Courant d’une foulée rapide et régulière, son bras blessé mais puissant enserrant la taille de la belle journaliste notre Héro pu voir ses compagnons se battre comme de beaux diables. La bande de zoulous qui leur faisait face était nombreuse, leurs masques en peau de poissons leur donnaient une allure effrayante, quand à leur nombre… où diable ce damné Wendish avait il bien pu recruter tous ces misérables ? Le Docteur distribuait des coups de pelles avec une précision toute chirurgicale, tandis que Walrus, empoignant deux sectateurs par la gorge les frappa violement l’un contre l’autres. Derrière cette mêlée, d’autres hommes armés de harpons attendaient leur tour. Au-delà encore, la silhouette méphitique de leur gourou, un enfant blanc comme le nacre qu’il tenait par la jambe, hurlait.
- « Oh Licky ! Là-bas ! L’enfant ! »
- « Bon sang, ce coup-là sera serré ! » rugit l’Aventurier.
Se frayant un passage à travers la meute, il empoigna son fouet et le fit claquer dans l’air. Immédiatement, Lauren se senti décoller du sol. Telle une liane qu’il avait pu voir dans les temples d’Angkor, le fouet s’était solidement enroulé autour d’une corniche qui surplombait la scène. A son extrémité, luisant comme un fol espoir, une cloche de pierre ! Celle-là même qui faisait se propager le Chant des Hommes ! En dépit de sa fracture ouverte, Licky se hissa rapidement, neutralisant d’un coup de pied un cultiste dont la lame plongeait droit sur Roger.
- « Tu mollis, sacré Walrus ». Licky accompagna sa raillerie d’un clin d’œil qui redonna courage à son compagnon.
Arrivé sur la plateforme, Licky dégagea son fouet. D’un moulinet puissant et majestueux il assena à la cloche un coup formidable. Le son qui est sorti était assourdissant. Plus bas Lauren pouvait apercevoir le maudit Rochas, qui combattait au coté de l’ennemi.
-« Oh Licky, le traitre ! Le … Pourquoi faut il que les hommes se comportent ainsi parfois…» Elle fondit en larmes.
Au deuxième coup, les cultistes étaient en fuite, paniqués par ce son dont les générations précédentes les avaient mis en garde. Au troisième coup, le fouet s’arrima solidement à la cloche. Licky, telle une panthère, se jeta dans le vide, laissant la belle et fougueuse journaliste à l’abri sur la corniche
- « Oh Licky ! Lick… Non… »
Décrivant un arc de cercle parfait, l’Aventurier fonça droit sur Wendish. Ses bottes atterrissant dans le creux de son estomac coupèrent le souffle du gourou. Lâchant l’enfant, ce dernier fut rattrapé in extremis par O’Reilly.
- « J’m’en occupe, m’sieur Narsson ». Le vieillard tenant la petite créature pleine de vie entre ses mains pleura. D’un geste résolu, il fouilla l’intérieur de sa veste et en dégagea sa flasque. Il regarda une fois encore le nourrisson « Ma petite fille… je te verrais grandir !». Il projeta alors l’étui argenté dans les flots éternels de la Mer d’Irlande.
Roger de son coté tenta de rattraper Rochas alors qu’il plongeait dans l’eau à la suite de ses « frères ».
- « Assez plaisanté, crapule » Licky Narsson était bien décidé à en finir. Prenant le recul suffisant, il enchaina une série rapide de crochets et termina le maudit assistant du Docteur Stoner par un uppercut fracassant.
Alors que la marée descendait, emportant avec elles les traces de la bataille épique. Nos compagnons se regroupèrent.
- « Sacré correction que vous lui avez collé là, Licky » s’enthousiasma Walrus
- « Je peux bien te le dire à présent, mon bon Roger. Ce jeune matelot à qui tu cherchas querelle un soir de beuverie sur les docks de Bangkok… Celui là qui te mis knock out…. C’était moi ! »
Les deux compagnons partirent d’un rire contagieux. Qu’il était bon de célébrer ainsi la victoire. Sur la pointe des pieds, Lauren, l’enfant dormant dans le creux de ses bras, s’approcha…
- « Confidences pour confidences… ce jeune homme qui me fit briller au bal masqué de l’Ambassadeur à Vienne… ne me dites pas… » L’air de malice de Licky, lui souffla la réponse. « Et cette poésie qui fit mon cœur battre la chamade, elle était de vous aussi ? ». La jeune journaliste comme hypnotisé par le regard couleur noisette de l’Explorateur glissa ses doigts dans sa chevelure maculée de sang. Elle approcha son visage du sien lorsque Roger cria :
- « Hey, Regardez donc ce qui nous ont laissé…» Il désignait un des étranges sous marins du professeur Wendish. « …une de leur embarcation ! »
- « Exact, old chap ! Et je pensais justement me l’approprier ! »
Courant vers le mollusque mécanique, Licky se glissa à bord.
- « Mes amitiés au Roi, mes amis. Il reste une dernière chose à accomplir ; et cette mission, ne saurait vous concerner. » Les saluant avec malice, il referma le cockpit et s’enfonça à son tour dans les eaux agitées de la Mer d’Irlande, à la poursuite des survivants et du damné Rochas
Les trois compagnons se tinrent par la main. Voir leur Héro, l’inspirateur de cette fabuleuse Aventure disparaitre les mis face à leurs nouvelles responsabilités. Il leur avait fait comprendre qu’armé de courage et de la motivation nécessaire, il n’était rien qu’un homme ne puisse accomplir. Saluant silencieusement le grand Licky Narsson, ils contemplèrent une dernière fois les eaux vertes de la mer. Un vert si proche, se dit Lauren, de la couleur des yeux de Licky…. Oh Licky…
Ce récit comme tous les autres est dédié à la mémoire de Lewis Burton. Faiseur de rêve, défricheur du réel et de l'irréel.
[CR] [l'Appel de Cthulhu] Le Ressac de Bryn Celli Ddu
- le Zakhan Noir
- Dieu mais tant pis
- Messages : 11727
- Inscription : jeu. oct. 09, 2008 11:37 am
- Localisation : dans le quartier perse de Paris
Re: [CR] [l'Appel de Cthulhu] Le Ressac de Bryn Celli Ddu
Expliquer une blague, c'est comme disséquer une grenouille. On comprend le mécanisme, mais elle n'y survit pas (Mark Twain, un peu modifié)