ettore repartent une fois les consignes claires et discutent en chemin.
E/ Je le dirai à Pido.
S/ Mais s’il se marie avec Rosina elle peut aider avec le gamin.
E/ Ça peut.
et y’a quelqu’un
S/ Autre chose, Azzura. Elle cafte trop. Elle a pas compris le message. Je vais prendre Jobelin et l’emmener sur les docks
E/ Tu comptes l’échanger ?
S/ Non, l’offrir aux dockers.
E/ Si tu la ramène après ça, elle trahira.
S/ Elle trahit déjà.
E/ Si tu lui fais ça, elle aura plus de raison de se retenir.
S/ Alors on la ramène pas.
Coltello arrive en courant
c/ On était chez les Carpone avec Pido.
Il commence à manipuler le bout de ferraille qui lui sert de couteau.
c/ Regarde la nouvelle feinte ‘Tore, j’la fait bien ? Quand est-ce qu’on continue ?

Pidocchi arrive et ils rentrent à l’auberge où Lupo se trouve déjà en discussion avec Pietra.
P/ Ben tu tombes bien, fallait une réunion au sommet
L/ J’ai Pietra qui m’a fait un résumé, j’imagine que c’est de ça dont vous parlez.
S/ Ça se peut.
Ils regagnent l’étage mais ça sent super bon dans la cuisine et Pidocchi fait le détour attiré par l’odeur pour féliciter la cuisinière.
F/ Vous avez plein de bonnes choses ici. J’ai pas ça chez moi.
P/ Bonne idée et on pourrait même le vendre.

L/ J’ai peut être un navire dans le bassin en attente de cale sèche.
P/ Dans l’eau ?
L/ Dans le bassin.
L/ J’ai discuté avec le quartier-maître . En réfection, pas beaucoup d’hommes donc on aura le champ libre mais c’est trente cinq florins
P/ Note de frais à présenter, disons donc cinquante.
L/ Faut voir avec notre commanditaire si ça leur va.
E/ On donne pas plus d’infos à droite qu’à gauche.
P/ Ça c’est fait, autre chose ?
S/ Angelo abuse de ses prérogatives sur la cave pour se faire, comment dire …
E/ Vu que Pietra couche plus avec lui, il s’est rabattu sur Bella
P/ Y’a la boutanche et Angelo.
S/ Ce qu’elle fait pour la boutanche ne peut qu’empirer la boutanche.
L/ Elle a commencé à payer en nature.
S/ Je vais essayer de lui parler. Elle voudrait s’occuper des gamins.
P/ Parle lui de Sergio.
S/ Je crois pas que se faire menacer d’être virée soit la bonne idée. C’est pas une solution. Lui montrer qu’elle peut faire autre chose. Tu vas te marier, faire un petit.
S/ Si tu déménages, elle irait avec toi s’occuper de ton môme.
E/ J’ai une autre proposition. A l'Hirondelle, c'est des femmes qui dirigent.
P/ Oui mais c’est en territoire Carpone et elle est connue pour avoir bossé pour moi.
S/ Sinon elle va avec Francesca et apprend à faire la cuisine. Ça pourrait lui aller.
P/ Je suis pour si elle est d’accord.
L/ Deux options, vous me dites. S’occuper de ton futur fiston et si elle veut s’occuper des souriceaux, elle reste dans le coin.
S/ Si tu bouges elle devient le contact privilégié.
P/ Loger Rosina et son fils à proximité mais pas loger avec.
E/ C’est d’accord mais on fait quoi pour Angelo ?
S/ S’il a des besoins, il touche pas au personnel, il fait comme les autres, il va payer les filles.
L/ À ce tarif, il va se transformer en mac
S/ Ah au fait j’ai calmé l’emplumé, on va pas le revoir de sitôt avec son crincrin.
P/ Définitivement ?
S/ Ah non, il va bien.
L/ Ça me fait penser, j’ai croisé des amis sur le port, ça joue des biscottos mais rien de grave.
P/ Ton bateau est de quel côté du port ?
L/ L’arsenal pour éviter les interférences.
E/ C’était des dockers ou des gars des Stefani croisés au mariage ?
L/ Les gars que j’ai vu étaient pas au mariage. Je pense qu’ils ont fait passer le mot dans leur quartier.
E/ Si ils nous bloquent l’accès au quartier du port, ça se passe pas pareil.
L/ Ils ont fait passer le mot, y’a une vraie volonté familiale.
E/ On va voir avec qui on peut s’allier. Si on peut trouver du monde ? Y’a qui contre les Stefani ?
L/ Demande à la famille de la fille avec qui j’étais ils ont voulu la frapper aussi.
E/ C’est une Cominello, si tu t’allies avec eux après un mariage Esposito et Mala vida. Ils vont mal le prendre.
E/ Azzura à échanger avec une de ceux qui râlaient ?
S/ C’est ça ou ça va mal se passer pour elle. On l’a avertit qu’il fallait qu’elle ferme son claque merde.
P/ Elle travaille au même titre que les autres gens de la rue. C’est chez nous, on fait ce qu’on veut
E/ C’est moi qui vais faire la politesse mais si ils sont fâchés, ça fait une ou deux famille de plus qui vont se retourner contre nous. Ils peuvent pas laisser passer.
S/ On va faire comprendre que chez nous aussi on punit les filles.
S/ J’emprunte Jobelin.
L/ Tu vas faire le mac.
S/ Je vais en faire cadeau aux dockers. Elle va apprendre la loyauté.
P/ Tu veux faire une croix de vache ?
S/ Ah non, plus radical que ça. A poil sur les docks et cadeau aux dockers.
L/ Effectivement, y’en a qui vont être contents.
P/ Il y a des chances qu’elle n’en revienne pas. Je suis pas habitué.
S/ Azzura, on l’a prévenu. Gentiment, moins gentiment. Je vais pas crever pour elle quand elle aura donné à d’autres nos habitudes. La nouvelle je la protège mais si elle me mord, je la puni.
L/ Et son amoureux ? Il serait prêt à payer ?
E/ C’est une lame de sénateurs et elle juste une prostituée. Elle vaut rien pour lui.
P/ Autre chose ?
S/ Francesca prend ses aises chez nous, je sais pas si elle va vouloir repartir.
L/ Vous êtes sûr de votre coup ? Ma sœur, c’est pas une timide et si vous prenez son petit personnel et qu’elle doit se retrouver à faire la tambouille, elle va pas laisser faire.
S/ On échange contre Angelo et Azzura.
S/ Si Bella va apprendre avec Francesca, elle repart avec eux.
P/ Le temps de la former.
L/ Elle a peut être pas envie d’avoir une apprentie.
S/ C’est une gentille gamine.
E/ Tant qu’elle a pas un coup dans le nez ?
L/ Si j’avais su qu’il suffisait d’un verre dans le nez. Je pensais qu’elle serait plus difficile.

