[CR][HORRIFIQUE][SOLO] L'abominable portrait
- Cryoban
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Re: [CR][HORRIFIQUE][SOLO] L'abominable portrait
@John Melmoth Avec plaisir! Je pense que tu ne regretteras pas cette plongée dans l'Horrifique.
Cthulhu Invictus: Limes Obscurus. Certaines forêts sont plus sombres que d'autres
Dark Operators, un hack du BRP pour Delta Green avec sa feuille de PJ. Du poulpe et des Forces Spéciales.
Un cadavre encombrant Un prologue alternatif à La Ville en Jaune
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- John Melmoth
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Re: [CR][HORRIFIQUE][SOLO] L'abominable portrait
Et bien, j'ai finalement acheté Horrifique et je ne saurais trop te remercier pour la découverte. Énorme coup de coeur.
Après quelques tests en solo, mise en place, une première scène, pour assimiler le système, j'ai parlé de mon acquisition à l'un de mes vieux camarades de route rôlistique - et voilà, on a joué à Horrifique avec les copains dimanche soir.
Tout le monde a adoré l'expérience et on est impatient de jouer la suite.
Moi qui espérait le réserver pour mon propre plaisir, je me sens refait

- Cryoban
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Re: [CR][HORRIFIQUE][SOLO] L'abominable portrait
John Melmoth a écrit : ↑mar. nov. 21, 2023 6:45 am Moi qui espérait le réserver pour mon propre plaisir, je me sens refait
Ah bah, c'est ce qui est bien avec les plaisirs coupables...c'est que l'un n'empêche pas l'autre

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- rogre
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[CR][HORRIFIQUE][SOLO] Une Confiance Aveugle...
Un autre CR de partie en solo, durée 1 heure, et en partant de rien!: je ne reproduis pas les étapes du jeu, sauf les scènes - et d'avance m'excuse, je ne suis pas écrivain
, mais je constate que le jeu est un fort bon générateur d'histoires! Je reprends mes notes dictées au fur et à mesure - donc sans la mécanique, les lancers de dés, mais c'est facile à reconstituer - et ça donne cela:
Titre: UNE CONFIANCE AVEUGLE...:
Prologue : Une force inhumaine est à l’œuvre : nous sommes le 14 avril 1921, et je SAIS qu'au sein d’une Vallée dissimulée, dans les Collines Hurlantes, se trament d’étranges choses : les rumeurs racontent que tous ceux qui entrent dans cette Vallée impie en ressortent aveugles, sourds et muets. Et pourtant, il bien falloir que je descende dans ce canyon abhorré du désert syrien…. Si je ne le fais pas, le Sombre Souffle va se répandre sur le monde : et cette occultation des sens sera un prélude à un plongeon de la Terre entière dans l’obscurité. Après un long parcours à dos de chameau, je suis maintenant face à la pire décision de mon existence. Quand j’ai déchiffré au musée du Caire les gribouillis laissés par le professeur Schwartz, j’ai compris comment trouver la vallée dissimulée. Ce petit village de bédouins est la dernière étape avant ma descente dans la Vallée : peut-être le professeur est-il déjà passé par là, avant sa disparition?
Mais qui suis-je pour espérer ainsi sauver le monde de l’obscurité et de la folie ? Rien n'y prédisposait Wright Davenport, d'une famille patricienne honorable issue de l’industrie anglaise. J'ai consacré tous mes loisirs à voyager autour de la Méditerranée, de site ancien en site antique, sentant toujours en moi le vide d’une existence oisive, mais toujours dévoré du désir d’aider mon prochain. N’y parvenant pas, j’abusai des hypnotiques et des stupéfiants. Le professeur Schwarz m’a sorti de ce marasme, il m’a ouvert les portes de l’Histoire, mais aussi celle des visions : alimenté par le haschisch, il me faisait souvent venir sur les sites archéologiques pour que ma sensibilité extrême me permette de revivre les scènes du passé. Jusqu’au jour où je me suis trouvé face, non pas à une vision colorée et ornementée de l’Antiquité comme souvent, mais à un Vide absolu, silencieux, muet – et pourtant obscurément présent, comme en attente. J’en ai parlé au professeur, qui s’est alors lancé dans des recherches, et qui m’a intimé l’ordre de le laisser faire. Mais maintenant les visions sombres me hantent : je n’arrive plus à les repousser, et le professeur a disparu.
