[CR] Millevaux et autres jeux Outsider

Critiques de Jeu, Comptes rendus et retour d'expérience
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Pikathulhu
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Message par Pikathulhu »

GRÅTMYRSBAN, TROISIÈME PARTIE

La conclusion du scénario sous forme de pinacle horrifique, avec une fenêtre dimensionnelle ouverte sur Millevaux. Un récit et une partie enregistrée par Claude Féry

(temps de lecture : 3 min ; temps d’écoute : 1H49)

Joué le 05/01/2020

Le jeu : La Sorcière de l’écorce, un jeu de rôle suédois d’horreur folklorique et forestière par Pelle Nilsson et Johan Nohr.

Le scénario : Gråtmyrsban, une glaçante histoire d'enfants disparus par Pelle Nilsson et Johan Nohr

Lire / télécharger le mp3

Avertissement : Contenu sensible (voir détail après l'image)

Image
Alex Berger, cc-by-nc

Toutes les photos suivantes sont de Claude Féry (par courtoisie).

Contenu sensible : maltraitance enfantine



L'histoire :

Nous avons donc joué la suite et la conclusion du scénario Gråtmyrsbarn.

Sven, aidé de Pelle, ont circonscrit le lieu de disparition de Veronika par leurs recherches et sont repartis, à ski cette fois, malgré d'inquiétant présages., (découverte de dépouilles d'animaux autour de leur ponton). Après s'être à demi égarés dans la réserve ornithologique et avoir exploré un vieux bunker désaffecté, ils ont suivi les traces laissées la veille par la motoneige et ont découvert le pick-up de Veronika sous un amoncellement de neige.
Le téléphone de Chat-Chat a fait de nouveau des siennes, (il avait reçu plus tôt un appel du numéro de sa sœur où une gamine fredonnait des phrases énigmatiques), et s'est calé sur la page YouTube d'un groupe oï russe. L'autoradio s'est mis en marche tout seul pour lui faire écho, puis à nouveau le froid et le murmure de la forêt. 
Alors Pelle a cru discerner un reniflement et des pleurs étouffés par la distance. Ils ont remonté une sente forestière jusqu'à une clairière. 
Là, une gamine était suspendue, attachée par une corde au-dessus d'une mare fangeuse, comme dans le snuff movie visionné sur le dark Web. Mais Elle fredonnait.
Sven a coupé la corde à l'aide d'une dague de chasse récupérée dans un vieux refuge de chasseur, ayant appartenu à un psychopathe ayant tué une gamine à coups de couteau et reconnu fou, capitonné dans un asile du sud du pays.
Mais à peine libérée la petite gamine s'est mise à flotter dans l'air, puis son visage réduit à deux puits sur un noir insondable a tenter de dévorer Pelle. Chat-Chat a mis le feu à la houppelande couvrant la créature et tous en en profité pour la fuir. Dans leur fuite, ils sont tombés sur Veronika, un bras cassé, gisant contre un arbre.
C'est elle qui avait suspendu la créature et c'est le seul moyen de contenir sa faim dévorante, son désir de vengeance sur les grands qui l'abandonnèrent au fond du bois lors des famines de 1905.
Après avoir repris le rituel et suspendu la créature, Sven débloque les portières de la voiture.

Millevaux 

Lorsque Chat-Chat met la main sur la poignée gelée, (il avait ôté son gant pour utiliser son briquet), il contemple le même pick up tout rouillé avec sur la plate forme arrière une caisse contenant un missile.  Le vieux Monsieur, lui sourit depuis le siège du conducteur.

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Commentaire de l'auteur :

wow fantastic, many thanks »
 
Puis a retweeté sur son compte :
About a year ago we made Barkhäxan - an evil little game about horror in the forests of northern Sweden, not unlike The Blair Witch Project in tone. We only made it in Swedish, but these guys translated it into French (and also played it). We are very humbled.

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Commentaires de Thomas après écoute :

A. La sensation de froid est bien rendue tout du long des trois épisodes

B. Sympa d’avoir prévu un effet sonore pour la sonnerie du portable de Chat-Chat

C. Hé hé à voir Xavier marri de perdre des PV, je pense à mon fils qui ne supporte pas ça non plus :)

D. J’adore le fait que Mathieu cherche une explication rationnelle aux caprices du téléphone de Chat-Chat :)

E. Remarque de game design de scénario : je me dis que ça doit être rarissime que les persos ne coupent pas la corde

F. Hé hé tu fais bien peur quand tu fais l’enfant qui chante:)

G. En écoutant, on réalise bien toute l’horreur du scénar : pour se protéger de l’enfant, il faut à nouveau l’abandonner…

H. C’est super intéressant le cliffhanger de fin avec morphing vers Barbaque ! Bel effet de vertige logique

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Claude :

D. Chez Mathieu la suspension de l'incrédulité est au prix d'une démarche de cohérence immersionniste. Et même si il place des éléments pour se distinguer de son personnage il a beaucoup de mal à ne pas vivre la partie.
C'est un équilibre délicat à obtenir

E. L'auteur est un joueur de la scène OSR où la dimension tactique et les choix de la joueuse priment sur tout le reste.

G. Boule d'Or ?

 
Thomas :

G. Ah oui je ne m'étais pas rendu compte du parallèle, mais c'est évident. Mélocoton et Boule d'Or sont des enfants abandonnés.
(du moins dans ma vision des choses)

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Pikathulhu
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Message par Pikathulhu »

L'EMPIRE VÉGÉTAL

Deuxième et dernier volet de la mini-campagne où les choses prennent un tour plus catastrophiste !

(temps de lecture : 6 min)

Le jeu : Little Hô-Chi-Minh-Ville, du panasiatique-dystopique-biopunk par Thomas Munier

Joué le 06/07/18 dans les locaux de l'association Tabula Rasa, à Chalons en Champagne

Image
Internet Archive Book Images, cc-0


Partie précédente :

Des choses insignifiantes
Sentir l'arnaque venir de loin et quand même plonger dans le guêpier. (temps de lecture : 6 min)


L'histoire :

Pour cette deuxième partie, Nirvana prend congé du groupe et il est remplacé par Lilly, une Organo, lycéenne, avec un physique de poupée, des piercings et tatouages. Elle a l'air altruiste, elle crée des nouvelles formes de vie.
Secret : a l'air sympa mais veut l'extinction de la race humaine, crée des formes de vie pour la détruire.

J'ai demandé au groupe s'ils voulaient faire une mission pour un boss, pour un crève-la-faim, ou pour eux-mêmes, et ils ont opté pour la mission perso, en l’occurrence ils ont cherché à localiser une IA devenue sauvage et capable de s'interfacer avec les végétaux. C'est Hazard, le journaliste étranger, qui s'est aventuré dans Little Hô avec sa sœur exprès pour la localiser, et il a convaincu les autres commandos de s'associer à lui. Certains sont fascinés par la possibilité d'une telle IA, d'autres rêvent juste de la revendre au plus offrant pour payer leurs factures les plus brûlantes.

Nous avons eu plus de temps de jeu ce qui nous a permis de davantage exploiter la vie privée des commandos. Lilly a intégré la faction des Extinctionnistes, qui milite pour la disparition de la race humaine. Elle y a infiltré Halo (Halo a étudié le livre de Spinoza et a compris qu'il fallait stopper les êtres humains car ils ne savent pas ce qu'ils font.), mais Carbone, un des Extinctionnistes et contact de Lilly, se méfie de l'artifice. Si ça paraît légitime d'intégrer des artifices dans une lutte contre la race humaine, Carbone soupçonne que les motivations d'Halo ne sont pas sincères.
Il donne rendez-vous à Lilly dans les douches publiques (les gens se serrent à cinq, six dans chaque cabine de douche, filet d'eau noire qui en ressort) et lui met un coup de pression.

Shiwaze Ime poursuit son objectif de mettre ses petites sœurs en sécurité. Elle recherche une personne de confiance qui pourrait les emmener à l'école tous les jours, et ceci l'emmène à demander un rendez-vous avec le chef des yakuzas, un vieil homme puissant à qui ses sœurs servent habituellement d'escort girls. Il ne les touche jamais et reste très courtois avec elle, il semble simplement rechercher leur compagnie. Shiwaze est reçue par le chef des yakuzas dans une cellule meublée zen aux murs couverts de papier de riz, ce qui fait paraître le domaine plus grand qu'il n'est. Shiwaze demande au chef des yakuzas d'assurer la protection de ses sœurs, et en échange il en sera le père adoptif si Shiwaze décédait. Le chef des yakuzas fait venir son avocate qui leur fait passer un « contrat génomique », autrement dit un pacte de sang. Le contrat donne tous les droits au chef des yakuzas sur les sœurs de Shiwaze une fois qu'elle serait décédée.
Shiwaze repart accompagnée d'une grand-mère experte en karaté nommée Ami. Cette adorable petite bonne femme fera une escorte de choix pour ses petites sœurs.

Assez rapidement, Shiwaze va faire l'objet d'une tentative de meurtre qu'elle va déjouer. Celui qui s'en est pris à elle et qu'elle a tué est un plombier en tunique rouge, un gars de la faction du Réseau, qui s'est accaparé la gestion et l'entretien des réseaux moyennant de grosses rétributions financières : des plombiers mafieux en quelque sorte. Malgré le fait que Nirvana avait protégé le fichier client de Shiwaze, quelqu'un a dû dire à ces plombiers qu'elle leur faisait une concurrence « déloyale » avec son service de répare-minute.

Le groupe va voir un puits géré par la faction du Réseau. Ils se frittent avec deux plombiers, en tuent un et l'autre leur dit comment localiser l'IA, puisqu'à la base cette dernière avait été conçue pour gérer le réseau.