Le soir est tombé sur cette discussion.
La démocratie, ce n’est pas la loi de la majorité, mais la protection de la minorité.
Albert Camus
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Épisode 76 – des Compari messagers


Comment fait-on pour remettre un message au chef de la faction des bellicistes en pleine période de troubles ou au moins de menace latente ? Entourés de tous ces gens en armes et prêts à trucider le moindre inconnu qui approcherait de trop près. 
Envoyer Speranza lui déposer la lettre sous son oreiller ? Trop dangereux et on n'aurait pas la réponse. Passer en force, même pas envisageable.
P/ La méthode brutale étant éliminée, on peut tenter la méthode sociale avec un Lupo.
E/ C’est pas là qu’il est invité mais chez les Mastiggia.
E/ Si quelqu’un doit y aller, faut que je l’accompagne.
L/ Pourquoi ne pas y aller tout seul ?
P/ Personne ne doit savoir ce qui se passe.
L/ Ses amis et domestiques ne doivent pas savoir.
E/ Éventuellement je peux y aller.
P/ A quel titre ?
E/ Au titre qu’il faut bien le déposer.
P/ Au premier type qui te pose la question tu devras dire pourquoi et de qui ça vient.
L/ Sinon un faux message avec le vrai dedans.
E/ Je peux y aller.
L/ Au moins t’es pas identifié comme étant pour Ducatore.
P/ Et si ils veulent pas, tu tues tout le monde ?
E/ Non pas possible.
P/ Et au cas où on t’attend ou ?
E/ Je connais pas le palais en question.
P/ On a notre chaton qui peut monter sur les toits.
L/ Puis les souriceaux.
P/ Ça te paraît cohérent comme secours.
E/ Si ça merde, ça merde.
P/ C’est pas un plan ça.
S/ C’est le seul qui veut y aller et tu l’engueules.
E/ Si on veut que ça soit prêt pour demain soir je peux y aller maintenant.
S/ On se passe des souriceaux.
E/ Si je suis pas sorti demain matin, vous renforcez le Bœuf.
P/ On rase le palais.
L/ Speranza peut être très méchante si tu touches au cul d’Ettore.
S/ Mais non.
L/ Comment ils vont les Cazahorca ?
E/ C’est toi qui l’a, tu me passes le courrier ?
Pido va chercher la lettre encore cachetée.
L/ Si la lettre dit que en signe de paix, il nous livre aux Sanguinella t’es dans la mouise.
S/ Je pars en avance le temps de trouver des postes de surveillance. Vous attendez un peu et je siffle pour dire où je suis quand vous rappliquez.
Beaucoup de demeures dans le quartier de Torescella font plus office de forteresse que de manoir à la campagne. La façade de celle du leader belliciste ne fait pas exception, on sent dès l’aspect extérieur que c’est fait pour être défendu. Elle traîne dans le coin pour trouver l’arrière du palais en évitant les patrouilles. Elle se perd un peu dans ces ruelles qu’elle fréquente peu et devant deux choix possibles elle choisit une porte pour escalader un des bâtiments. A l’aide de son grappin, elle finit par réussir à rejoindre un toit de tuile peu pentu.
Dans la cour en dessous à peine visible une grande terrasse qui mène sur un espace intérieur. Les molosses dans la cour doivent faire partie de la sûreté de la maison.
Vu la taille, c’est pas sûr que ça soit le bon palais. Trop petit pour le chef de la faction Belliciste. Elle décide de changer de secteur et de trouver le bon palais sur lequel elle pense finir par tomber après quelques lancers de grappins pour passer de toits en toits.
Lupo et Pido se sont arrêtés un peu avant sur le trajet et attendent sur un escalier.
Ettore se présente seul à la porte et toque au heurtoir.
Un regard s’ouvre dans la lourde porte.
E/ Pouvez vous appeler à la porte le Signore Rabbia Mezzasole.
garde/ De la part de qui ?
E/ Un coursier.
g/ Si c’est un message, remettez-le moi.
E/ Non, j’ai demandé Rabbia Mezzasole, pas vous.
Le garde referme le regard.
Après un certain temps. Toujours pas de nouvelles, Ettore frappe encore. Même garde.
g/ On l’a fait prévenir mais il doit être occupé. Si vous partez n’oubliez pas de …
E/ Je ne partirai pas.

Quelques minutes plus tard, un autre visage plus en retrait l’observe de l’autre côté de l’huis.
RM/ Qui le demande. On se connaît je crois.
Ettore enlève son masque et apparaît à la lumière.
RM/ Pour une surprise c’est une surprise.
RM/ Don Ettore Stocatta en personne, ouvre Luigi.
RM/ Entrez donc.
Une fois entré, il reconnaît Mezzasole et à part les meurtrières de chaque côté rien de visible sauf la cour quelques mètres plus loin. Un couloir d’entrée facile à tenir.

RM/ Si vous voulez bien me suivre.
Un couloir étroit, un escalier qui va à l’étage supérieur et des gardes sur le palier. Presque à chaque pièce, à chaque escalier, ils croisent des gardes ou des hommes qui se reposent dans un coin. La maison est transformée en casernement. Ici on ne craint pas les troubles en ville, on est prêt.
Rabbia l’a amené jusqu’à un endroit qui semble être son logement personnel. Pièce bien aménagée, sobre, efficace et confortable par rapport à ceux qui dorment dans les couloirs.
Il désigne une chaise, toujours en gardant un œil attentif sur Ettore. Pas tous les jours qu’on reçoit chez soi une des lames capable de vous faire hésiter sur l’issue de la rencontre.
RM/ Vous boirez bien un verre ?
E/ Puis-je déposer mes armes ?
RM/ Pas obligé.
E/ Si puisque le message n’est pas pour vous mais pour don Sanguinella.
RM/ C’est une deuxième surprise.
RM/ En tant qu’homme de confiance. Je me dois de poser des questions sur la nature de la chose parce que le respectable sénateur...
E/ C’est moi qui doit remettre le message et attendre si il y a une réponse.
RM/ En tout état de cause, vous ne pourrez être seul en présence.
E/ Je le comprends bien.
RM/ On boit avant ou après ?
Ettore hésite. Accepter l’offre de paix ou s’assurer de rester sobre toute la mission.
E/ Elle est forte ta gnôle ?
RM/ On peut commencer par du vin.
RM/ Puis-je vous fouiller ?
E/ Faites.