J’aurais pu prévoir le destin qui me conduit jusqu’ici, quand le professeur a changé de comportement avec moi, il n’était plus le même : j’avais alors l’impression que ses yeux s’emplissaient de colère et de noirceur. Désormais, je suis sur ses traces. J’ai dépensé une bonne part de ma fortune pour acquérir de puissants projecteurs par lesquels j’espère percer les ténèbres de la Vallée Perdue. Mon fidèle Abdul accompagne, il poussera le chariot sur lequel se trouve le projecteur : j’ai l’intention de lui boucher les oreilles et les yeux, et d’affronter moi-même, en pleine conscience, ce qui m’attend, quoi que ce soit.
Scène 1: Les habitants du village de Dar el Jaffra ressemblent à ces populations du désert, typiquement fatalistes. Je vais parler avec eux, et leur demander s’ils ont vu passer le professeur, et ce qu’ils craignent de la Vallée Noire : quels sentiments dissimulent-il ? En fait, ils ont l'air totalement indifférents à tout. Mon impression est de plus en plus tendue, au milieu de ce désert d'où la végétation est totalement absente. Je me demande même de quoi vivent ces villageois, privés de ressources. Je vais essayer de convaincre certains de m’accompagner : mais étrangement, quand je leur en parle, leurs yeux sont étrangement fixes ! Est-ce que par hasard ils seraient dangereux ? Impossible de le dire, mais je pense que je ne peux pas avoir confiance en eux. C’est pourquoi je vais partir dès demain, discrètement, avec Abdul.
Cette nuit, pendant que mon fidèle serviteur veille, je fais un rêve : le professeur m’apparaît; mais ses yeux sont noirs, il gesticule, sur fond noir, sa bouche bouge, mais je n’entends pas ce qu’il veut me dire - sans doute un avertissement? Je me réveille tourmenté : voulait-il me dire de venir à son aide, ou au contraire de fuir? Je n’ai plus le choix, car je suis persuadé que le monde a besoin de SAVOIR…
Scène 2 : Je suis parti avec mon serviteur, deux chameaux attelés, et la charrette couverte des réflecteurs; et dès l’aube nous traversons l' espace désert qui conduit à la vallée: les crissements des criquets du désert autour, de toute part, sont assourdissants - je comprends pourquoi on surnomme ce lieu les Collines Hurlantes. La route est interminable, je cherche les indices du chemin à suivre, j’ai moi-même l’impression d’être suivi… Je dois donc me passer du repos de midi, pour arriver à la Vallée vers le soir...
Quelques heures plus tard, je me sens étrangement calme, alors que je ne le devrais pas : devant moi, s’ouvre une vallée, qui au premier regard n’a strictement rien d’inquiétant : de la végétation, un petit cours d’eau (est-ce celui qui alimente le village ?). La nuit tombe d'un coup, complètement, mais je dispose mon puissant réflecteur : cependant, quand j’essaye de l’allumer, je constate qu’il crépite, et ne s’allume que par intermittence, il a été sans doute saboté ! : je deviens fébrile - nous sommes obligés avec Abdul de camper au bord de la vallée…
Alors que j’essaye de m’endormir, je me rappelle une conversation avec mon mentor, jadis : ce poème de Shelley qu’il me récitait, rappelant la disparition de toute chose… : j’ai l’impression que c’est le monde lui-même qui va disparaître, non seulement le monde occidental ou oriental, mais le monde entier...
Scène 3 : Je suis réveillé par une étrange odeur, humide, inquiétante et qui me fait lever d’un coup. Je comprends que je dois agir - maintenant à côté de moi, les tubes de barbituriques sont vides. Dois-je descendre dans la vallée? Il faut y aller, je me risque... Mais à peine les premiers pas faits dans l’obscurité traversée simplement par le crépitement insuffisant de mon gros phare, je glisse parmi les cailloux : je me suis blessé, je ne pourrai pas remonter la pente… Mon fidèle serviteur tente de venir à mon aide, en faisant descendre le raidillon à nos animaux, mais semblablement, les parois effritées nous empêcheront tout moyen de remonter… Nous voici maintenant au fond de la Vallée et nous ne pouvons rien faire d’autre que de tenter de l’explorer. Du haut de du vallon, il est probable que les bédouins nous regardent – alors que nous découvrons des ruines éparses, laissant supposer qu’une ville antique se trouvait ici, mais qui s’est affaissée dans le désert: comment cela est-il possible? Soudain un profond silence se répand dans la Vallée, j’appelle le professeur, mais ma voix ne semble plus porter. J’essaye d’allumer le phare, mais il crépite une dernière fois, et s’éteint: la nuit noire règne...