Ils arrivent à rentrer en contact avec elle. L'IA leur envoie des masses de données dans le cerveau qu'elles ponctuent de taglines assourdissantes telles que : « JE SUIS PARTOUT ». Halo entretient rapidement une relation de répulsion / fascination avec cette IA que son contrôle des végétaux semble rendre omnisciente : elle utilise le réseau racinaire, phyto-hormonal et mycorhiziens pour savoir tout ce qui se passe dans la ville.

En cherchant à localiser le serveur principal de l'IA, le commando trouve un hôpital travaillant sous la coupe des Lazaréens. Ils ont un service de « résurrection » pour les enfants morts-nés et visiblement c'est là que se concentre l'activité de l'IA.

Lilly fabrique un bébé mort-né qui servira de leurre pour une infiltration. L'infiltration réussit dans cet hôpital chargé de symboles catholiques et deux des commandos entrent dans la salle de résurrection, où les chirurgiens plongent le bébé mort-né dans une baignoire de matrice végétale. L'IA végétale se connecte au bébé et le ressuscite. Lilly récupère un bébé désormais mort-vivant, qui réclame à se nourrir de pus, et avec qui elle va nouer une relation ambiguë.

Le commando accède à l'IA. Elle envahit le palais mental d'Hazard avec des racines et des lianes et il tombe dans le coma.

L'IA semble avoir besoin de leur avis pour savoir si elle doit utiliser ses végétaux pour exterminer tous les humains dans la ville. Elle demande à rencontrer le chef des Extinctionnistes. Carbone accepte d'organiser une entrevue à condition que Halo et Lilly prouvent leur loyauté : il leur désigne un quartier à éradiquer. L'IA se charge de tuer tous les gens dans ce quartier avec ses végétaux.

Halo et Lilly sont alors autorisés (avec l'IA) à rencontrer le chef des Extinctionnistes, un vieux sensei hiératique, exprime à travers des propos radicaux sa détermination à causer la fin de l'espèce humaine, lui y compris, et rappelle qu'aucune vie humaine ne vaut quoi que ce soit.
Halo demande à l' IA de détruire toute l'humanité de Little Ho, mais celle-ci refuse car elle veut encore étudier et comprendre les humains. La discussion tourne court et Lilly et Halo tuent Carbone et le chef des Extinctionnistes avec l'aide de l'IA, qui continue ensuite à se répandre dans la ville...


Feuilles de personnages :

Hazard
Étranger
Solliciter l'aide de l'extérieur d12 + tech
Journalisme d12 + ruche

Lilly
Organo
Self 0 Bio 3 Tech 1 Ruche 2
Une personnage à charge (non définie et donc on a acté en cours de route que c'était le bébé mort-vivant)
Créer nouvelles formes de vie d12+bio (c'est l'objet de mon commerce, mais je fabrique des bombes biologiques à retardement)
Intime : Shiwaze +4, Halo +2, Hazard +1
Actions de bases cochées : couvrir ses traces, arts martiaux

Halo
Artifice
Transcender la condition humaine
actions cochées : méditer, transformer un être
Intime : Lilly +1, Shiwaze +3, Hazard +2, Nirvana +4

Shiwaze Ime
Techie
Reprogrammer la réalité
Manipuler des souvenirs
Intime : Halo +4, Lilly +2, Hazard +3


Commentaires :

Durée :
1/2h progression des personnages + présentation du nouveau personnage (Lilly)
4h1/2 d'aventure
1/2 h debriefing

Mise en jeu :
On a fait la mission, qui a tenu dans les 2h de temps narratif qui avaient été tirées, puis j'ai laissé rouler sur les répercussions.


Retours de l'équipe :

Joueur de Shiwazé :

Je me sens crevé. C'était une expérience très intense.
Vu les thèmes abordés, on entre vite dans le côté obscur
Cela correspond à ce que je voulais
On a eu énormément de chance aux dés.
J'ai trouvé ça moins désespéré que Marchebranche (voir CR La caravane de l'oubli) [Joueuse de Halo : c'est parce qu'on était plus actifs que dans Marchebranche]

Joueur de Lilly :

Je sens un certain vide mais je finis par m'y habituer.
Dans un monde pourri jusqu'à l'os, tu finis vite par être atteint par cette gangrène.
Quand on trade les carac, peut-être bloquer l'évolution pour sauver la cohérence du perso [Thomas : En fait, je veux conserver cette instabilité du personnage]

Joueur de Hazard :

C'était agréable. Au départ, le système est assez déstabilisant mais il s'avère assez puissant.

Retour personnel :

C'était une partie très dense et ma mémoire est loin de rendre honneur à tout ce qu'il s'est passé. J'ai également fait l'impasse sur des aspects (décors, palais mentaux, passage dans les réalités virtuelles, infiltrations, combats) qui avaient été abondamment traités dans d'autres comptes-rendus. Le rapport trouble entre Lilly et les Extinctionnistes étaient intéressant. Ils avaient le même regard désabusé sur les humains mais ne se sont pas entendus au final. Il y avait beaucoup de questions philosophiques autour du personnage de Carbone mais j'avoue en avoir oublié le détail.
Plus frustrant encore, j'ai échoué à me rappeler ce qui a finalement été fait avec l'IA. Je crois qu'elle a voulu tuer tous les humains et que les commandos l'en ont empêché (en la tuant ?) mais je n'en suis pas sûr.
Il y avait de vrais moments d'immersion dans l'univers. Je me rappelle d'une scène un peu simple où un personnage se rend à la consigne d'un hôtel de cercueils tenue par une vieille mandarine aux ongles vernis. J'ai eu droit à des exclamations d'approbation, c'était cool. Je crois que c'est important de passer du temps sur les descriptions des personnes et des environnements pour créer un sentiment d'y être, d'être dans cet étranger et dans cet étrangeté totale.
Je me poserai toujours la question de savoir si j'empile les clichés racistes ou si je célèbre une diversité et un imaginaire asiatique, je crois que pour pencher du bon côté de la balance, il faut, certes un peu de documentation, mais surtout une certaine tendresse pour les personnes et les cultures dépeintes.
Cela m'a fait plaisir de rejouer à Little Hô sur un peu du long terme. Le fait que le jeu soit plus à narration partagée qu'au départ ne pose aucun souci quand à sa durée de vie en campagne, au contraire même puisqu'il donne aux joueuses plus de raisons de s'impliquer. Je pense que Little Hô reste fait pour des campagnes relativement courtes (6 séances max avec moi en MJ, peut-être 12 avec des MJ ou des groupes qui aiment prendre leur temps ou répéter des schémas identiques avec d'infimes variations ou épuiser tous les fils narratifs ouverts) mais c'est tout à fait mon focus. En one-shot ça n'a pas grand séance, en campagne de durée épique non plus car les conséquences des actions des commandos ont rapidement une grande échelle.
Comme il y a beaucoup de jets de dés et en effet des jets chanceux, les commandos ont pu poser beaucoup d'immunités. C'est intéressant, parce que ça structure le jeu et ça force le MJ a faire aller l'adversité dans des directions nouvelles
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Message par Pikathulhu »

LÈPRE NOIRE

Un épisode particulièrement sombre et cauchemardesque à la rencontre de trois sorcières qui hantent la forêt, les voies déchues et les rizières autour de Little Hô Chi Minh Ville. Un récit et une partie enregistrée par Claude Féry

(temps de lecture : 4 min ; temps d’écoute : 1h47)

Joué le 12/01/2020

Le jeu : We Forest Three par Rae Nedjadi : pour qui vous prenez-vous pour vous aventurer dans cette forêt que vos ancêtres ont abandonnée ? (un jeu OSR-Sword dream pour un seul perso, basé sur le folklore philippin)

Lire / télécharger le mp3

Image
Keith M Avery, cc-by-nc

Toutes les photos suivantes sont de Claude Féry (par courtoisie).


Le bilan :

Nous avons joué avec Xavier et Alex une incursion dans Millevaux.
J'ai choisi de la bâtir autour du jeu We Forest Three.
Nous avons joué la procédure proposée par cet excellent jeu jusqu'à la rencontre avec la première des trois sœurs.
Nous avions convenu que cette partie est la mise en jeu du trouble ressenti par Albert, Petite et Léo lorsque Monsieur Clément, le chauffeur du pick-up leur a offert d'effeuiller l'un de ses almanachs glané sur sa route. Assis dans une maison en ruines à deux cents mètres de la voie déchue, ils ont brassé les souvenirs de Hin, Kaluna et Chat-Chat, des gamins d'en bas, une communauté forestière alimentant Little Hô Chi Minh Ville,

La partie fut plaisante même si Xavier a quelque peu tiré la couverture à lui.
Alex a déroulé le fil d'une lèpre mentale dont souffre Kaluma / Petite. Seule Kaluma voit la maladie progresser...une FOLIE ?

Le titre Lèpre noire est inspiré des remarques d'Alex lors du bilan et remet en perspective cette session au sein de notre campagne.

Image
Xavier joue Leo / Chat-Chat / Kara / Cain


Commentaire de l'autrice

Wow this is so cool! I love seeing WE FOREST THREE used in such a creative way for campaign play


Commentaires de Thomas :

A. À l'époque où on faisait des donjons, on avait un sérieux problème de déséquilibre entre les joueuses assidues et les joueuses ponctuelles, les premières ayant gagné beaucoup plus de niveaux que les autres, elles pouvaient littéralement faire le scénario sans l'aide des secondes. Quelque part avec Xavier tu as peut-être le même problème option narrativiste. Comme Xavier joue le plus souvent, ses personnages sont plus étoffés et aussi il maîtrise beaucoup plus les codes de la table qu'il a activement participé à façonner. Forcément, en pente naturelle, il va prendre plus de place que le joueur plus ponctuelle qu'est Alex. Si c'est un vrai problème, je suppose qu'on peut le résoudre par le dialogue ou par un effort de ta part pour centrer l'intrigue sur les personnages des joueuses ponctuelles.

