L'invisibilisation du matériel amateur dans les médias rôlistiques

Inspis, théories, conseils ...
Avatar de l’utilisateur
Atelier Rôlecture
Profane
Messages : 10
Inscription : mar. nov. 12, 2024 4:15 pm
Contact :

Re: L'invisibilisation du matériel amateur dans les médias rôlistiques

Message par Atelier Rôlecture »

J'en dis que j'ai toujours trouvé mon bonheur dans les jeux amateurs et indépendants, au moins autant si ce n'est plus que dans les jeux édités dits professionnels ou officiels (j'ai la même disposition envers les jeux vidéo indépendants, bien plus inventifs que les jeux des gros éditeurs), donc je pense que l'ouverture de ce fil est très importante et intéressante.

En matière de production amateure, je distinguerais sans me lancer dans une typologie élaborée au moins trois types :
  1. Les jeux amateurs originaux, n'adaptant aucun univers préexistant dont l'auteur n'aurait pas les droits, mais proposant un cadre de jeu tout à fait original, né de l'imagination et du travail de son auteur (j'y inclus les productions de scénarios, de cadres d'aventures et de systèmes de jeu originaux qui ne seraient pas des jeux de rôle à part entière, selon la définition traditionnelle que l'on en a) ;
  2. Les jeux amateurs spéciaux, adaptant un univers préexistant dont l'auteur n'a pas les droits (cet univers dispose ou non déjà d'un jeu de rôle officiel), nés de la passion de l'auteur pour cet univers ;
  3. Toutes les productions développant ou résumant certains éléments de jeux édités dits professionnels (aides de jeu, scénarios, suppléments non officiels, etc.).
De mon point de vue, ces trois types demandent différents moyens d'exposition, c'est-à-dire qu'on ne les présentera pas nécessairement de la même manière, aux mêmes endroits :
  1. Les jeux amateurs originaux devraient suivre des canaux similaires (non identiques) aux jeux édités dits professionnels, mais avec quels moyens ? Les jeux professionnels ne prennent-ils pas déjà beaucoup de place et de temps ?
  2. Les jeux amateurs spéciaux ou d'adaptation seraient soit des invitations à découvrir autrement un univers de fiction (romans, BD, films, séries, jeux...) quand celui-ci ne dispose pas d'un jeu de rôle officiel, soit des alternatives à des jeux officiels, souvent plus élaborés. En tant que jeux à part entière, ils devraient être traités comme tels, toutefois, les questions de la concurrence et de l'image se posent ;
  3. Les productions développant un jeu édité sont avant tout destinées à la communauté des joueurs, de sorte que je suis d'avis que c'est avant tout le travail de l'éditeur de les mettre en avant au sein de sa communauté et pourquoi pas en dehors. Certes, c'est un travail supplémentaire pour l'éditeur de jeux de rôle, qui a déjà beaucoup à faire, mais j'estime pour ma part que faire vivre ses jeux par des coups de projecteur sur les créations de leur communauté fait partie de ses attributions. La question de leur médiatisation est plus problématique, puisqu'elles regardent un public donné, ciblé, de niche, qu'elles soient limitées en visibilité sur les forums ou serveurs Discord des éditeurs/jeux paraît donc naturel, à défaut d'être forcément souhaitable. Comme le rappelle Ramentu, certains éditeurs permettent la publication de productions amateures liées à leurs jeux et proposent des outils pour la favoriser.
Pour illustrer ce troisième point, je suis très reconnaissant aux auteurs et à l'éditeur des Héritiers d'avoir inclus le supplément non officiel que j'ai écrit, La Guilde des Voyageurs, dans l'univers officiel du jeu, en le citant dans le dernier supplément officiel et en le proposant gratuitement dans la boutique officielle du jeu. Au-délà du fait que cet exemple me concerne, je pense que c'est une manière saine pour un éditeur d'exposer les productions amateures de sa communauté.