Scène 4: Et soudain, le professeur Schwartz émerge des ténèbres!: « Je vous avais pourtant dit de ne pas venir ici : tout ce que nous faisons est désespéré, mais c'est dans cette obscurité que nous trouverons justement l’espoir ». Quelle étrange apparition, mais qui me rassure immédiatement : je ressens une infinie confiance pour le professeur. Il me dit de le suivre, intimant l’ordre à mon serviteur de rester sur place - pourtant une partie de moi trouve quelque chose d’anormal dans le comportement de Schwarz.. Pourquoi, quoi qu'il en dise, finalement, m'a t-fait venir ici? Je me retourne, je constate qu'Abdul et les chameaux ont complètement disparu dans l’obscurité: je ne le sais pas encore, mais je devine que je ne les reverrai plus jamais. "Par ici, mon fils", me dit le professeur, en indiquant un bâtiment presque en bon état…
Scène 5 : De manière inattendue, voici une très grande salle, et une couchette en bon état qui se trouve là, intacte dans les ruines. Le professeur me dit, solennellement: "Nous avons besoin de vous pour donner sens à la Ténèbre. J’ai été celui qui l'a découverte, vous êtes celui qui pourrait la rêver". Angoissé, je me retourne: "Mais professeur, mais quelle est la réponse, quel est le principe qui aveugle ceux qui visitent cette Vallée?" - le professeur se tourne vers moi, ses yeux sont entièrement noirs, et il me dit : "Pour le savoir, tu dois t'étendre"... Je veux SAVOIR - alors, contre toute raison, je m’étends sur la couche...
Scène 6 : Le voile d’obscurité de mes rêves se déplie, et laisse percevoir une vision majestueuse : un paysage oriental, et celui d’une ville superbe. Voici que s’approche de moi une haute figure de dignitaire – le professeur est à ses côtés, en tenue antique: « Tu viens recevoir ton héritage... ». Je ne comprends pas, ma lignée est anglaise… "Tu te trompes, tu es un citoyen d'Irham des Piliers, et seul toi peux la visiter, et garder ta vision". Mon esprit égaré essaye de trouver une explication rationnelle à tout cela - mais le professeur tout près de moi devient menaçant : "Accepte ton héritage, sans quoi tu deviendras un pauvre fou sans vision aucune!"
Epilogue: "C’était donc un guet-apens !", m’exclamè-je, alors mon esprit tentait de fuir cette Ville de Rêve et cette Vallée de Gloire, et que mon corps s’efforçait d’échapper à la couchette. Mais, voici que le dignitaire devient une figure d’ombre, une forme d'indicible ténèbre et de silence vivant, qui se précipite sur moi, en moi - et voici que je perds la vue, l'ouïe, et le langage ! Je ne peux plus que tenter de m’enfuir, à tâtons, en hurlant silencieusement - je ne vois plus rien, je suis perdu et désorienté, il n’y a plus autour de moi ni temps ni espace, je suis maintenant un errant dans la nuit noire…
Lorsque les villageois vigilants me récupèrent au matin, je suis sorti du Vallon, comme tant d’autres, en ayant perdu tous mes sens : il ne me reste plus qu'à vivre avec ces guetteurs aux portes du néant, avec les stupéfiants locaux qui bercent mon infirmité, et pour consolation le fatalisme : Wright Davenport a voulu sauver le monde, il a fait une confiance aveugle à ses maîtres, mais n'a pu les suivre jusqu'au bout - désormais il n'est plus qu'un témoin inutile, qui ne peut même transmettre à personne cette terrible vérité : tout retournera toujours à la grande Nuit.
Fin.

Titre: UNE CONFIANCE AVEUGLE...:
Prologue : Une force inhumaine est à l’œuvre : nous sommes le 14 avril 1921, et je SAIS qu'au sein d’une Vallée dissimulée, dans les Collines Hurlantes, se trament d’étranges choses : les rumeurs racontent que tous ceux qui entrent dans cette Vallée impie en ressortent aveugles, sourds et muets. Et pourtant, il bien falloir que je descende dans ce canyon abhorré du désert syrien…. Si je ne le fais pas, le Sombre Souffle va se répandre sur le monde : et cette occultation des sens sera un prélude à un plongeon de la Terre entière dans l’obscurité. Après un long parcours à dos de chameau, je suis maintenant face à la pire décision de mon existence. Quand j’ai déchiffré au musée du Caire les gribouillis laissés par le professeur Schwartz, j’ai compris comment trouver la vallée dissimulée. Ce petit village de bédouins est la dernière étape avant ma descente dans la Vallée : peut-être le professeur est-il déjà passé par là, avant sa disparition?