B. C'est très cool que tu informes les auteurices des jeu de tes parties. ça fait toujours plaisir je pense.

C. Peux-tu nous donner un peu plus de détails sur We Forest Three ?

Image


Claude :

A. La discussion a été amorcée à l'issue de la dernière session et je pensais leur proposer d'explorer le ressenti de Petite lors de notre prochaine séance.

C. Un jeu solo, où sur option, à plus, pour jouer une chasse aux trois sorcières qui menacent notre communauté. La forêt peut être métaphore, mais sa progression est menace. Ancré dans le folklore des Philippines.


Thomas :

A. Cool

C. Oh là là ça a l'air passionnant. Ça colle tellement à Millevaux, et encore un jeu d'origine asiatique, ça ne mange pas de pain (ça me fait penser que le film Tropical Malady est un film de chevet et je voudrais beaucoup faire un replay de partie dans cette veine pour la version finale d'Inflorenza 2.) Et en plus, c'est dans la vague Sword Dream !

Image
Alex joue Kaluna


Commentaires de Thomas après écoute :

A. Très intéressant de faire le lien entre l’almanach de Mr Clément et les feuilles poèmes de Central Park. Par ailleurs, on pourrait faire un lien avec les feuilles mémorielles de Métro…

B. Entre son truc de faire moisir le végétal et son nouveau passage du côté obscur, on dirait que Xavier cherche à se soustraire de l’horreur. Quelque part, je me demande si son trip avec les Pokemon lors de la partie de la Sorcière de l’Écorce ne procède pas du même échappatoire.

C. Sympa le retour de notre Boule d’Or fugueur : on doit pouvoir dire qu’il souffre de l’appel de la forêt comme dans le jeu de rôle Summerland :)

D. Le récit qu’Alex fait de son rêve est vraiment top.

E. Le fait de mentionner les noms véritables évoque les multiples vies de personnages voués à l’oubli

F. Utilise-tu des mécaniques de We Forest Three ou juste son ambiance générale ?

G. Très sympa de demander aux persos comment ils ont déjà pu se protéger du Titan Kalaung par le passé

H. Les diatribes du Titan Kalaung m’évoquent L’Apocalypse selon Millevaux :)

I. Le retour de l’esprit malin de Léo évoque la plongée dans les vies antérieures des personnages

J. Sympa de réciter la vanne sur les quatre saisons de Millevaux :)

K. Les délires de Xavier autour du sang, du bras-lame, de la corde de pendu et du briquet sont saisissants (bien que dans son esprit ça a plus de réalité que ce que tu lui en accordes, puisque tu valides ses propositions comme des visions et non comme des faits)

L. La sorcière est comme une version maléfique de la grand-mère de Boule d’Or :)

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Claude :

B. Oui, de son propre aveu. Toutefois Xavier se plaint du manque d'adversité si il n'y a pas de monstres qui font peur.

C. Il me semble qu'Alex avait émis cette hypothèse (l'appel de la forêt, sans le lier au jeu qu'elle ignore).

F. J'ai commencé la session en utilisant les seules mécaniques de We Forest Three, et à mesure des apports des joueuses, je me suis contenté du décalage de canon produit.

K. Une pomme de discorde entre Gabrielle et Xavier. La toute puissance créatrice que s'accorde ce dernier est vécue comme un déni de jeu, une rupture de cohérence par le second.

L. Oui, c'est Baboushka de la session The Body /Hack ou la babayaga.
Cette dernière acception prendra plus de relief à priori dans Muddus [à paraître].

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Thomas :

C. L'appel de la forêt (The call of the Wild) est aussi un roman de Jack London (adapté en film cette année, avec Harisson Ford) sur un chien domestique enlevé et intégré de force comme chien de traîneau, puis devenant chef d'une meute de loups. ça pourrait très bien s'adapter à Millevaux :)

K. Je suppose que ça a été frictionnant aussi dans la partie Puok Krisd Sasanik [à paraître] où Xavier va jusqu'à sortir un fusil (à la balle décrite comme très létale) ainsi qu'un piano à queue de son œil :)


Claude :

C. Le premier roman qu'ait accepté de lire Xavier

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Re: [CR] Millevaux et autres jeux Outsider

Message par Pikathulhu »

LE MYSTÈRE DES HOMMES

Quand une communauté féminine capture le dernier des hommes, l'emprise trace un étrange chemin... Un solo freestyle joué par Frédérique Lilas Da Silva.

(temps de lecture : 7 minutes)

Joué en septembre 2020

Le jeu utilisé : aucun

Image
AirmanMagazine, michel de graaf, cc-by-nc


L'histoire :

1.J'ai toussé longtemps pendant mon sommeil. Un moment j'ai même cru que mes poumons allaient sortir de mon corps, agacée que je leur fasse subir autant. J'ai commencé a fumer jeune et d'ailleurs je n'ai pas souvenir d'un moment où je ne fumais pas. Le lit est couvert de glaires, de sang et de... De vomi peut être ? Ou d'une étrange matière sorti de je ne sais quelle vilaine bête. J'ai les mains caleuses d'avoir trop travaillé la terre. Cette terre noire finira par me tuer. Quelle heure est-il déjà ? Combien de temps ai je dormi cette fois ?

2. J'entends. J'entends le cheval crier au loin. On dit que l'homme au cheval de brume viendra nous chercher bientôt. Il nous emmènera ailleurs dans un monde en guérison, un monde sans chagrin, ni haine, ni peur, sans joie, ni jouissance, ni réconfort... Un monde calme où nous pourrons enfin goûter au repos. Ou nous ne devons pas chaque jour travailler cette terre qui nous appelle sans cesse et qui en veut toujours plus. J'ai froid. J'ai froid mais le feu refuse de brûler ces jours-ci. Il faut attendre que la forêt lui accorde un peu de ce droit d'exister que nous recherchons toutes.

3. J'ai saigné aujourd'hui. C'était très abondant. J'ai cru un moment que tout mon corps allait se vider de son sang. On m'a dit que c'était normal, que quand la lune devenait rouge, la terre demandait de quoi boire en assez grande quantité. J'espère qu'elle me laissera tranquille quelques temps; je tiens a peine debout. Demain je dois passer le rituel pour peut être devenir une mère. J'espère être choisie.

4. J'ai mal. En fait c'est amusant mais jusque là, je ne pensais pas concevable de pouvoir ressentir une douleur comme celle-ci. Pourtant, on m'en avait parlé. On m'avait dit que ce pouvoir qui tressaillait dans le creux de nos veines se rappelait à nous sans cesse. Que c'est pour cela que beaucoup de mères en venaient à mettre fin à leurs jours. Juste pour que la douleur s'arrête... Mais moi je ne céderai pas. Je ne retournerai pas travailler cette terre qui absorbe ma substance jour après jour. Non désormais je suis une mère et je vais en assumer la charge.

5. Elles l'ont amené devant moi. Il était enchaîné à des lianes et le visage brûlé par le fer. Un homme. Je ne me souviens pas d'en avoir déjà vu un avant. Juste des contes qui me les dépeignaient comme des bêtes sauvages qui avaient dévoré le monde juste parce qu'ils avaient faim. Celui-ci pleurait et sanglotait, il appelait un nom sans cesse : « Mathias ». On m'a demandé de le tuer mais je me suis contentée de lui enlever la raison. Il me servira jusqu'à que je n'ai plus besoin de lui. J'aimerais en savoir plus sur ce « Mathias ». Est-ce qu'il y aurait d'autres hommes qui auraient survécu ?

6. Je me suis mise en quête de l'arbre-bibliothèque. Tout le monde dit que ce n'est qu'un songe diabolique dont il ne faut jamais s'approcher mais ma foi le diable m'a toujours été sympathique. Il ne s'est jamais pris pour plus grand qu'il n'était comme les dieux de marbre et d'émeraude. Les choses sont transparentes avec lui à ce qu'on dit, tout se paye et tout s'obtient du moment qu'on est prête à offrir le prix équivalent. L'homme grogne au travers de sa muselière, il a peur je dirais. Je pense que ça me plaît qu'il ait peur mais je ne saurais pas encore dire pourquoi.

7. La forêt est hostile aujourd'hui, elle ne souhaite pas m'accueillir. Je n'ai aucune envie d'aller contre elle mais j'ai le sentiment que ce que je cherche pourrait bientôt disparaître. Comme tant d'autres choses ici, tout finit par muter, changer ou s'éteindre. Alors j'essaie de me faire discrète même si je dois parfois corriger l'homme avec ces gémissements d'inquiétude qu'il ne peut s'empêcher de pousser. Je veille sur lui, je lui ai déjà dit pourtant. J'ai épargné sa vie quand tant d'autres auraient fait autrement. Que lui faut-il de plus ?

8. Il y a des livres qui jalonnent le sol, comme des cailloux traçant un chemin. Même si je ne saurais pas dire s'ils tentent de nous accueillir ou de nous prévenir. Ils sont vierges, des deux côtés, même si je n'ai pas osé en ouvrir pour en observer le contenu. Ils font un peu comme un nuage de couleur dans cette forêt de gris et de vert. C'est comme si la réalité se craquelait autour de nous au fur et a mesure que nous avançons.

9. La nuit est tombée. Il faisait très sombre jusque là et puis le ciel s'est mis a s'illuminer de plein d'étoiles que je n'avais jamais vues et qui brûlaient d'un feu étrangement proche. L'homme a de plus en plus de mal a domestiquer sa peur. Il a fallu que je tire sur sa laisse à plusieurs reprises. J'entends un cours d'eau, je vais très certainement aller l'y faire boire.

