[CR][REIGN] A La Découverte d'un Nouveau Monde

Critiques de Jeu, Comptes rendus et retour d'expérience
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Jiohn Guilliann
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Message par Jiohn Guilliann »

Sammael99 a écrit :Bon, ben j'aurais pas réussi à être tout à fait à jour avant qu'on reprenne ce soir, mais comme jouer en Septembre va être compliqué, et que je vais avoir des longs vols et de soirées à l'hotel pour meubler, je devrais pouvoir rattraper à partir de la semaine prochaine !
Il te reste 3 heures.

Jiohn Guilliann
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CANARD
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Message par CANARD »

Sammael99 a écrit :Bon, ben j'aurais pas réussi à être tout à fait à jour avant qu'on reprenne ce soir, mais comme jouer en Septembre va être compliqué, et que je vais avoir des longs vols et de soirées à l'hotel pour meubler, je devrais pouvoir rattraper à partir de la semaine prochaine !
Visiblement ta situation économique se raffermit! Tant mieux!



Et pour tes joueurs, je me suis rappelé que ce qui avait permis l'exploitation économique des colonies au XVI éme c'est l'introduction de la canne à sucre, qui a elle-même engendré l'esclavage.
Canard

Les règlements doivent s'adapter à la situation et non l'inverse.

La sagesse suprême est d'avoir des rêves assez grands pour ne pas les perdre du regard tandis qu'on les poursuit. Faulkner
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Sammael99
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Message par Sammael99 »

Oh, ma situation économique personnelle n'a pas récemment été en doute, ma part de variable est plafonnée à zero en ce moment...

Par contre, l'équilibre gros contrats x temps libre le soir varie selon les mois...

Bon, hier soir, premier contact!
Mozart n'a pas écrit que le Boléro de Ravel. Mais aussi plein d'autres trucs beaucoup moins connus (comme le canon de Pachelbel). - Le Grümph
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Sans Visage
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Message par Sans Visage »

Je viens de lire les 24 pages de compte-rendu et du coup je suis en retard au taf'.
Merci beaucoup, c'est du grand art! ;)
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Sammael99
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Message par Sammael99 »

Sans Visage a écrit :Je viens de lire les 24 pages de compte-rendu et du coup je suis en retard au taf'.
Merci beaucoup, c'est du grand art! ;)
Merci pour le commentaire!

Ca fait plaisir (c'est quand même du boulot de rédiger tout ça).

Moi aussi, je suis surchargé de boulot, et du coup je n'ai pas avancé d'un iota pendant mes deux semaines aux US. Ca va encore être chaud jusqu'à la fin du mois, donc je ne garantis rien d'ici là, mais je vais essayer de m'y remettre!
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Sans Visage
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Message par Sans Visage »

J'ai bien aimé le côté Guildes ED dans ton compte rendu. Je comprends bien ce que tu as voulu trouver dans Guildes QdO: le côté vraiment découverte du Continent, être le premier à rencontrer tel peuple etc...

Bon d'un autre côté, j'adore Guildes QdO avec ses intrigues et ses coups de putes entre guildiens, l'air de rien... :D

Félicitations aussi aux joueurs vraiment RP qui ont l'air de bien s'amuser (à moins que le CR embellise le tout :P )
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Sammael99
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Message par Sammael99 »

Sans Visage a écrit :J'ai bien aimé le côté Guildes ED dans ton compte rendu. Je comprends bien ce que tu as voulu trouver dans Guildes QdO: le côté vraiment découverte du Continent, être le premier à rencontrer tel peuple etc...

Bon d'un autre côté, j'adore Guildes QdO avec ses intrigues et ses coups de putes entre guildiens, l'air de rien... :D

Félicitations aussi aux joueurs vraiment RP qui ont l'air de bien s'amuser (à moins que le CR embellise le tout :P )
Le CR contribue surtout des dialogues qui ne sont pas toujours joués exactement à l'identique et parfois donne des réparties un peu plus cinglantes qu'en vrai. Pour le reste c'est, je pense, assez fidèle.

Pour les coups de putes entre guildes, on en est qu'au début!

Concernant Guildes le JDR, ce qui m'a fondamentalement dérangé dès le départ avec ce jeu c'est cette manière de rendre le nouveau continent complètement incohérent et super héroic fantasy. J'adorais le concept du jeu mais le nouveau continent n'a jamais présenté un intérêt quelconque pour moi (et oui, je sais qu'il y a une explication métaplotique sur le pourquoi du comment. Ca ne me rend pas le truc plus sympathique).

