Merci beaucoup,
@pelon ! Ça me touche d'autant plus que ça fait maintenant plusieurs années que tu suis le jeu
J'espère que tu auras l'occasion d'y jouer un jour !
La version papier sur Lulu est vendue au prix de l'impression (j'ai réglé la case "revenu" sur zéro).
Comme tu dis,
Thesauros peut fournir une belle inspiration pour tout univers qui s'inspire un peu ou beaucoup de la mythologie grecque.
pelon a écrit : ↑lun. janv. 01, 2024 2:59 pmSinon en lisant Thésauros, je me posais la question : le kopis n'est-il pas le glaive à lame courbe grec ? Ou bien est-ce qu'ils maniaient des lames droites comme les romains ?
Une autre question, avec tes lectures, est-ce que la garde existe sur les épées dès l'antiquité ?
Les épées grecques que j'ai trouvées dans ma documentation, que ce soit dans l'
Iliade et l'
Odyssée ou bien les armes historiques des époques minoennes et mycéniennes, sont toutes des épées à lame droite. Elles ont très souvent une garde, pas très saillante (ce ne sont pas les épées médiévales en forme de croix), mais bien reconnaissable, et qui peut être richement décorée.
Je suis beaucoup moins savant sur les armes des époques plus récentes ou les armes romaines, mais, de ce que j'en connais, ce sont des épées longues ou courtes à lame droite.
Le dictionnaire Bailly m'apprend qu'un
kopis est 1) un couteau de sacrifice ou de cuisine grec, ou 2) une "épée courte et tranchante des Orientaux". Les références données en exemples proviennent d'auteurs de l'époque classique ou des époques suivantes, par exemple la
Vie d'Alexandre dans les
Vies parallèles de Plutarque (IIe siècle après J.-C.), où, au chapitre 16, le Perse Spithridatès attaque Alexandre le Grand avec un "
kopis barbare" (Anne-Marie Ozanam, dans l'édition Quarto Gallimard, traduit par "cimeterre"). Dans le dictionnaire anglais
Intermediate Greek-English Lexicon, Liddell et Scott traduisent par "chopper", "cleaver", "broad curved knife" (entrée
sur Perseus).
Kopis est un mot que je n'avais pas croisé dans ma documentation. Je ne sais pas s'il apparaît déjà dans l'
Iliade et l'
Odyssée. Si c'est le cas, il ne doit pas servir à désigner une arme.
La seule "épée" à lame courbe grecque que je connaisse — mais c'est un objet mythologique — est la
harpè, l'arme utilisée par Persée pour décapiter la Gorgone Méduse. Le mot
harpè ne désigne pas du tout une arme courante : c'est une faux ou une faucille, donc un instrument agricole. Le mot appartient à la même famille que le verbe
harpazô qui signifie "enlever de force", "s'emparer de". D'ailleurs,
harpè est au départ l'un des noms du faucon ou de l'orfraie, deux oiseaux de proie. Le mot semble se référer au bec crochu qui attrape. (C'est la famille qui donne plus tard le nom de l'avare Harpagon, qui agrippe tout l'or qu'il peut.)
Au départ, donc, cette arme n'est pas du tout de la famille des épées. Mais au fil de l'Antiquité, les peintres, les sculpteurs et les mosaïstes imaginent volontiers Persée dotée d'une épée dont la lame est courbe comme celle d'une faucille, ou bien dont la lame se divise en deux, avec une deuxième extrémité qui se replie sur le côté pour former comme un crochet.
Sur
ce vase du Ve siècle avant J.-C. conservé à Berlin, on voit Persée avec une épée à lame courbe :
Sur
cette fresque romaine du Ier siècle à Pompéi, si vous regardez bien la lame de l'épée de Persée, elle est prolongée d'une sorte de crochet qui part vers le bas :
Longtemps après, on retrouve ce détail sur des œuvres contemporaines, comme
le Persée triomphant de Canova :
C'est la seule arme célèbre dans la mythologie grecque qui se rapproche d'une épée à lame courbe. À ma connaissance, c'est une arme complètement imaginaire, qui ne correspond à rien dans l'équipement guerrier historique courant en Grèce antique. Ce thème donne lieu à tout un tas de variantes selon les artistes, mais il est parfois oublié et l'arme devient alors une épée droite ordinaire.
Dans
Kosmos, je traduis
harpè par "épée-serpe". Persée en est équipé dans son profil en tant que PJ prêt à jouer à la fin du supplément
La Libye. Dans Thesauros, les épées s'inspirent d'armes minoennes ou mycéniennes, et la
harpè est montrée en bas à droite de la série des épées (c'est l'illustration de la page 111) :
Au passage, je n'utilise pas beaucoup de mots grecs pour désigner les armes ou armures dans
Kosmos, d'une part pour rester aussi accessible que possible, d'autre part parce que ce n'est pas toujours évident de distinguer entre les différents modèles et de faire correspondre ce qu'on trouve dans les textes d'un côté, ce qu'on peut voir sur des vases ou des sculptures d'un autre côté, et les objets qu'on découvre dans le sol d'un troisième côté : c'est un vrai casse-tête pour les archéologues, les hellénistes et les spécialistes d'histoire militaire. Donc, comme on n'est que dans un jeu et pas dans une thèse, je dis juste prudemment "épée" en français ^_^'