[CR] Nobilis
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Re: [CR] Nobilis
Nobilis, ça a l'air toujours aussi bien mais je n'y comprends toujours autant rien.
Et toutes mes excuses pour l'étrange tournure française.
Chavirobilis
Et toutes mes excuses pour l'étrange tournure française.
Chavirobilis
L'OSR est le véganisme du JDR
«Les rôlistes ont bien raison de se défendre des machines à saucisses»(Romaric B.)
«Un TPK d'entrée, c'est bon»(Dude)
«Quand les joueurs en ont marre de voir leurs PJ sodomiser des poney morts, ils commencent à jouer»(Dr Dandy)
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Re: [CR] Nobilis
Raaah! chaosorcier qui lit en boucle son Nobilis tout les 6 mois sans vraiment réussir à faire une partie avec, alors qu'il complétement fana du jeu.
Ninjak: "Why is it whenever i employ a stratagem, the idiot i use it against labels me a coward ?"
X-O Manowar 7# (2012)
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- Salanael
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Re: [CR] Nobilis
Je sais, j'étais comme ça aussi il y a un peu plus d'un an. Puis je me suis dit qu'un gros auto-coup de pied au cul me ferait du bien. Et je ne regrette pas.
Si le CR peut te motiver à plonger dedans toi aussi, c'est tant mieux. Surtout qu'avec celui de Loris en prime, tu as déjà deux types de jeu différents pour t'inspirer.
Si le CR peut te motiver à plonger dedans toi aussi, c'est tant mieux. Surtout qu'avec celui de Loris en prime, tu as déjà deux types de jeu différents pour t'inspirer.
- Alahel
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Re: [CR] Nobilis
Comme dit dans le fred WH3, pour comprendre, faut avoir lu le bouquinchaviro a écrit :Nobilis, ça a l'air toujours aussi bien mais je n'y comprends toujours autant rien.
Et toutes mes excuses pour l'étrange tournure française.
Chavirobilis

Alahel qui lui aussi trouve ça intéressant, mais n'y entrave rien de rien !
ATTENTION : POLEMISTE !
Alahel, c'est le Eric Zemmour du Jeu de Rôle !!!
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- CANARD
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Re: [CR] Nobilis
En gros, tu joues un concept. Moi c'est l'errance! A priori ca semble vraiment trop tordu mais lorsque l'idée m'est venue en lisant le bouquin de Nicolas Bouvier, le fait de prendre l'auteur comme personnage physique donnait du corps. Ca devenait déja plus simple, plus concret. J'ai hésité d'ailleurs par après à prendre Ulysse comme personnage. Je pense d'ailleurs avoir dit (ou l'avoir pensé très fort) à la DRT que le héros de l'Odyssée avait été le nobilis de l'errance précédemment mais que pour une raison à déterminer il ne l'était plus.
Le plus dur c'est le système de résolution sans dé qui demande d'être très bien intégré par la DRT. Nous avons laissé cette lourde tâche à Salanael et il fait ca très bien.
Je pense que le principal problème viendra de là d'ailleurs. En deux scénario je n'ai pratiquement pas dépensé de points pour réussir mes actions tant ce que je peux déja réussir sans efforts est parfaitement grosbillesque. Pour vraiment rencontrer des difficultés, il faudrait me lancer des défis surhumains ou affronter des ennemis plus puissants. J'ai un peu peur de la surenchère.
L'univers pourrait paraitre complètement ingérable mais c'est surtout parcequ'il permet à peu près tout. Il est somme toute à l'image des capacités des persos. Avoir beaucoup de libertés n'est pas un mal. C'est flippant mais c'est également très excitant! J'espère que Salanael commencera "la tour sombre" et trouvera là matière à un scénario, une petite errance dans l'entre-deux monde.
Le plus dur c'est le système de résolution sans dé qui demande d'être très bien intégré par la DRT. Nous avons laissé cette lourde tâche à Salanael et il fait ca très bien.

L'univers pourrait paraitre complètement ingérable mais c'est surtout parcequ'il permet à peu près tout. Il est somme toute à l'image des capacités des persos. Avoir beaucoup de libertés n'est pas un mal. C'est flippant mais c'est également très excitant! J'espère que Salanael commencera "la tour sombre" et trouvera là matière à un scénario, une petite errance dans l'entre-deux monde.
Canard
Les règlements doivent s'adapter à la situation et non l'inverse.
La sagesse suprême est d'avoir des rêves assez grands pour ne pas les perdre du regard tandis qu'on les poursuit. Faulkner
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- CANARD
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Re: [CR] Nobilis
J'espère que Salanael aura le temps de rédiger les deux CR qui manquent car cela en vaudra le coup. Hier soir il nous a vraiment fait réver avec une longue errance entre Pekin, Moscou, Israel et notre royaume à la poursuite d'un renne. Mon perso en a eu pour son compte. C'était magique.
Il y a un mois déja nous avions tenté de sauver le vieux Pekin de l'urbanisation galopante. Ce ne fût pas facile! L'opposition fut corsée et l'issue vraiment originale. A ne pas manquer.
Bref en quatre séances maintenant, nous avons déja bien pu nous rendre compte du potentiel incroyable de Nobilis ..... et de Salanael en tant que conteur.
Vivement la prochaine.
Il y a un mois déja nous avions tenté de sauver le vieux Pekin de l'urbanisation galopante. Ce ne fût pas facile! L'opposition fut corsée et l'issue vraiment originale. A ne pas manquer.
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Vivement la prochaine.
Canard
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Re: [CR] Nobilis
Nobilis pour les nuls : http://kedrik.googlepages.com/Nobilis.pdf
Loris.
PS : en effet, Salanael a l'air d'être un MJ du tonnerre !
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"Over the centuries, mankind has tried many ways of combating the forces of evil... prayer, fasting, good works and so on. Up until 'DooM', no one seemed to have thought about the double-barrel shotgun. Eat leaden death, demon!"
~Terry Pratchett
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- Salanael
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Re: [CR] Nobilis
Un peu à la bourre, voici le CR du mois de janvier nommé :
Troisième partie : Pékin, entre Tradition et Modernité
Suite directe du précédent scénario. Le joueur d'Ambroise étant absent, son personnage a décidé d'aller lire des textes de Lao Tseu concernant le Vide. Laissant Mori (toujours blessée) et Nicolas terminer d'enquêter sur la menace qu'ils pensent avoir éradiquée.
La première chose qu'ils font, c'est étudier la sphère que l'Écharde avait brandie face à Mori. Ils apprennent ainsi que c'est un Focus de Primartial, et que Mori s'est gentillement pris un Vent de Haine et une Douleur Indomptable dans la face. Ça ne les avance pas beaucoup, mais savoir déjà mettre un nom sur ce qui vous fait mal, ça rassure. Au passage, le Focus commence à disparaître de la Réalité, laissant peu de chance au joueurs de pouvoir s'en servir à l'avenir.
Ils continuent bien sur par l'appartement où s'était installée l'Echarde de Primartial. Visiblement, la police est passée mais juste pour constater les dégâts. La porte est encore ouverte, mais l'appartement a l'air vide. Ils s'introduisent et commencent à rechercher divers éléments qui pourraient les guider sur les buts de feu leur ennemi. Ils finissent par tomber sur un texte dans un langage qu'il ne savent déchiffrer, ce qui n'est pas donné quand on a la capacité de lire toutes les langues. Ils sont à cette découverte quand le concierge de l'immeuble leur demande ce qu'ils font là. Les joueurs tentent un gros coup de bluff pour faire croire qu'ils sont des connaissances du locataire qui s'étonnent de son absence. Le concierge avoue ne pas savoir non plus où il est passé. Il a trouvé l'appartement fermé mais à la vitre brisée (actuellement fermée par un plastique de fortune). Aucune trace du corps ou de quoique ce soit en contrebas et aucune idée du rapport avec l'appartement dévasté en face. Nicolas envoie littéralement se balader le concierge (évidemment, le Domaine de l'Errance, ça aide) pour leur laisser le temps de partir et d'emporter l'ordinateur portable qui traîne là.
Au moment de s'en aller, ils aperçoivent en face de l'appartement, fouillant les décombres du vis à vis, deux silhouettes féminines. L'une éthérée, fine et gracieuse. L'autre, à l'âge indéterminé mais au sourire pourtant déjà bien connu. Ce sont Annabelle Zupay, Puissance des Pistes rencontrée au premier Conte et sa sœur Caelestis, Hélissent de Reymes, Puissance des Labyrinthes, venues enquêter sur les activités du Primartial. Réunis tous les quatre autour d'un thé, la conversation tourne bien entendu autour des événements de la veille. Annabelle leur révèle au passage qu'elle et sa sœur ont une fonction inquisitrice au sein de la Société des Nobles. Mori et surtout Nicolas se font un plaisir de leur faire part de tous les éléments dont ils disposent. Mori aurait aimé qu'ils soient plus discret mais Nicolas n'a que l'envie de plaire à la troublante Annabelle. Celle-ci est très intéressée par les documents trouvés par les PJ qui est écrit dans une langue de l'Extérieur qu'elle semble lire sans trop de difficultés comme étant des recherches sur la possibilité d'ouvrir un passage au travers du Mur Mystérieux. Les joueurs profitent de ce petit dîner improvisé pour se mettre au courant des us et coutumes des Nobles. Entre autres, Nicolas demande s'il ne serait de bon ton de faire une fête en leur Sanctuaire pour marquer leur aNoblissement et faire connaissance avec cette société. Enthousiaste, Annabelle approuve totalement et propose même de les aider à faire une liste des invités. Nicolas est tout en joie d'avoir une occasion de revoir Annabelle, Mori commence à la trouver trop polie pour être honnête même si elle s'abstient de trop manifester sa suspicion. Les deux groupes se séparent, l'un retournant à l'enquête sur les agissement du Primartial, l'autre (les PJ) se rendant dans les vieux quartiers de Pékin pour lesquels Mori s'est prise d'affection.