Je ne m'y connais pas assez en médias pour proposer de nouvelles formes d'exposition qui permettraient de sortir de l'ombre les productions amateures, toutefois je constate qu'il y a plusieurs obstacles qui expliquent cette invisibilisation :
  • la quantité astronomique de jeux induit que seuls les plus gros profitent d'une exposition à un large public et donc que ce large public s'intéresse et joue avant tout à ces plus gros, sachant que parler d'un "large public" en matière de jeu de rôle est plutôt optimiste, or les jeux amateurs ne sont pas les plus gros ;
  • les productions amateures ont rarement les moyens de se vendre dans le sens marketing du terme, surtout dans un marché comme celui du jeu de rôle où même les éditeurs professionnels disposent encore de très faibles moyens dans ce domaine ;
  • les auteurs de jeux amateurs ont rarement une communauté suffisamment nombreuse et fidèle pour porter en exposition leurs jeux, contrairement aux éditeurs de jeux (semi-)professionnels ;
  • l'organisation assez morcelée des médias rôlistiques (magazines, fanzines, blogs, chaînes Youtube...) ne me semble pas propice à la mise en avant de productions amateures, car il s'agit souvent de personnes isolées qui parlent de leur passion, sans qu'il y ait nécessairement une professionnalisation de leur pratique journalistique, si celle-ci existe. Quand on compare avec le jeu vidéo, un marché bien plus gros et professionnalisé, la mise en lumière des jeux indépendants y reste encore très récente. Le milieu du jeu de rôle n'est à mon avis pas assez étendu et professionnalisé pour que son aura expose de manière égale les productions amateures, à moins de le réorganiser spécifiquement et en profondeur en ce sens ;
  • enfin une interrogation un peu nébuleuse, à savoir si les jeux amateurs sont compatibles ou non avec les pratiques les plus courantes du jeu de rôle (qui joue à des jeux amateurs ? comment ? à quelle fréquence ? etc.), et donc s'il est pertinent qu'ils reçoivent la même exposition que des jeux professionnels.
Pour ce qui est de la conservation des productions amateures, je m'y connais encore moins, donc je ne me risquerai pas sur ce terrain, mais elle me semble tout aussi importante.

Pour finir.
Quand on parle de jeux amateurs, je pense immédiatement aux suivants qui m'ont agréablement marqué :
  • La Terre des Héros d'Olivier Legrand, une adaptation de l'univers de Tolkien, alors que des jeux officiels existaient déjà ;
  • Solomon Kane du même Olivier Legrand, une adaptation des écrits de Howard sur le héros éponyme, avant que le jeu officiel n'existe ;
  • The Witcher de Siwukyl, une adaptation de l'univers romanesque de Sapkoswki, avant que le jeu officiel n'existe ;
  • Assassins de Daruthin, une adaptation des jeux vidéo Assassin's Creed d'Ubisoft, avant que le jeu officiel n'existe.
Et je constate qu'il s'agit là de quatre adaptations et non de créations originales, pourtant nombreuses, ce que j'explique par le fait que les productions amateures existent aussi pour combler un manque : j'apprécie tel univers, je cherche si quelqu'un a déjà écrit un jeu qui me permette de l'explorer en jeu de rôle. Une nuance cependant dans la liste ci-dessus : pour une raison obscure, j'avais revu le film Solomon Kane (2009) avec James Purefoy, ce qui m'a conduit au jeu d'Olivier Legrand, lequel m'a grandement donné envie de lire les nouvelles d'Howard sur le personnage, ce que j'ai fait, et évidemment d'y jouer ! Le jeu m'a donc ouvert des portes, il n'a pas été une simple destination. Cela rejoint le dernier point de la liste des obstacles : quelle pratique des jeux amateurs ?
Dernière modification par Atelier Rôlecture le lun. déc. 16, 2024 6:55 pm, modifié 1 fois.
Avatar de l’utilisateur
Harfang2
Dieu d'après le panthéon
Messages : 2462
Inscription : jeu. déc. 03, 2020 5:51 pm
Localisation : Tours
Contact :

Re: L'invisibilisation du matériel amateur dans les médias rôlistiques

Message par Harfang2 »

Neluge a écrit : lun. déc. 16, 2024 1:11 pm Par curiosité, quelles sont les créations amateures (de n'importe quel type, pour n'importe quel jeu, récentes ou relevant de l'archéologie rôlistique) qui à votre avis méritent le plus d'être mises en évidence ?

- Lycéenne.
- Tiers Age
- Le dodécaèdre, de @Snorri 
- Epées & voleurs de @Olivier.Legrand 
- imperium de @Olivier.Legrand 
- Sur la frontière
- Brain Soda

Je met de côté Pavillon Noir et Te Deum que j'ai connu et apprécié, amateurs et qui sont devenus pro
Plurima leges, pessima republica
Avatar de l’utilisateur
Tybalt (le retour)
Dieu d'après le panthéon
Messages : 9392
Inscription : mer. août 22, 2012 7:33 pm
Contact :

Re: L'invisibilisation du matériel amateur dans les médias rôlistiques

Message par Tybalt (le retour) »

Nolendur a écrit : lun. déc. 16, 2024 3:23 pm
Neluge a écrit : lun. déc. 16, 2024 1:11 pm Par curiosité, quelles sont les créations amateures (de n'importe quel type, pour n'importe quel jeu, récentes ou relevant de l'archéologie rôlistique) qui à votre avis méritent le plus d'être mises en évidence ?