Ettore observe Mezzasole dans son environnement et sa façon de porter ses lames. Là, il est calme mais méfiant. Fouiller c’est s’approcher à portée d’un coup, d’une lame cachée. Pourquoi cet homme est là ? Pourquoi Ettore Stoccata dans le palais, chez lui et qui voudrait s’approcher du sénateur ? Deviner le danger, anticiper le risque sans arriver à le voir.
RM/ Si c’est discret, on y va tous les deux ?
E/ Je te suis ? On se tutoie ou on se vouvoie ?
RM/ On peut se tutoyer.
E/ On se vouvoiera devant sa seigneurie histoire que votre patron ne nous pense pas complice.

Ils prennent un autre escalier, passent par une fausse paroi et se retrouvent sur un chemin en hauteur. Depuis le toit, Speranza voit les deux hommes passer sur une passerelle entre deux bâtiments. Une silhouette qu’elle reconnaît de loin. En bon état même s’il est suivi d’un type armé alors qu’Ettore ne porte pas son épée. De loin ils semblent détendus.
Les deux hommes continuent jusqu’à un toit plat où ils disparaissent par une trappe.

Au bout d’un moment, après ce parcours labyrinthique pour éviter de croiser trop d’indiscrets potentiels, les logements sont moins austères et moins encombrés de garde mais plus une relève d’une qui doit avoir été remplacée il y a peu.
Pas mal d’hommes d’armes débauchés de phalanges et des spadassins à louer. On est passé à un niveau supérieur et plus organisé de sécurité vers une garde rapprochée, prétorienne.

RM/ Tu peux remettre ton masque.
Ettore prend le conseil puis suit Rabbia jusqu’aux appartements ou on le fait patienter dans un salon de réception accompagné de deux gardes qui gardent un œil sur lui.
RM/ Assieds toi, je vais voir ça.

Encore des minutes d’attentes et Mezzasole revient seul, congédie les deux gardes. Ettore se lève malgré le signe de Rabbia de rester assis avant de faire entrer le sénateur Sanguinella.
ES/  Je suis surpris et enchanté de faire votre rencontre don Stoccata.
Ettore tend le message à Mezzasole qui le prend avec des gants. L’homme de main rompt les scellés devant son maître et l’ouverture révèle une autre sécurité, un double étui protégé par une nouvelle série de scellés. A distance, le sénateur observe son homme de main, ouvrir l’objet, en sortir un courrier qu’il déplie précautionneusement sur un lutrin. Le document a été posé sans que jamais le sénateur ne l’ait touché. Quand Mezzasole lui confirme que tout semble sûr, le sénateur peut s’approcher et son garde se place de façon à pouvoir surveiller Ettore et être placé sur la trajectoire éventuelle. Pas un regard pour le texte, juste une distance de sécurité.


Pendant ce temps dans les rues, Lupo et Pido avisent d’une compagnie d’escorte d’un noble qui passera par l’escalier qu’ils occupent. Il leur faut changer de poste et choisir de se trouver dans une ruelle trop mince pour manœuvrer. Quelques mètres plus loin ils s’arrêtent pour discuter et quand les deux spadassins qui ouvrent la marche se pointent en haut de l’escalier, on sent la méfiance et le doute. Que font ces deux inconnus dans la rue, sont-ils un danger pour leur maître ? L’un s’approche pour les jauger alors que le second reste de garde en haut de l’escalier.
P/ Bonsoir
e/ Veuillez m’excuser messires, j’escorte une seigneurie qui voudrait rentrer chez lui et les gens qui traînent dans les rues sont ..
P/ Si on se place dans cette impasse là, ça vous va ?
e/ Parfait.
Il les surveille depuis l’entrée de l’impasse le temps que la seigneurie passe dans la rue.
Une dizaine de spadassins et un noble inconnu plus tard, les gens se quittent sur un signe de tête.


ES/ Vous connaissez la personne qui transmet ce message ?
E/ Oui.
ES/ Son nom ?
E/ Ducatore.
ES/ Il dit que vous organisez la rencontre.
RM/ On peut savoir le lieu ?
E/ Non. Pour éviter que vous soyez tous tenté de préparer le site.
RM/ Ça serait chez qui ? Dans quel quartier ? Pour un rendez-vous discret, ça ne peut pas être n’importe où.
E/ Nous avons choisi un bateau.
RM/ C’est bien pour être discret, c’est bien pour être enlevé.
E/ Celui là n’ira pas loin.
RM/ Celui là ?
E/ Oui.
ES/ Oui ?
Le sénateur lui fait signe de s’asseoir. On attend la réponse d’Ettore qui ne vient pas.
ES/ Plus d’informations seraient les bienvenues.
RM/ Sa seigneurie le saura quand même, sinon on va s’énerver.
RM/ Qu’est ce qui fait que ce bateau ne partirait pas avec les sénateurs pour une terre lointaine comme Ressine par exemple.
E/ En l’état, ce bateau ne peut pas naviguer.
RM/ Est-il protégé des tirs d’arbalète.
ES/ Ça sera de nuit ?
RM/ Avec une escorte réduite ?
E/ Posez vos conditions et on les abordera avec l’autre partie.
RM/ J’amènerai trois personnes et j’aimerai le nom des quatre qui accompagneront sa Seigneurie.
ES/ Et en arbitre ?
E/ Personne ne devant être au courant, pas d’arbitre.
RM/ Je veux fouiller la pièce avant.
E/ On pourra charger une personne de chaque équipe de fouiller la pièce avant.
RM/ Et on se retrouve où ?
E/ Je propose la fontaine aux pampres pour vous. Un signe de reconnaissance, un tissu que notre contact devra afficher pour que vous le reconnaissiez ?
RM/ Non. Et comment pourrons-nous le reconnaître une fois sur place ? Il aura un signe distinctif.
E/ On peut faire ça mais si vous ne connaissez pas ce signe, c’est plus compliqué. C’est pour ça que je demandai qu’il arbore une couleur pour que vous le reconnaissiez et pas l’inverse. Ne pas avoir à demander au moindre inconnu sur la place s’il est bien le contact secret.
RM/ La personne aura un masque ?
E/ Oui mais c’est commun en ce moment.
RM/ Décrivez nous son masque.
Il décrit un masque que porte parfois Lupo.
RM/ Ça me convient. A quelle heure ?
E/ Le temps de manger, se déplacer. Neuf heure et demi, dix heure du soir ?
Mezzasole choisit dix heures.
E/ Un message à transmettre ?
ES/ Non.
RM/ Bien, tout est dit ?
E/ Si je n’ai rien à transmettre ?
ES/ Bien.
Sanguinella quitte la pièce.
Ettore se permet de souffler un peu pour respirer après cette tension interne de devoir parler avec les podestats sans Pido pour éviter les impairs.
RM/ Tu peux remettre ton masque pour le trajet, je t’accompagne.