Ces vieux quartiers sont en effet en passe d'être détruits pour permettre le passage du 7ème ring de Pékin. Les esprits-lézards des Hutongs fuient devant l'avancée inéluctable d'un énorme nuage sombre parsemé d'éclairs et à la bouche large avalant tout sur son passage. Les pauvres esprits des siheyuans, eux, ne peuvent que regarder l'avancer de leur destin avec fatalité. Derrière le nuage menaçant, se dressent les nouveaux habitants de Pékin : de grandes dames de verre et d'acier aux pieds desquelles glissent de longs serpents noirs comme la nuit et des fourmis par millions parcourant ces serpents pour apporter offrandes et nourriture à ces nouvelles déesses. Tel est l'avenir qu'apporte Taoti pour la Chine. Cet énorme esprit, allégorie de l'avancée implacable de la modernité n'entends pas être raisonné par les argumentations des deux Nobles. Il ne se reconnaît aucun maître, aucune limite et voit son rôle comme une noble fonction destinée à remplacé les vieilles demeures poussiéreuses et vieillissantes par une ville neuve et vivante ... rien de tel pour faire bouillir intérieurement Mori. Elle n'ose pourtant lutter de front contre cet esprit (la description de la bête et ma grosse voix doivent y être pour quelque chose sans doute). Son discours n'est pas totalement cohérent, notamment quand il doit admettre que certains esprits son hors de sa portée (notamment l'Océan) mais il essaye de tourner ça en choix personnel, non sans manifester une certaine gêne. Il n'empêche qu'il refuse d'épargner les vieux quartiers et tente même de les dévorer. Nicolas réagit en provoquant des mouvement de foule contre les forces de l'ordre qui, dans la Réalité Prosaïque, viennent exproprier de force les habitants du quartier. Cela tourne pratiquement à l'inti fada jusqu'à ce que Mori lance une Préservation Mineure sur le quartier. Aussitôt, un supérieur des forces des l'ordre débarque et engueule le chef de peloton parce qu'il s'est trompé de quartier, que celui-ci a obtenu une dérogation pour sa sauvegarde. Taoti, de son côté, n'apprécie guère que cet îlot de vétusté résiste à son emprise. Cela se termine par une brève altercation où Nicolas blesse la créature d'un violent coup dans la mâchoire.
Cette affrontement a fini par attirer l'attention de la Puissance de la Modernité, Georges Jaïs,réelle maîtresse de Taoti. Georges Jaïs est exactement l'opposé de Mori, c'est une grande bringue, habillée comme une garçonne mais avec des talons suffisamment longs et pointus pour trouver du pétrole en marchant, un porte cigarette à la main, les cheveux courts plaqués en arrière. Le débat entre la modernité et la conservation du patrimoine ancien reprend de plus belle entre les deux dames ... sans issue possible entre ces deux fortes personnalités. Annabelle et Hélissent, attirées par toute cette activité (et par les miracles lancés), proposent de résoudre cette situation par un Défi des Trois. Mori et Georges vont toutes deux lacer alternativement trois miracles concernant cette affaire et attendre un an pour voir le résultat.
Mori effectue une Préservaton Majeure de l'intégrité des vieux quartier. Georges, pour sa part, effectue une Création Mineure avec un projet de ring suspendu qui recouvrirait ces vieux quartiers si bien préservés. Mori répond en créant un esprit de la ruine qui accroîtrait l'usure du temps au dessus d'une certaine hauteur à Pékin. Pour protéger ses créations, Georges effectue à son tour un miracle de Préservation Majeure, mais sur les nouveaux quartiers cette fois-ci. Pour être sure de son coup, Mori crée dans la législation chinoise, un code de protection du patrimoine ancien en ruine. Georges, pour plus de sûreté aussi, décide de renforcer sa création, Taoti, en le protégeant par une Préservation Mineure. Les protagonistes devront attendre un an et un jour pour voir ce qu'il ressortira de ces miracles...si elles en ont la patience.
Bon, ce scénario avait surtout pour objectif de placer les joueurs dans la société Noble, en bien ou en mal et de faire la part belle au domaine de Mori sans trop léser Nicolas. De ce côté là, je suis content, objectif atteint. Là où j'ai commencé un peu à paniquer, c'est quand les joueurs sont partis sur l'idée de que comme Taoti craignait l'Océan, il y avait peut-être moyen de demander l'aide de celui-ci pour éliminer Taoti. Vous imaginer mes joueurs faire engloutir Pékin par un raz de marée gigantesque, vous imaginez les conséquences de ce petit "incident" dans la société Noble et vis à vis d'Entropie. Heureusement, ils n'en ont rien fait (ils ont du lire sur mon visage que l'idée me foutait les boules). Remarquez, la petite révolte menée par Nicolas, j'ai été un peu trop gentil sur ce coup là, la répression aurait du être plus violente, beaucoup plus violente. Je crois que je n'arrive pas encore à rendre le côté sombre de la Terre de Nobilis. Le problème, c'est qu'après ça, j'ai eu tendance à être un peu trop dirigiste, ou plutôt à les laisser appuyer sur tous les boutons jusqu'à ce qu'ils en trouvent un qui fonctionne vraiment, en me donnant à moi-même l'impression de ne pas être cohérent. Mais bon, ils n'y ont vu que du feu parait-il, c'est ça qui compte.
Pour la prochaine partie, je vais (j'ai, elle a déjà été faite lundi) essayer de revenir à une ambiance plus proche de la première partie.
Troisième partie : Pékin, entre Tradition et Modernité
Suite directe du précédent scénario. Le joueur d'Ambroise étant absent, son personnage a décidé d'aller lire des textes de Lao Tseu concernant le Vide. Laissant Mori (toujours blessée) et Nicolas terminer d'enquêter sur la menace qu'ils pensent avoir éradiquée.
La première chose qu'ils font, c'est étudier la sphère que l'Écharde avait brandie face à Mori. Ils apprennent ainsi que c'est un Focus de Primartial, et que Mori s'est gentillement pris un Vent de Haine et une Douleur Indomptable dans la face. Ça ne les avance pas beaucoup, mais savoir déjà mettre un nom sur ce qui vous fait mal, ça rassure. Au passage, le Focus commence à disparaître de la Réalité, laissant peu de chance au joueurs de pouvoir s'en servir à l'avenir.
Ils continuent bien sur par l'appartement où s'était installée l'Echarde de Primartial. Visiblement, la police est passée mais juste pour constater les dégâts. La porte est encore ouverte, mais l'appartement a l'air vide. Ils s'introduisent et commencent à rechercher divers éléments qui pourraient les guider sur les buts de feu leur ennemi. Ils finissent par tomber sur un texte dans un langage qu'il ne savent déchiffrer, ce qui n'est pas donné quand on a la capacité de lire toutes les langues. Ils sont à cette découverte quand le concierge de l'immeuble leur demande ce qu'ils font là. Les joueurs tentent un gros coup de bluff pour faire croire qu'ils sont des connaissances du locataire qui s'étonnent de son absence. Le concierge avoue ne pas savoir non plus où il est passé. Il a trouvé l'appartement fermé mais à la vitre brisée (actuellement fermée par un plastique de fortune). Aucune trace du corps ou de quoique ce soit en contrebas et aucune idée du rapport avec l'appartement dévasté en face. Nicolas envoie littéralement se balader le concierge (évidemment, le Domaine de l'Errance, ça aide) pour leur laisser le temps de partir et d'emporter l'ordinateur portable qui traîne là.
Au moment de s'en aller, ils aperçoivent en face de l'appartement, fouillant les décombres du vis à vis, deux silhouettes féminines. L'une éthérée, fine et gracieuse. L'autre, à l'âge indéterminé mais au sourire pourtant déjà bien connu. Ce sont Annabelle Zupay, Puissance des Pistes rencontrée au premier Conte et sa sœur Caelestis, Hélissent de Reymes, Puissance des Labyrinthes, venues enquêter sur les activités du Primartial. Réunis tous les quatre autour d'un thé, la conversation tourne bien entendu autour des événements de la veille. Annabelle leur révèle au passage qu'elle et sa sœur ont une fonction inquisitrice au sein de la Société des Nobles. Mori et surtout Nicolas se font un plaisir de leur faire part de tous les éléments dont ils disposent. Mori aurait aimé qu'ils soient plus discret mais Nicolas n'a que l'envie de plaire à la troublante Annabelle. Celle-ci est très intéressée par les documents trouvés par les PJ qui est écrit dans une langue de l'Extérieur qu'elle semble lire sans trop de difficultés comme étant des recherches sur la possibilité d'ouvrir un passage au travers du Mur Mystérieux. Les joueurs profitent de ce petit dîner improvisé pour se mettre au courant des us et coutumes des Nobles. Entre autres, Nicolas demande s'il ne serait de bon ton de faire une fête en leur Sanctuaire pour marquer leur aNoblissement et faire connaissance avec cette société. Enthousiaste, Annabelle approuve totalement et propose même de les aider à faire une liste des invités. Nicolas est tout en joie d'avoir une occasion de revoir Annabelle, Mori commence à la trouver trop polie pour être honnête même si elle s'abstient de trop manifester sa suspicion. Les deux groupes se séparent, l'un retournant à l'enquête sur les agissement du Primartial, l'autre (les PJ) se rendant dans les vieux quartiers de Pékin pour lesquels Mori s'est prise d'affection.
Ces vieux quartiers sont en effet en passe d'être détruits pour permettre le passage du 7ème ring de Pékin. Les esprits-lézards des Hutongs fuient devant l'avancée inéluctable d'un énorme nuage sombre parsemé d'éclairs et à la bouche large avalant tout sur son passage. Les pauvres esprits des siheyuans, eux, ne peuvent que regarder l'avancer de leur destin avec fatalité. Derrière le nuage menaçant, se dressent les nouveaux habitants de Pékin : de grandes dames de verre et d'acier aux pieds desquelles glissent de longs serpents noirs comme la nuit et des fourmis par millions parcourant ces serpents pour apporter offrandes et nourriture à ces nouvelles déesses. Tel est l'avenir qu'apporte Taoti pour la Chine. Cet énorme esprit, allégorie de l'avancée implacable de la modernité n'entends pas être raisonné par les argumentations des deux Nobles. Il ne se reconnaît aucun maître, aucune limite et voit son rôle comme une noble fonction destinée à remplacé les vieilles demeures poussiéreuses et vieillissantes par une ville neuve et vivante ... rien de tel pour faire bouillir intérieurement Mori. Elle n'ose pourtant lutter de front contre cet esprit (la description de la bête et ma grosse voix doivent y être pour quelque chose sans doute). Son discours n'est pas totalement cohérent, notamment quand il doit admettre que certains esprits son hors de sa portée (notamment l'Océan) mais il essaye de tourner ça en choix personnel, non sans manifester une certaine gêne. Il n'empêche qu'il refuse d'épargner les vieux quartiers et tente même de les dévorer. Nicolas réagit en provoquant des mouvement de foule contre les forces de l'ordre qui, dans la Réalité Prosaïque, viennent exproprier de force les habitants du quartier. Cela tourne pratiquement à l'inti fada jusqu'à ce que Mori lance une Préservation Mineure sur le quartier. Aussitôt, un supérieur des forces des l'ordre débarque et engueule le chef de peloton parce qu'il s'est trompé de quartier, que celui-ci a obtenu une dérogation pour sa sauvegarde. Taoti, de son côté, n'apprécie guère que cet îlot de vétusté résiste à son emprise. Cela se termine par une brève altercation où Nicolas blesse la créature d'un violent coup dans la mâchoire.
