Pour commencer, contrairement à ce que je croyais, nous n'avions pas encore créé le passage vers la Mongolie. Pour la DRT, le dernier scénario s'arrêtait en Israel, les décisions de rentrer au pays et d'y ouvrir le fameux passage n’ayant pas été appliquées.
Le retour se passe sans encombre. Un seul incident, lorsque nous devons déposer l'ancre chez elle après des semaines d'absence. Nous décidons finalement de le laisser se démerder avec sa femme. Ce n'est qu'une ancre au fond et la puissance qui s'en sert ne l'appréciant pas plus que cela, il peut se débrouiller seul.
Nous avons retrouvé le royaume et le chateau calme et paisible. Une petite visite rapide plus tard pour en être bien sur et permettre à Erdechemineg de s’en faire une idée et nous l’installons dans une des chambres persuadés qu'elle n’y restera pas très longtemps. Que c’est bon d’être enfin chez soi et de pouvoir se reposer d’un si long voyage. Et c’est la puissance de l’errance qui vous le dit.
Très rapidement le garde-frontière, notre seul "employé", vint au rapport. Il avait deux nouvelles à nous annoncer. Personne n'avait pénétré en notre absence dans le royaume, il en était certain et nous lui faisions confiance sur ce point tant il était en osmose avec ce dernier. Cependant, selon lui, une chose était apparue en son sein, une ombre que seules quelques habitants et lui-même avaient brièvement aperçu. Il avait beau la rechercher, elle demeurait invisible et il lui était impossible de la localiser comme si elle était étrangère au royaume bien qu'en en faisant partie. Nous inquiétant des éventuelles destructions qu'elle aurait pu commettre, il nous fit une réponse négative mais se reprit bientôt en nous annonçant la deuxième nouvelle, la disparition d'Ambroise, poussé dans le vide par cette même ombre.
Notre ami, de retour de quelques jours, était allé méditer auprès de la zone de vide qui était sa marque en ce lieu quand soudain un être apparu très brièvement derrière lui, le poussa dedans puis disparut aussi soudainement. Depuis lors Ambroise n'avait pas donné signe de vie.
Cette nouvelle nous choqua assez fort. Il n'est rien de plus menaçant qu'un ennemi caché au sein même de notre sanctuaire, capable de nous frapper par surprise au moment où nous nous y attendons le moins. Nous ne retrouverions la sérénité qu'en arrêtant l'intrus.
Après un détour par la chambre d'Ambroise qui ne devait rien nous apprendre (il s'était mis lui aussi immédiatement à la recherche de l'ombre mais sans succès), nous nous rendîmes dans cette pièce secrète, le coeur du royaume où nous pouvons communiquer avec notre imperator. Tout semblait intact, même le blason de notre cher disparu, ce qui nous laissait à penser qu'il n'avait pas dû être blessé par cette chute et devait simplement être dans l'impossibilité de nous rejoindre pour l'instant. Notre priorité absolue restait donc de capturer cet hôte indésirable. Restait à localiser cet invisible.
C'est Mori qui s'en est chargé, ce royaume étant plus le sien que le mien, n'ayant jamais voulu m'y impliquer par souci de ne jamais devenir sédentaire. Elle versa de l'eau dans une vasque et dépensa des points de miracles pour revoir les évènements racontés par notre garde (divination majeure de royaume). Nous pûmes ainsi obtenir une vision claire de celui que nous recherchions, un être fragile à la peau très blanche, une puissance très certainement, possédant un don d’invisibilité mais à la physionomie un peu étrange, certainement humaine à l’origine mais comme transformée. Il semblait ne pas pouvoir maintenir son invisibilité lorsqu’il était obligé d’agir et ses déplacements semblaient indiqués qu’il recherchait la sortie sans y parvenir. Nous fîmes donc l’hypothèse qu’il avait été intégré bien malgré lui et à notre insu à notre royaume lors de sa création encore toute récente.