Speranza voit Ettore passer par la trappe dans l’autre sens toujours suivi du même spadassin attentif. Ils disparaissent dans la tourelle d’où il est venu auparavant. Elle part vérifier que Lupo et Pidocchi sont toujours sur leur escalier. 

Une fois revenus dans les quartiers de la main de Sanguinella, les deux hommes se posent sur des chaises. Rabbia sort deux verres et commence :
RM/ Tu veux manger ?
E/ Merci mais on se levait de table quand je suis venu au cas où ça finisse tard.
RM/ T’es revenu depuis longtemps ? Je croyais que t’étais dans l’armée, phalangiste.
E/ J’ai fait un temps mais le sable et vivre en camp ça va un temps. Je suis rentré.
RM/ Du coup , tu travailles en relation avec Ducatore sans être officiel ?
E/ On a un intermédiaire qui nous a choisi pour cette mission. Il était sûr qu’avec moi le message arriverait sans être intercepté.
RM/ T’es dans la guilde ?
E/ A priori non. Et toi ?
RM/ J’ai trouvé soulier à mon pied.
E/ Confortable ?
RM/ La situation n’est pas mauvaise, il a une bonne vision de la politique.
E/ Tu es le chef de sa sûreté. En face c’est Spada je crois.
RM/ Spada Matado, vous étiez du même régiment ?
E/ J’ai pas servi sous Matado, il était déjà parti je crois.
RM/ Il vieillit mais il a le bras solide et une expérience assez convaincante pour avoir pu tuer Chiodi
E/ Oui, j’ai entendu ça sur les quais.
RM/ J’étais pas loin, la veille je parlais avec lui.
E/ Avec Spada ?
RM/ Non avec Chiodi … Le lendemain, il tombe sur Spada et il est mort. Il est trop vieux, trop lent pour avoir pu le tuer sans qu’il y ait une manigance derrière. J’y crois pas.
E/ Chiodi je l’ai connu dans les phalanges il parlait beaucoup et pouvait être dangereux. Spada, je sais pas, j’ai pas servi sous ses ordres.
RM/ Les gens bons à l’épée à Ciudalia, il commence à y en avoir moins
E/ Toujours des jeunes pour prendre la place.
RM/ D’ailleurs, il est devenu quoi le type qui bossait pour Schernittore.
E/ Tignola ou Rosino ?
RM/ Non, un autre, un grand maigre. Tu sais, celui qui était là sur la place et qui avait poursuivi l’homme de Ducatore … Tu étais là ?
E/ Non, je n’étais pas sur la place ce jour là. Moi, les politiques ///
RM/ Mais si, tu dois connaître … Ah Scheggia, il paraît que tu l’as tué. T’as loupé Chiodi mais on dit que t’aurais buté Scheggia.
E/ On dit beaucoup de choses. On invente des histoires.
RM/ Chiodi en disait plus qu’il n’avait fait et toi c’est le contraire …
E/ C’est pas que ton vin n’est pas bon, bien au contraire mais je dois aller prévenir l’autre camp de votre accord.
RM/ Je te fais une liste des quatre personnes qui m’accompagneront, je veux avoir celle de Spada.
Pas de troisième verre, on lui redonne ses armes avant de quitter les lieux.

Ettore est enfin libre de sortir sans question supplémentaire et avance à l’air libre
E/ C’est fait.
P/ T’as pris ton temps ?
E/ J’allais pas dire à sa seigneurie de se barrer.
E/ Ceux là ont rendez-vous demain à la fontaine aux pampres.
E/ Il viendra avec trois hommes en escorte et ils veulent fouiller les lieux avant la rencontre.
L/ Ça fait gros comme escorte, faut des canots pour six rameurs.
P/ Soit deux voyages soit deux bateaux.
E/ Les gardes du corps resteront sur le pont.
P/ S'ils arrivent en avance, on les laisse sur le pont ?
E/ Oui.
P/ Les deux escortes contrôlent la pièce puis les deux sénateurs rentrent et discutent entre eux.
P/ Un de chaque côté qui fouille, c’est la demande pour vérifier que c’est pas une trappe.
E/ C’est toi qui escorte Sanguinella.
L/ Oui ? Merci
E/ Et faudra que tu portes ton masque avec la dorure.
L/ Pourquoi ?
E/ C’est le seul que je me suis rappelé sur le moment.
P/ Une fois tout le monde arrivé, ils fouillent la pièce puis les deux sénateurs vont discuter. On fait quoi pendant ce temps là ?
L/ On évite qu’ils se tapent entre eux.
P/ Est ce qu’on écoute ce qu’ils disent ?
L/ Et s’ils tentent de se tuer ?
E/ On va prévenir en face ?
E/ Vu que j’ai discuté avec Sanguinella, je peux y aller.
P/ Speranza, moins ils la connaissent mieux c’est pour nous.