Cette affrontement a fini par attirer l'attention de la Puissance de la Modernité, Georges Jaïs,réelle maîtresse de Taoti. Georges Jaïs est exactement l'opposé de Mori, c'est une grande bringue, habillée comme une garçonne mais avec des talons suffisamment longs et pointus pour trouver du pétrole en marchant, un porte cigarette à la main, les cheveux courts plaqués en arrière. Le débat entre la modernité et la conservation du patrimoine ancien reprend de plus belle entre les deux dames ... sans issue possible entre ces deux fortes personnalités. Annabelle et Hélissent, attirées par toute cette activité (et par les miracles lancés), proposent de résoudre cette situation par un Défi des Trois. Mori et Georges vont toutes deux lacer alternativement trois miracles concernant cette affaire et attendre un an pour voir le résultat.
Mori effectue une Préservaton Majeure de l'intégrité des vieux quartier. Georges, pour sa part, effectue une Création Mineure avec un projet de ring suspendu qui recouvrirait ces vieux quartiers si bien préservés. Mori répond en créant un esprit de la ruine qui accroîtrait l'usure du temps au dessus d'une certaine hauteur à Pékin. Pour protéger ses créations, Georges effectue à son tour un miracle de Préservation Majeure, mais sur les nouveaux quartiers cette fois-ci. Pour être sure de son coup, Mori crée dans la législation chinoise, un code de protection du patrimoine ancien en ruine. Georges, pour plus de sûreté aussi, décide de renforcer sa création, Taoti, en le protégeant par une Préservation Mineure. Les protagonistes devront attendre un an et un jour pour voir ce qu'il ressortira de ces miracles...si elles en ont la patience.
Bon, ce scénario avait surtout pour objectif de placer les joueurs dans la société Noble, en bien ou en mal et de faire la part belle au domaine de Mori sans trop léser Nicolas. De ce côté là, je suis content, objectif atteint. Là où j'ai commencé un peu à paniquer, c'est quand les joueurs sont partis sur l'idée de que comme Taoti craignait l'Océan, il y avait peut-être moyen de demander l'aide de celui-ci pour éliminer Taoti. Vous imaginer mes joueurs faire engloutir Pékin par un raz de marée gigantesque, vous imaginez les conséquences de ce petit "incident" dans la société Noble et vis à vis d'Entropie. Heureusement, ils n'en ont rien fait (ils ont du lire sur mon visage que l'idée me foutait les boules). Remarquez, la petite révolte menée par Nicolas, j'ai été un peu trop gentil sur ce coup là, la répression aurait du être plus violente, beaucoup plus violente. Je crois que je n'arrive pas encore à rendre le côté sombre de la Terre de Nobilis. Le problème, c'est qu'après ça, j'ai eu tendance à être un peu trop dirigiste, ou plutôt à les laisser appuyer sur tous les boutons jusqu'à ce qu'ils en trouvent un qui fonctionne vraiment, en me donnant à moi-même l'impression de ne pas être cohérent. Mais bon, ils n'y ont vu que du feu parait-il, c'est ça qui compte.
Pour la prochaine partie, je vais (j'ai, elle a déjà été faite lundi) essayer de revenir à une ambiance plus proche de la première partie.
Dernière modification par Salanael le sam. févr. 20, 2010 8:59 pm, modifié 2 fois.
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Re: [CR] Nobilis
Excellent! Le rendu est fidèle.
(hormis peut-être les grandes dames de verres, les serpents noirs et autres bizarerries qui rendaient la destruction de ces quartiers vraiment inquiétantes. ) Tu es vraiment très fort pour rendre le monde mythique impressionnant.
Concernant Taoti et l'océan, je ne me souviens pas que nous ayions eu l'idée d'ensevelir Pekin sous un raz de marée. Je crois plutôt que nous avions parlé de diriger ce rejeton de la modernité vers les quartiers côtiers, de lui faire croire que les villes les plus à la pointe, genre Tokyo, avait toute un quartier construit directement sur la mer (ile artificielle) et lorsqu'il aurait mordu à l'hameçon de demander à l'océan d'engloutir l'île.
Sinon tu es toujours trop dur avec toi-même. L'idée des trois défis était magnifique. On s'est vraiment décarcassé pour trouver trois miracles (et le deuxième est de très loin mon préféré/ que va t'il rester de cette ville dans un an?/ je suis curieux d'y retourner pour voir)
Pour la troisième partie, le thême en étant l'errance, je veux bien me charger de raconter l'histoire comme je l'ai perçue. Ca te déchargerait un peu! J'ai pris pas mal de note pour une fois et les souvenirs sont encore frais.

Concernant Taoti et l'océan, je ne me souviens pas que nous ayions eu l'idée d'ensevelir Pekin sous un raz de marée. Je crois plutôt que nous avions parlé de diriger ce rejeton de la modernité vers les quartiers côtiers, de lui faire croire que les villes les plus à la pointe, genre Tokyo, avait toute un quartier construit directement sur la mer (ile artificielle) et lorsqu'il aurait mordu à l'hameçon de demander à l'océan d'engloutir l'île.
Sinon tu es toujours trop dur avec toi-même. L'idée des trois défis était magnifique. On s'est vraiment décarcassé pour trouver trois miracles (et le deuxième est de très loin mon préféré/ que va t'il rester de cette ville dans un an?/ je suis curieux d'y retourner pour voir)
Pour la troisième partie, le thême en étant l'errance, je veux bien me charger de raconter l'histoire comme je l'ai perçue. Ca te déchargerait un peu! J'ai pris pas mal de note pour une fois et les souvenirs sont encore frais.
Salanael a écrit :Un peu à la bourre, voici le CR du mois de janvier nommé :
Troisième partie : Pékin, entre Tradition et Modernité
Bon, ce scénario avait surtout pour objectif de placer les joueurs dans la société Noble, en bien ou en mal et de faire la part belle au domaine de Mori sans trop léser Nicolas. De ce côté là, je suis content, objectif atteint. Là où j'ai commencé un peu à paniquer, c'est quand les joueurs sont partis sur l'idée de que comme Taoti craignait l'Océan, il y avait peut-être moyen de demander l'aide de celui-ci pour éliminer Taoti. Vous imaginer mes joueurs faire engloutir Pékin par un raz de marée gigantesque, vous imaginez les conséquences de ce petit "incident" dans la société Noble et vis à vis d'Entropie. Heureusement, ils n'en ont rien fait (ils ont du lire sur mon visage que l'idée me foutait les boules). Remarquez, la petite révolte menée par Nicolas, j'ai été un peu trop gentil sur ce coup là, la répression aurait du être plus violente, beaucoup plus violente. Je crois que je n'arrive pas encore à rendre le côté sombre de la Terre de Nobilis. Le problème, c'est qu'après ça, j'ai eu tendance à être un peu trop dirigiste, ou plutôt à les laisser appuyer sur tous les boutons jusqu'à ce qu'ils en trouvent un qui fonctionne vraiment, en me donnant à moi-même l'impression de ne pas être cohérent. Mais bon, ils n'y ont vu que du feu parait-il, c'est ça qui compte.
Pour la prochaine partie, je vais (j'ai, elle a déjà été faite lundi) essayer de revenir à une ambiance plus proche de la première partie.
Canard
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- Salanael
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Re: [CR] Nobilis
CorrigéCANARD a écrit :Excellent! Le rendu est fidèle.(hormis peut-être les grandes dames de verres, les serpents noirs et autres bizarerries qui rendaient la destruction de ces quartiers vraiment inquiétantes. ) Tu es vraiment très fort pour rendre le monde mythique impressionnant.

Sinon, merci pour le compliment, je vais essayer de cultiver ce talent alors puisque ça plait.
Pour le défi des trois, honnêtement, ce n'est pas une idée de moi, c'est proposé tel quel dans l'univers de Nobilis et le contexte s'y prêtait bien. Le plus dur, c'est d'interpréter le PNJ et son Domaine

- CANARD
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Re: [CR] Nobilis
Erdeneschimeg ou l’âme perdue du grand peuple des chevaucheurs de rennes.
Ceci est le récit, le plus fidèle possible, de notre quatrième séance à Nobilis.
Bon je dois avouer que j'ai brodé un peu. J'aime bien la couture.
Je ne sais si les pékinois ressentirent au tréfonds d’eux-mêmes, les ondes d’énergie provoquées par ce duel mémorable ayant pour but de modifier le destin de leur cité. En tant que spectateur de ce fabuleux spectacle, il me semblait que cette débauche d’efforts aurait des conséquences pour l’univers entier. Mais les premières victimes furent les protagonistes elles-mêmes. Elles n’étaient pas belles à voir, épuisées, ayant tout donné et même plus dans le troisième miracle. Mori m’avait demandé à cette occasion, l’autorisation de puiser dans les réserves de notre royaume ce qu’elle ne parvenait plus à trouver en elle. J’avais consenti à ce sacrifice et il ne me restait plus maintenant qu’à emporter le corps sans connaissance de l’ancre qui abritait son âme, elle-même sans réaction.
Annabelle nous avait ordonné de quitter la capitale dés la fin du défi et de ne plus y revenir avant qu’une année soit passée. Je n’avais pas l’intention de désobéir à celle pour qui mon cœur battait en secret, inquisitrice qui plus est et notre principale alliée dans ce monde que nous découvrions à peine. Je déposais Paul Marchal, l’ancre, sur la place passager de ma fiat Topolino et démarrais sans attendre. Ce fut sans un regard en arrière que nous quittâmes Pékin, son futur, son passé et son présent bien chamboulé.