On verra bien où nous mène cette campagne, mais pour le moment le nouveau continent n'est pas exactement dans ce genre ;)
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Message par Sammael99 »

Juste pour vous dire qu'on a repris REIGN!

N'est pas mort qui à jamais dort, tout ça!
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CANARD
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Message par CANARD »

Aaaaaah enfin!
Canard

Les règlements doivent s'adapter à la situation et non l'inverse.

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Akhad
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Message par Akhad »

Sammael99 a écrit :Le CR contribue surtout des dialogues qui ne sont pas toujours joués exactement à l'identique et parfois donne des réparties un peu plus cinglantes qu'en vrai. Pour le reste c'est, je pense, assez fidèle.
C'est vrai mais si on a pas les vrai dialogues on a pas non plus les conneries qui vont avec...
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Sammael99
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Message par Sammael99 »

Akhad a écrit :
Sammael99 a écrit :Le CR contribue surtout des dialogues qui ne sont pas toujours joués exactement à l'identique et parfois donne des réparties un peu plus cinglantes qu'en vrai. Pour le reste c'est, je pense, assez fidèle.
C'est vrai mais si on a pas les vrai dialogues on a pas non plus les conneries qui vont avec...
Bref, je vous rends indirectement intelligents, enfin, je veux dire, plus intelligents que vous n'êtes.

Oui, c'est une forme de licence poétique, quoi...
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Sammael99
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Message par Sammael99 »

Quelques jours plus tard, alors que Pierre considère que - pour le moment - le marin Clothaire n’est plus en danger, les quatre partenaires de l’expédition ainsi que Pierre l’Ange et six marins plus les deux mousses grélandais entreprennent une nouvelle exploration. Parmi les marins, il y a Anselme, qui est encore suspect aux yeux d’Henri du possible assassinat du charpentier du bord. Préférant le garder près d’eux que sans surveillance au campement, il est décidé qu’il fera partie de cette seconde mission. Comme précédemment, l’objectif est d’atteindre le point haut qu’ils aperçoivent à quelques lieues du camp, mais également d’identifier des ressources susceptibles de rapporter un bon prix à Concorde.

La première journée se déroule sans encombre. La piste précédemment taillée à la machette par Martin et les marins n’a pas encore complètement repoussé, si bien que la progression est rapide. Du coup, le premier camp est fait un peu plus loin que lors de la première expédition, entre la rivière et un dénivelé graduel dans la jungle. Cette nuit là, au cœur de la forêt, Martin décide qu’il est déraisonnable de ne pas monter la garde, et à tour de rôle les explorateurs veillent sur la sécurité de leur campement de fortune.

Au petit matin, Martin qui a pris la dernière garde réveille tout le monde. Tout le monde, sauf Anselme qui ne bouge pas lorsque l’homme d’armes lui secoue l’épaule. Martin l’examine rapidement et prend son pouls : il est mort. A son tour, Pierre l’examine rapidement, et constate qu’il a une petite morsure d’un pouce de large tout au plus à l’avant-bras. Il annonce à ses compagnons qu’il soupçonne un serpent venimeux, et prend bien soin d’observer l’arbre sous lequel ils ont dormi au cas où celui-ci abriterait l’animal assassin. Ils n’aperçoivent toutefois aucun serpent, petit ou grand.

Rapidement, Martin et les deux marins creusent une tombe et la recouvrent de ce qu’ils trouvent comme cailloux et autres morceaux de roche. Gonzague prononce quelques mots rapides en hommage du défunt (alors que secrètement, Henri comme lui sont un peu soulagés que ce potentiel assassin ne représente plus de risque…) Puis tout le monde se remet en route dans une ambiance lugubre malgré l’enthousiasme toujours intact d’Henri et Pierre. La troupe avance toujours aussi lentement, la rivière à sa gauche et la jungle impénétrable de l’œil à sa droite.

Au milieu de la seconde journée, les explorateurs passent le point où s’était brutalement interrompue leur première expédition. Après quelques heures de progression de plus en plus pénible en raison de la végétation de plus en plus dense et de la menace d’Angelus Versicolores, Martin arrête soudain ses compagnons d’un geste. Il vient d’apercevoir, dans un bras fangeux de la rivière qu’ils longent un éclat brillant qui ne peut pas être juste un reflet du soleil sur l’eau.