Nous nous rendîmes à l’emplacement de sa dernière localisation, un village en ruine dont nous n’avions pas connaissance. Nous étions sensé le trouver dans l’église mais elle était déserte. La lumière tombant des vitraux éclairait les restes de mobiliers plutôt bien préservés par le temps. L’autel était recouvert de débris, une grosse poutre notamment. Je pris la peine de nettoyer tout ce la mais mes efforts ne m’apportèrent aucune réponse. Dans la réalité mythique, ce fût un peu différent. De petits esprits des ruines s’amusaient à se lancer des pierres tout en évitant une zone bien particulière ne correspondant pas à ce qui l’entourait. Elle nous semblait ne pas faire partie de la même réalité. C’était comme une poche, une cage bourrée d’énergie et que nous n’osions toucher. Elle ne correspondait à rien dans la réalité prosaïque.
Nous en étions toujours à essayer de comprendre ce qu’il en était lorsque le garde-frontière réapparut pour nous avertir que deux puissances approchaient et avaient visiblement l’intention de nous rendre visite. Mori n’était pas très heureuse de cette interruption et le fut encore moins lorsqu’elle sut de qui il s’agissait et l’objet de leur requête. Annabelle, sa sœur et son frère, la puissance des registres, nous rendaient une petite visite de courtoise afin de nous aider à organiser cette fête dont nous avions parlé à Pekin. J’étais plus qu’heureux quant à moi de revoir ces figures amies et de découvrir qu’elles ne nous avaient pas oubliés. Je fis tout mon possible pour les accueillir dignement et leur faire oublier les propos quelques peu vexants de ma cohabitante. La discussion fut d’ailleurs des plus intéressantes. Les deux soeurs nous firent brièvement le tour des puissances qu’il fallait ou non inviter à notre soirée, insistant sur les qualités ou les défauts de chacun. Leurs conseils me semblèrent plus qu’avisés. J’ai hâte maintenant de mettre au point ces festivités et de lancer les invitations mais Mori semble à raison trouver plus approprié de retrouver notre ami et son agresseur avant de ne fusse qu’imaginer ouvrir son château à tant d’étrangers.
Ils nous quittèrent sans qu’aucune décision n’ai été prise à mon grand regret et sans avoir pu nous aider quant à nos problèmes domestiques. Nous les reconduisîmes vers la sortie la plus proche, celle qui se trouve au fond d’un souterrain donnant dans nos caves. Nous étions à peine remontés que le garde revint nous annoncer que l’ombre tentait de s’échapper par cette issue que nous venions bien malgré nous de lui dévoiler. Mori le localisa immédiatement et le stoppa dans sa course en faisant apparaitre de nouveaux murs. Malheureusement ces obstacles étaient en ruine, à l’image de leur créatrice et ne devaient pas l’arrêter bien longtemps. Ils nous permirent juste de ne pas perdre sa trace et d’être sur ses talons lorsqu’il déboucha à l’extérieur.
Là quelqu’un l’attendait avec un objet ressemblant à une lampe. Il s’en saisit et nous apercevant se remit à fuir. Je me lançais immédiatement à sa poursuite. Elle fût longue et harassante. Je dus y mettre toute mes forces mais parvint finalement à le rattraper dans une forêt voisine. Il venait de se tordre la jambe et semblait souffrir de cette blessure. J’essayais de ne pas l’agresser verbalement ne sachant pas à qui j’avais affaire. Mon ton fût donc amical mais néanmoins autoritaire. Je voulais savoir qui il était, ce qu’il faisait chez nous et pourquoi il avait agressé notre ami. Ces propos furent assez décousus. La seule réponse claire ce furent ces éclats de verre effilés qu’il fit surgir de ses poings et projeta vers moi. J’eu à peine le temps de me jeter sur le coté. Déjà il détalait à nouveau. Il venait de m’envoyer son identité à la figure. C’était déjà ca de pris.