Speranza les accompagnent quand même car elle a envie de revoir le palais Ducatore et s’introduit clandestinement par les jardins comme la fois précédente.
Les trois hommes sont introduits dans le palais Ducatore par la porte arrière. On les fait attendre dans l’antichambre. 
Ettore en profite pour informer Spada Matado.
E/ Ils ont eu un doute sur la mort de Chiodi.
SM/ Ils ont un doute mais le sénateur a tout fait pour que le duel soit reconnu et officiel, ils ne peuvent plus rien dire sans preuves ni procès.
SM/ Donc le lieu ça sera ou ?
Sur un bateau.
SM/ Lequel ?
E/ Ben vous ne saurez pas non plus.
SM/ C’est sa seigneurie qui organise.
E/ Non, c’est nous. Ils ne savent pas et vous n’aurez pas plus, vous avez rendez-vous Piazza Pescadilla près du bureau des octrois à dix heures demain soir.
SM/ Vous assurez tous les quatre ? Vous et personne d’autre ?
E/ On pourrait prendre des supplément mais ça fait des curieux en plus.
P/ Non, personne d’autre.
SM/ Sur le bateau, faudra qu’on rame nous même ?
P/ Y’aura pas long à ramer.
E/ Dans leurs demandes il y a de fouiller la pièce avant la rencontre et ils veulent connaître la liste des noms qui vont accompagner sa seigneurie. Voilà la leur. 
Spada la parcourt et fait rapidement une liste comprenant d’Oricula, Coneoti, Lupo et un inconnu.
Ils mettent au point le moyen de reconnaissance.

Alors qu’ils suivent un couloir pour repartir, Oricula surgit d’une porte latérale et tombe littéralement sur Lupo et s’adresse à lui en le prenant familièrement par le bras, ah tu tombes bien, allez viens finir la partie de carte.
Pido est surpris de la demande et regarde Lupo comme s’il était convenu qu’ils repartent ensemble alors qu’il se laisse entraîner par le spadassin mais Ettore lui dit avant de l’emmener vers l’extérieur.
E/ Laisse, on a plus besoin de lui pour ce soir. Faut juste confirmer aux autres que c’est bon et leur fournir la liste qu’on nous a donné.     
La démocratie, ce n’est pas la loi de la majorité, mais la protection de la minorité.
Albert Camus
Doji Satori
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Re: [CR] Quattro Compari - aventures à Ciudalia, d'après le roman Gagner la guerre (motorisé sous Epées & Voleurs)

Message par Doji Satori »

Trigger warning : évocations de relations sexuelles (voiles)
Épisode 77 – Visites nocturnes 


Ettore et Pidocchi rentrent tranquillement dans leurs quartiers laissant Speranza et Lupo vaquer chacun de leur côté au sein du palais Ducatore.


Speranza explore les jardins et cherche un chemin vers les appartements fermés. Elle repère  de la lumière vers le bas du bâtiment et donc potentiellement des pièces sous la terrasse donnant sur l’arrière du bâtiment principal. Prudente, elle approche d’une porte en contrebas de quelques marches d’escaliers, aucune lumière ne parvient désormais des soupirails proches. La serrure lui résiste étonnamment. Une telle serrure sur une porte de cave, il faudra qu’elle revienne avec plus d’outils ou au moins adaptés à ce travail.
Elle décide d’emprunter le passage très surveillé le long du palais emprunté précédemment. Elle se joue avec facilité de la  vigilance des gardes patrouillant sur le devant de la demeure et passe par le quartier des serviteurs pour emprunter une livrée qui s’ajoute à son éventail de possibilités. Elle repère les passages de service et les escaliers secondaires qui donnent accès par secteurs sans que le personnel dérange les nobles. Cette partie du palais vit en permanence au cas où les maîtres auraient besoin de quelque chose à toute heure et pour préparer le  lendemain. Un gobelet de soupe, une salaison par là, une tenue à déposer dans la garde robe.

Pendant ce temps, Lupo a été entraîné rapidement dans un dédale de couloirs et de portes par Oricula pour ne pas laisser le temps de réagir aux deux autres Compari et à leur escorte. 
Le spadassin se tourne vers lui et désigne une porte de services.
O/ Les escaliers vers le bas et la porte arrière si tu veux une partie de carte et sinon par là c’est le côté des appartements Ducatore. Qu’est ce que tu préfères ?
L/ A toi de me faire voir, je n’ai jamais été dans les quartiers des Ducatore.
O/ Tu suis discrètement et au moindre signe tu t’arrête.
L’homme de main déambule avec assurance le long des couloirs qu’il connaît visiblement bien, sa lanterne sourde ne diffusant qu’une faible lueur. Chaque intersection a droit à ses vérifications des deux côtés.

Speranza quant à elle a remarqué le passage de Lupo et d’Oricula. Elle décide de les suivre discrètement, le spadassin  guide Lupo à voix basse jusqu’à une pièce ou il lui indique de patienter dans un cabinet.
Oricula/ Je vais dire aux gardes de partir. Ne bouge pas de là, je reviens
L/ D’accord.
O/ Je te laisse pas de lumière.
Le spadassin repart et laisse Lupo dans la pièce alors que Speranza le voit s’éloigner.
Un autre garde quitte la zone et s’éloigne puis le premier revient chercher Lupo.
O/ La voie est libre.
Une tape amicale sur l’épaule conclut la phrase et il l’amène jusqu’à une autre pièce, les lieux sont joliment décorés et luxueux. Ils sont au coeur des appartements privatifs.
Refermant la porte de l’antichambre, Oricula se pose sur une bergère et indique à Lupo une porte.
O/ Tu es attendu de l’autre côté.

Speranza se place pour écouter à la porte de l’antichambre. Un rai de lumière mais pas de bruit même en collant l’oreille. A travers la serrure ? Le spadassin est assis sur une bergère, nerveux tout en laissant son corps se détendre ou au moins essayer. Nerveux comme à un poste de garde dans un salon.
Lupo ne doit plus être dans la pièce car il n’y a aucun bruit. Où est passé Lupo ?
Cette pièce avec ce garde n’est sans doute qu’une antichambre mais le type en faction l’empêche de progresser alors elle choisit de passer par l’extérieur et la façade. Collée à la paroi, elle se déplace avec facilité sur l’encorbellement jusqu'au balcon le plus proche.