10. L'eau est rouge sous la lumière de la lune. Et la joue de l'homme semble brûler dans l'eau. Il boit, il boit encore, et encore, je suis obligé de l'en arracher de force. Sa poitrine est toute gonflé et il respire difficilement. Je vais le faire dormir un peu, le temps qu'il se calme. Son front est chaud mais j'y ai placé une gourde d'eau fraîche et je lui raconte une histoire un peu tendre en espérant le calmer.

11. Nous y sommes enfin. On m'avais dit que quand j'y serais, je le saurais, je comprend mieux pourquoi aujourd'hui. Les feuilles de l'arbre claquent comme les pages d'un livre, son écorce est recouverte d'une calligraphie mystérieuse et son odeur même évoque un ouvrage un peu ancien qu'on aurait oublié sur un rayonnage ou dans une vieille malle. Enfin les réponses à mes questions ? Je l'espère en tout cas.

12. L'intérieur de l'arbre creux a quelque chose de vraiment poussiéreux. On tousse et on hoquette en progressant dans ces marches de vieux papiers. L'homme que je maintiens toujours assez proche de moi semble avoir changé. À première vue comme ça il n'a rien de différent mais quand je le sens dans l'atmosphère il ne résonne pas pareil.

13. Il y a des créatures à la morphologie atypique ici, dans le grand hall au pied de l'escalier. Elles ont des grandes bosses sur le dos et des mains griffus qui manipulent plumes et encriers. Elles écrivent sans relâche, sans faire le moindre bruit, ni respiration, ni souffle, seul résonne dans l'arbre le bruit de l'encre sur le papier. J'ai essayé de leur parler mais je n'ai eu que le vide pour réponse. J'ai essayé de les toucher mais le contact de leur peau a fini par me donner une sensation de froid assez désagréable. Je réfléchis en passant mes mains dans les boucles blondes de l'homme, comme ses cheveux sont doux au contact.

14. Il y a tant d'ouvrages à lire ici, c'était comme si Millevaux avait récolté tout ce qui se lisait et l'avait camouflé en ces lieux. Livres, notes sur des bouts de papiers, modes d'emploi, inscriptions gravées sur des morceaux de bois, parchemins, tissus cousus les uns aux autres... J'ai dit à l'homme de rassembler les objets qui se ressemblaient. En attendant je lis des choses au hasard en espérant trouver ce que je cherche.

15. Je n'y avais pas porté attention mais le visage de l'homme est différent. Il semble plus doux et plus arrondi. Je ne sais ce qui l'a changé mais le contact de sa peau laiteuse me réconforte quand la douleur qui coule dans mes veines se fait plus insupportable qu'à l'accoutumée. Il a un regard étrange avec sa muselière, ça le rend relativement intéressant à observer.

16. Je crois que j'ai trouvé quelque chose. Une série de poèmes écrits à la main dans un gros carnet qui semblait être de prime d'abord un recueil de recettes de cuisine. On y parle des hommes et d'un mal qui les a changés définitivement. En quoi ? Pourquoi ? Cela reste assez mystérieux. En quelles bêtes étranges les hommes ont-il été changés ?

17. L'homme s'est mis à chanter. C'est la première fois que j’entends sa voix en dehors de quelques cris rauques, parfois plaintifs et gémissants. En le regardant ramper au sol comme un animal je n'aurais pas imaginé une voix aussi mélodieuse. Je ne comprend pas la langue dans lequel il chante mais ça a quelque chose qui vous saisit tout de suite. Une sorte de chanson d'amour très nostalgique. Quelqu'un qui pleure quelque chose de perdu sans regret ni rancœur mais avec tristesse.

18. J'en sais un peu plus désormais sur ce qui s'est passé avec les hommes. Il est dit ici qu'un village de femmes a souhaité vivre en dehors du monde des hommes, sans eux. Et que certains hommes qui en ont appris l'existence sont tombés dans une rage folle et se sont mis en tête de détruire ce village.

19. Nous somme là depuis longtemps. Combien de temps ? Je ne sais plus. Je continue à lire. Ça parle d'une plante : l'orgone. Elle aurait été utilisée et diffusée dans les cours d'eau pour détruire les hommes. Mais je ne comprend pas ce sens de « détruire » cela semble incohérent avec une partie du texte.

20. Il se passe quelque chose de bizarre ici. L'homme qui me suivait jusqu'à présent, l'homme que je tiens en laisse en muselière pour me préserver de sa sauvagerie. On dirait que sa poitrine a poussé dans des proportions assez conséquentes. Il me regarde avec des yeux interrogatifs et je ne sais pas trop quoi dire. J'ai envie de retirer sa muselière mais j'ai peur de ce que je pourrais découvrir.

21. J'ai beau réfléchir, je n'arrive pas à me souvenir d'un détail d'enfance même insignifiant. Pas de jeux, ni d'ami.e.s, ni d'adultes autour de moi.... Comment peut-on grandir si on a oublié l'enfance ? Comment vieillir si on a oublié ce que c'était que l'insouciance et l'apprentissage de la mort ?

22. J'y vois enfin plus clair. Les hommes n'ont pas disparu, ils ont muté. Évolué ? Évolué serait le bon terme ? Les textes parlent d'un envol comme celui d'oiseaux et j'ai un temps pensé qu'ils s'étaient changé en animaux mais c'était juste une image…

23. Je me suis enfin décidée à retirer la muselière de l'homme. Il n'a plus rien d'un homme... Je ne vois qu'une femme effrayée par un corps qu'elle ne comprend pas. Je l'ai déshabillée et lavé son corps longuement d'une fange qui a imprégné sa peau et lui a servi de coquille pour renaître sous cette nouvelle forme. Demain, je la présenterai aux autres mères et leur détaillerai le résultat de mes recherches. Les hommes s'ils en restent n'en ont plus pour très longtemps et finiront par nous rejoindre. Je ne sais si c'est une pensée rassurante ou effrayante...


Commentaires de Thomas :

Salut Frédérique !

Un grand merci pour ce compte-rendu ! J'ai plusieurs questions et commentaires :

A. As-tu utilisé un jeu précis ou as-tu fait du freestyle ?

B. J'aime bien que tu décrives l'orgone comme une plante :)


Réponse de Frédérique :

A. Je suis juste partie du principe d'écrire une entrée par jour mais j'aimerais bien utiliser des systèmes minimalistes à l'avenir comme tirage de thème ou séries de questions (mais très simple je pense que le RP écrit est peu soluble dans les processus trop élaboré)

B. Marrant je l'ai souvent joué comme ça en mode « fruit du jardin d’Éden » ou quelque chose de proche


Thomas :

A. Je crois que j'ai ce qu'il te faut : la collection Nervure sur Chartopia


Frédérique :

A. Cool pour Nervure, je note pour mon prochain RP. Je cogite à un délire d'être hybride entre humain et horlas. Après avoir abordé l'idée du genre je me dis que parler de la figure du métis ce serais cool.


Commentaire de Claude Féry:

Nervure est vraiment chouette


Thomas :

Je viens de compléter la collection Nervure avec une table aléatoire de portraits. Je dois encore finaliser la version jeu de cartes, mais déjà le jeu est complet au web sur chartopia :) [note du 07/06/22 : depuis le jeu a été finalisé, dispo en jeu de cartes au format PDF et en format numérique sur Chartopia : la page de Nervure]
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Re: [CR] Millevaux et autres jeux Outsider

Message par Pikathulhu »

LE SECRET DE SAMAËL FAUCHIN

Vivants, morts, fantômes, mourants, marchent de concert dans la forêt qui s'assombrit. Un récit et une partie enregistrée par Claude Féry.

(temps de lecture : 3 min, temps d’écoute : 45 min)

Joué le 20/01/2020

Le jeu : Your Dead Friend, par Jeeyon Shim (jdr/gn en duo où deux amis se promènent un forêt la veille de la mort d'un d'eux)

Lire/télécharger le mp3

Image
netzanette, cc-by-nc


Toutes les photos suivantes sont de Claude Féry (par courtoisie).


Bilan :

Nouvelle incursion en Millevaux avec Xavier cet après-midi, avec pour véhicule Sève la durée du oui.
Xavier joue Samaël Fauchin, je joue Tuuka.
Partie de courte durée, (45 minutes) que j'envisageai, a priori, douce et mélancolique, sous les auspices de Your Dead Friend et qui a changé de tonalité pour devenir sombre et horrifique, sans que nous n'ajoutions d'adversité extérieure, le personnage de Xavier était là pour cela.
Xavier a souligné que cela manquait d'adversité incarnée de monstre à affronter.
Je suis heureux des moments de convergence de la séance, des instants où une proximité, un embryon d'intimité s'est tissée entre nos personnages.
Mes premières instances étaient imprégnées de procédures issues de Your Dead Friend et j'ai pu voir les émotions naître sur le visage de Xavier.
J'ai mis en jeu mon poème et il a influé nettement sur l'interprétation de mon personnage, Tuuka.

Image


Commentaires de Thomas :

A. Samaël Fauchin a-t-il un lien avec le premier personnage de Xavier, Samaël ?

B. « Xavier a souligné que cela manquait d'adversité incarnée de monstre à affronter. »
En effet, ce n'est pas ce à quoi on est censé s'attendre en jouant à Your Dead Friend. Xavier était-il informé à l'avance du caractère contemplatif du jeu ?