Mais qui suis-je pour espérer ainsi sauver le monde de l’obscurité et de la folie ? Rien n'y prédisposait Wright Davenport, d'une famille patricienne honorable issue de l’industrie anglaise. J'ai consacré tous mes loisirs à voyager autour de la Méditerranée, de site ancien en site antique, sentant toujours en moi le vide d’une existence oisive, mais toujours dévoré du désir d’aider mon prochain. N’y parvenant pas, j’abusai des hypnotiques et des stupéfiants. Le professeur Schwarz m’a sorti de ce marasme, il m’a ouvert les portes de l’Histoire, mais aussi celle des visions : alimenté par le haschisch, il me faisait souvent venir sur les sites archéologiques pour que ma sensibilité extrême me permette de revivre les scènes du passé. Jusqu’au jour où je me suis trouvé face, non pas à une vision colorée et ornementée de l’Antiquité comme souvent, mais à un Vide absolu, silencieux, muet – et pourtant obscurément présent, comme en attente. J’en ai parlé au professeur, qui s’est alors lancé dans des recherches, et qui m’a intimé l’ordre de le laisser faire. Mais maintenant les visions sombres me hantent : je n’arrive plus à les repousser, et le professeur a disparu.
J’aurais pu prévoir le destin qui me conduit jusqu’ici, quand le professeur a changé de comportement avec moi, il n’était plus le même : j’avais alors l’impression que ses yeux s’emplissaient de colère et de noirceur. Désormais, je suis sur ses traces. J’ai dépensé une bonne part de ma fortune pour acquérir de puissants projecteurs par lesquels j’espère percer les ténèbres de la Vallée Perdue. Mon fidèle Abdul accompagne, il poussera le chariot sur lequel se trouve le projecteur : j’ai l’intention de lui boucher les oreilles et les yeux, et d’affronter moi-même, en pleine conscience, ce qui m’attend, quoi que ce soit.
Scène 1: Les habitants du village de Dar el Jaffra ressemblent à ces populations du désert, typiquement fatalistes. Je vais parler avec eux, et leur demander s’ils ont vu passer le professeur, et ce qu’ils craignent de la Vallée Noire : quels sentiments dissimulent-il ? En fait, ils ont l'air totalement indifférents à tout. Mon impression est de plus en plus tendue, au milieu de ce désert d'où la végétation est totalement absente. Je me demande même de quoi vivent ces villageois, privés de ressources. Je vais essayer de convaincre certains de m’accompagner : mais étrangement, quand je leur en parle, leurs yeux sont étrangement fixes ! Est-ce que par hasard ils seraient dangereux ? Impossible de le dire, mais je pense que je ne peux pas avoir confiance en eux. C’est pourquoi je vais partir dès demain, discrètement, avec Abdul.
Cette nuit, pendant que mon fidèle serviteur veille, je fais un rêve : le professeur m’apparaît; mais ses yeux sont noirs, il gesticule, sur fond noir, sa bouche bouge, mais je n’entends pas ce qu’il veut me dire - sans doute un avertissement? Je me réveille tourmenté : voulait-il me dire de venir à son aide, ou au contraire de fuir? Je n’ai plus le choix, car je suis persuadé que le monde a besoin de SAVOIR…
Scène 2 : Je suis parti avec mon serviteur, deux chameaux attelés, et la charrette couverte des réflecteurs; et dès l’aube nous traversons l' espace désert qui conduit à la vallée: les crissements des criquets du désert autour, de toute part, sont assourdissants - je comprends pourquoi on surnomme ce lieu les Collines Hurlantes. La route est interminable, je cherche les indices du chemin à suivre, j’ai moi-même l’impression d’être suivi… Je dois donc me passer du repos de midi, pour arriver à la Vallée vers le soir...