Les autres s’approchent de la rive et examinent l’endroit que pointe Martin. En effet, il y a quelque chose sous l’eau trouble qui reflète puissamment la lumière. Gonzague décide d’y aller pour voir de quoi il s’agit. Martin préfère quand même tester l’eau avant avec un bâton pour s’assurer qu’un prédateur quelconque n’y réside pas, mais ça ne semble pas être le cas, on aperçoit juste ça où là des petits poissons enfouis dans la vase.

Gonzague descend dans l’eau jusqu’à la taille et se penche pour extirper bientôt de l’eau un morceau de roche dont un coin brisé laisse entrevoir un cœur cristallin de couleur verte.

- « Une émeraude, une putain d’émeraude ! » crie-t’il de joie.

Mais son cri se transforme vite en hurlement de douleur. En effet, ses jambes sont maintenant en feu, comme s’il venait de se faire transpercer la chair par des aiguilles innombrables. Il titube vers la rive, toujours hurlant, mais gardant les mains crispées sur sa trouvaille. Martin et Pierre le hissent hors de l’eau pour constater immédiatement que ses jambes sont couvertes de petits poissons aux dents acérées. Pierre allonge le capitaine blessé et d’une main experte tranche les corps des poissons voraces avant de détacher précautionneusement les mâchoires toujours fichées dans la chair grêle de Gonzague.

Le résultat n’est pas beau à voir. Pierre a tout juste assez de charpie pour bander les jambes du capitaine qui ne peut plus marcher tellement la douleur le fait souffrir. Au bout de quelques temps, il cesse de hurler pour se mettre à pester et bougonner. Pour ses compagnons, c’est rassurant puisqu’il s’agit là de son état normal.

- « Bon, on a trouvé un truc qui doit valoir du pognon, au moins. Eh, le naturaliste, c’est bien une émeraude, c’est pas un morceau de verre coloré, au moins ? »

- « Je ne suis pas expert en gemmologie », répond Pierre, « mais vu l’agencement des cristaux, je pense en effet qu’il s’agit bien d’une pierre précieuse, encore que je ne puisse pas affirmer qu’il s’agit d’une émraude… »

- « Ca on s’en cogne du moment que ça rapporte. Les gars, il va falloir réfléchir à une manière de creuser dans le bras de rivière sans se faire bouffer par les merdes à dents, là… »

L’immobilité forcée du capitaine amène Martin à décider d’installer le camp aux environs de la rivière pour le reste de la journée. Il vérifie tout d’abord qu’il n’y a pas d’Angelus à l’affut puis dégage à la torche une zone de quelques mètres de diamètre. Il tranche également toutes les lianes basses qu’il peut attendre, tout cela dans l’espoir de minimiser les risques de serpents ou d’araignées.

Durant le reste de l’après-midi, Pierre examine de plus près les corps des poissons carnivores. Il en dépèce plusieurs et examine leurs mâchoires de près :

- « C’est intéressant, vous savez ! » dit-il à la cantonade quelques heures plus tard. « On dirait vraiment des Angelus Versicolores en plus petit, et en poissons… En tous cas, on devrait les baptiser Gonzagovores ! »
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Sans Visage
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Message par Sans Visage »

Hola , ça fait plaisir de le voir revivre ce CR! :bierre:

J'aime bien ces petits poissons, ça a l'air sympa comme ça!
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Message par Hybban »

Houray for the Gonzagovores!!!!
Content de voir le CR de retour!

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Message par Sammael99 »

Le soir venu, autour d’un feu tant bien que mal établi par Martin et Pierre malgré l’humidité ambiante, un débat animé prend vie autour de la marche à suivre. Henri et Pierre souhaitent continuer l’expédition en laissant Gonzague et quelques hommes assurer la sécurité d’un camp de base. Gonzague et Jehan préfèreraient rentrer au navire pour que le capitaine puisse guérir dans de bonnes conditions. Martin, comme souvent, reste neutre.