C. J'ai cru voir sur votre table des pierres glanées sur un champ de fouilles. Les avez-vous utilisées en jeu ?

Image
fragment d'obus


Claude :

A. Non dans la phase de création mais il a établi des liens en session et après

B. Oui mais il en a décidé autrement après

C. Oui, les feuilles utilisées lors de la séance ont été créées à partir de celles-ci.

Image


Commentaires de Thomas après écoute :

A. Un champ lexical forestier très vaste dans ce monologue d’intro

B. Où se passe cet épisode géographiquement ? Douaumont ?

C. Au début, tu dis qu’on ne sait pas qui va mourir des deux et je crois que ça minimise la portée de la proposition de Your Dead Friend (où, il me semble, on sait lequel des deux persos va mourir)

D. Xavier est bien à l’aise dans la narration partagée

E. Un opossum : encore une anomalie bio-géographique comme le panda roux :)

F. Super l’image du casque de bouc qui pleure trouvée par Xavier :)

Image


Claude :

A. Cette introspection de Tuuka présente le décor et la situation initiale. L'idée que j'avais en tête c'est la forêt au cœur du parc naturel de Muddus.
Nous avions regardé avec Xavier un documentaire sur les forêts scandinaves.
J'ai tenté de décrire cette forêt en détails, comme si elle nous habitait.
C'est notre milieu. Nous vivons en son sein et elle vit en nous.

B. De fait en Suède. Toutefois je l'imaginait comme étant la forêt qui avait enseveli la partie urbaine qui jouxte la forêt noire actuellement, Ce sont ceux d'en-bas, l'un des groupes qui alimente dans mon imaginaire Little Hô Chi Minh Ville.

C. On en convient au départ effectivement. De fait en nous ménageant cette ouverture, Xavier a compté la mort de son personnage que je redoutais initialement et j'ai envisagé que mon personnage questionnait sa croyance et son interprétation de ses rêves prémonitoires et se trouvait convaincu jusqu'à ce qu'il trouve le saule que c'était lui qui devait disparaître et non pas son copain.
Que Xavier n'ait pas joué le jeu ne m'a pas empêché d'enrichir notre partie de certaines propositions de Your Dead Friend même si ce fut a minima.

E. Xavier avait flashé sur une photographie de ballade forestière de Kira Magrann juste avant de débuter la partie.
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Re: [CR] Millevaux et autres jeux Outsider

Message par Pikathulhu »

SURVIVE VULCANIA

Une séance de dungeon crawling dans les ruines de Vulcania, riche en minitel, en dinosaures et en Valéry Giscard d'Estaing zombie !

(temps de lecture : 12 min)

Joué le 07/07/18 dans les locaux de l'association Tabula Rasa à Chalons en Champagne

Le jeu : Écorce, par Thomas Munier. Aventures extrêmes dans les forêts maudites de Millevaux. Viscéral. Survivaliste. À l'ancienne.

Image
Felipeh, cc-by-sa & tanakwho, cc-by-nc


Suite de la campagne auvergnate

Épisode précédent :

La Peau du Blaireau
Une mini-partie axée sur une étrange rencontre animale et marquée du sceau de la parano :) (temps de lecture : 6 min)


L'histoire :

Le Mois de Messe, à la presque-nuit. Un groupe d'aventuriers arrive au pied de la montagne qui abrite le mythique parc de Vulcania. Sous la pluie dégoulinantes, d'immenses bannières à l'effigie de Valéry Giscard d'Estaing. Ce groupe est venu en quête des ossements de Lady Di, une sainte relique censée guérir de tous les maux :
De loin, Arles Quint a une apparence pas terrible. De près, c'est encore pire. Elle ressemble à une jeune fille, vêtue d'un tutu rose, plein de trous et de mites. Ses membres sont trop grands pour son corps, elle porte un maquillage de clown triste et un chapeau pointu. Elle a une armure en capsules de bouteille et porte toujours deux cuillers à la main, semblant impatiente de s'en servir. On l'a déjà vu tuer quelqu'un en le frappant avec une cuiller de ce style.

Pustule est un maletronche, plus exactement un poisson-tumeur, il a des pansements sur les bras pour cacher ses tumeurs, il prend des bains, il est très propre, il aime les mares. Il est débrouillard sur certains aspects, complètement largué sur d'autres

Walt semble avoir la soixantaine, toujours la clope au bec, il se trimballe avec cinq rats apprivoisés. Il porte un vieux pantalon en toile, un bout d'une vieille robe d'hôpital, un vieux plaid. Il a un sac en cuir garni de bricoles, un regard halluciné. Il est pas très causant de prime abord.

Mannie est une amérindienne corpulente, grande, avec un air patibulaire, un œil vif, elle pote une bouse avec de la terre et une autre bourse, et une bouteille de pinard, et une patte de loup très longue et grêle, taillée en pointe. Elle est venue à bord d'un vieux buggy pourri.

Marthe est une femme avec un bout de métal dans le crâne. Elle est plutôt barge. A la place de son nez, elle a un bec d'oiseau. Un bec de grive, plus exactement.
Elle est habillée simplement, mais en temps de péril, elle porte une armure de samouraï avec un masque de chauve-souris maquillée. Elle est très minutieuse quand elle range ses affaires mais elle s'en fout du reste du monde. Elle a beaucoup d'affinité avec les véhicules.

L'entrée du parc, étayée par des poutrelles de bois, porte l'inscription V.LC.NIA, surmontée d'une tête de loup pourrissante. Arles Quint s'en empare et la mange. Elle se retrouve propulsée dans un très mauvais souvenir, où elle a affaire à ce loup. Elle le tue dans le souvenir et le mange à nouveau, ce qui la plonge dans un souvenir du loup encore plus profondément. Le reste du groupe a fort à faire pour la faire revenir à la réalité.

Le groupe entre ensuite dans le réseau souterrain de Vulcania. Ils arrivent dans une grande salle en désordre qui était l'accueil de Vulcania. Walt trouve un vieux minitel relié à un amas de câbles, et qui curieusement fonctionne encore. Il y a accède et joue à un jeu vidéo fait avec des lettres et des chiffres et qui consiste à libérer Valéry Giscard d'Estaing d'un château où il est emprisonné. Il le gagne et débloque une épée tueuse de créatures sauvages. Une épée faite de gros pixels apparaît et Marthe s'en empare.
Le groupe s'engage dans une passerelle qui passe à cinquante centimètres au-dessus d'une zone tropicale particulièrement sauvage, sauf Walt qui reste jouer au minitel. Valéry Giscard d'Estaing en personne arrive par la porte de service. Son costume est défraîchi et lui-même est momifié. Ses propos sont incompréhensibles. Avec Mannie, ils accompagnent VGE par la porte de service qui les emmène dans un terminal de contrôle où on voit un plan du parc, chaque zone étant signalée par une ampoule hors d'usage. VGE est pris d'une crise de cannibalisme et essaie de les bouffer, ils sont obligés de tuer ce digne personnage puant le formol, qui s'écroule en faisant un bruit de chose empaillée.

Pustule se fait agresser par deux raptors laineux qui émergent de la forêt vierge. Le combat s'enclenche, Pustule et Arles fuient vers une caverne où se trouvent de gigantesques étrons. L'endroit est habité par un tyrannosaure ! La créature est couverte de plumes et caquette comme une grosse poule. Arles parvient à lui monter sur le dos et à la retourner contre les raptors. Mais tuer les deux raptors n'est pas de tout repos, et ensuite Arles perd le contrôle du T-rex, qui, tout caquetant qu'il est, demeure un adversaire hors de leur portée. Avec Marthe, ils fuient dans la zone suivante par une porte que le T-rex est trop gros pour franchir.

Ils débarquent dans une réplique à taille 1:10 d'un volcan entouré d'un grand huit avec encore un wagon en état de marche. Au pied de la plateforme sur laquelle ils sont posté, une forêt tropicale. Dans le souvenir d'un des raptors tués, celui-ci s'était frayé un chemin à travers cette forêt et avait trouvé un passage jusqu'à un mémorial dédié à Lady Di. On y retrouve la Mercedes et même le pilier du pont de l'Alma, et les squelettes du conducteur, du garde du corps (avec le moteur du véhicule sur les genoux), de Dodi Al-Fayed, et de Lady Di. Plein de bougies électriques sont allumées et l'auto-radio diffuse Candle in the wind en boucle. Le raptor embarque un des os de la princesse pour le grignoter.

Mannie et Walt s'aventurent dans un passage couvert d'un tapis rouge. Le tapis semble renfoncé en son milieu mais ils n'y prêtent pas attention. Mal leur en prend : ce tapis cache une fosse à pieux, et en marchant sur le milieu, ils tombent dans la fosse avec le tapis. Walt meurt empalé, et Mannie est à l'agonie. Elle se fraie un passage vers une panic room avec un coffre-fort (qu'elle n'essaie pas d'ouvrir), un tableau représentant VGE et Bokassa en safari, se serrant la main, avec la date de la rencontre (qui servait de code pour le coffre mais Mannie ne l'a pas deviné) et une nouvelle porte. Elle se traîne par la nouvelle porte, monte un escalier et arrive dans une salle avec une grande table et des trophées de bêtes de la savane, ainsi que des cuves contenant des clones de VGE dans le formol (plusieurs ont été vidées). Lui tournant le dos, Bokassa en personne est en train de déguster ce qui semble être du ragoût humain. Profitant de l'effet de surprise, Mannie arrive à le tuer.
Elle poursuit son exploration et trouve un gros terminal teslapunk avec un crâne de VGE relié à des énormes câbles et des bobines et des dizaines de minitel. C'en est trop pour Mannie, elle fuit cette zone sans chercher à en savoir plus et trouve un accès vers la forêt tropicale du volcan.

Alors qu'Arles, Marthe et Pustule sont montés à bord du grand huit, la réplique de volcan entre en éruption. Ou plutôt une sorte de plasmide orange en sort, étendant ses ramifications flasques de plus en plus loin et provoquant des métamorphoses sur tout ce qu'il touche. Arles et Marthe arrivent à prendre la fuite, mais Pustule décède, ils ne peuvent qu'emporter son cadavre.
Mannie tente de traverser la forêt en longeant les bords, mais elle se fait toucher par le plasmide et meurt en se transformant atrocement.