Quelques heures plus tard, je me sens étrangement calme, alors que je ne le devrais pas : devant moi, s’ouvre une vallée, qui au premier regard n’a strictement rien d’inquiétant : de la végétation, un petit cours d’eau (est-ce celui qui alimente le village ?). La nuit tombe d'un coup, complètement, mais je dispose mon puissant réflecteur : cependant, quand j’essaye de l’allumer, je constate qu’il crépite, et ne s’allume que par intermittence, il a été sans doute saboté ! : je deviens fébrile - nous sommes obligés avec Abdul de camper au bord de la vallée…
Alors que j’essaye de m’endormir, je me rappelle une conversation avec mon mentor, jadis : ce poème de Shelley qu’il me récitait, rappelant la disparition de toute chose… : j’ai l’impression que c’est le monde lui-même qui va disparaître, non seulement le monde occidental ou oriental, mais le monde entier...
Scène 3 : Je suis réveillé par une étrange odeur, humide, inquiétante et qui me fait lever d’un coup. Je comprends que je dois agir - maintenant à côté de moi, les tubes de barbituriques sont vides. Dois-je descendre dans la vallée? Il faut y aller, je me risque... Mais à peine les premiers pas faits dans l’obscurité traversée simplement par le crépitement insuffisant de mon gros phare, je glisse parmi les cailloux : je me suis blessé, je ne pourrai pas remonter la pente… Mon fidèle serviteur tente de venir à mon aide, en faisant descendre le raidillon à nos animaux, mais semblablement, les parois effritées nous empêcheront tout moyen de remonter… Nous voici maintenant au fond de la Vallée et nous ne pouvons rien faire d’autre que de tenter de l’explorer. Du haut de du vallon, il est probable que les bédouins nous regardent – alors que nous découvrons des ruines éparses, laissant supposer qu’une ville antique se trouvait ici, mais qui s’est affaissée dans le désert: comment cela est-il possible? Soudain un profond silence se répand dans la Vallée, j’appelle le professeur, mais ma voix ne semble plus porter. J’essaye d’allumer le phare, mais il crépite une dernière fois, et s’éteint: la nuit noire règne...
Scène 4: Et soudain, le professeur Schwartz émerge des ténèbres!: « Je vous avais pourtant dit de ne pas venir ici : tout ce que nous faisons est désespéré, mais c'est dans cette obscurité que nous trouverons justement l’espoir ». Quelle étrange apparition, mais qui me rassure immédiatement : je ressens une infinie confiance pour le professeur. Il me dit de le suivre, intimant l’ordre à mon serviteur de rester sur place - pourtant une partie de moi trouve quelque chose d’anormal dans le comportement de Schwarz.. Pourquoi, quoi qu'il en dise, finalement, m'a t-fait venir ici? Je me retourne, je constate qu'Abdul et les chameaux ont complètement disparu dans l’obscurité: je ne le sais pas encore, mais je devine que je ne les reverrai plus jamais. "Par ici, mon fils", me dit le professeur, en indiquant un bâtiment presque en bon état…
Scène 5 : De manière inattendue, voici une très grande salle, et une couchette en bon état qui se trouve là, intacte dans les ruines. Le professeur me dit, solennellement: "Nous avons besoin de vous pour donner sens à la Ténèbre. J’ai été celui qui l'a découverte, vous êtes celui qui pourrait la rêver". Angoissé, je me retourne: "Mais professeur, mais quelle est la réponse, quel est le principe qui aveugle ceux qui visitent cette Vallée?" - le professeur se tourne vers moi, ses yeux sont entièrement noirs, et il me dit : "Pour le savoir, tu dois t'étendre"... Je veux SAVOIR - alors, contre toute raison, je m’étends sur la couche...
Scène 6 : Le voile d’obscurité de mes rêves se déplie, et laisse percevoir une vision majestueuse : un paysage oriental, et celui d’une ville superbe. Voici que s’approche de moi une haute figure de dignitaire – le professeur est à ses côtés, en tenue antique: « Tu viens recevoir ton héritage... ». Je ne comprends pas, ma lignée est anglaise… "Tu te trompes, tu es un citoyen d'Irham des Piliers, et seul toi peux la visiter, et garder ta vision". Mon esprit égaré essaye de trouver une explication rationnelle à tout cela - mais le professeur tout près de moi devient menaçant : "Accepte ton héritage, sans quoi tu deviendras un pauvre fou sans vision aucune!"