Je ne savais où aller. J’errais comme je sais si bien le faire, tentant dans un premier temps de retrouver les passages empruntés à l’aller. Mais je ne devais pas être très attentif et laissais plutôt mon instinct me guider. Il semblait nous mener dans le nord, très loin dans le nord. Nous franchîmes la grande muraille sans guère nous attarder et pénétrèrent dans le pays d’où provenaient les fabuleux guerriers qu’elle était sensée arrêter.
Je frissonnais en traversant les grandes plaines semi-désertiques. Je ressentais avec plaisir que ces terres étaient toujours un peu miennes, qu’elles n’appartenaient à personne sinon à un peuple toujours nomade au fond de lui, méconnaissant la propriété et laissant librement paitre les troupeaux et les chevaux. Nous ne faisions que passer sans nous arrêter. Je ne ressentais pas le besoin de le faire. Mon compagnon de voyage pas particulièrement prolixe n’avait pas plus de raisons que moi, sinon moins. Il se remettait lentement et ce n’était pas pour me déplaire. En d’autres occasions, je ne pense pas que j’eusse pu balader aussi facilement la puissance des ruines dans un paysage où la marque de l’homme se limitait à quelques ovoo, ces cairns de pierre dédiés aux esprits de la nature. Mais telle était la beauté du moment, deux puissances traversant silencieuses le pays mongol à bord d’une vieille fiat des années cinquante.
La frontière russe était toute proche. Je ne savais toujours pas où allaient nous mener cette longue ballade et je commençais sérieusement craindre m’être trompé moi-même en m’imaginant vouloir atteindre un lieu bien précis où notre aide serait attendue. J’avais peut-être cédé à la tentation d’errer sans but et la réaction autoritaire de Mori n’allait pas tarder à se faire sentir. Cette vieille noble d’un autre âge ne comprenait le monde qu’à travers une grille de lecture dépassée, comprenant entre autre un ordre social rigide et inaltérable au sommet duquel elle trônait et dans lequel je ne trouvais place à ses yeux qu’en tant que chevalier errant. Tout autre vagabond n’était certainement pas assez noble pour pouvoir la fréquenter d’aussi prêt. J’étais à deux doigts de chuter de mon piédestal lorsque je vis enfin ce que j’étais venu chercher en ce coin reculé. Trois jeunes hommes vêtus d’un mélange amusant d’habits traditionnels et modernes sortaient d’un magasin de la petite ville que nous étions en train de traverser. Ils remplissaient une antique camionnette qui même ici paraissait anachronique.
Nous les accostâmes sans attendre. Ils semblaient éberlués, ne comprenant pas d’où pouvaient surgir deux blancs parlant plus correctement qu’eux un dialecte dont apparemment ils ne maitrisaient plus toutes les subtilités. Ces jeunes gens étaient en effet des membres d’un peuple nomade survivant tant bien que mal non loin de là, les Tsaatan. http://fr.wikipedia.org/wiki/Tsaatan
Nous n’eûmes aucunes difficultés à nous faire inviter auprès d’eux, nous faisant passer pour d’éminents anthropologues. Nous achetâmes des vêtements plus appropriés ainsi que de l’équipement et de la nourriture en abondance. La carte de crédit de Paul Marchal fût largement utilisée à cette occasion, Mori n’hésitant jamais à puiser dans la fortune de son ancre qu’elle détestait mortellement depuis qu’il avait tenté en tant que promoteur immobilier de transformer son château ancestral en résidence de luxe. Elle n’avait de cesse depuis que de ruiner sa réputation, sa fortune et sa vie familiale. Je du insister pour qu’il ne sorte du magasin en portant des vêtements féminins et du me résoudre à le voir arborer une tenue autochtone plus ridicule que nécessaire.
Quelques heures furent nécessaires pour rejoindre le campement où vivait la famille des trois jeunes gens. Plus qu’une famille, il s’agissait d’un clan regroupé autour d’un troupeau de rennes qu’ils menaient de pâturages en pâturages et dont ils tiraient toutes leur subsistance, hormis ce que nous ramenions de la ville bien entendu et qu’ils attendaient avec impatience. Mon cœur était pincé par la tristesse. J’avais devant moi un antique peuple dont l’origine remontait sans doute à des millénaires et qui semblait à la veille de disparaître de la surface de la Terre.
Très vite, nous fûmes présentés à Serjin, le gardien des traditions et chef du clan. Nous comprîmes plus vite encore ce qui menaçait leur mode de vie. Au nord, la frontière russe et leur ancestrale terre de Sibérie leur étaient fermées. Au sud la Mongolie avait rendu la scolarisation obligatoire. Le mongol remplaçait lentement l’idiome ancestral, les coutumes se perdaient, les jeunes s’installaient en ville, s’y mariant et tournant le dos progressivement à la vie de leurs ancêtres. Ne restaient plus alors que quelques irréductibles menacés par l’alcoolisme, la dégradation des pâturages ou la maladie des troupeaux. Nous nous sentîmes démunis devant une situation si catastrophique, nos pouvoirs nous paraissant bien inutiles devant tant de fatalités.
Les jours passèrent. Nous vivions à leur rythme, celui des rennes qui dictait paisiblement sa loi. Je profitais de la moindre occasion pour apprendre les légendes et mythes fondateurs de ce peuple d’un autre âge. Je ressuscitais son langage et ajoutais de nouveaux chants à leur répertoire. Chaque veillée nocturne était pour moi l’occasion de raffermir la fierté de ces gens et de leur faire prendre conscience de la richesse de leur culture. J’eu l’ambition bientôt de faire connaître cette peuplade au monde entier à travers un tube créé à partir d’un chant traditionnel. Mori intervint alors fermement pour me conseiller de n’en rien faire, me rappelant bien à propos que la notoriété et la société moderne pourraient leur être plus fatale encore. Pour elle, seul l’isolement dans ses plaines inhospitalières au commun des mortels pouvait les sauver. Elle pensait donc agir au niveau de l’administration russe afin de rendre perméable cette frontière qui restreignait leur liberté de mouvement. Elle n’avait sans doute pas tord mais nous n’eûmes jamais la possibilité d’essayer de mettre en place cette solution.
Au fil des jours, nous avions fini par faire connaissance de chacun des individus du clan. Deux personnalités attirèrent notre attention. Il s’agissait de la vieille shamane Suyana et de la jeune Erdeneschimeg. Bien que n’ayant pas encore rencontré la shamane puisqu’elle vivait seule au milieu des terres et que le clan ne la croisait que périodiquement pour des cérémonies sacrées, nous avions l’impression qu’elle nous accompagnait en permanence tant on nous parlait d’elle. Par ailleurs, tout le monde semblait attendre avec impatience le moment tout proche de la retrouver. La situation d’Erdeneschimeg semblait être toute différente. Notre regard n’avait de cesse d’être attiré par la beauté de cette jeune femme triste mais personne ne semblait vouloir lui parler et sa présence semblait créer de la gêne auprès des membres de sa famille. Un soir, pendant la veillée, Serjin fit une réflexion très dure à son égard, insinuant qu’elle n’était plus digne de ce clan. La jeune femme quitta l’assemblée la tête basse et je remarquais alors pour la première fois la petite frimousse qui l’accompagnait. L’enfant était tout jeune mais un simple regard jeté sur lui vous apportait la certitude qu’il était né d’une union mixte avec un occidental. Il n’en fallait pas plus pour aiguiser notre curiosité.
Dés le lendemain, nous fîmes tout ce qui était possible pour l’accoster, nous joignant même à ses corvées afin de pouvoir lui parler. Un peu d’attention suffisait à lui ouvrir son cœur et nous étions toute ouïe. Ce que nous apprîmes était fort triste. Erdeneschimeg avait brillamment réussi durant sa scolarité et avait obtenu une bourse d’un programme spécial afin de pouvoir suivre des études à Moscou. Là, elle avait décroché ses diplômes d’ingénieur et était tombée amoureuse d’un jeune russe de confession juive qui l’avait abandonnée enceinte. Fille-mère, dans une ville inhospitalière, elle n’eut d‘autres choix que de trouver refuge auprès de son clan. Depuis, elle sentait bien que quelque chose était cassé. Elle n’était plus acceptée ici qu’en égard à son jeune enfant qui faisait la joie des siens et qui avait été totalement accepté. C’est elle qui posait problème. C’est elle qui ne savait plus où était sa place. C’est elle qui ne trouvait plus le sens à donner à sa vie. Nous n’avions pas de réponses à lui apporter malheureusement. Mais il nous semblait qu’elle personnalisait à elle-seule le mal qui minait les Tsaatans, ce peuple qui ne reconnaissait plus ses enfants.
Quelques jours plus tard, Serjin revint au camp accompagné d’une vieille femme ridée montant un renne. L’accueil qu’on lui fit fut à la hauteur de sa réputation. Nous ne la vîmes pas de toute la journée tant les gens se précipitaient dans la tente qui l’hébergeait pour obtenir une audience personnelle. Ce n’est qu’au soir que nous eûmes l’autorisation de rejoindre le clan assemblé pour une cérémonie traditionnelle. Nous ne comprîmes pas tout de suite la signification des danses mais il devint clair qu’elles avaient pour but de faire rentrer Suyana en transe dans le royaume des esprits. Nous l’y suivîmes, le passage dans le monde mythique n’étant pour nous qu’une formalité. Notre surprise fût grande quand nous vîmes l’assemblée de rennes autour des feux éclairant le campement. Une grande femelle blanche très âgée parcourait les rangs s’arrêtant près de chacun pour observer son état de santé, jauger sa force ou son mental. Notre surprise fut plus grande encore lorsqu’elle stoppa devant une jeune chienne triste, un peu à l’écart de cette forêt de pattes. Le geste de la shamane fut sans appel. D’un coup de museau, elle enjoignit à l’intruse de quitter le groupe, ce qu’elle fit sans résistance, la queue entre les jambes. Lorsque notre attention se porta à nouveau sur la cérémonie, ce fût pour nous retrouver nez à nez avec le blanc animal les yeux écarquillés devant les deux humains que nous étions restés, qui plus est Mori ayant reprise sa forme normale. La cérémonie s’acheva là ! Ce n’est que le lendemain dans la journée que Serjin nous convoqua pour une entrevue avec Suyana.
