En tant qu'homme, j'ai ouvert les yeux sur les violences sexuelles en voyant les situations où se retrouvaient des amies ou des connaissances amicales, coincées avec des compagnons ou des ex violents. Et aussi en voyant le comportement d'autres hommes dans des soirées étudiantes. Mais c'est en lisant que je me suis rendu compte de l'ampleur du problème.
Les livres sont utiles notamment pour tout ce qui est statistiques, qui permettent de voir que le problème est généralisé, ancien, systémique. Le livre de Titiou Lecoq Les Couilles sur la table (qui synthétise son podcast) contient des statistiques vraiment effrayantes sur le sexisme invisibilisé, depuis le fait que les fauteuils auto sont testés en fonction des corps masculins et non pas féminins, jusqu'aux chiffres concernant les viols, les plaintes pour viol, la proportion très faible de victimes qui parviennent à porter plainte, et la proportion très faible de plaintes qui aboutissent à des condamnations. Quand on a le contexte entier, c'est glaçant.
À propos de livres, les éditions Libertalia mettent en téléchargement libre le PDF d'Une culture du viol à la française de Valérie Rey-Robert :
Du « troussage de domestique » à la « liberté d’importuner »
« La culture du viol touche toutes les cultures, tous les pays. Elle présente cependant des particularités bien spécifiques selon le milieu dans lequel elle s’exprime et se développe. En France, chaque fois que la question des violences sexuelles est posée dans le débat public, les mêmes réticences s’expriment. Certains s’élèvent pour dénoncer l’horrible moralisme réactionnaire qui voudrait condamner la liberté sexuelle si chèrement acquise, nuire à l’identité amoureuse nationale en important le puritanisme au pays des libertés. Avec un vocable bien choisi et une certaine hypocrisie, on évoque l’amour à la française en termes de galanterie, de courtoisie ou de libertinage. On loue nos traditions, l’attention portée aux femmes et la sophistication de nos jeux de séduction. Derrière ce charmant vocabulaire, la réalité est beaucoup moins glamour. »
Dans cet essai documenté et novateur, l’autrice analyse et définit les violences sexuelles, déboulonne toutes nos idées reçues et bat en brèche l’argumentaire déresponsabilisant les violeurs. Elle insiste sur les spécificités hexagonales du concept de « culture du viol », démythifie le patrimoine littéraire et artistique, et démontre, point par point, qu’il est possible de déconstruire les stéréotypes de genre et d’éduquer les hommes à ne pas violer.
La nouvelle préface de l’édition 2020 est à télécharger ci-contre.
L’auteure
Valérie Rey-Robert est une militante féministe. Elle combat les violences sexuelles depuis vingt ans et anime le blog Crêpe Georgette. Elle a aussi écrit Le Sexisme, une affaire d’hommes (Libertalia, 2020).
Le début du premier chapitre résonne pleinement avec l'affaire des viols de Marzan :
Un demi-million, le nombre de femmes majeures victimes de violences sexuelles de toute nature en France métropolitaine chaque année.
Nous avons construit l’image d’un violeur qui serait forcément un psychopathe, laid et contrefait, forcément malade mental ou monstre de contes de fées. La réalité n’y correspond évidemment pas. Les violeurs sont des Messieurs Tout-le-Monde ; nos pères, nos cousins, nos frères, nos collègues ou nos maris. Les victimes ce sont nous, nos amies, nos soeurs, nos enfants, nos tantes ou nos mères. Les victimes de violences sexuelles sont nombreuses à témoigner des violences qu’elles ont subies… après les faits. Violences subies de la part de leurs proches, leur famille, leurs amis, leurs collègues, l’institution policière, médicale ou judiciaire, par la société tout entière. Interrogées sur leur tenue, leur attitude, leur sourire, leur comportement, elles en viennent quasi inévitablement à se sentir coupables d’un crime dont une seule personne est pourtant responsable : celle qui l’a commis.