Epilogue: "C’était donc un guet-apens !", m’exclamè-je, alors mon esprit tentait de fuir cette Ville de Rêve et cette Vallée de Gloire, et que mon corps s’efforçait d’échapper à la couchette. Mais, voici que le dignitaire devient une figure d’ombre, une forme d'indicible ténèbre et de silence vivant, qui se précipite sur moi, en moi - et voici que je perds la vue, l'ouïe, et le langage ! Je ne peux plus que tenter de m’enfuir, à tâtons, en hurlant silencieusement - je ne vois plus rien, je suis perdu et désorienté, il n’y a plus autour de moi ni temps ni espace, je suis maintenant un errant dans la nuit noire…
Lorsque les villageois vigilants me récupèrent au matin, je suis sorti du Vallon, comme tant d’autres, en ayant perdu tous mes sens : il ne me reste plus qu'à vivre avec ces guetteurs aux portes du néant, avec les stupéfiants locaux qui bercent mon infirmité, et pour consolation le fatalisme : Wright Davenport a voulu sauver le monde, il a fait une confiance aveugle à ses maîtres, mais n'a pu les suivre jusqu'au bout - désormais il n'est plus qu'un témoin inutile, qui ne peut même transmettre à personne cette terrible vérité : tout retournera toujours à la grande Nuit.
Fin.
Dernière modification par rogre le dim. déc. 10, 2023 7:08 pm, modifié 1 fois.
La bêtise de surface est plus superficielle que la bêtise des profondeurs. Mais en même temps, elle est moins profonde. C'est le fameux "en même temps". (Goossens)
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Re: [CR][HORRIFIQUE][SOLO] L'abominable portrait
@rogre
comme quoi le jeu fait bien ce qu'il propose : ça fait très lovecraftien !

As the long departed Commissioner Three-horn famously said on many occasions: "This is Blood Bowl, buddy, anything could happen!".
Jes mi ridas, kiam mi aŭdas : "mi konas ; sed mi petas".
Jes mi ridas, kiam mi aŭdas : "mi konas ; sed mi petas".

- Cryoban
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Re: [CR][HORRIFIQUE][SOLO] L'abominable portrait
Merci pour ce "conte horrible " fort sympathique! 

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Re: [CR][HORRIFIQUE][SOLO] L'abominable portrait
Allez, une autre petite "nouvelle" Horrifique ? Je rappelle que, normalement, je n'ai aucune capacité à inventer la moindre histoire, et je suis donc stupéfait du fait que… ça marche!. Je n'ai mis aucune des mentions techniques, mais on peut les deviner - et je constate aussi que, sans doute parce que ce sont des thèmes qui me tiennent à coeur, la "nouvelle" issue de ma partie de jeu solo n°2 brasse un peu les mêmes thèmes que celle issue de ma partie solo n°1. Je vais faire une 3ème partie, pour voir si je retombe inconsciemment toujours sur les mêmes obsessions! 

Spoiler:
La bêtise de surface est plus superficielle que la bêtise des profondeurs. Mais en même temps, elle est moins profonde. C'est le fameux "en même temps". (Goossens)
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Re: [CR][HORRIFIQUE][SOLO] L'abominable portrait
Eh oui...beaucoup s'imagine ça, mais avec les bons outils ca fonctionne souvent.

Pat contre effectivement l'étape suivante une fois que t'es à l'aise avec l'improvisation de la narration c'est arrivé à sortir de tes thèmes de prédilections et tes biais. Pour cela les augures comme Muses et Oracles sont vraiment utiles pour pousser l'imagination vers d'autres ailleurs
Cthulhu Invictus: Limes Obscurus. Certaines forêts sont plus sombres que d'autres
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Re: [CR][HORRIFIQUE][SOLO] L'abominable portrait
Ça tombe bien, j'ai aussi "Muses & Oracles"! 
En passant, juste une ou deux questions de technique, si vous avez l'occasion de répondre : le seul point sur lequel j'ai un peu de difficulté, c'est la gestion des Points d'Angoisse par Obscurité (sachant que je n'ai joué que solo).
Au début Obscurité commence avec 1PA (pris sur le total suggéré, soit 4/PJ + 3, ou en plus?). Mais je me suis demandé aussi plusieurs choses:
• est-ce que Obscurité peut choisir d'imposer une prise de PA à un PJ (ou est-ce que le choix leur est toujours laissé)?