La shamane était étendue sur un lit recouvert de couvertures chatoyantes. Elle était visiblement épuisée de sa soirée. Serjin nous fit asseoir devant elle et nous attendîmes de longues minutes qu’elle daigne nous parler. Quand enfin elle prit la parole, ce fût pour me demander la raison de ma présence dans le monde des esprits et l’identité de la femme qui m’accompagnait. Le regard sans ambigüité qu’elle posait sur mon compagnon de voyage révélait néanmoins qu’elle avait compris l’essentiel de la personnalité de ce dernier. Je me contentais donc de lui expliquer brièvement ce que nous étions. Je vis qu’elle avait compris, qu’elle avait toujours su que nous existions. Elle nous avoua n’avoir jamais rencontré nos semblables mais espéré un jour comme celui-ci depuis très longtemps. Elle n’était plus couchée maintenant mais assise et la fierté se lisait dans ses yeux. Tout en caressant mes mains, elle ne cessait de répéter qu’elle était heureuse de l’honneur que nous lui faisions.
Serjin, que nous avions oublié à nos cotés, n’en menait pas large. Sa figure était défaite et il ne savait quelle contenance prendre. Ce fut lui pourtant qui d’un raclement de gorge nous ramena à la réalité. Suyana, lui jeta un bref regard extatique et sembla se souvenir qu’elle avait quelque chose à nous demander. Sans surprise, elle nous entretint alors d’Erdeneschimeg. La décision du clan la concernant était définitive. Elle ne pouvait rester ayant perdu l’âme tsaatan. Nous en avions été témoin, il ne servait à rien de vouloir s’opposer à cette décision. La requête qu’elle formulait était fort simple et en même temps très compliquée. Elle nous demandait d’aider la jeune femme à retrouver son identité originelle, à redevenir un membre du grand peuple des rennes. Je croisais Mori du regard et à ma grande surprise, elle semblait partante.
La suite plus tard. A moins que Salanael ne veuille raconter la manière dont nous nous y sommes pris pour retrouver l'âme de la belle Erdeneschimeg.
Ceci est le récit, le plus fidèle possible, de notre quatrième séance à Nobilis.

Je ne sais si les pékinois ressentirent au tréfonds d’eux-mêmes, les ondes d’énergie provoquées par ce duel mémorable ayant pour but de modifier le destin de leur cité. En tant que spectateur de ce fabuleux spectacle, il me semblait que cette débauche d’efforts aurait des conséquences pour l’univers entier. Mais les premières victimes furent les protagonistes elles-mêmes. Elles n’étaient pas belles à voir, épuisées, ayant tout donné et même plus dans le troisième miracle. Mori m’avait demandé à cette occasion, l’autorisation de puiser dans les réserves de notre royaume ce qu’elle ne parvenait plus à trouver en elle. J’avais consenti à ce sacrifice et il ne me restait plus maintenant qu’à emporter le corps sans connaissance de l’ancre qui abritait son âme, elle-même sans réaction.
Annabelle nous avait ordonné de quitter la capitale dés la fin du défi et de ne plus y revenir avant qu’une année soit passée. Je n’avais pas l’intention de désobéir à celle pour qui mon cœur battait en secret, inquisitrice qui plus est et notre principale alliée dans ce monde que nous découvrions à peine. Je déposais Paul Marchal, l’ancre, sur la place passager de ma fiat Topolino et démarrais sans attendre. Ce fut sans un regard en arrière que nous quittâmes Pékin, son futur, son passé et son présent bien chamboulé.
Je ne savais où aller. J’errais comme je sais si bien le faire, tentant dans un premier temps de retrouver les passages empruntés à l’aller. Mais je ne devais pas être très attentif et laissais plutôt mon instinct me guider. Il semblait nous mener dans le nord, très loin dans le nord. Nous franchîmes la grande muraille sans guère nous attarder et pénétrèrent dans le pays d’où provenaient les fabuleux guerriers qu’elle était sensée arrêter.
Je frissonnais en traversant les grandes plaines semi-désertiques. Je ressentais avec plaisir que ces terres étaient toujours un peu miennes, qu’elles n’appartenaient à personne sinon à un peuple toujours nomade au fond de lui, méconnaissant la propriété et laissant librement paitre les troupeaux et les chevaux. Nous ne faisions que passer sans nous arrêter. Je ne ressentais pas le besoin de le faire. Mon compagnon de voyage pas particulièrement prolixe n’avait pas plus de raisons que moi, sinon moins. Il se remettait lentement et ce n’était pas pour me déplaire. En d’autres occasions, je ne pense pas que j’eusse pu balader aussi facilement la puissance des ruines dans un paysage où la marque de l’homme se limitait à quelques ovoo, ces cairns de pierre dédiés aux esprits de la nature. Mais telle était la beauté du moment, deux puissances traversant silencieuses le pays mongol à bord d’une vieille fiat des années cinquante.
La frontière russe était toute proche. Je ne savais toujours pas où allaient nous mener cette longue ballade et je commençais sérieusement craindre m’être trompé moi-même en m’imaginant vouloir atteindre un lieu bien précis où notre aide serait attendue. J’avais peut-être cédé à la tentation d’errer sans but et la réaction autoritaire de Mori n’allait pas tarder à se faire sentir. Cette vieille noble d’un autre âge ne comprenait le monde qu’à travers une grille de lecture dépassée, comprenant entre autre un ordre social rigide et inaltérable au sommet duquel elle trônait et dans lequel je ne trouvais place à ses yeux qu’en tant que chevalier errant. Tout autre vagabond n’était certainement pas assez noble pour pouvoir la fréquenter d’aussi prêt. J’étais à deux doigts de chuter de mon piédestal lorsque je vis enfin ce que j’étais venu chercher en ce coin reculé. Trois jeunes hommes vêtus d’un mélange amusant d’habits traditionnels et modernes sortaient d’un magasin de la petite ville que nous étions en train de traverser. Ils remplissaient une antique camionnette qui même ici paraissait anachronique.
Nous les accostâmes sans attendre. Ils semblaient éberlués, ne comprenant pas d’où pouvaient surgir deux blancs parlant plus correctement qu’eux un dialecte dont apparemment ils ne maitrisaient plus toutes les subtilités. Ces jeunes gens étaient en effet des membres d’un peuple nomade survivant tant bien que mal non loin de là, les Tsaatan. http://fr.wikipedia.org/wiki/Tsaatan
Nous n’eûmes aucunes difficultés à nous faire inviter auprès d’eux, nous faisant passer pour d’éminents anthropologues. Nous achetâmes des vêtements plus appropriés ainsi que de l’équipement et de la nourriture en abondance. La carte de crédit de Paul Marchal fût largement utilisée à cette occasion, Mori n’hésitant jamais à puiser dans la fortune de son ancre qu’elle détestait mortellement depuis qu’il avait tenté en tant que promoteur immobilier de transformer son château ancestral en résidence de luxe. Elle n’avait de cesse depuis que de ruiner sa réputation, sa fortune et sa vie familiale. Je du insister pour qu’il ne sorte du magasin en portant des vêtements féminins et du me résoudre à le voir arborer une tenue autochtone plus ridicule que nécessaire.
Quelques heures furent nécessaires pour rejoindre le campement où vivait la famille des trois jeunes gens. Plus qu’une famille, il s’agissait d’un clan regroupé autour d’un troupeau de rennes qu’ils menaient de pâturages en pâturages et dont ils tiraient toutes leur subsistance, hormis ce que nous ramenions de la ville bien entendu et qu’ils attendaient avec impatience. Mon cœur était pincé par la tristesse. J’avais devant moi un antique peuple dont l’origine remontait sans doute à des millénaires et qui semblait à la veille de disparaître de la surface de la Terre.
Très vite, nous fûmes présentés à Serjin, le gardien des traditions et chef du clan. Nous comprîmes plus vite encore ce qui menaçait leur mode de vie. Au nord, la frontière russe et leur ancestrale terre de Sibérie leur étaient fermées. Au sud la Mongolie avait rendu la scolarisation obligatoire. Le mongol remplaçait lentement l’idiome ancestral, les coutumes se perdaient, les jeunes s’installaient en ville, s’y mariant et tournant le dos progressivement à la vie de leurs ancêtres. Ne restaient plus alors que quelques irréductibles menacés par l’alcoolisme, la dégradation des pâturages ou la maladie des troupeaux. Nous nous sentîmes démunis devant une situation si catastrophique, nos pouvoirs nous paraissant bien inutiles devant tant de fatalités.
Les jours passèrent. Nous vivions à leur rythme, celui des rennes qui dictait paisiblement sa loi. Je profitais de la moindre occasion pour apprendre les légendes et mythes fondateurs de ce peuple d’un autre âge. Je ressuscitais son langage et ajoutais de nouveaux chants à leur répertoire. Chaque veillée nocturne était pour moi l’occasion de raffermir la fierté de ces gens et de leur faire prendre conscience de la richesse de leur culture. J’eu l’ambition bientôt de faire connaître cette peuplade au monde entier à travers un tube créé à partir d’un chant traditionnel. Mori intervint alors fermement pour me conseiller de n’en rien faire, me rappelant bien à propos que la notoriété et la société moderne pourraient leur être plus fatale encore. Pour elle, seul l’isolement dans ses plaines inhospitalières au commun des mortels pouvait les sauver. Elle pensait donc agir au niveau de l’administration russe afin de rendre perméable cette frontière qui restreignait leur liberté de mouvement. Elle n’avait sans doute pas tord mais nous n’eûmes jamais la possibilité d’essayer de mettre en place cette solution.
Au fil des jours, nous avions fini par faire connaissance de chacun des individus du clan. Deux personnalités attirèrent notre attention. Il s’agissait de la vieille shamane Suyana et de la jeune Erdeneschimeg. Bien que n’ayant pas encore rencontré la shamane puisqu’elle vivait seule au milieu des terres et que le clan ne la croisait que périodiquement pour des cérémonies sacrées, nous avions l’impression qu’elle nous accompagnait en permanence tant on nous parlait d’elle. Par ailleurs, tout le monde semblait attendre avec impatience le moment tout proche de la retrouver. La situation d’Erdeneschimeg semblait être toute différente. Notre regard n’avait de cesse d’être attiré par la beauté de cette jeune femme triste mais personne ne semblait vouloir lui parler et sa présence semblait créer de la gêne auprès des membres de sa famille. Un soir, pendant la veillée, Serjin fit une réflexion très dure à son égard, insinuant qu’elle n’était plus digne de ce clan. La jeune femme quitta l’assemblée la tête basse et je remarquais alors pour la première fois la petite frimousse qui l’accompagnait. L’enfant était tout jeune mais un simple regard jeté sur lui vous apportait la certitude qu’il était né d’une union mixte avec un occidental. Il n’en fallait pas plus pour aiguiser notre curiosité.