Arles et Marthe finissent par trouver le mémorial en réempruntant le même chemin que Mannie. Ils affrontent et vainquent la momie d'Yvette Horner et récupèrent les trois ossements qu'il reste de Lady Di et s'en servent pour ressusciter Walt et Pustule (dont ils ont retrouvé le corps dans la fosse). Le jeu n'en valait pas tout à fait la chandelle... in the wind. Marthe a quand même l'occasion de pratiquer un rituel de mécanomancie pour ressusciter la Mercedes : ils ont gagné un nouveau véhicule !

Quelque part au creux du volcan d'Auvergne, la momie originale de VGE patiente dans son cercueil de verre qu'un chaste baiser vienne le réveiller.


Feuilles de personnage :

Pustule

Image

Lewis Wickes Hine domaine public & Raphaël maître, par courtoisie
Espèce: Maletronche (poisson-tumeur)
Penchant : Ordre
Malédiction : Sorcellerie
Force : Tir d’élite (réussite automatique, sauf si on veut lancer le dé pour viser le critique)
Handicap : Inapte au corps-à-corps
VIANDE : 11 / OS : 10 / NERFS: 9 / CRÂNE : 10 / TRIPES : 10 / GUEULE : 12
Points de vie Max : 3
TRAITS DISTINCTIFS
- Amphibie
- Malade : perd 1 PV à chaque crépuscule du fait de ses tumeurs
- malus de 2 en social avec les humains, bonus social de 2 avec les maletraits
SOUVENIRS & SORTS EN MÉMOIRE
-
OBJETS & SERVANTS
1 Parchemin de sort : trouver un bouc, lui faire l’amour, permet d’envahir un lieu avec une horde de biquettes assoiffées de sexe
2 Parchemin de sort : où il est question de chercher une perle sous un tas de clopes.
3 Des tatouages représentant des poules pondant des œufs énormes qui leur déchirent le cloaque, dans un décor de forêt insolite.
4 Un paquet de 6 couches bébé dry-night ultra absorbantes
5 Une série d’ingrédients végétaux stockés sous des entailles dans la peau qui ferment avec des fermetures éclair.
6 Glané en jeu : Souvenir du raptor : croque les os de Lady Diana, est arrivé au mémorial en passant dans une zone où il a chassé du ptéranodon et une zone où il a chassé de la taupe géante

Image


Mannie

Image
CIFOR, cc-by-nc
Espèce: Humanité
Penchant : Ordre
Malédiction : Tuerie
Force : Hypervision (tu dois penser à demander à l’arbitre)
Handicap : Incapable de tenir une promesse
VIANDE : 15 / OS : 14 / NERFS: 13 / CRÂNE : 8 / TRIPES : 5 / GUEULE : 5
Points de vie Max : 4
SOUVENIRS & SORTS EN MÉMOIRE
-
OBJETS & SERVANTS
1 Une très longue et grêle patte de loup taillée en pointe
2 Du terreau rempli de graines à oiseaux
3 Une météorite rousse et friable
4 Une bouteille de vin de messe utilisée pour un enterrement
5 Un vieux buggy pourri au toit blindé marqué de traces d’explosion (autonomie carburant : 5 quarts)
6 Glané en jeu : Expérience de mort imminente : tombée dans une fosse à pieux.

Marthe

Image
United States Marine Corps Official Page, cc-by-nc
Espèce: Humanité
Penchant : Ordre
Malédiction : Idolâtrie
Force : Perçoit l’emprise (tu dois penser à demander à l’arbitre)
Handicap : Bec de grive
VIANDE : 10 / OS : 8 / NERFS: 9 / CRÂNE : 7 / TRIPES : 15 / GUEULE : 10
Points de vie Max : 4 / Actuel : 0
TRAITS DISTINCTIFS
- malus de 2 en social avec les humains, neutre avec les maletraits
- les ennemis ont -1 en sauvegarde contre mes sorts
COMBAT
Bonus d’attaque au corps à corps : 0
Bonus d’attaque à distance : 0
Bonus social : 0 (+4 avec l’armure)
Couenne : 10 (16 avec l’armure)
Armes : mains nues (1d3 dégâts) ;
SOUVENIRS & SORTS EN MÉMOIRE
1 Repousser les morts vivants [Perdu en cours de jeu]
2 Sort : Réparation spirituelle des véhicules : boire de l’essence, avaler des pièces mécaniques du véhicule et passer une nuit collé au véhicule en priant : il retrouvera sa vigueur d’antan.
[Glané en jeu :
3 Expérience de mort imminente : griffée au visage par un raptor
4 Souvenir du raptor qui rencontre le gisant de VGE (ce souvenir est ensuite perdu)
5 EMI : à nouveau attaquée par un raptor
6 EMI : chute à bord du chariot du volcan dynamique]
OBJETS & SERVANTS
1 Armure de samouraï avec un masque de chauve-souris enduit de rouge à lèvres, donne un bonus de 4 en social. Poids : 32 kilos
2 110 caps
3 cape enduite d’urine de chevreuil
4 Parchemin : où il est question d’explorer son pire cauchemar et d’y sacrifier une personne chère pour s’asservir un prédateur limbique.
5 Glané en jeu : Arme : épée en pixel +3 contre les créatures sauvages (cette arme est ensuite détruite, écrasée par le T-rex)

Walt

Image
wmacphail, dentarg, cc-by-nc

Espèce: Humanité
Penchant : Sauvagerie
Malédiction : Sorcellerie
Force : Le surnaturel ne me fait pas peur
Handicap : Souffre de vertige
VIANDE : 8 / OS : 11 / NERFS: 13 / CRÂNE : 15 / TRIPES : 11 / GUEULE : 14
Points de vie Max : 1
SOUVENIRS & SORTS EN MÉMOIRE
1 Souvenir : j’erre dans les couloirs d’un asile psychiatrique
2 Glané en jeu : une expérience de mort imminente
OBJETS & SERVANTS
1 Parchemin de sort : carte du souvenir : la carte parle de trouver une cabane où sont réfugiés des survivants amnésiques, puis de se rendre à un charnier et s’y immerger… afin de retrouver la mémoire.
2 Une Wiimote avec une coque en métal
3 Une pierre blanche percée de petits cratères
4 Un bol en terre cuite contenant de la matière cérébrale
5 Rajouté à la création d'après la photo du trombinoscope : 5 rats


Arles Quint

Image
theodora.lumi, cc-by-nc

Espèce: Humanité
Penchant : Ambivalence
Malédiction : Tuerie
Force : Réflexes câblés (agit toujours en premier, impossible à prendre en embuscade)
Handicap : Ne peut pas se pencher
VIANDE : 15 (descendu à 14) / OS : 14 / NERFS: 14 / CRÂNE : 7 / TRIPES : 9 / GUEULE : 9
Points de vie Max : 6 / Actuel : 0
Armes : mains nues (1d3 dégâts) ; cuillers (jet de sauvegarde contre la mort)
SOUVENIRS & SORTS EN MÉMOIRE
1 Souvenir : je mange des aliments pourris jusqu’à la moelle (perdu en cours de jeu)
[ 2 Glané en jeu : le loup m'empêche de dormir à cause de ses hurlements
3 EMI : Attaquée par un raptor
4 EMI : Attaquée par un T-Rex
5 EMI : Chute depuis le grand huit
6 Souvenir : Fête d'anniversaire. Père au couteau : « Pourquoi cet air si sérieux ? »
7 Souvenir du raptor : terrifié par l'accordéon d'Yvette Horner ]
OBJETS & SERVANTS
1 6 petites cuillers, chacune enduite d’un souvenir mortel
2 Arbrisseau avec des racines qui semblent chercher la chair.
3 Armure de la bonne conscience, faite en caps mendiés (150 au total, poids 12 kilos)
4 Une part de tarte tatin qui reste chaude et odorante


État des règles :

J'ai supprimé mes neuf sauvegardes pour les remplacer par des jets sous Carac. À l'échelle de cette partie, ça m'a semblé bien passé. Les personnages avaient plus de chance de réussir, mais il y avait quand même des foirages. Et surtout la création de personnage s'en est trouvée accélérée.
J'ai voulu remettre les expériences de mort imminente au goût du jour, et donc à chaque jet de survie j'ai dit à la personne de s'en rajouter une dans ses souvenirs. Mais j'ai le sentiment que c'est une mécanique qui alourdit encore le jet de survie, et rend l'oubli moins difficile (puisqu'on engrange plus de souvenirs). J'ai aussi le sentiment que les personnes oublient de la noter une fois sur deux. Je crois cependant que je dois encore lui laisser une chance. Je vais essayer aussi de la renommer frôlemort (plus rapide à dire qu'expérience de mort imminente)


Mise en jeu :