Finalement, il est décidé qu’Henri, Pierre et Martin partiront en exploration avec quelques hommes et les mousses, mais pour une journée seulement. Ils reviendront au camp principal le soir. Pendant ce temps, Jehan et les marins restants prépareront un radeau pour pouvoir ramener Gonzague au navire. Tard dans la nuit, alors que tout le monde dort sauf ceux qui montent la garde, Henri reste éveillé. A l’aide d’une petite lumière, il scrute de l’eau qu’il a placée dans une vasque en bois qu’il a emportée avec lui tout en marmonnant des paroles étranges…

Le lendemain à l’aube, c’est donc une expédition quelque peu allégée qui se met en route en direction de l’est. Les premières heures de marche sont très ardues : à la végétation dense s’ajoute un sol boueux et en pente qui cause glissades et autres chutes intempestives. Toutefois, sous les coups de machette de Martin, parfois relayé par Pierre, un chemin est taillé et la petite troupe progresse jusqu’à la mi-journée. Pierre ramasse régulièrement des spécimens de plantes et autres racines pour une observation ultérieure. Il identifie en particulier un bulbe brun à la chair fibreuse qu’il se promet d’examiner plus tard car il lui rappelle un peu la gimbre Meurse.

Peu de temps avant qu’ils ne décident à se poser pour se restaurer, Martin croit percevoir un mouvement dans les hautes branches d’un arbre à longues lianes. Il prévient les autres, qui s’arrêtent, et tout le monde scrute les hauteurs jusqu’à ce qu’Annek confirme qu’il s’agit bien de reptiles accrochés aux branches. Martin décide alors de tester une théorie. Il s’approche prudemment et sans faire de bruit, le bras levé, protégé par un sac en cuir bien rembourré. Lorsqu’il est précisément sous les Angelus, une grappe de ceux-ci se laisse tomber. Il parvient à les esquiver, et l’un d’entre eux se fiche dans son sac. Il s’empresse de lui trancher la gorge.

- « Bon, ben maintenant on en est sûr », déclare Martin, c’est leur technique de chasse, pas juste une malchance épouvantable la dernière fois. Saleté de bête, tiens… »

Alors qu’ils reprennent la route, Henri vide un de ses sacs, le rembourre de fougères et autres herbes et le noue à son bras droite comme l’a fait Martin en s’approchant des Angelus…

Après s’être brièvement restaurés, la troupe reprend son exploration. Ils semblent avoir atteint un plateau et l’avancée n’est donc plus si pénible. Alors qu’ils avancent sous les frondaisons, Pierre aperçoit un arbre à l’apparence étrange en contrebas et demande aux autres de le laisser l’examiner. Lui et Henri s’avancent vers l’arbre et sont stupéfaits de ce qu’ils découvrent : l’arbre en lui-même est étonnant, son tronc est presque vertical et sans aucune branche jusqu’à plusieurs mètres de hauteur. Mais surtout, ce qui laisse les deux hommes pantois c’est que l’écorce de l’arbre est entièrement gravée d’entrelacs et de motifs géométriques qui ne sont clairement artificiels !

Henri crie de joie :

- « Des hommes ! Il y a des hommes ici ! Vite, il faut que nous continuions, on doit absolument les rencontrer ! »

- « Ouais, ben si tu continues à gueuler comme ça on va certainement rencontrer pas mal de choses avec des dents qui t’empêcheront peut-être à tout jamais de rencontrer des hommes, alors tu la fermes. Un peu de discrétion, merde ! », rétorque Martin.

Pendant ce temps, Pierre examine les gravures. Il sort un parchemin - le plus fin dont il dispose - et un fusain et essaie de créer une impression des gravures sur son parchemin. Ensuite, il examine le bois lui-même et, alors que Martin et Henri finissent de s’interpeller de noms d’oiseaux, il en conclut que le bois est imputrescible puisque malgré les profondes entailles qui en ont blessé l’écorce, il est parfaitement sain.

Mais les considérations botaniques du jeune homme sont interrompues par un claquement qui retentit dans la forêt, non loin de la troupe. C’est un bruit sec et puissant qui se réverbère pendant de longues secondes dans les branchages. Martin pense y reconnaître le même son que celui qui avait troublé la toute première nuit dans la jungle lors de la première expédition.

La troupe décide de se diriger prudemment dans la direction d’où il pense que le son a été émis. Au bout de quelques centaines de pas, ils arrivent dans une grande clairière au centre de laquelle trône un arbre immense. Autour de sa base, on aperçoit quelques énormes fruits de la taille d’une citrouille, de couleur verte et dont la peau est crénelée. Pierre s’approche d’un des fruits pour l’examiner et se rend compte que le sol est poisseux et couvert de débris de ce qu’il suppose être ces mêmes fruits.