A mon avis, « méritent le plus » n'est pas forcément un angle d'attaque pertinent. Si je comprends bien le propos de Tybalt, il s'agit plus de rendre visible le phénomène dans son ensemble, montrer à une masse de rôlistes casuals qu'il existe tout un pan du loisir qui reste caché et qui peut être un vrai trésor à explorer, un trou de lapin dans lequel se perdre (comme ils disent de l'autre côté de la mare). A partir de là, la sélection de ce qu'il y a à mettre en avant dépendra des goûts et des humeurs de ceux qui le mettent en avant. C'est sûr que si on veut souligner l'intérêt du truc, il vaut mieux éviter les croquis de jeunesse du petit frère, mais il ne faudrait pas non plus (mais ce n'est que mon opinion) viser un élitisme qui masquerait l'aspect joyeux et bordélique du foisonnement qu'il y a à portée de main.

C'est tout à fait ça, oui :) On peut imaginer des sélections et des critères de critique, mais je plaide avant tout pour rendre visible le matériel amateur en général, comme un type de matériel de jeu de rôle qui existe (et a toujours existé) à côté de la production pro. Sachant que, par principe, le matériel amateur ne peut (ou ne veut) pas viser le même niveau de qualité que la production pro. Et encore une fois, ce n'est pas forcément nécessaire. Si quelqu'un a pondu un PDF qui présente en une page l'univers de L5R ou de L'Anneau Unique de manière particulièrement claire et commode pour l'initiation, ce n'est pas grave s'il n'y a pas d'illustrations dignes de John Howe et des polices de caractère à faire se pâmer Gutenberg.

cdang a écrit : lun. déc. 16, 2024 3:41 pm Pour le point 3, ça serait typiquement un travail universitaire (je ne sais pas de quelle spécialité, archiviste ?). Impossible d'être exhaustif, il faut donc une méthode (échantillonnage aléatoire ? J'y connais rien). Peut-être commencer par étudier la structure des données (ce que tu as commencé à ébaucher : sur quels médias ça se trouve, sous quelle forme, comment l'info circule-t-elle etc.)

Oui, ce serait intéressant à faire. Quelqu'un se dévouerait pour le colloque des 60 ans (s'il y en a un) ?

cdang a écrit : lun. déc. 16, 2024 3:41 pmPour le 1, on pourrait avoir quelques sites de référence (p.ex. la FFJdR) qui fourniraient quelques exemples de ressources pour les jeux les plus diffusés (bien évidemment D&D et AdC), et pour des licences/FansFic populaires (p.-ex. Pokémon, One Piece, Batman, je ne sais quelle série et jeu vidéo etc.)

En fait, non, cette proposition permettrait d'attirer vers la créa amateure un large public, pas de donner un large public aux créa amatrices, je ne sais pas si je suis clair. En gros, la popularité des jeux et des licences permettrait de faire connaître à un large public le phénomène de créa amatrice ; pour autant, les créa amatrices en dehors de ces domaines grand public resteraient dans l'ombre.

Je ne sais pas si "le grand public" serait capable d'apprécier une initiation basée sur du matériel amateur, plutôt que d'utiliser des jeux officiels bardés d'illustrations. Ce n'est pas une façon polie de dire "il n'en est pas capable" : je ne sais vraiment pas. J'ai de gros doutes, mais d'un autre côté, si on arrive à faire apprécier le jeu de rôle à quelqu'un sans lui refiler d'emblée des jeux à gros moyens, ça rendra la personne capable d'apprécier n'importe quel type de jeu.

Inigin a écrit : lun. déc. 16, 2024 4:40 pm Dans ma folle jeunesse le Sden avait des Communautés officielles qui servaient de forum aux éditeurs et ça supportait de la créa de contenu.

C'était tellement pratique ! Et c'était un vivier créatif extraordinaire. Mais sur la fin, ça vivotait alors que sur le principe, avoir une bibliothèque de matériel pour autant de jeux, c'était toujours aussi utile. Cela dit, c'étaient carrément des mini-sites par rubrique, sans parler de tous les sous-forums à gérer, donc pas mal de boulot. Et l'interface aurait gagné à se refaire encore un coup de jeune. Celle de la Scénariothèque a le mérite d'être plus simple.

J'ai l'impression qu'il y a eu une dispersion énorme au fil du temps : la tentation de créer son propre site, puis son propre blog, puis des pages ou groupes Facebook, puis des communautés Discord... mais ce n'est paradoxalement pas si favorable que ça au loisir, parce que chacun crée son truc dans son coin et doit faire des efforts énormes pour se faire connaître, alors qu'une plateforme commune réduirait le travail de gestion et le travail de publicité, tout en assurant un accès à tout le monde (qu'un réseau social propriétaire ne permet pas, puisque tout le monde n'a pas de compte et n'a pas forcément envie de s'en créer un juste pour aller récupérer une fiche de perso plus jolie) et une conservation et une visbilité plus durables (sur un site statique, les rubriques restent disponibles, il n'y a pas besoin de reposter 10 fois un lien pour éviter qu'il ne coule dans les profondeurs des fils d'actus à cause de l'agorithme impitoyâââble...).