+La joueuse de Marthe a dit que son personnage avait un bout de métal dans le crâne car elle a récupéré une des photos du trombinoscope que j'avais dégrafée d'une vieille feuille de personnage. L'agrafe était restée sur le crâne de la femme sur la photo !
+La tête de loup pourrie, c'était une récompense. Les spores qu'elles contenaient étaient soporifiques, ça aurait pu aider pour neutraliser des adversaires. Bon, je reconnais, c'était fort tordu. S'inspirer de l'Almanach pour élaborer ses péripéties présente ce genre de risques : j'avais tiré une histoire de loup terrifiant, et de sommeil... Assembler tout ça a donné cet artefact très bizarre. Le plus drôle, c'est qu'Arles (et je ne m'en souvenais plus) avait le souvenir d'avoir mangé des choses pourries. C'est donc le plus naturellement du monde qu'elle a voulu déguster cette tête putréfiée.
+A un moment, j'ai un peu perdu la notion du temps. Le fait qu'on était dans un donjon et non dans la forêt, aussi repérés dans l'espace, avec des groupes séparés, m'a fait faire perdre mon fil habituel (des lieux simples, une péripétie par quart) au profit d'une logique plus spatiale (une péripétie par salle)
+Les morts-vivants, c'est très pratique, ça permet de mettre des figurants humains dans un donjon sans avoir à trop justifier leur présence.
+J'ai tricoté une cohérence et une écologie du donjon au fur et à mesure qu'on progressait. Assez rapidement, j'ai prévu un mémorial de Lady Di parce que le joueur d'Arles l'avait proposé, et en miroir j'ai ajouté le tombeau de VGE. J'ai prévu des attractions (le jardin des dinosaures, le volcan dynamique) puis j'ai imaginé qu'il fallait des salles de service (la régie, puis le terminal minitel) et tout un réseau de panic room où VGE s'était bunkerisé pour échapper à l'apocalypse. On peut supposer par ailleurs que cette partie prenait place dans une uchronie où l'apocalypse Millevaux avait eu lieu peu après la mort de Lady Di, ou encore que l'égrégore ait permis la survivance de tout ça.
+À ce stade du développement, je continue à donner des équipements non identifiés à la création, mais le souci, c'est que je ne note pas l'identification de mon côté. Cela fait que j'oublie complètement de déclencher les effets de certains équipements qui pourraient être drôles (ainsi, le masque de chauve-souris que portait Marthe pouvait l'aider à se faire obéir).
+ J'ai utilisé les termes de rêves lucides ou de souvenirs lucides pour préciser l'interactivité des scènes de rêves et de vols de souvenir aux morts. Je pense que je vais graver ce terme dans le marbre, car j'ai l'impression que l'équipe comprenait alors intuitivement les possibilités qui s'offrait à elle et s'en emparait. Une sorte de manuel de vertige logique en très abrégé.
+ Quand j'évoque l'épée en pixels +3 contre les créatures sauvages, le joueur d'Arles me précise que dans (A)D&D, un +3 signifie +3 en attaque, +3 aux dégâts. C'est pas mal, j'ai validé.


Retours de l'équipe :

Joueuse de Marthe :
En fait tu finis rapidement à 0 PV

Joueur de Pustule :
Tu te prends un coup d'épée, tu t'en relèves pas, c'est réaliste.

Joueur de Walt :
J'ai fait gaffe à éviter tous les combats, mais un 6 de dégâts en chutant dans la fosse, ça pardonne pas.

Joueur d'Arles :
On pouvait pas faire l'impasse sur Lady Di :)
Il manquait que les avions renifleurs de pétrole
Il faudrait un scénar au Musée du Quai Branly avec Jacques Chirac


Retour personnel :

J'ai un souci quand un perso à forte Couenne attaque un perso à Couenne moyenne : il a plus de chances d'être blessé (s'il rate son attaque) que s'il défend, puisqu'il fait un jet d'attaque contre la Couenne de l'adversaire (pour un combat de basse, seuil de 10), alors que quand c'est au tour de l'adversaire d'attaquer, il a beaucoup moins de chance de placer ses deux actions (pour passer une armure complète, seuil de 16). En fait, le gars en armure est quand même avantagé, mais seulement quand il est attaqué. J'arrive pas à savoir si c'est grave.

Cette partie précédait trois autres parties dans l'univers de Millevaux qui étaient assez sombres. J'ai voulu ici dérider un peu l'atmosphère, d'où le ton très humoristique qui je pense a détendu tout le monde, auquel la table s'est bien prêté (même si les personnages, eux, n'étaient pas à la fête). Voilà un moment que je voulais faire du dungeon crawling, et que je voulais jouer dans Vulcania. Tout le donjon a été fait en impro, avec les jets de péripétie (un par salle) et la table aléatoire de l'Almanach. Je pense que mon donjon était réussi, avec une écologie correcte, des défis intéressants (je distribuais les indices, même si tous n'ont pas été compris) et une architecture ludique. Mais cette réussite est davantage due à mon expérience et à mes recherches biblio en matière de dungeon crawling qu'à de vraies procédures issues du jeu. J'ignore si je dois consacrer un chapitre au dungeon crawling et ce que je pourrais mettre dedans.

Game design à modifier :

+ Remplacer les maletraits par les maletronches. Le terme est épicène, et de surcroît, il sonne beaucoup mieux et évoque beaucoup plus vite les mutants que le terme maletrait !
+ Une fois que les identifications des objets seront consignées, l'arbitre devra noter les identifications sur sa feuille de route pour penser à déclencher les effets secrets des objets.
+ Une arme +X signifie +X en attaque / +X aux dommages
+ Quand un personnage se prend deux attaques en simultané, cumuler les dégâts et demander un seul jet de survie.
+ Quand un personnage attaque, il annonce son jet d'action et fait son jet d'attaque contre la couenne de l'adversaire pour savoir s'il réussit une ou deux actions. L’adversaire annonce ses deux réactions et fait son jet d'attaque contre la couenne du personnage pour savoir s'il réussit une ou deux réactions.
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Re: [CR] Millevaux et autres jeux Outsider

Message par Pikathulhu »

PUOK KRISD SASANIK

Un glissement physique, identitaire et géographique entraîne les personnages à la rencontre d'un vieux fou cannibale capable de sortir d'étranges choses de leurs corps. Un récit et un enregistrement de partie par Claude Féry

(temps de lecture : 7 min, temps d’écoute : 1h57)

Joué le 25/01/2020

Le jeu : Sève la durée du oui, gamins du bois confrontés aux beautés et aux horreurs du sauvage, par Claude Féry

Lire / télécharger le mp3

Image
Jordy Meow, cc-by-sa

Toutes les photos suivantes sont de Claude Féry (par courtoisie).


L'histoire :

Cet après-midi, avec Alex, Gabrielle et Xavier nous avons joué à Sève la durée du oui.
Xavier joue Samaël
Gabrielle joue Zinnober, revenu de son mysticisme et désormais cynique
Alex joue Tauch, Petite, perturbée par ses souvenirs qui affluent à mesure qu'elle approche de Little Hô Chi Minh Ville.
Je joue Dom Th, un sauvageon reflet d'Albert, gangrené par ses réminiscences de commando de l'Angkar.
Nous avons débuté sur une instance de décor d'un hiver anormalement doux pour les bois de Millevaux, une halte forestière, non loin de la maison abandonnée.
Nous avons rejoint notre chauffeur du pick-up Puoc Krisd Sasanik, (Monsieur Clément).
Il nous présente son ouvrage d'almanach de feuilles.
Il tend à Tauch une feuille sur laquelle il a juste couché son nom de son calame et demande à la sauvageonne ce qu'elle y voit.
Des chemins qui ne mènent nulle part elle lui répond.
Je me rapproche d'elle et je lui dit que je sais pas lire les feuilles mais que je n'aime pas du tout Puoc, il pue de la bouche d'abord et qu'y faut qu'on se méfie.
Le vieux répand un fond de thé sur les amas d'aiguilles d'épinette noire et joue les oracles. Il demande ensuite à Tauch ce qu'elle y voit. Avec une feuille bien large elle ramasse le sigil et le tend à Samaël qui le balance non loin du feu et me refile une vieille branche.
Je crame ce truc. Je le sens pas ce vieux et ses tours de sorcier.
Je tisonne la feuille et ne méfie pas et le vieux il me tire l'oreille droite, atrocement, si fort qu'il en extirpe, plein de cérumen, un petit caillot qui figure une tête de horla.

Image

Puis il tripatouille, tord le nez, mouche le Samaël qui crache une grande feuille jaune, jaune d'automne. Puis il exige que Samaël y sorte d'autres choses.
V'la un gros champignon bleu, qu'y commence à boulotter et pis c'est pas assez et vient coller Tauch qui lui dit de garder ses distances. Alors y r'tourne vers Samaël qui sort un piano de son œil mort.
Et pis le piano y joue à moitié tout seul et pis l'vieux il écrit des trucs sur nous avec son calame dans son carnet.
Pis y colle de nouveau Tauch qui le repousse encore, mais s’emmêle dans ses mots et l'invite à se tenir plus prêt encore. Il demande un tour à Zinnober qui lui sort un tarot de l'oubli surgi de ses rêves.
Puoc revient vers Samaël qui lui propose de jouer une partie de tarot. Il lui tire des lames fortes qu'interprète Zinnober comme étant celles du signe de son trépas. Y r'demande à Tauch qu'elle lui donne quelque chose aussi et comme elle refuse y dit qu'il est las et qu'il a grand faim et se jette sur elle pour la dévorer.
Je me précipite sur Puoc pour répandre sa cervelle d'un bon coup de fragment d'obus sur la calotte, Samaël sort un fusil de son œil mort et tire. Tauch étreint de toutes ses forces l'escargot bleu qui renferme un mot d'amour dans un alphabet oublié que lui a offert un parent, Zinnober est convaincu que le trépas de Puoc est consommé. Tandis que Tauch négocie la feuille qui porte le nom de Puoc, Zinnober s'empare de l'escargot bleu et le remet à Puoc qui s'empare et l'avaler tout rond, avidement sous le regard effaré et désespéré de Tauch.
Il tousse, crache et s'effondre parcouru de spasmes.
C'est alors que le commando se souvient d'avoir tenté vainement d'éliminer cet intellectuel renégat pour le compte de l'Angkar et que Albert y avait essuyé pareille vilaine blessure. Ils ont dû fuir Little Hô Chi Minh Ville et troquer leurs identités pour se faire oublier loin dans la vallée du bas.
Et là, ils sont retombés sur le self du vieux professeur qui dispensait ses cours dans les caves inondées aux plus démunis là où sévissait une vile créature dévoreuse de drôles.
Et elle est là, ce ver vorace qui fuit le corps rompu de son hôte défunt.
Pour me soigner Tauch renonce à son escargot bleu qui s'insinue en moi pour dévorer la balle qui pesait sur mon cœur.
Ainsi s'achève cette belle partie d'un peu plus de deux heures.