• est-ce qu'une action d'Obscurité ne coûte bien que 0PA? I.e.: on peut en faire une quand c'est indiqué par le résultat d'une carte, et/ou "quand une action de PJ y invite"? Et des PA ne sont donc dépensés que si on veut faire une action d'Obscurité "n'importe quand" (je ne saisis pas trop la nuance avec "quand une action de PJ"…) ou pour augmenter la "gravité" de l'action (ou mettre fin à la scène en cours)?
• est-ce que contraindre à "Contenir son Effroi" (hors 4PA ou Dé d'Angoisse) compte aussi (et est possible) comme une action d'Obscurité? (en pareil cas, ce qui est plus haut s'applique?)
• enfin, quand un PJ atteint 4PA, il doit "Contenir son Effroi", soit - mais que se passe-t-il s'il prend d'autres PA? La même chose?


En passant, juste une ou deux questions de technique, si vous avez l'occasion de répondre : le seul point sur lequel j'ai un peu de difficulté, c'est la gestion des Points d'Angoisse par Obscurité (sachant que je n'ai joué que solo).
Au début Obscurité commence avec 1PA (pris sur le total suggéré, soit 4/PJ + 3, ou en plus?). Mais je me suis demandé aussi plusieurs choses:
• est-ce que Obscurité peut choisir d'imposer une prise de PA à un PJ (ou est-ce que le choix leur est toujours laissé)?
• est-ce qu'une action d'Obscurité ne coûte bien que 0PA? I.e.: on peut en faire une quand c'est indiqué par le résultat d'une carte, et/ou "quand une action de PJ y invite"? Et des PA ne sont donc dépensés que si on veut faire une action d'Obscurité "n'importe quand" (je ne saisis pas trop la nuance avec "quand une action de PJ"…) ou pour augmenter la "gravité" de l'action (ou mettre fin à la scène en cours)?
• est-ce que contraindre à "Contenir son Effroi" (hors 4PA ou Dé d'Angoisse) compte aussi (et est possible) comme une action d'Obscurité? (en pareil cas, ce qui est plus haut s'applique?)
• enfin, quand un PJ atteint 4PA, il doit "Contenir son Effroi", soit - mais que se passe-t-il s'il prend d'autres PA? La même chose?

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Re: [CR][HORRIFIQUE][SOLO] L'abominable portrait
J'ai pas le livre sous la main, donc on me corrigera peut-être. Les PA tel que je le comprend sont gérés par les PJ car ca reflète l'émotion qu'ils ont envie de ressentir sur le moment, moyennant une contrepartie en roleplay ou en narratif. Le MJ peut aussi proposer des points d'angoisse à l'issu de certains de ses moves si les PJ ne pensent pas à les réclamer et/ou qu'il estiment que le ou les PJ méritent d'être récompensé . Mais je ne pensent pas qu'il puissent les imposer aux PJ, ce sont leurs émotions donc c'est dans les mains des joueurs et joueuses.
Oui. "N'importe quand" c'est quand tu veux reprendre la main sur la narration parce que tu estimes que c'est le bon moment pour le faire en dehors de toutes utilisation de move par les PJ. En solo on utilise souvent les actions parce que ca permet de créer des rebondissements, mais quand tu joues à plusieurs il y'a plus de phases ou personne n'utilise d'action.
Pour moi ce n'est pas vraiment une action de l'Obscurité car son déclenchement n'est que mécanique et obligatoire qui est directement lié à l'état d'angoisse du perso ou à la confrontation à un truc inommable, bref c'est un jet de SAN.
Tu ne peux pas dépasser 4, donc il ne peut pas en prendre plus. Après selon la situation de jeu, je pense qu'on peut recourir systématiquement à l'action "Contenir son effroi" tant que le PJ a 4 PA alors que normalement il pourrait en réclamer d'autres. Il est probable qu'il ne tienne pas le coup très longtemps
Cthulhu Invictus: Limes Obscurus. Certaines forêts sont plus sombres que d'autres
Dark Operators, un hack du BRP pour Delta Green avec sa feuille de PJ. Du poulpe et des Forces Spéciales.
Un cadavre encombrant Un prologue alternatif à La Ville en Jaune
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- rogre
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Re: [CR][HORRIFIQUE][SOLO] L'abominable portrait
Merci beaucoup pour toutes ces bonnes suggestions! 

La bêtise de surface est plus superficielle que la bêtise des profondeurs. Mais en même temps, elle est moins profonde. C'est le fameux "en même temps". (Goossens)