@Atelier Rôlecture Merci pour ton intervention très construite et regorgeant d'idées :)

Atelier Rôlecture a écrit : lun. déc. 16, 2024 5:33 pm [*]Les productions développant un jeu édité sont avant tout destinées à la communauté des joueurs, de sorte que je suis d'avis que c'est avant tout le travail de l'éditeur de les mettre en avant au sein de sa communauté et pourquoi pas en dehors. Certes, c'est un travail supplémentaire pour l'éditeur de jeux de rôle, qui a déjà beaucoup à faire, mais j'estime pour ma part que faire vivre ses jeux par des coups de projecteur sur les créations de leur communauté fait partie de ses attributions. La question de leur médiatisation est plus problématique, puisqu'elles regardent un public donné, ciblé, de niche, qu'elles soient limitées en visibilité sur les forums ou serveurs Discord des éditeurs/jeux paraît donc naturel, à défaut d'être forcément souhaitable. Comme le rappelle Ramentu, certains éditeurs permettent la publication de productions amateures liées à leurs jeux et proposent des outils pour la favoriser.

En effet, et c'est une bonne pratique, je trouve, puisqu'elle met en valeur le travail de la communauté d'un jeu et facilite la vie aux rôlistes qui pratiquent ce jeu. Tout le monde y gagne. Je préfère largement l'accès via un site web accessible à tout le monde plutôt qu'un lien sur Discord ou sur un réseau nécessitant de créer un compte et/ou d'installer une app, ce qui diminue mécaniquement le nombre de gens qui y auront accès (et comme le public de base n'est déjà pas toujours énorme...).

Atelier Rôlecture a écrit : lun. déc. 16, 2024 5:33 pm [*]l'organisation assez morcelée des médias rôlistiques (magazines, fanzines, blogs, chaînes Youtube...) ne me semble pas propice à la mise en avant de productions amateures, car il s'agit souvent de personnes isolées qui parlent de leur passion, sans qu'il y ait nécessairement une professionnalisation de leur pratique journalistique, si celle-ci existe. Quand on compare avec le jeu vidéo, un marché bien plus gros et professionnalisé, la mise en lumière des jeux indépendants y reste encore très récente. Le milieu du jeu de rôle n'est à mon avis pas assez étendu et professionnalisé pour que son aura expose de manière égale les productions amateures, à moins de le réorganiser spécifiquement et en profondeur en ce sens ;

Tu trouves ? Je ne comprends pas entièrement tes réserves sur ce point. Un blog ou une chaîne Youtube est facile à créer et à mettre à jour, ce qui crée des conditions a priori très propices pour que des rôlistes lambdas disent un mot sur les ressources amateur disponibles pour leur jeu préféré. Pas pour une critique professionnelle, ça non, mais pour une meilleure visibilisation, oui.

Ce que tu dis sur les magazines est vrai actuellement, mais dans les années 1980-1990, les gens de Casus avaient une carte de presse et le magazine était publié par un éditeur de magazines "classique"... et Casus consacrait une rubrique aux fanzines. Comme quoi, c'était possible, et la sphère du jeu de rôle n'était pas davantage professionnalisée que maintenant, au contraire.

Une partie de ton questionnement porte sur le cas des jeux amateurs, qui méritent aussi d'être mieux mis en valeur, mais posent des questions spécifiques, pas toujours les mêmes que le matériel amateur en général (petites aides de jeu, scénarios, conversions de règles...).

Neluge a écrit : lun. déc. 16, 2024 1:11 pm Par curiosité, quelles sont les créations amateures (de n'importe quel type, pour n'importe quel jeu, récentes ou relevant de l'archéologie rôlistique) qui à votre avis méritent le plus d'être mises en évidence ?

Au débotté et en vrac, je dirais :
- les scénarios et campagnes.
- les aides de jeu fournissant un travail graphique et/ou de maquettage intéressant : fiches de persos alternatives et écrans de MJ, par exemple, ou encore portraits de personnages, jetons, pions battlemaps, plans.
- les aides de jeu qui facilitent le travail des MJ et/ou des gens en général pour prendre en main un jeu (résumés rapides des règles ou de l'univers, aide-mémoires de règles, programmes pour se créer un perso) ou pour préparer un scénario/campagne (synthèses d'infos, retours d'expérience avec conseils...).
- les conversions de règles, parce qu'avoir une base de données permettant de les retrouver facilement serait tout de même bien pratique.
- les jeux entiers.
Mes sites : Kosmos (un jdra sur la mythologie grecque qui a lu les auteurs antiques pour vous) ; blog de lectures ; site d'écriture.
Disclameur : j'ai écrit pour "Casus" et "Jdr Mag".
Avatar de l’utilisateur
cdang
Dieu d'après le panthéon
Messages : 6292
Inscription : jeu. avr. 30, 2015 10:23 am
Localisation : Le Havre (Choisy-le-Roi, Saint-Étienne, La Rochelle)

Re: L'invisibilisation du matériel amateur dans les médias rôlistiques

Message par cdang »

Tybalt (le retour) a écrit : lun. déc. 16, 2024 9:26 pm Je ne sais pas si "le grand public" serait capable d'apprécier une initiation basée sur du matériel amateur, plutôt que d'utiliser des jeux officiels bardés d'illustrations.