Pénétrant dans une chambre féminine, Lupo découvre Clarissima Ducatore en tenue de nuit assise sur une chaise près de son bureau.
CD/ Soyez le bienvenu dans mes appartements Don Lupo Tramonte.
L/ Merci mademoiselle.
CD/ Je n’ai qu’une chaise à offrir.
L/ Pas grave, je resterai debout.
CD/ Asseyez-vous sur mon lit, je n’en ai pas l’usage.
L/ Très bien.
CD/ Je ne m’attendais pas à une aussi prompte visite après notre courrier.
L/ Les affaires m’ont mené ici de façon impromptue.
CD/ Impromptue ?
Il élude
L/ La dernière fois que je vous ai vu, vous souffriez à cause du Macromuopo.
CD/ Certes, mais le temps file. A votre réputation, je m’attendais pas à recevoir une personne qui s'asseyerait sur mon lit pour discuter peinture et fâcheux.
L/ Je ne voulais pas presser les choses.
CD/ Mais pressez, pressez monsieur, nous n’avons pas toute la nuit. Attendre jusqu’aux lueurs de l’aube pourrait être fatal à votre personne. 
Nous aimerions profiter plus longtemps mais il serait regrettable que nous soyons découvert. Pour l’instant, si la situation est inconvenante, il n’y a rien de répréhensible. A quoi bon prendre autant de risques pour si peu ?
Lupo se relève et s’approche.
CD/ Vite, j’ai un mariage qui m’attend. Cette occasion ne se représentera peut-être plus jamais.
Le message est clair et Lupo ne se fait pas prier pour rendre service à une jeune femme dans le besoin. Si elle est consentante, sous le sourire de façade, elle est un brin tendue et nerveuse. il ne se fait pas prier et malgré son inexpérience manifeste dans les jeux de l’amour, elle ne montre pas de frayeur particulière ou d’hésitation. Ce n’est pas la première fois.

La porte s’entrouvre et Oricula passe son museau par l’entrebâillement.
CD/ Ça te dérangerait qu’il nous rejoigne ?
L/ Non, madame reçoit.
C’est pas la partie de cartes qui était annoncée et Oricula sera le premier à s’absenter pour reprendre sa surveillance dans l’antichambre, les laissant alanguis sur la couche.
L/ Vous êtes pleine de surprise.
CD/ J’avais envie de cela, c'était l’occasion ou jamais. 
Je doute que tu aies l’intention de me suivre dans mes bagages jusqu’à mon futur mari.
L/ Où ton père compte t’envoyer ?
CD/ Ressine n’est pas l’endroit du moment. Je pense qu’il va jouer la carte de Bromaël et je crois qu’il vise haut en tant que podestat. Le duc pourrait être mon père ou même mon grand-père.
L/ Tu souhaiterais un Lupo dans tes bagages ?
CD/ Une poire pour la soif. 
Ça serait bien mais plus dangereux qu’ici. Je serai surveillée et espionnée dans une terre inconnue, voire hostile. Tu as pris des risques pour moi ce soir … Éventuellement, si père me laisse emmener quelques commodités et si mon futur mari me laisse avoir une escorte personnelle …
Et toi, tu es venu pour quoi ?
L/ Les affaires de ton père mais je préfère ce qui m’a fait rester que ce pour quoi je suis venu.
CD/ Méfie toi de mon père, vous n’êtes que des pions. Tant que vous lui servez …
L/ J’avais bien envisagé cela.
CD/ Il sera à un moment temps de partir.
L/ Bromaël pourrait être une destination.
Elle fait la moue, montrant qu’elle a du mal à le croire.
CD/ Tu es venu juste me rejoindre ? On dit beaucoup de choses sur toi. Tu ne passes pas inaperçu. Est-ce une logique de tableau de chasse ? Serais-je un trophée ?
L/ Cette logique là a eu cours mais je suis à la recherche d’autre chose.
CD/ Et quoi donc?
L/ Difficile de mettre le doigt dessus mais je ressens une insatisfaction.
CD/ Et tu viens ici par ? Défi personnel ?
L/ Ça fait partie de la chose mais aussi la compagnie d’une jeune dame d’esprit fort plaisante.
CD/ Et donc, cela ne t’ennuie pas que je t’utilise ?
L/ Tu m’utilises ?
CD/ Pour mon plaisir et me venger de mon père. Mais je préfère que tu ne sois pas découvert.
L/ Je suis déjà utilisé par une partie de la famille, autant que le reste en profite.
Elle hoche la tête en jouant avec les poils de sa poitrine.
CD/ Ton goût de défier les normes et convenances, je peux t’aider à te défier de mon père et voir clair dans son jeu.
L/ Pas sûr de pleinement comprendre ce que tu proposes.
CD/ Mon père ne me met pas au courant mais je sais que vous êtes importants pour lui. Il vous tient en estime ce qui est suffisamment rare pour être souligné mais il sait aussi sacrifier ses pions aisément. Pour le moment vous lui êtes utile, c’est certain.
L/ Si ça change tu me diras.
Elle opine à nouveau.
CD/ Il a déplacé des rendez-vous pour vous rencontrer ce soir. 
Si tu m’en dis plus, je saurai où chercher.
L/ Pour l’instant, pas besoin de creuser davantage. On lave le linge sale.
CD/ Le linge sale uniquement ?
L/ Oui mais il est très sale, faut beaucoup frotter.
CD/ Il a déjà tous les hommes qu’il lui faut comme lavandières … Vous devez lui rendre d’autres services … Des services qu’il remet entre vos mains maintenant que son sorcier et son assassin ne sont plus là.
CD/ Vous le connaissez depuis peu et pourtant il vous confie des choses importantes pour lui … vous n’avez pas fait que laver du linge sale ?
dit-elle en posant son menton sur sa poitrine et en le scrutant
L/ Je suis aussi surpris.

Oricula revient.
O/ Faudrait partir maintenant.
Lupo opine et va pour se préparer. Une dernière étreinte.
L/ Il semble qu’il soit venu le temps de nous séparer.
A regret, elle le laisse.
CD/ Ça va être compliqué dans les jours qui viennent sans que ça soit dangereux mais ne rate aucune occasion.
L/ Je ne suis pas du genre à rater une occasion.
Elle l’aide à réajuster ses vêtements d’un œil critique.
CD/ Bonne partie et essaye de perdre un peu car Oricula n’aime pas perdre.
L/ Je saurai faire en sorte.