Je ne pensais pas pouvoir refaire les mêmes efforts et m’apprêtait à le voir s’échapper définitivement. Heureusement son épuisement était aussi profond que le mien et sa blessure ne lui permettait pas de réellement me distancer. Je le plaquais au sol et recommençais mon interrogatoire. Il fit quelques commentaires assez vagues sur notre crédulité et sur la traitrise des puissances puis se mit à psalmodier dans un langage inconnu en utilisant la lampe comme focalisateur (c’est un reste de DD4 désolé

). Mon sang ne fit qu’un tour. Je le projetais contre un arbre en shootant dans la lampe qui vola en l’air. Il ne semblait pas très résistant et les coups lui faisaient de grands dommages. Je craignais d’y avoir été un peu fort. Je ramassais la lampe, mis la puissance inconsciente sur mes épaules et tentais tant bien que mal de retrouver Mori qui je l’espérais c’était occupée de l'acolyte.
Je ne m’étais pas trompé. Elle m’attendait mais n’était pas seule. Nos invités lui tenaient compagnie. Ils avaient du nous voir jaillir par la sortie qu’ils venaient d’emprunter. Ils furent plus qu’intéressés par l’objet que je leur ramenais et beaucoup moins par l’être qui m’avait donné tant de mal. J’appris assez vite que l’acolyte était son ancre qui avait dérobé cet artefact des tourmenteurs des mains de la secte des biologistes chargés de l’analyser. L’objet avait été désactivé et ne devait plus être considéré comme une menace. Dans l’expectative néanmoins, Annabelle décida de le reprendre. Son frère se porta volontaire pour châtier l’ancre pour sa traitrise et ce malgré notre intervention en sa faveur, le coupable étant pour nous la puissance du verre dont par ailleurs il n’existait aucune trace dans les registres. Justement il nous revenait de le prendre en charge et de le maintenir prisonnier dans nos geôles. Mes oreilles me sifflaient que nous étions en train de nous faire refiler les emmerdes et souffler les pépites mais je ne pouvais que m’incliner.
Je ne sais trop si nous avons pris suffisamment de précaution avec notre prisonnier. J’ai bien peur que la petite cellule où nous l’avons laissé ne sera pas suffisante. Je profitais néanmoins de ce moment de répit pour finaliser ce que je m’étais promis de faire depuis le désert du Neguev, à savoir renvoyer la jeune tsataane chez les siens. A l’aide du corbeau, j’ouvris le passage vers les plaines mongoles et vers la tour de garde marquant la frontière du peuple des rennes. Nous fîmes quatre fois le tour de l’oboo sacré afin de revenir sur terre. Là nous fîmes nos adieux à la jeune femme en nous promettant de nous revoir. Je lui avais enseigné comment faire le chemin inverse et chercher protection en notre royaume. Nous ne pouvions nous permettre d’en faire plus pour l’instant. Il eut été plaisant de vivre leurs retrouvailles et les fêtes qui s’en suivraient mais nous ne pouvions prendre le risque de laisser s’échapper à nouveau celui dont nous avions maintenant la charge, sous peine de perdre toute crédibilité. Trop de menaces, trop de questions sans réponses. Il nous fallait rentrer.
Je n’ai pratiquement rien enjolivé. Tout est là. Enfin presque ! Ce serait bien que la DRT complète certains passages qui me semblent déjà ténébreux. Dommage que nous n’étions pas à la hauteur pour profiter à plein de l’intrigue. Ce que ne montre pas ce récit ce sont les dialogues un peu mous que nous avons eus et les longs moments à chercher une issue ou pire un début de piste à nos problèmes qui se terminaient immanquablement par une digression sur nos activités respectives (je pense que nous avons déjà tous connu ça
). Un regret particulier pour la visite d’Annabelle and Co et ma rencontre avec la puissance du verre. On va se rattraper car cette intrigue ouverte me semble potentiellement riche et bien amenée (elle me fait penser à Ambre). Et cette fête sera un succès éclatant. Je le promets.