Ce n'était pas le sens de mon message ; je parlais de matériel en général plutôt que de jeux.

Le grand public accès aux gros produits (D&D, AdC, licences à succès) et on leur présente les prod amatrices (scénars, aides de jeux etc.) pour leur faire découvrir le côté bricolo du hobby.
--
Vous êtes mort
Avatar de l’utilisateur
Atelier Rôlecture
Profane
Messages : 10
Inscription : mar. nov. 12, 2024 4:15 pm
Contact :

Re: L'invisibilisation du matériel amateur dans les médias rôlistiques

Message par Atelier Rôlecture »

Tybalt (le retour) a écrit : lun. déc. 16, 2024 9:26 pm
Atelier Rôlecture a écrit : lun. déc. 16, 2024 5:33 pm
  • l'organisation assez morcelée des médias rôlistiques (magazines, fanzines, blogs, chaînes Youtube...) ne me semble pas propice à la mise en avant de productions amateures, car il s'agit souvent de personnes isolées qui parlent de leur passion, sans qu'il y ait nécessairement une professionnalisation de leur pratique journalistique, si celle-ci existe. Quand on compare avec le jeu vidéo, un marché bien plus gros et professionnalisé, la mise en lumière des jeux indépendants y reste encore très récente. Le milieu du jeu de rôle n'est à mon avis pas assez étendu et professionnalisé pour que son aura expose de manière égale les productions amateures, à moins de le réorganiser spécifiquement et en profondeur en ce sens ;
Tu trouves ? Je ne comprends pas entièrement tes réserves sur ce point. Un blog ou une chaîne Youtube est facile à créer et à mettre à jour, ce qui crée des conditions a priori très propices pour que des rôlistes lambdas disent un mot sur les ressources amateur disponibles pour leur jeu préféré. Pas pour une critique professionnelle, ça non, mais pour une meilleure visibilisation, oui.
Permets-moi de clarifier mon propos. Je n'émettais pas de réserves, mais une simple observation. Des blogs ou des chaînes Youtube francophones dédiés au jeu de rôle (d'autres médias aussi, comme les podcasts par exemple), il y en a déjà des dizaines voire des centaines, pourtant la visibilité des productions amateures reste très limitée, de ton propre constat, à l'origine de ce fil.