Quand il rejoint Oricula, ce dernier sourit et le guide par étapes jusqu’à l’endroit du choix entre la partie de cartes du corps de garde et les appartements qu’ils viennent de quitter. Lupo s’arrange pour perdre un peu et dignement en tant qu’invité. La nuit de jeu se prolonge jusqu’aux lueurs de l’aube.

Speranza derrière les volets entrouverts n’ignore rien de la trappe dans laquelle Lupo se laisse cajoler et elle part en râlant sur cet imbécile qui va les faire tuer avec ses âneries.

 
Jour 27 Rencontre au sommet


Un petit matin nouveau et cette fois Ettore et Pidocchi ont dormi, et bel et bien.

Pidocchi réfléchit entre les diverses positions de nos ennemis du moment avec leurs alliés ou opposants actuels. La fraternité du port serait contre les Stefani comme le boucher mais les Esposito bossent avec les Stefani pour écouler la contrebande. Tant que ça chie pas sur les plates-bandes, on arrive à s’arranger pour éviter que des vagues de gros bras viennent jouer de la matraque dans vos affaires.
Pidocchi va chercher l’anguille pour aller prendre des repères concernant la soirée. 

Ettore passe voir Sergio et prend des nouvelles.
Sergio/ Ça va mieux ? Speranza, elle a plus ses ragnagna ?
E/ Si, en fait tout le temps.
Sergio sert un verre.
E/ Elle dit que t’avais pas assuré.
s/ J’avais soif …
s/ Tu viens, c’est que t’as besoin de moi …
s/ Faut me dire si je viens plus ou si je viens ..
s/ Si vous voulez plus de moi.
E/ Je veux bien de toi mais c’est comme si t’avais pioncé au poste de garde.
s/ J’ai déconné, j’ai pris ça à la légère. J’ai merdé. Pas d’excuses.
E/ La dernière fois qu’on voulait que ça soit surveillé on s’est fait tomber dessus par une phalange.
s/ T’inquiètes.
E/ Tu restes dans le coin.
E/ Ça sera pas la même si tu signes chez un noble.
s/ Si ça continue pour toi, c’est bon pour moi. Plutôt que de me faire tanner par un richard.
E/ C’est bon pour moi.
s/ Tu verras et tu me diras ce que je dois faire pour Speranza.
E/ Ça c’est plus compliqué.
s/ Tu la connais mieux que moi.
E/ Oui la connaître. Pour savoir ce qu’il faut faire, je suis peut-être l’un de plus mauvais.
s/ J’y vais, j’y vais pas ?
E/ Tu fais profil bas, tu t’excuses.
s/ Ça marche.
E/ Et tu merdes plus devant elle.
E/ On sort à la fraîche ou tu veux ta bouteille ?
s/ Si t’as quelque chose à m’faire faire.
E/ Rien à faire faire mais en ce moment y’a du monde qui nous cherche des noises donc c’est mieux d’être plus.

Pidocchi a retrouvé l’Anguille
a/ Bonjour patron.
P/ J’ai besoin de toi pour couvrir mes arrières et veiller sur deux barques. Tu sais où est Jobelin ?
a/ Je le vois pas souvent. Il monte souvent là-haut.
P/ Ça bouge au niveau des Stefani.
a/ Oui, hier ils ont tenté de s’en prendre à Lupo.
P/ Ah oui ?
L’anguille raconte les faits pendant le trajet jusqu’au navire.
a/ Je vais pas rester trop longtemps car tu attires l’attention des gars du port. Tu vois l’autre là celui qui s’éloigne ? Il bave pour les Stefani.
P/ Profil bas, on sera de retour dans pas longtemps et il faudra aussi faire profil bas.
a/ Si vous avez des ennuis avec les Stefani, faut pas qu’on s’affiche ensemble.
P/ Faire profil bas. Soit ils vont se calmer par eux-même soit on leur expliquera mais ça va pas durer.

Ettore et Sergio rejoignent Pidocchi. Ils remontent tranquillement vers via Maculata.
E/ Quand t’as deux famille qui se font la tronche comme ça, ça se passe comment d’habitude?
P/ C’est un problème entre Lupo et un Stefani.
E/ Non, il l’a tué donc les autres Stefani sont pas relâchés.
P/ Soit quelqu’un de plus haut vient les calmer, soit ça se calme de soi même, soit ça va s’envenimer.
P/ On peut pas leur faire une Santini.
P/ Pour l’instant personne n'est venu te chercher des noises. A moi non plus d’autant que j’ai deux bretteurs autour de moi.

Arrivés au Boeuf rouge, ils laissent Sergio dans la taverne et remontent continuer leur discussion dans leur appartement.
E/ Comment tu ferais diplomatiquement..
P/ Le coup est parti tout seul. Je nettoyais mon Lupo.
P/ C’est eux qui cherchaient la merde, ils ont trouvé.
P/ Par contre faut un cadeau pour pommader l’honneur des Stefani.
E/ Si toi ou Benito avez des idées...sinon je vais finir par jeter des mecs dans le port.
P/ Benito n’est pas fâché avec les Stefani.

