Serval a écrit : ↑ven. août 22, 2025 11:44 am
Cryoban a écrit : ↑ven. août 22, 2025 11:22 am
Serval a écrit : ↑ven. août 22, 2025 9:34 am
pour régler ce qui se passe en Europe
Peux tu élaborer j'ai du mal à voir où tu veux en venir? Ca peut être compris de plusieurs façons
Pour faire simple, les européens devraient eux-mêmes s'occuper de ce qui se passe en Europe. Même si ça n'empêche pas des aides. Mais cela ne devrait pas se décider ailleurs, sauf en cas de manquement au droit international bien sûr.
Je pense avoir compris ce que tu veux dire, et si c'est le cas je partage ton sentiment.
Plus d'autonomie d'une part, et plus de collectif d'autre part.
Pour reprendre certaine choses lues ou vues dans la presse ici et là depuis plusieurs mois (vous m'excuserez du coup de ne plus pouvoir retrouver directement les références):
1) d'après ce que j'ai compris, les ukrainiens se sont parfois retrouvés avec des obus d'un pays A qui ne fonctionnaient pas dans le canon d'un pays B avec le calibre correspondant, parce malgré la "standardisation" sur le papier, dans les faits les deux étaient incompatibles > nécessité d'une réflexion commune sur une vraie standardisation, accompagnée de tests réels monitorés à plusieurs;
2) le renseignement. Apparemment, lorsque les Américains coupent l'accès à leurs satellites/renseignement, l'Europe n'est actuellement pas capable de compenser;
3) Les routes et le rail. Visiblement, acheminer un tank d'ouest en est, c'est le cauchemar, notamment parce que les routes ne sont pas adaptées. Oh, le beau chantier commun, pour lequel il existe déjà des subventions européennes!
4) IT et cybersécurité. Actuellement, on peut acheter des ordinateurs européens, mais la plupart tournent via Microsoft...
Idem pour les messageries, les réseaux sociaux...
5) une réflexion commune sur les dépenses. Dépenser 5 fois plus, c'est bien, mais dépenser avec un plan d'ensemble qui permettrait de mutualiser les coûts et les besoins, ça me semble une bonne idée;
6) les infrastructures. En Finlande, leurs piscines publiques sont conçues pour pouvoir servir de refuges collectifs et d'abris antimissiles. Une idée à standardiser au niveau EU pour les intégrer "by design" aux futurs chantiers publics?
7) l'énergie. J'avais entendu un intervenant d'une discussion sur la mutation énergétique dire que l'Europe était très bien positionnée pour la transition énergétique, tout simplement car elle n'a pas les ressources naturelles. Et donc elle est condamnée à innover et optimiser si elle veut survivre. Encore faut-il qu'elle le fasse.
7) l'économie. On vend cet aspect comme un point fort de l'europe, mais ça ne s'est pas trop vu lors de la négociation sur les tariffs. J'ai souvent lu que c'était parce qu'on avait les dirigeants qu'on mérite, et en particulier qu'une cheffe de la commission EU inconsistante arrangeait en réalité beaucoup de monde. Mais je pense aussi que la dépendance militaire et économique aux US a pesé sur le débat. Donc retour aux points précédents : pour débloquer l'économie, il faudrait travailler sur les autres points, ainsi que...

le politique. L'impression que j'ai (et elle est peut-être erronée), c'est que du point de vue national (et je parle de partout, pas qu'en France), les hautes institutions européennes sont un peu vues comme un bouc émissaire commode ("tout ce qui foire localement n'est pas de la responsabilité du pouvoir local, c'est BRUXELLES..." un narratif qui a bien servi pour promouvoir le Brexit, mais je ne suis pas certain que les anglais soient mieux lotis maintenant). Et en même temps, ça ressemble parfois à une poubelle à recyclage pour politiciens grillés/incompétents-mais-à-recaser/fantoches/en fin de course. On peut bien entendu penser à Mme Von der Leyen, mais Juncker avant c'etait pas mieux. Sa nomination était quand même un recasage après que lui personnellement et son parti en général se soient pris une grosse baffe localement (en gros : scandale d'écoutes téléphoniques > il fait tomber le gouvernement après avoir été personnellement mis en cause > élections anticipées > tous les partis s'allient pour exclure son parti, pourtant majoritaire > président de la Commission Européenne, comme par magie.).
9) la recherche. Yes, we can, surtout avec le potentiel de fuite des cerveaux actuels.
10) l'éducation et la culture. Car un autre point fort de l'Europe, qui fait sa séduction sur la scène internationale (selon moi), c'est son histoire et ses valeurs : la démocratie et les droits de l'homme. Le "détail" pour lequel se bat l'Ukraine, et sans doute une des grandes causes de son invasion. Et malheureusement, le truc que beaucoup tentent de saper, aux US mais aussi ici. Pourtant, cet aspect a tout le potentiel d'un important outil de soft power, surtout maintenant que les US ont laissé une place vide.
Ce qui est ironique, c'est que tous ces points me semblent montrer l'importance de jouer en équipe et de s'ouvrir aux autres, de créer de la confiance et des partenariats. Et aussi de se recentrer sur ses valeurs fondatrices. Soit l'inverse des montées souverainistes et nationalistes qu'on peut observer un peu partout actuellement, jusque dans les pays européens.
Alors que l'Europe a le potentiel, qu'elle pourrait réaliser en créant des buts communs qui dépasseraient les souverainetés locales, si lesdites souverainetés voulaient y mettre du leur.
Et de ce point de vue l'Ukraine me semble de plus en plus devenir un symbole. De résistance, oui, mais surtout de valeurs et, mine de rien, de débrouillardise et de diplomatie.
Je pense que l'Europe aurait beaucoup à apprendre de l'Ukraine, et qu'un partenariat serait profitable.
Et ça ne m'étonnerait pas que l'objectif réel, la fameuse "cause profonde du conflit" de Poutine, ce soit empêcher précisément ça (le développement et l'expansion des valeurs européennes, qui sont précisément celles défendues par ses opposants d'ailleurs), plutôt que de conquérir des territoires.