Pierre soupèse le fruit et le trouve extrêmement lourd. Il essaie d’entailler la peau avec sa dague pour regarder la nature de la chair mais ne parvient qu’à très légèrement entailler une écorce qui semble plus dure que du cuir. Enfin, il constate que le fruit est légèrement chaud au toucher. Il décide d’en prendre un spécimen dans son sac à dos.

Henri insiste pour que la troupe continue vers l’ouest, bien que ce soit déjà l’après-midi. Martin hésite, mais Henri sait se montrer persuasif :

- « On a déjà taillé la route, on sera rentré en un rien de temps ! On peut encore explorer pendant au moins deux ou trois heures ! Et puis on est forcément près d’habitations ! Ce serait absurde de ne pas chercher à établir un contact avec les indigènes ! »

La troupe repart donc. Bien que la pente soit moins nette que sur la première partie de leur voyage, l’ascension reprend avec son lot de difficultés. Finalement, la troupe atteint un nouveau plateau. Ils s’arrêtent pour souffler quelques instants, et soudain Martin chuchote :

- « Personne ne bouge, personne n’émet un son. Je viens d’apercevoir un homme planqué dans le creux d’une grosse racine. Il ne bouge pas, je pense pas qu’il nous ait entendu. »

Martin arme son arbalète, mais Henri, qui a maintenant vu la silhouette, se lève d’un coup et, les mains levées, s’approche de la cachette de l’homme.

- « Mon ami ! » dit-il tout en avançant doucement.

Martin peste intérieurement, mais il suit Henri quelques mètres derrière et tient son arbalète maintenant chargée prête à tirer.

Henri commence à mieux distinguer l’homme caché sous la racine. Il a une peau jaune un peu cuivrée, est presque nu à l’exception d’un pagne qui cache ses parties génitales et semble prostré sous la racine. Il ne bouge toujours pas alors qu’Henri continue de s’approcher. Martin commence à avoir des doutes :

- « Henri, c’est peut-être un piège ! »

- « Mais non, monsieur est intimidé, c’est tout », répond l’érudit d’une voix légère.

C’est à ce moment là qu’un léger craquement se fait entendre. Des ombres reptiliennes tombent du ciel sur Martin et Henri. Ce dernier lève son bras droit et un Angelus vient se ficher dans le sac rembourré qu’il avait prévu à cet effet. Martin n’a pas cette chance et une des créatures vient mordre son épaule. Il lâche son arbalète, dégaine sa dague et, dans le même geste, décapite l’Angelus. Les autres bêtes, bredouilles, rampent à toute vitesse jusqu’à un arbre proche.

- « Putain, c’que je peux détester ces saloperies ! » s’exclame Martin tandis que Pierre panse sa blessure.

- « A ce propos, Henri», demande Pierre, « tu as préparé un sac pour protéger ton bras ce matin. Comment savais-tu qu’il allait te servir ? »

- « Une vision. J’ai vu que j’allais me faire manger le bras par un Angelus donc j’ai pris mes précautions. Je ne savais pas quand j’en aurais besoin, mais je savais que j’allais en avoir besoin ! »

Henri se tourne de nouveau vers l’homme prostré qui n’a toujours pas bougé. Il se penche vers le visage tatoué de l’homme et deux orbites vides et purulentes lui font face. Il recule, interloqué et horrifié. Une fois remis de sa surprise, il prend le poignet de l’homme et constate qu’il est mort.

Pierre examine rapidement le cadavre et détermine qu’il a du mourir tout au plus deux jours plus tôt, sans doute moins. Il a de toute évidence été énucléé avec une lame ou un autre objet tranchant, mais bien que récents, ce ne sont pas ces sévices qui semblent l’avoir tué mais plutôt l’épuisement et la faim. Les tatouages qui couvrent l’entièreté de son visage sont à base de motifs géométriques et d’entrelacs qui ne sont pas sans rappeler les gravures vues plus tôt sur le tronc d’arbre.

- « Bon, il est clair que des habitations ne sont pas loin, on continue ! » entonne Henri avec enthousiasme.

Les autres le suivent, mais Martin est un peu inquiet maintenant, et Annek et Börne sont visiblement terrifiés et restent non loin de lui.
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