Lupo a été réveillé par Speranza.
S/ Tu peux vraiment pas la garder dans ton fut’, t’es vraiment chiant.
L/ Qu’est ce tu me chantes.
Elle part en furie, dévale les escaliers et entend les dernières paroles échangées par Pidocchi et Ettore.
S/ Moi y’a un truc que je comprends pas dans votre histoire. Lupo se fait attaquer et on devrait s’excuser ?
L/ On parle de moi ?
P/ Oui, de tes amis du port.
L/ Ils vous ont passé le bonjour ?
S/ Tout va bien alors.
L/ C’est avec moi qu’ils ont un souci.
E/ Donc avec nous.
P/ Ils ont sûrement raconté que tu les as agressé.
P/ C’est ta lame qui a fini dans sa gorge.
L/ Légitime défense.
P/ Ce concept n’existe pas ici.
S/ Tu l’invites et on lui tombe dessus pour lui expliquer.
L/ Si il tombe le moins bon de nous à l’épée.
P/ Tu penses que je suis le moins bon ?
E/ Un message via Benito. Sujet à gérer après notre rendez-vous.
L/ Ils ont le cul sale, c’est pas à toi de t’excuser.
P/ Il y a eu friction et le Compari a dû se dégager, ils ont tenté ils ont perdu.
E/ Juste que le père Stefani ait la même version que nous et pas celle des péteux qui s’en sont sorti.
L/ Y’avait un Dagarella dans la pièce.
P/ Sinon un autre moyen est de jouer sur les factions internes des Stefani.
L/ Ils ont leur Speranza aussi ?
S/ Qu’est ce que j’ai fait ?
P/ Si y’a des Stefani qui trouvent que c’est con de venir chercher les Compari autant aider ceux-là.
S/ Pourquoi ils t’ont attaqué ?
L/ J’étais avec une fille et eux pas.
L/ Cinq contre un alors que j’ai le froc baissé. Ils ont eu de la chance j’ai juste sorti mon épée.
E/ Ils ont cherché aussi, celui qui est mort d’ailleurs, à me provoquer autour du feu.
L/ Je comprend, ils ont perdu leur fouteur de merde, moi aussi vous me regretteriez.
S/ De moins en moins.
L/ Pourquoi tu m’en veux ce matin ?
S/ Je me suis inquiété pendant que monsieur s’est tapé la fille du Ducatore.
Un éclat de rire retentit derrière eux : c'est Lucrezia réveillée par la dispute qui sort de sa chambre.
P/ T’as fait ça ? Tout seul ?
L/ Tout seul, non à vrai dire.
luc/ Je peux manger en bas si vous voulez 
dit une Lucrezia hilare qui descend les escaliers
S/ A sa décharge, elle lui a tendu une embuscade.
S/ N’empêche que si l’autre t’avais enfermé dans une cave t’aurais été content que je veille sur toi.
Elle tente de partir et il la rattrape.
S/ Tu me saoules.
L/ Merci de veiller sur moi, j’y suis sensible.
L/ T’étais déçue ?
S/ De quoi ?
L/ Pourquoi tu m’en veux alors ?
S/ Vous allez vous démerder, l’ange gardien va s’occuper de ses affaires et des Cazahorca.
Lupo la rattrape une nouvelle fois. Sperenza râle.
P/ Tu peux traumatiser les Stefani ?
S/ Si vous voulez, ça m’occupera.
E/ Sans parler de la même farce, elle peut déjà repérer comment ça marche dans leur quartier.
S/ Vous savez que j’ai fait une semaine d’observation ?
P/ Non, tu nous dit jamais rien.
Lupo la rattrape encore alors qu’elle veut se barrer.
L/ Tu vas arrêter avec les sorties théâtrales ?
S/ Ça prend du temps, c’est pas parce que ça a marché que c’est magique.
L/ Moi qui croyait que les quatre Compari étaient exceptionnels.
P/ Ah, ça c’est bien nous.
L/ Tant que j’y suis la bonne nouvelle c’est que beau papa nous a dans ses petits papiers donc il va pas nous faire liquider de suite.
P/ Ça c’est une bonne nouvelle.
E/ T’as toujours à savoir ce qui se joue chez les Carpone. Entre ton mariage et ceux qui veulent nous faire un sort. Entre Argante, Rosina. Ceux qui voudraient nous nuire.
P/ Je voudrais retourner un Carpone pas trop proche d’Argante pour avoir un autre son de cloche.
Pidocchi réfléchit à cette source potentielle sur laquelle il pourrait avoir les moyens d'avoir des informations sourcées sans dévoiler leur proximité.
P/ Je crois que j’ai une piste sur l’envers du décor des Carpone. Un type discret.
L/ Et pour Bella, on fait quoi ?
S/ En faire une apprentie du cuistot ? Ta future nourrice si tu épouses Rosina.
E/ Elle veut jouer à la petite maman.
L/ Et quand tu lui demandes ?
E/ Elle parle de faire serveuse au Bœuf. Si elle vient ici pour remplacer Pietra.
L/ Si c’est son choix.
E/ Tu penses qu’Angelo est un choix
L/ Si elle décide ça, c’est son cul.
S/ Elle voulait pas faire le tapin pour de l’argent et elle le fait pour une bouteille de pinard, c’est moche.
L/ On lui parle tous ensemble et on verra ce qu’elle dit.
S/ C’est trop important.
L/ Qu’elle soit au clair et sinon on peut ne rien faire du tout. Si elle a peur de faire autre chose, il n’est indiqué nulle part que les souriceaux ça doit être des enfants.
E/ Faut voir avec leur patron.
S/ Alors ?
P/ Alors quoi ? Moi je m’occupe des gamins des rues et à partir d’un certain âge. Ça ferait un intermédiaire et je sais pas si elle est sûre.  On peut augmenter les souriceaux en piochant côté Carpone.
E/ Ça va être compliqué de défaire un gamin de son quartier. Déjà l’Anguille sur le port il est loin si quelqu’un décide de lui en faire une.
P/ Moi ce que je veux savoir si Argante me fait une embrouille.
L/ A mon avis oui.
S/ Si il cherche juste à sauver son cul c’est humain.
L/ Moi je le sens pas. Je me méfie plus de lui que des Stefani. Je serai pas surpris que ça soit Argante qui ait monté le gars contre moi lors du mariage. Pas franc du collier et je sens Argante utiliser les autres pour ne pas s’en mêler.
P/ Et les quatre survivants, vous les reconnaîtriez ? Si y’a des Stefani qui ont été manipulés, ça peut énerver les chefs Stefani.
L/ J’ai pas de preuves de ça.
P/ Ben trouves-en.         
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Inigin
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Re: [CR] Quattro Compari - aventures à Ciudalia, d'après le roman Gagner la guerre (motorisé sous Epées & Voleurs)

Message par Inigin »

Ils sont bien civils. Chez nous ça serait parti en vrille en pas deux... oh wait. :D
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Ravortel
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Re: [CR] Quattro Compari - aventures à Ciudalia, d'après le roman Gagner la guerre (motorisé sous Epées & Voleurs)

Message par Ravortel »

Notre extrême civilitude consiste en une méthode minutieuse, extrêmement préparée, "à la Santini" : on débarque sans prévenir et on trucide tout ce qui bouge. Ensuite on fait disparaître les traces et on s'excuse auprès des veuves

Ravortel/Pido.
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