Je partage ce constat, et je constate en outre que les médias amateurs (animés par les "rôlistes lambdas") ne sont pas les mieux armés pour mettre en lumière les productions amateures, pour diverses raisons qui ont déjà pu être évoquées ici :
  • la hiérarchisation des œuvres implique que l'on parle avant tout des derniers livres édités des grands noms du jeu de rôle, puis des livres plus anciens, puis des jeux moins connus, puis des jeux indépendants ou auto-édités, puis des jeux amateurs éventuellement, enfin le matériel amateur se retrouve tout à la fin, sans parler des multiples sujets théoriques ou pratiques qui entourent la pratique du jeu de rôle, qu'on le veuille ou non il y a un ordre de priorité plus ou moins reconnu dans le traitement de l'information ;
  • le temps d'antenne étant limité, cette hiérarchisation implique que certains sujets sont plus souvent abordés que d'autres, de sorte que la visibilité des productions amateures en fait les frais. Rien que l'actualité des sorties de nouveaux jeux ou de nouvelles éditions occupent une très large part de ce temps d'antenne pour ne pas dire que celui-ci ne suffit pas à la couvrir ;
  • les personnes qui gèrent ces médias le font souvent seules, elles parlent avant tout de ce qui les intéresse, ce qui est naturel, et de ce qui peut intéresser leur public ou communauté, mais leurs moyens et leur temps sont limités, et elles disposent rarement d'une structure ou d'une ligne éditoriale qui permettrait de catégoriser et de mettre en lumière des productions en particulier ;
  • la logique interne de l'information numérique implique aussi que des sujets portant sur des productions amateures attirent certainement moins de lecteurs, auditeurs, spectateurs, car elles sont moins connues et parfois dépréciées par nature, à tort ou à raison, elles suscitent moins d'intérêt, et moins qqch. est consulté, plus il est difficile de le trouver et de le mettre en valeur ;
  • le point le plus important à mon sens, le morcellement des médias rôlistes ne permet pas de mettre un coup de projecteur sur quelque chose d'aussi spécifique et réduit que les productions amateures, car pour ce faire, il faudrait un mouvement commun (à la manière des grands médias qui suivant l'actualité parlent tous des mêmes sujets), or faute de structure commune, ce me semble compromis, parce que chaque blogueur, vidéaste ou podcaster gère sa petite entreprise de son côté, de sorte que même s'il y a des articles ou des vidéos qui parlent de temps en temps de productions amateures, et il y en a, ils sont trop dispersés et marginaux pour toucher un large public. Qui dit morcellement des médias dit morcellement du public, lequel est déjà très faible, même quand on considère l'ensemble des joueurs de jeux de rôle puisqu'il n'y a qu'une partie indéterminée de celui-ci qui suit les médias rôlistes. Chaque blogueur ou vidéaste s'adresse à son public, restreint.
En conclusion, voici cette fois mes réserves : je suis très loin d'être convaincu par l'idée que des rôlistes lambdas disant un mot sur les productions amateures en améliore la visibilité, de même que pour moi, les conditions créées par ce morcellement sont tout sauf propices à créer de la visibilité. En effet, je ne pense pas qu'internet fonctionne ainsi, de manière aussi simple, et je suis certain que toi non plus au vu de tes propositions initiales.
De mon point de vue, ces productions amateures, pour leur donner de la visibilité, il faudrait en parler et les centraliser au sein d'une ou plusieurs structures dédiées, or mener un tel projet requiert du monde, des ressources, des compétences et du temps, éventuellement une professionnalisation, laquelle au vu du marché actuel semble très difficile à entrevoir. C'est ce dont tu parlais, je pense, en évoquant des magazines et des sites généralistes, ainsi que des "critères d'évaluation adaptés". En tout cas, je rejoins ces idées, bien que les magazines soient en perte de vitesse et que les sites généralistes (on a déjà évoqué la Scénariothèque, le GROG ou le Fix) me paraissent loin d'être suffisants à l'heure actuelle.
Tybalt (le retour) a écrit : lun. déc. 16, 2024 9:26 pm Ce que tu dis sur les magazines est vrai actuellement, mais dans les années 1980-1990, les gens de Casus avaient une carte de presse et le magazine était publié par un éditeur de magazines "classique"... et Casus consacrait une rubrique aux fanzines. Comme quoi, c'était possible, et la sphère du jeu de rôle n'était pas davantage professionnalisée que maintenant, au contraire.
Autres temps, autres mœurs. Le marché du jeu de rôle de l'époque reste différent de celui d'aujourd'hui, ne serait-ce que du fait des circonstances économiques. Internet et ses outils ne s'étaient pas démocratisés. Aujourd'hui, l'essentiel de la création amateure partagée l'est sur Internet et Internet l'a sans doute démultipliée.
De la même manière que j'ai pointé du doigt le morcellement des médias rôlistes, tu évoquais dans ton premier message une fragmentation de la création amateure (sites, blogs, réseaux sociaux, itchio...). Il faudrait coder un puissant logiciel de veille pour réussir à englober tout ça ou encourager les créateurs à publier sur un site centralisé, lequel remplirait pour eux idéalement les mêmes fonctions qu'un site, qu'un blog, qu'un réseau social et qu'itchio ou drivethurpg à la fois. Un sacré boulot !
Tybalt (le retour) a écrit : lun. déc. 16, 2024 9:26 pm  Une partie de ton questionnement porte sur le cas des jeux amateurs, qui méritent aussi d'être mieux mis en valeur, mais posent des questions spécifiques, pas toujours les mêmes que le matériel amateur en général (petites aides de jeu, scénarios, conversions de règles...).
En effet, d'où la distinction que j'établissais en introduction de mon message. Toutefois, jeux ou matériel, ce qui est amateur est soumis selon moi à des problématiques communes : manque de considération, manque de moyens, difficulté à toucher un large public... Les raisons sont à mon sens aussi communes. En revanche, les solutions pour en améliorer la visibilité sont sans doute différentes, car ils sont de nature différente.
Concernant le matériel amateur en particulier, à l'heure actuelle dans le meilleur des cas l'éditeur d'un jeu, son ou ses auteurs, et la communauté de ce jeu font en sorte de le rendre disponible aux principaux intéressés, les personnes qui jouent à ce jeu. En soi, je trouve cela suffisant dans la mesure où je ne vois pas hors cas exceptionnels en quoi ce matériel amateur pourrait intéresser des gens qui ne possèdent ni ne jouent à ce jeu. Évidemment, on peut jouer à un jeu en méconnaissant totalement l'existence du matériel amateur créé par la communauté, lequel aiderait pourtant bien. Alors, il y a peut-être là un problème de visibilité, du moins d'information.