Dés le lendemain, nous fîmes tout ce qui était possible pour l’accoster, nous joignant même à ses corvées afin de pouvoir lui parler. Un peu d’attention suffisait à lui ouvrir son cœur et nous étions toute ouïe. Ce que nous apprîmes était fort triste. Erdeneschimeg avait brillamment réussi durant sa scolarité et avait obtenu une bourse d’un programme spécial afin de pouvoir suivre des études à Moscou. Là, elle avait décroché ses diplômes d’ingénieur et était tombée amoureuse d’un jeune russe de confession juive qui l’avait abandonnée enceinte. Fille-mère, dans une ville inhospitalière, elle n’eut d‘autres choix que de trouver refuge auprès de son clan. Depuis, elle sentait bien que quelque chose était cassé. Elle n’était plus acceptée ici qu’en égard à son jeune enfant qui faisait la joie des siens et qui avait été totalement accepté. C’est elle qui posait problème. C’est elle qui ne savait plus où était sa place. C’est elle qui ne trouvait plus le sens à donner à sa vie. Nous n’avions pas de réponses à lui apporter malheureusement. Mais il nous semblait qu’elle personnalisait à elle-seule le mal qui minait les Tsaatans, ce peuple qui ne reconnaissait plus ses enfants.
Quelques jours plus tard, Serjin revint au camp accompagné d’une vieille femme ridée montant un renne. L’accueil qu’on lui fit fut à la hauteur de sa réputation. Nous ne la vîmes pas de toute la journée tant les gens se précipitaient dans la tente qui l’hébergeait pour obtenir une audience personnelle. Ce n’est qu’au soir que nous eûmes l’autorisation de rejoindre le clan assemblé pour une cérémonie traditionnelle. Nous ne comprîmes pas tout de suite la signification des danses mais il devint clair qu’elles avaient pour but de faire rentrer Suyana en transe dans le royaume des esprits. Nous l’y suivîmes, le passage dans le monde mythique n’étant pour nous qu’une formalité. Notre surprise fût grande quand nous vîmes l’assemblée de rennes autour des feux éclairant le campement. Une grande femelle blanche très âgée parcourait les rangs s’arrêtant près de chacun pour observer son état de santé, jauger sa force ou son mental. Notre surprise fut plus grande encore lorsqu’elle stoppa devant une jeune chienne triste, un peu à l’écart de cette forêt de pattes. Le geste de la shamane fut sans appel. D’un coup de museau, elle enjoignit à l’intruse de quitter le groupe, ce qu’elle fit sans résistance, la queue entre les jambes. Lorsque notre attention se porta à nouveau sur la cérémonie, ce fût pour nous retrouver nez à nez avec le blanc animal les yeux écarquillés devant les deux humains que nous étions restés, qui plus est Mori ayant reprise sa forme normale. La cérémonie s’acheva là ! Ce n’est que le lendemain dans la journée que Serjin nous convoqua pour une entrevue avec Suyana.
La shamane était étendue sur un lit recouvert de couvertures chatoyantes. Elle était visiblement épuisée de sa soirée. Serjin nous fit asseoir devant elle et nous attendîmes de longues minutes qu’elle daigne nous parler. Quand enfin elle prit la parole, ce fût pour me demander la raison de ma présence dans le monde des esprits et l’identité de la femme qui m’accompagnait. Le regard sans ambigüité qu’elle posait sur mon compagnon de voyage révélait néanmoins qu’elle avait compris l’essentiel de la personnalité de ce dernier. Je me contentais donc de lui expliquer brièvement ce que nous étions. Je vis qu’elle avait compris, qu’elle avait toujours su que nous existions. Elle nous avoua n’avoir jamais rencontré nos semblables mais espéré un jour comme celui-ci depuis très longtemps. Elle n’était plus couchée maintenant mais assise et la fierté se lisait dans ses yeux. Tout en caressant mes mains, elle ne cessait de répéter qu’elle était heureuse de l’honneur que nous lui faisions.
Serjin, que nous avions oublié à nos cotés, n’en menait pas large. Sa figure était défaite et il ne savait quelle contenance prendre. Ce fut lui pourtant qui d’un raclement de gorge nous ramena à la réalité. Suyana, lui jeta un bref regard extatique et sembla se souvenir qu’elle avait quelque chose à nous demander. Sans surprise, elle nous entretint alors d’Erdeneschimeg. La décision du clan la concernant était définitive. Elle ne pouvait rester ayant perdu l’âme tsaatan. Nous en avions été témoin, il ne servait à rien de vouloir s’opposer à cette décision. La requête qu’elle formulait était fort simple et en même temps très compliquée. Elle nous demandait d’aider la jeune femme à retrouver son identité originelle, à redevenir un membre du grand peuple des rennes. Je croisais Mori du regard et à ma grande surprise, elle semblait partante.
La suite plus tard. A moins que Salanael ne veuille raconter la manière dont nous nous y sommes pris pour retrouver l'âme de la belle Erdeneschimeg.
Canard
Les règlements doivent s'adapter à la situation et non l'inverse.
La sagesse suprême est d'avoir des rêves assez grands pour ne pas les perdre du regard tandis qu'on les poursuit. Faulkner
Les règlements doivent s'adapter à la situation et non l'inverse.
La sagesse suprême est d'avoir des rêves assez grands pour ne pas les perdre du regard tandis qu'on les poursuit. Faulkner
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Re: [CR] Nobilis
Ça va, ça va, tu racontes très bien
. Bon, il y a quelques erreurs dans les noms de certains personnages, mais on ne peut pas t'en vouloir, pour une fois que je n'avais pas inventé des prénoms mais que je les avais sortis d'un livre sur les Tsaatanes, ils sont presque tous imprononçables. 


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Re: [CR] Nobilis

Loris
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~Terry Pratchett
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[CR] Nobilis:4 ème partie': en passant par là où les rennes
Comme je suis en train de me refaire un résumé de l'épisode précédent pour préparer le suivant de la fin du mois, voici ....la suite : (et tant pis si je n'ai pas le style de Canard pour l'écriture ... ou la patience)
Les deux Puissances (Nicolas et Mori, pour ceux qui ne suivent pas) n'ont pas tardé à comprendre que la pauvre Erdenechimeg avait du perdre son âme tsaatane lors de ses études à Moscou. La décision de retourner avec la jeune femme jusque là-bas fut donc rapide. Les adieux de la mère à son fils, par contre, furent un peu plus long et larmoyants. Mais elle savait qu'il serait mieux parmi son peuple maternel, que Tsoïjil prendrait bien soin de lui et lui enseignerait la vie de Tsaatanes. Si elle ne retrouvait pas l'esprit du nomadisme, au moins son fils en grandissant dans un tel foyer le gagnerait.
En chemin vers la ville la plus proche, en compagnie de Suyan, la chamane, le groupe croisa l'un des oboos du territoire tsaatane. Seules "constructions" en dur de ce peuple, ils font office de point de repère, de borne frontalière entre territoires de clans et lieux de cultes aux esprits. En guise de construction, il s'agit surtout de cairns recouverts d'un amoncellement conique de branches de mélèzes, décorés de crins et crânes de chevaux, de lambeaux de tissus colorés, de drapeau de prière (khadag) et de sculptures de coucous en bois. La tradition veut que l'on en fasse trois fois le tour dans le sens de rotation du soleil en jetant de petits cailloux derrière soit à la base de l'oboo. Ce rituel a pour objectif d'honorer et de calmer les esprits. Mais cette fois-là, le rituel dura plus longtemps. Suyan alla frapper à la porte de l'enceinte ceignant la haute tour qu'est l'oboo dans la Réalité Mythique. L'un des centaures la gardant s'entretint quelques instants avec elle et puis reparti seul vers la tour proprement dite. En haut de la tour, de grands corbeau scrutaient l'infini de la plaine, guettant le moindre danger. Après quelques minutes, le centaure revint avec un autre aux allures de fauconnier, portant sur son bras l'un de ces énormes corbeaux pour le confier à la chamane. Laquelle en fit dont aux Nobles. "Si un jour vous avez besoin d'aide, si vous désirer nous contacter, nous retrouver, il saura nous retrouver et vous conduire jusqu'à nous. C'est la moindre des choses que nous pouvons faire pour ce que vous allez entreprendre pour l'une de nos fille."
Longue fut aussi la route qui menait à Moscou. Les lignes de chemin de fer de l'est de la fédération russe n'étaient guère neuves et les trains qui y passaient étaient plus souvent des convois de marchandises que des trains de passagers. Que dire alors de la difficulté à trouver un wagon de transport pour leur petite Fiat. Les derniers billets retirés à Pékin sur le compte de l'ancre de Mori et la science du voyage un peu surnaturelle de Nicolas rendirent toutefois cela possible (hors de question de laisser la précieuse Fiat Topolino de Nicolas dans ces terres désolées de Mongolie, c'est à la fois un lien de Nicolas et une clef d'entrée à leur sanctuaire). Les kilomètres défilèrent et le trio put faire plus amplement connaissance, les études d'Erdenechimeg, son appartement, les heures passées à la bibliothèque, sa rencontre avec Yvan, les lettres qu'elle n'a plus reçu de sa part depuis son stage d'ingénieur agronome en Israël, la naissance de Shangar, son retour dépité dans son clan ...
