Alors c'était comment?
Je vais vous faire un aveux. Je ne sentais pas bien Praetoria Prima. Jouer des membres d'un hypothétique service secret au service des empereurs romains me semblait un peu casse-gueule. D'ailleurs à la lecture du livre, je conservais toutes mes inquiétudes. C'était un peu trop ambitieux et comme toujours ''Qui trop embrasse ......". Le scénar fourni dans le livre de base n'est rien d'autre qu'une simple enquête de police des plus banales. Difficile d'expliquer pourquoi des prétoriens se sentiraient impliqués par la mort d'un pauvre patricien même si elle va déboucher sur la mise en cause d'un conseiller de l'empereur (mais ca à priori ils ne sont pas sensés le savoir). La description des structures de la Praetoria Prima est trop vague et son implication dans la vie politique mouvementée de son époque me semble beaucoup trop neutre, superficielle. Bref je n'accroche pas.
Coté système, ca ressemble à du "Monde des ténèbres" remanié par un amateur mais en moins bien. Il y a des imprécisions et je dois aller faire un tour sur le forum dédié pour pouvoir tout comprendre. Ca ne donne pas l'impression d'avoir été beaucoup testé ni relu.
J'ai par bonheur le seul scénario publié à ma connaissance par une revue spécialisée, "Les carnets de l'assemblée". Et sa lecture m'a conforté dans l'idée que je me suis fait du jeu. Ca va vite être lassant de lutter contre un énième complot ourdi par un sénateur jaloux. Bref à une semaine de devoir maitriser une partie je n'ai toujours rien de concret et de sérieux à me mettre sous la dent. J'attends donc l'écran avec une certaine impatience.
Il est assez joli mais l'aide de jeu sur l'intégration des femmes assez décevante. Le scénar n'est juste qu'un synopsis mais l'idée de départ me plait. La conspiration qui vise une nouvelle fois à renverser l'empereur me parait assez crédible. Quelques recherches sur le net plus tard et je deviens même assez enthousiaste. Les idées jaillissent et les supports sont nombreux.
Je me lance alors dans la création de mes personnages. La prise en main est facile. C'est très souple. J'aime bien le système de prière finalement même si ce n'est pas clair au départ. Le système de combat n'a rien d'alambiqué et est plutôt mortel. J'aime le réalisme. Ca me convient donc. L'accent mis sur les valeurs à respecter est également pas trop mal pensé même si je le trouve un peu incomplet. J'arrive donc chez Salanael assez confiant. Hormis mes joueurs, je maitrise tout le reste.
J'imagine que vous avez compris ce qui va suivre.

Mon groupe est constitué de deux vieux routiers dont notre hôte et d'un couple de néophytes. Je décide de donner les persos frère et soeur aux couples et les deux brutes sans trop de background aux deux autres. Je reste persuadé que c'était la meilleure solution. Le problème c'est que la vestale et son frère centurion ont à eux deux tout le pouvoir de décision. Ils sont très impliqués dans la situation et leurs prises de positions vont être déterminantes. En bon néophytes, ils vont mettre un certain temps à s'adapter et surtout à réagir correctement aux situations que je leur propose. J'ai du à plusieurs reprises faire des pauses pour permettre aux vieux routards d'expliquer ce qu'il y avait lieu de faire. J'ai commis une erreur également. J'ai assez mal posé le dilemme moral à la base du scénario. Disons plutôt que je n'ai pas osé trop insister sur la question, pensant un peu trop rapidement que mes joueurs seraient de manière assez évidente mal à l'aise de défendre Néron dont la réputation n'est plus à faire et dont l'accession au trône s'est faite via le meurtre supposé de son père adoptif. Au lieu de cela, leur fidélité envers l'empereur n'a jamais été remis en cause, les putchistes étant dés le départ catalogués comme de viles canailles sans foi ni loi. Le bien contre le mal. J'ai pourtant à plusieurs reprises glissé que leurs opposants défendaient les valeurs de la république et eux l'empire. Je ne pense pas néanmoins avoir réussi à semer le doute dans leurs esprits.
Et puis ils ont pris des décisions assez surprenantes qui m'ont obligé à m'adapter en permanence. Les deux brutes sont envoyées en reconnaissance à l'avant et tombe seuls dans le piège destiné à l'ensemble de la troupe. La grande vestale refuse que la soeur du centurion l'accompagne pour célébrer l'augure et lui en propose une autre, dont la famille est définitivement opposée à celle de l'empereur. Pour moi, il était évident qu'étant donné la situation, il fallait prendre des risques, forcer les portes du temples et enlever la soeurette. Et bien non, respectueux des usages, ils finissent par obtenir que les deux vestales les accompagnent.

Au final, je suis tout même retombé sur mes pattes. J'ai eu quelques sueurs froides (mais c'est au fond tout le plaisir de la maitrise d'une partie de jdr que j'ai ressenti là! être constamment sur le fil du rasoir et devoir improviser en permanence) et nous n'avons pas fini le scénario, nous arrêtant à une fin intermédiaire. Pas de combat non plus. J'ai bien peur que certains de mes joueurs n'en aient pas eu pour leurs argents. Résultat en demi-teinte donc. Je n'ai pas vu le temps passé mais je ne suis pas entièrement sur qu'il en était de même pour mes joueurs. Je me donne un petit 5/10 sans plus. Par contre, le jeu est ressorti grandi de la partie. Je pourrais y rejouer mais je pense que la campagne prévue au départ ne paraitra jamais. Il manquera donc l'essentiel pour que Praetoria Prima puisse réellement se targuer d'être un jeu complet et pas simplement quelques bonnes idées mises sur le papier.
Concernant Yggdrasil, je suis à peu prêt sur de ne pas rejouer un jour.