P.-S. : mon ordinateur ayant redémarré au cours de la rédaction, ne m'en veuillez pas si le discours est un peu décousu, la première version était mieux structurée, je vous assure. Dorénavant je n'oublierai plus d'enregistrer un brouillon. 😅
Avatar de l’utilisateur
Olivier Fanton
Dieu des lapins qui bouquinent
Messages : 3896
Inscription : jeu. août 07, 2003 10:01 pm
Localisation : Rouen (ou pas loin)
Contact :

Re: L'invisibilisation du matériel amateur dans les médias rôlistiques

Message par Olivier Fanton »

Knight of Dinner Table, biclassé comics / magazine de JdR au long cours, longtemps mensuel mais bimestriel depuis peu, a une rubrique (Web Scryer) d'une page dédiée aux ressources internet sur un sujet donné. C'est plein de liens vers des pages amateurs.

Dans le dernier numéro (315), ça parle de Shadowdark par exemple. Dans le précédent, c'était des liens vers des plans pour figurines. Dans celui d'avant, ça parlait de Fallout, avec des liens vers des productions amateurs autour du jeu.

Donc, c'est possible. :)
Un lapin qui bouquine n'a pas besoin de lunettes. (Les Bouquins du Lapin)
Avatar de l’utilisateur
Dany40
Dieu d'après le panthéon
Messages : 2792
Inscription : ven. avr. 28, 2017 2:04 pm
Localisation : Orthez
Contact :

Re: L'invisibilisation du matériel amateur dans les médias rôlistiques

Message par Dany40 »

Pour ma part, il m’est déjà arrivé plusieurs fois de mettre à la fin d’un article sur un JDR des liens vers des aides de jeu fan-made.
Je fais cette démarche quand je pense que ces aides sont un vrai plus pour ceux découvrant le jeu en question (et donc qu’elles peuvent aider à se lancer).

Mettre en lumière des productions fan-made, sur le principe bien sur que j’y suis favorable (et je pense que tous les camarades du Fix pensent la même chose), mais attention quand même : comme pour les articles sur les productions éditeurs , il faut que l’article fasse sens … il faut qu’il y est un propos que l’on puisse porter selon moi à travers ce partage.

Partager pour partager, cela n’a pas vraiment d’intérêt, il faut du contexte et donner un but à ce partage : cette production fan made que propose t’elle d’intéressant à relever ? Est elle un support notable pour certains types de jeu ? Etc … etc …

Sur le fond de la question, oui ce serait cool qu’on puisse plus les mettre en avant. Dans la pratique, il faut peut être qu’on regarde aussi comment en parler de façon constructive et intéressante :)
« Les hommes doués intellectuellement savent qu’il n’y a pas de différence nette entre le réel et l’irréel, que les choses ne nous apparaissent qu’à travers la délicate synthèse physique et mentale qui s’opère subjectivement en chacun de nous. » HP Lovecraft
Liste de mes articles sur le Fix
wade le rond
Cardinal
Messages : 559
Inscription : ven. août 07, 2009 10:34 pm
Localisation : Vanves

Re: L'invisibilisation du matériel amateur dans les médias rôlistiques

Message par wade le rond »

Une petite idée (proposition) : ne pourrait-il y avoir sur ce forum un sujet (en post it) pour centraliser les infos sur les jdr amateurs / artisanaux / gratuits ?

Perso, je suis grand consommateur de jdr amateurs (je ressors d'une campagne bene gesserit motorisée par Imperium qui a été un grand bonheur)  et je trouve que Casus no pourrait participer à accroitre leur visibilité.
Le Temple de Bastet : l'ensemble de nos jeux

Quelques JDR sur Lulu : La Caverne, Malleus, Profiler et Apothéose

Profiler sur Amazon

Babelio

 
Avatar de l’utilisateur
Qui Revient de Loin
Dieu qui a failli y rester
Messages : 14004
Inscription : sam. mars 02, 2013 1:20 pm
Localisation : Nothing Gulch
Contact :

Re: L'invisibilisation du matériel amateur dans les médias rôlistiques

Message par Qui Revient de Loin »

Est-e que ce n'est pas déjà le cas des fils POD et Itchio, en grande partie ? Avec toujours la même difficulté à trouver des gens pour les gérer, comme le rappelait @sherinford ...