Arrivés à Moscou, le premier réflexe fut de se rendre à son ancien appartement. Mais malheureusement, à part de vieux souvenirs douloureux, il n'y avait rien à y trouver. C'est Mori qui, à la lumière des anecdotes de leur protégée, émit l'hypothèse que peut-être son âme aurait pu se perdre dans la bibliothèque. Effectivement, arrivés là-bas, le préposé à l'entrée de la bibliothèque, reconnaissant la Tsaatane, lui fit par des changements apparus depuis quelques temps maintenant dans la bibliothèque. La direction a longtemps refusé de l'admettre, mais la bibliothèque est hantée. Des livres changeaient de place pendant la nuit au début, puis, ça s'est aggravé, certaines personnes ont même vu les livres changer de rayonnage seuls en plein jour. Des caméras ont étée disposées, mais aucun responsable ne fut découvert. Il fallait se rendre à l'évidence : un esprit hantait ces lieux. Exactement ce que cherchaient les Nobles. Attendant la nuit pour plus de discrétion, le trio accompagné de l'employé de bibliothèque se rendit dans les rayonnages incriminés. Comme prévu les livres volaient d'une étagère à l'autre sans aucun sens logique ni même raison physique. Mais dans la Réalité Mythique, la raison était claire. Un petit singe excité déplaçait gentillement les vieillards assis sur de grands gradins décrépis en les prenant par la main un à un. L'attraper ne fut pas si difficile, de même, le convaincre qu'en fin de compte Erdenechimeg avait encore besoin et envie de lui. Devant les arguments des Nobles, et aussi devant la promesses de voyages, il accepta de rejoindra l'âme de la Tsaatane. De chienne, l'esprit d'Erdenechimeg devint à nouveau un re ... un cheval ?!
Là, j'ai été assez agréablement surpris par la réaction des joueurs qui ont très vite compris de quoi il en retournait : l'autre partie de l'âme d'Erdenechimeg était restée entre les bras d'Yvan. Et Yvan, lui, était toujours en Israël. Retrouver la trace de son stage dans les dossiers du secrétariat de l'université de Moscou fut une formalité et Nicolas était encore tout sourire en constatant qu'ils devraient encore voyager loin.
Comme j'avais une carte sous la main, on s'est fait une jolie ellipse à la Indiana Jones, suivant le trajet sur la carte, imaginant les petits pointillés rouges et les évocations des lieux traversés (bruitages inclus) : Moscou...Rostov et l'embarquement sur un navire traversant la Mer Noire jusqu'à Istanbul via Sebastopol ... l'escale à Istanbul ... le nouveau bateau traversant la Mer Egée ... le Méditerranée et puis enfin Israël.
Yvan n'était pas à l'adresse indiquée, ce fut une jeune Israëlienne enceinte qui leur ouvrit la porte et indiqua à "ses anciens kamarades d'auditoire" où se trouvait son époux. Un choc pour Erdenechimeg. Il était encore un peu tôt pour elle pour savoir si elle était triste d'avoir été si vite oubliée ou si elle était soulagée de ne plus être liée à cet homme aux sentiments vite changeants. Yvan supervisait des travaux d'irrigation sur des terres récemment alouées aux colons et fut assez troublé lui aussi de voir Erdenechimeg devant lui. Ce qu'ils se dirent dans la Réalité Prosaîque ne concerne que eux, mais ce qui se fit dans la Réalité Mythique est un peu l'œuvre des 2 Nobles. Posé sur un bison d'Europe, un héron garde-bœufs regardait d'un drôle d'air ces deux humains se tenant face à lui avec leur jument. Il la connaissait bien cette jument, elle avait été très proche de lui autrefois. Mais depuis, le bison l'avait emmené loin de Moscou sur une terre où il se sentait chez lui. Il avait commencé à fonder un foyer ici, il se sentait bien ici. Certes, la tristesse de Erdenechimeg lui fendait le cœur, mais la force qui l'avait mené jusqu'ici était trop forte, il n'avait pu résister à cet appel de ce qu'il sentait comme étant ses racines. "Mais elle", répliquèrent les Nobles, "n'a-t-elle pas aussi besoin de renouer avec ses racines ? Tu lui a pris une partie de son âme pour trouver ta destinée, mais son destin à elle doit aussi être accompli et elle a besoin de cette part que tu lui a volée". Dépité, devant se rendre à l'évidence, l'esprit d'Yvan accepta de se séparer de ce fragment d'âme qui n'était pas à lui. "Désolé, mais croyez-moi, je n'ai jamais voulu la voler, cet esprit l'avait quitté naturellement, c'est surtout lui qui m'a emporté et non l'inverse. J'espère que je ne l'ai pas rendue trop malheureuse."
De chienne à jument, de jument à renne, Erdenechimeg avait retrouvé l'âme qui était la sienne. Déjà son cœur n'aspirait qu'à retrouver son peuple et ce fils qu'elle voulait voir grandir et devenir ... un Tsaatane.
Et c'est sur ces beaux sentiments que s'achève ce Conte
Alors, les autocritiques et l'autoflagélation : Commençons par le positif, comme ça après on pourra l'oublier. Tout d'abord, j'ai été assez content de renouer avec un scénario plus proche de l'ambiance du premier. J'avais eu peur de me perdre dans des intrigues de Nobilis-super héros mais ce scénario me rassura. Ensuite j'ai été assez surpris à la fin du Conte de constater que mes joueurs n'avaient pas utilisé le moindre point de miracle. Tout s'est fait en douceur, naturellement, juste aidé par leurs capacités miraculeuses naturelles. Quoi de plus logique en fin de compte étant donné l'importance modérée de l'enjeu du scénario. J'aime toujours autant jouer avec la symbolique de la Réalité Mythique et visiblement mes joueurs aussi.
Le négatif ensuite ... ou pas. En fait, ça dépend du point de vue. Ce scénario était ultra dirigiste, je dois l'admettre. Je les ai baladé d'un bout à l'autre de l'Eurasie sans vraiment leur mettre des difficultés à surmonter. Ce qui a sauvé le scénario, c'est, je crois, le ton et l'ambiance. Canard confirmera peut-être, mais j'ai cru comprendre que mes joueurs (en tout cas ces deux là) aiment se faire prendre par la main à la découverte d'un monde merveilleux. C'est exactement ce que j'ai fait, avec une intrigue en plus. Parlons-en de l'intrigue. Soit j'ai été particulièrement chiche en harengs rouges, soit les révélations étaient bateau, soit ils sont forts. Mais toujours est-il qu'ils n'ont pas tergiversé pour retrouver les fragments de l'âme de Erdenechimeg. Ils sont allés tous seuls directement là où je comptais les emmener et ont exactement compris où je voulais en venir (interprétations incluses). Là où la surprise en a pris un coup pour son grade, la fluidité du récit, elle, y a grandement gagné.
Au final, même si je ne suis pas satisfait de tous les ingrédients utilisés, l'ambiance globale fut très bonne et a, je crois, bien touché à ce que peut être du Nobilis light.
Les deux Puissances (Nicolas et Mori, pour ceux qui ne suivent pas) n'ont pas tardé à comprendre que la pauvre Erdenechimeg avait du perdre son âme tsaatane lors de ses études à Moscou. La décision de retourner avec la jeune femme jusque là-bas fut donc rapide. Les adieux de la mère à son fils, par contre, furent un peu plus long et larmoyants. Mais elle savait qu'il serait mieux parmi son peuple maternel, que Tsoïjil prendrait bien soin de lui et lui enseignerait la vie de Tsaatanes. Si elle ne retrouvait pas l'esprit du nomadisme, au moins son fils en grandissant dans un tel foyer le gagnerait.
En chemin vers la ville la plus proche, en compagnie de Suyan, la chamane, le groupe croisa l'un des oboos du territoire tsaatane. Seules "constructions" en dur de ce peuple, ils font office de point de repère, de borne frontalière entre territoires de clans et lieux de cultes aux esprits. En guise de construction, il s'agit surtout de cairns recouverts d'un amoncellement conique de branches de mélèzes, décorés de crins et crânes de chevaux, de lambeaux de tissus colorés, de drapeau de prière (khadag) et de sculptures de coucous en bois. La tradition veut que l'on en fasse trois fois le tour dans le sens de rotation du soleil en jetant de petits cailloux derrière soit à la base de l'oboo. Ce rituel a pour objectif d'honorer et de calmer les esprits. Mais cette fois-là, le rituel dura plus longtemps. Suyan alla frapper à la porte de l'enceinte ceignant la haute tour qu'est l'oboo dans la Réalité Mythique. L'un des centaures la gardant s'entretint quelques instants avec elle et puis reparti seul vers la tour proprement dite. En haut de la tour, de grands corbeau scrutaient l'infini de la plaine, guettant le moindre danger. Après quelques minutes, le centaure revint avec un autre aux allures de fauconnier, portant sur son bras l'un de ces énormes corbeaux pour le confier à la chamane. Laquelle en fit dont aux Nobles. "Si un jour vous avez besoin d'aide, si vous désirer nous contacter, nous retrouver, il saura nous retrouver et vous conduire jusqu'à nous. C'est la moindre des choses que nous pouvons faire pour ce que vous allez entreprendre pour l'une de nos fille."
Longue fut aussi la route qui menait à Moscou. Les lignes de chemin de fer de l'est de la fédération russe n'étaient guère neuves et les trains qui y passaient étaient plus souvent des convois de marchandises que des trains de passagers. Que dire alors de la difficulté à trouver un wagon de transport pour leur petite Fiat. Les derniers billets retirés à Pékin sur le compte de l'ancre de Mori et la science du voyage un peu surnaturelle de Nicolas rendirent toutefois cela possible (hors de question de laisser la précieuse Fiat Topolino de Nicolas dans ces terres désolées de Mongolie, c'est à la fois un lien de Nicolas et une clef d'entrée à leur sanctuaire). Les kilomètres défilèrent et le trio put faire plus amplement connaissance, les études d'Erdenechimeg, son appartement, les heures passées à la bibliothèque, sa rencontre avec Yvan, les lettres qu'elle n'a plus reçu de sa part depuis son stage d'ingénieur agronome en Israël, la naissance de Shangar, son retour dépité dans son clan ...