Mais, oui,  défaut de pouvoir commander l'ensemble de la presse nationale, les influenceurs du JDR et de créer un ministère des archives rôlistiques, on peut commencer local, ici : un fil amatorat (en s'interdisant de faire sa propre promo ? et/ou en interdisant les produits payants ?), des posts mettant en lumière des ressources amateurs dans les fils spécialisés que l'on suit (par exemple pour moi un post sur les ressources amateurs en français pour MOTW dans le fil 2D6+Goule), des signalements au Fix quand on trouve des perles, etc.
Dieu qui a failli y rester | Teams Panthéon & Bienvenue
Le blog de mes voyages imaginaires: http://qui.revient.de.loin.blog.free.fr/
Mon Itchio
Mémoire de rôlistes : le patrimoine du jeu de rôle se construit aujourd'hui

Contributeur au Grog
wade le rond
Cardinal
Messages : 559
Inscription : ven. août 07, 2009 10:34 pm
Localisation : Vanves

Re: L'invisibilisation du matériel amateur dans les médias rôlistiques

Message par wade le rond »

Qui Revient de Loin a écrit : mar. déc. 17, 2024 11:12 am Est-e que ce n'est pas déjà le cas des fils POD et Itchio, en grande partie ? Avec toujours la même difficulté à trouver des gens pour les gérer, comme le rappelait @sherinford ...

En fait, je pense que les deux sujets sont en partie disjoints : l'excellentissime Imperium n'est pas dispo en POD mais gratuitement sur le site qui l'héberge.
Pas besoin d'huile de coude sur un tel sujet   : laisser les infos s'organiser spontanément comme un fil de discussion classique mais en post it 

Donc je formule ma demande officiellement à la communauté CASUS NO et aux admins  :bierre:
wade le rond a écrit : mar. déc. 17, 2024 11:05 am Une petite idée (proposition) : ne pourrait-il y avoir sur ce forum un sujet (en post it) pour centraliser les infos sur les jdr amateurs / artisanaux / gratuits ?


 
Le Temple de Bastet : l'ensemble de nos jeux

Quelques JDR sur Lulu : La Caverne, Malleus, Profiler et Apothéose

Profiler sur Amazon

Babelio

 
Tristan
Panthéon
Messages : 9375
Inscription : mer. oct. 08, 2003 7:46 pm

Re: L'invisibilisation du matériel amateur dans les médias rôlistiques

Message par Tristan »

Tybalt (le retour) a écrit : lun. déc. 16, 2024 9:26 pm
Nolendur a écrit : lun. déc. 16, 2024 3:23 pm
Neluge a écrit : lun. déc. 16, 2024 1:11 pm  
Ce que tu dis sur les magazines est vrai actuellement, mais dans les années 1980-1990, les gens de Casus avaient une carte de presse et le magazine était publié par un éditeur de magazines "classique"... et Casus consacrait une rubrique aux fanzines. Comme quoi, c'était possible, et la sphère du jeu de rôle n'était pas davantage professionnalisée que maintenant, au contraire.


"Les gens de Casus" en question, ça a longtemps été moi.

Donc, quelques points : 

1) Casus Belli ne parlait que des fanzines reçus à la rédaction, ce qui veut dire qu'il y en a certainement des tonnes qui passaient sous notre radar. J'ai dû faire deux ou trois exceptions pour des trucs vus en boutiques qui étaient exceptionnellement intéressants, mais c'était franchement rare.

2) Sur cette base, nous avions à peu près trente-quarante fanzines par bimestre (chiffres de mémoire, qui doivent plutôt correspondre à un maximum). Là-dessus, il y avait deux ou trois "proto-magazines" presque réguliers et à la qualité constante d'un numéro sur l'autre, quelques "étoiles filantes" de qualité qui soit paraissaient très irrégulièrement, soit disparaissaient au bout de deux ou trois numéros, et un fond de sauce composé de gens qui se lançaient, pour le meilleur et très souvent pour le pas terrible. Rédiger l'article me prenait une après-midi, mais avant ça, il fallait dépouiller tout ça, et c'était chronophage en diable, et assez souvent décourageant, parce que dans certains cas, le ratio signal-bruit était... ce qu'il était.

3) La rubrique a fini par s'arrêter faute de combattants, les fanzines s'étant dramatiquement raréfiés à la fin des années 1990. Internet a remplacé tout ça.

Pour comparer avec un truc connexe, il y a un peu plus d'un an, j'ai décidé de me lancer dans l'examen du Miskatonic Repository. J'ai fait des sondages dans ce qui était publié, prenant ce qui était bien noté, un bundle de trucs qui m'intéressaient en particulier... et j'ai laissé tomber assez vite, parce que même si j'ai eu d'excellentes surprises, j'ai aussi trouvé des catastrophes que j'aurais trouvées nazes dans un zine tiré à dix exemplaires il y a trente ans. Et le volume de ce qui est publié sous le label Miskatonic Repository est infiniment supérieur à la production de fanzines reçue à Casus au temps de la rubrique... Autrement dit, pour faire une veille correcte, il faudrait que je me mette dessus à mi-temps, et que je dispose d'un budget relativement conséquent, le tout en acceptant de me taper des quantités de trucs pas terribles. Je n'ai ni le temps, ni l'argent, ni l'estomac pour ça, et souvenez-vous que le Miskatonic Repository est une goutte d'eau dans l'océan de la production amateur.


 
Répondre