Arrivés à Moscou, le premier réflexe fut de se rendre à son ancien appartement. Mais malheureusement, à part de vieux souvenirs douloureux, il n'y avait rien à y trouver. C'est Mori qui, à la lumière des anecdotes de leur protégée, émit l'hypothèse que peut-être son âme aurait pu se perdre dans la bibliothèque. Effectivement, arrivés là-bas, le préposé à l'entrée de la bibliothèque, reconnaissant la Tsaatane, lui fit par des changements apparus depuis quelques temps maintenant dans la bibliothèque. La direction a longtemps refusé de l'admettre, mais la bibliothèque est hantée. Des livres changeaient de place pendant la nuit au début, puis, ça s'est aggravé, certaines personnes ont même vu les livres changer de rayonnage seuls en plein jour. Des caméras ont étée disposées, mais aucun responsable ne fut découvert. Il fallait se rendre à l'évidence : un esprit hantait ces lieux. Exactement ce que cherchaient les Nobles. Attendant la nuit pour plus de discrétion, le trio accompagné de l'employé de bibliothèque se rendit dans les rayonnages incriminés. Comme prévu les livres volaient d'une étagère à l'autre sans aucun sens logique ni même raison physique. Mais dans la Réalité Mythique, la raison était claire. Un petit singe excité déplaçait gentillement les vieillards assis sur de grands gradins décrépis en les prenant par la main un à un. L'attraper ne fut pas si difficile, de même, le convaincre qu'en fin de compte Erdenechimeg avait encore besoin et envie de lui. Devant les arguments des Nobles, et aussi devant la promesses de voyages, il accepta de rejoindra l'âme de la Tsaatane. De chienne, l'esprit d'Erdenechimeg devint à nouveau un re ... un cheval ?!
Là, j'ai été assez agréablement surpris par la réaction des joueurs qui ont très vite compris de quoi il en retournait : l'autre partie de l'âme d'Erdenechimeg était restée entre les bras d'Yvan. Et Yvan, lui, était toujours en Israël. Retrouver la trace de son stage dans les dossiers du secrétariat de l'université de Moscou fut une formalité et Nicolas était encore tout sourire en constatant qu'ils devraient encore voyager loin.
Comme j'avais une carte sous la main, on s'est fait une jolie ellipse à la Indiana Jones, suivant le trajet sur la carte, imaginant les petits pointillés rouges et les évocations des lieux traversés (bruitages inclus) : Moscou...Rostov et l'embarquement sur un navire traversant la Mer Noire jusqu'à Istanbul via Sebastopol ... l'escale à Istanbul ... le nouveau bateau traversant la Mer Egée ... le Méditerranée et puis enfin Israël.
Yvan n'était pas à l'adresse indiquée, ce fut une jeune Israëlienne enceinte qui leur ouvrit la porte et indiqua à "ses anciens kamarades d'auditoire" où se trouvait son époux. Un choc pour Erdenechimeg. Il était encore un peu tôt pour elle pour savoir si elle était triste d'avoir été si vite oubliée ou si elle était soulagée de ne plus être liée à cet homme aux sentiments vite changeants. Yvan supervisait des travaux d'irrigation sur des terres récemment alouées aux colons et fut assez troublé lui aussi de voir Erdenechimeg devant lui. Ce qu'ils se dirent dans la Réalité Prosaîque ne concerne que eux, mais ce qui se fit dans la Réalité Mythique est un peu l'œuvre des 2 Nobles. Posé sur un bison d'Europe, un héron garde-bœufs regardait d'un drôle d'air ces deux humains se tenant face à lui avec leur jument. Il la connaissait bien cette jument, elle avait été très proche de lui autrefois. Mais depuis, le bison l'avait emmené loin de Moscou sur une terre où il se sentait chez lui. Il avait commencé à fonder un foyer ici, il se sentait bien ici. Certes, la tristesse de Erdenechimeg lui fendait le cœur, mais la force qui l'avait mené jusqu'ici était trop forte, il n'avait pu résister à cet appel de ce qu'il sentait comme étant ses racines. "Mais elle", répliquèrent les Nobles, "n'a-t-elle pas aussi besoin de renouer avec ses racines ? Tu lui a pris une partie de son âme pour trouver ta destinée, mais son destin à elle doit aussi être accompli et elle a besoin de cette part que tu lui a volée". Dépité, devant se rendre à l'évidence, l'esprit d'Yvan accepta de se séparer de ce fragment d'âme qui n'était pas à lui. "Désolé, mais croyez-moi, je n'ai jamais voulu la voler, cet esprit l'avait quitté naturellement, c'est surtout lui qui m'a emporté et non l'inverse. J'espère que je ne l'ai pas rendue trop malheureuse."
De chienne à jument, de jument à renne, Erdenechimeg avait retrouvé l'âme qui était la sienne. Déjà son cœur n'aspirait qu'à retrouver son peuple et ce fils qu'elle voulait voir grandir et devenir ... un Tsaatane.
Et c'est sur ces beaux sentiments que s'achève ce Conte
Alors, les autocritiques et l'autoflagélation : Commençons par le positif, comme ça après on pourra l'oublier. Tout d'abord, j'ai été assez content de renouer avec un scénario plus proche de l'ambiance du premier. J'avais eu peur de me perdre dans des intrigues de Nobilis-super héros mais ce scénario me rassura. Ensuite j'ai été assez surpris à la fin du Conte de constater que mes joueurs n'avaient pas utilisé le moindre point de miracle. Tout s'est fait en douceur, naturellement, juste aidé par leurs capacités miraculeuses naturelles. Quoi de plus logique en fin de compte étant donné l'importance modérée de l'enjeu du scénario. J'aime toujours autant jouer avec la symbolique de la Réalité Mythique et visiblement mes joueurs aussi.
Le négatif ensuite ... ou pas. En fait, ça dépend du point de vue. Ce scénario était ultra dirigiste, je dois l'admettre. Je les ai baladé d'un bout à l'autre de l'Eurasie sans vraiment leur mettre des difficultés à surmonter. Ce qui a sauvé le scénario, c'est, je crois, le ton et l'ambiance. Canard confirmera peut-être, mais j'ai cru comprendre que mes joueurs (en tout cas ces deux là) aiment se faire prendre par la main à la découverte d'un monde merveilleux. C'est exactement ce que j'ai fait, avec une intrigue en plus. Parlons-en de l'intrigue. Soit j'ai été particulièrement chiche en harengs rouges, soit les révélations étaient bateau, soit ils sont forts. Mais toujours est-il qu'ils n'ont pas tergiversé pour retrouver les fragments de l'âme de Erdenechimeg. Ils sont allés tous seuls directement là où je comptais les emmener et ont exactement compris où je voulais en venir (interprétations incluses). Là où la surprise en a pris un coup pour son grade, la fluidité du récit, elle, y a grandement gagné.
Au final, même si je ne suis pas satisfait de tous les ingrédients utilisés, l'ambiance globale fut très bonne et a, je crois, bien touché à ce que peut être du Nobilis light.
- CANARD
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- Inscription : mer. janv. 18, 2006 4:38 pm
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Re: [CR] Nobilis
Tu as bien fait de terminer le récit. Enfin presque, parce que tu as complètement escamoté la fin. Si si, nous avons dépensé des points de miracles. Lorsque la jeune Tsaatane a fusionné avec le bison pour redevenir un renne, il nous restait à la ramener chez elle. Nous avons longuement hésité. J'étais prêt à retraverser toute l'Asie mineure mais Mori semblait en avoir un peu marre de nos périgrinations et voulait revoir son château. Nous avons donc opté pour un retour au domaine et là, à l'aide du corbeau (une statue de bois dans la réalité prosaïque), j'ai ouvert un passage vers les terres tsaatanes. Nous l'avons emprunté pour retrouver le clan. Dorénavant ce dernier a la possibilité de parcourir les grandes plaines de notre domaine et de s'affranchir ainsi des frontières politiques qui le privent de sa liberté d'antan. De ce fait nous faisions d'une pierre deux coups, nous leur rendions la liberté et leur fille à la personnalité retrouvée. Ce peuple allait pouvoir survivre. Enfin, je l'espère.
Autre détail. A mon avis il t'a échappé mais moi j'ai été très surpris lors de notre rencontre avec Ivan dans la réalité mythique. Notre première réaction a été d'interroger l'oiseau pensant que c'était l'esprit manquant de la jeune femme. Assez rapidement, nous avons compris qu'il n'en était rien et que c'était bien le bison que nous recherchions. Je pense que c'est lui que nous avons tenté de convaincre par la suite. Rien de bien grave. La symbolique était parfaite. Ce bison tentant de faire reverdir un désert, je trouvais ca trop fort.
Alors c'est vrai qu'il n'y a eu aucune épreuve à proprement parler, juste une piste à remonter. Mais quelle piste!!!! C'était soufflant. Et tu oublies de parler du début de la partie pendant laquelle tu nous as laissé le temps de nous torturer l'esprit pour tenter de sortir ce pauvre peuple nomade de l'ornière dans laquelle ils étaient tombés. C'était très ouvert comme situation. Ce n'est qu'après nous avoir fait rencontré la jeune fille que nous avons compris dans quelle direction aller. Et nous nous sommes laissés guider par la main sans regret tant nous pressentions que cela était bien. Et ca l'était. Un très beau conte, un long voyage tout à fait original. Et un fin comme je les aime qui nous permet d'étoffer notre domaine. Du grand art.
Autre détail. A mon avis il t'a échappé mais moi j'ai été très surpris lors de notre rencontre avec Ivan dans la réalité mythique. Notre première réaction a été d'interroger l'oiseau pensant que c'était l'esprit manquant de la jeune femme. Assez rapidement, nous avons compris qu'il n'en était rien et que c'était bien le bison que nous recherchions. Je pense que c'est lui que nous avons tenté de convaincre par la suite. Rien de bien grave. La symbolique était parfaite. Ce bison tentant de faire reverdir un désert, je trouvais ca trop fort.
Alors c'est vrai qu'il n'y a eu aucune épreuve à proprement parler, juste une piste à remonter. Mais quelle piste!!!! C'était soufflant. Et tu oublies de parler du début de la partie pendant laquelle tu nous as laissé le temps de nous torturer l'esprit pour tenter de sortir ce pauvre peuple nomade de l'ornière dans laquelle ils étaient tombés. C'était très ouvert comme situation. Ce n'est qu'après nous avoir fait rencontré la jeune fille que nous avons compris dans quelle direction aller. Et nous nous sommes laissés guider par la main sans regret tant nous pressentions que cela était bien. Et ca l'était. Un très beau conte, un long voyage tout à fait original. Et un fin comme je les aime qui nous permet d'étoffer notre domaine. Du grand art.

Canard
Les règlements doivent s'adapter à la situation et non l'inverse.
La sagesse suprême est d'avoir des rêves assez grands pour ne pas les perdre du regard tandis qu'on les poursuit. Faulkner
Les règlements doivent s'adapter à la situation et non l'inverse.
La sagesse suprême est d'avoir des rêves assez grands pour ne pas les perdre du regard tandis qu'on les poursuit. Faulkner