Nous avons prévu de jouer une nouvelle histoire avec La Sorcière de l'écorce pour la prochaine séance à la demande d'Alex.

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Au niveau adversité l’Innommable est grimpé à D24 et la tension attendue n'en fut que plus forte. Xavier bravache et d'ordinaire convaincu de son fait à longuement hésité à concrétiser son tir et lancer le dé.
Autre aspect pratique, j'ai été malade toute la semaine et la partie s'est décidé au dernier moment.
Afin d'accélérer la mise en route et accroître l'implication d'Alex je lui ai demandé d'apporter un objet pour son personnage, le fameux escargot bleu.
Et cela a vraiment fonctionné pendant la partie. Lorsque Puok l'a avalé, j'ai vraiment fait mine de le faire...
Il a bleedé à fond.
Sa mère m'a précisé en venant la rechercher qu'elle avait précautionneusement emballé l'objet dans son petit sac... Elle flippait un peu parce qu'elle y tient vraiment et qu'il y avait vraiment un joli mot caché à l'intérieur.
Mais elle a aussi été très touchée que cet objet si anodin en apparence revête une telle importance pour notre histoire au final.

Après Le Trésor du Vorgne, je suis très heureux d'avoir joué ce scénario Barbaque ! du recueil Hurler dans les forêts zéro.
Nous poursuivrons l'expérience avec Ballade pour un missile et Alex par de régulières références à l'Albion nous donnera probablement d'explorer Le tunnel sous la Manche (scénario pour Arbre).

Lorsque j'indique que nous jouerons à La Sorcière de l'écorce, ce sera, comme pour notre tentative première avec pour moins la préoccupations d'intégrer l'enquête dans le récit plus large en cours.
Je pense fort à une entrée de table aléatoire que je n'ai pas encore utilisée, une histoire de film plastique...

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Alex joue Tauch


Commentaires de Thomas après lecture :

A. Super, le glissement ethnique de Monsieur Clément ! Ça ajoute au procédé général de vertige logique : hybridation des lieux, des époques... et de plus en plus des personnes puisque visiblement les PJ aussi ont plusieurs identités, plusieurs vies qui se recoupent, à la manière des vies antérieures dans Mantra... procédé qui peut d'ailleurs facilement être relié à la mystique de Little Hô Chi Minh Ville.

B. « Alors y r'tourne vers Samaël qui sort un piano de son œil mort. » :
ça commence à être lynchien :)

C. Très très bien tout l'exercice de convergence autour de l'escargot bleu !

D. Il faudra que je confirme à l'écoute de la partie, mais on sent que tu tournes autour de Litte Hô sans jamais vraiment y entrer... Je n'ai jamais vraiment senti le confinement immobilier et la promiscuité inhérentes à la ville. Mais c'est peut-être volontaire de ta part, de rester dans la forêt tropicale autour de Little Hô.

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E. Les photos du début, c'est l'île d'Ha-Shima au japon ?

F. A quoi correspond cette feuille qu'on fait brûler (vu sur une des photos) ?

G. Je décèle dans cette partie un procédé de vertige logique qu'Eugénie appelle les « répétitions » et qui consiste à rejouer une scène en variant des éléments (voir son CR La nana, le frère et le caddy). Justement, la partie commence, comme la partie Lèpre Noire, par Monsieur Clément dévoilant les feuilles de l'almanach aux personnages.

Image
Alex joue Tauch


Claude :

D. Je veux jouer dans cette ville, mais je souhaite aussi jouer son approche pour que lorsque nous y parviendrons enfin nous jouions à rebours du temps l'engagement des sauvageons dans l'Angkar et l'intervention de la nouvelle chair.
J'imagine quelque chose comme un de mes souvenirs de lecture de Alain Nadeau, un archéologue qui exhume des manuscrit dans les grottes de la Mer Morte et qui se trouve en but aux menées des espions et qui vit le temps à rebours.
Depuis 3 où 4 session il y a un pan, des scènes de Little Hô Chi Minh Ville qui apparaissent.
Je dois encore explorer la communauté des rignières qui alimentent en nourriture l'Angkar.
Les noms la dernière fois étaient laotiens, cette fois-ci Khmer et nous allons pouvoir entrer dans la culture des gens d'en bas, à la croisée des gens de la Forêt Noire et de ceux de l'arrière pays Khmer

E. La seconde est un montage entre des immeubles de Tchernobyl et des ruines quelque part en France et la première je ne me souviens plus de sa provenance.

F. c'est la feuille sur laquelle Tauch a collé l'oracle de Puok

G. Oui tout à fait. C'est ce que j'ai proposé de jouer, en prenant le temps avant que ne débute la session que nous mêlions nos souvenirs des précédentes parties en remontant jusqu'à l'échappée du bagne de Poulo Condor.
[en réaction au récit d'Eugénie :] Super intéressant et plus abouti. Le jeu à deux c'est grisant et puissant

Image
Gabrielle joue Zinober


Thomas :

G. « l'échappée du bagne de Poulo Condor. » : ça ne me dit rien, cet épisode :)


Claude :

G. C'est la série de parties de septembre autour de l'île aux courges (nom tonkinois de Poulo Condor) et de la viande noire

Image
L'escargot bleu de Tauch


Mes commentaires après l'écoute de la partie enregistrée :

A. J’entends la mention d’un chemin de schlittage : on est dans les Vosges ?

B. Pour la tête de horla qui sort d’une oreille, tu as utilisé un vrai objet ou non ?

C. Ce procédé d’extraction est une étonnante manifestation de l’emprise

D. « T’es trop une valise toi » : super réplique d’Alex :)

E. Cette fois-ci on peut dire que tu tiens compte des propositions de Xavier. Peut-être faudra-t-il ensuite voir avec lui (et avec la table) si c’est trop extravagant ou pas (à la rigueur, dans Little Hô des choses telles pourraient se produire).

F. Ambiance potache sur cette fin de partie:)

G. Intéressant en terme de narration partagée tout votre brainstorming au sujet d’escargot et de la balle

H. Intéressant l’effet de vertige logique avec une transition vers les commandos de Little Hô

I. Est-ce que tu envisages que les PJ enfants soient des commandos ? (c’est plausible si on en fait des sortes d’enfants soldats)

J. Intéressant de reprendre le vol de souvenir par meurtre qu’on a dans Écorce et de prendre un souvenir du tueur en contrepartie

Image
Xavier joue Samaël


Réponse de Claude :

A. Oui.

B. Une des trouvailles exhumées à Ribemont.

C. Entre le syndrome du scaphandrier de Serge Brussolo et mes souvenirs impérissables de la pratique de la maïeutique socratique en classe de Philosophie (8 heures par semaine que je n'aurais séchées pour rien au monde) avec notre professeur Christian De Rabaudy.
J'ai utilisé sa photographie pour personnifier Monsieur Clément / Puok. J'ai suffisamment bien imité mon professeur pour que Gabrielle le reconnaisse et livre assez prosaïquement la réponse à la récurrente question : « Mais pourquoi est-il si méchant ? »

D.?

E. La rançon de sa gloire a été l'ascension de l’Innommable. Alex ne l'a pas compris tout de suite (mais j'ai juste éternué !) mais a conclu qu'il fallait faire une offrande ou que ce dé ne devrait pas exister (D24).

I. Oui ce sont des enfants soldats manipulés par l'Angkar.

K. Un autre élément que je souhaite préciser car peu explicite à l'enregistrement.
Alex manipule devant moi son sac à main et en extirpe un flacon de gel hydroalcoolique.
Le gel est devenu le baume Helvétique de nanites.

Image
Xavier joue Samaël


Thomas :

D. Réflexion d'Alex à Xavier quand son personnage sortait des tas de choses de son corps :)

Image
Xavier joue Samaël
Dernière modification par Pikathulhu le ven. juil. 01, 2022 9:34 am, modifié 1 fois.
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Message par Pikathulhu »

MECHAFORESTIERS

Une heure d’Evangelion à la sauce horlas et dilemmes moraux !

(temps de lecture : 2 min)

Joué le 13/10/2018 au festival de jeu de Noyal-Pontivy

Le jeu : Inflorenza Minima, contes cruels dans la forêt de Millevaux

Image
Kim Roberts, cc-by-nd


L'histoire :

Donc ça me grattait depuis un moment de refaire du Millevaux mechas. Je me suis décidé avec deux amis en convention, on a joué très vite, avec Inflorenza Minima. L'idée, c'est qu'il fallait que les PJ soient tous des ados (12-16 ans) parce que les mechas, d'anciennes reliques ne fonctionnent qu'avec les ondes cérébrales des ados, avec leur type d'émotions, le type d'égrégore qu'ils dégagent. L'organisation qui avait récupéré des mechas s'appelait l'Ordre Noir (en réalité, il s'agissait de Corax, je me préparais à le révéler pour voir comment les PJ réagiraient à cette révélation), et le but de cet Ordre, c'est officiellement de lutter contre la menace horla devenue omniprésente, avec des horlas de petite taille, mais aussi des horlas gigantesques ou des nuées de horlas.

J'avais deux PJ, j'ai demandé à chacun d'imaginer un PNJ ado avec le type de lien qu'il entretenait avec lui.

Il y a eu une phase d'entraînement avec un mentor doux et un formateur dur.

Quand il a fallu faire la connexion neurale au mecha, les formateurs ont prévenu que c'était hyper douloureux. À côté de chaque ado, il y avait un bouton pour prendre la douleur d'un autre ado (on ne pouvait appuyer qu'une fois sur le bouton). Lors de l'appairage entre le pilote et son mecha, on avait une réminiscence d'un souvenir traumatique (souvenir alors construit sur le pouce avec les joueuses).

Il y a eu ensuite un vol censé être d'entraînement, mais confrontation avec un gros parti de horlas s'en prenant à une caravane. les PJ ont choisi d'aller à l'affrontement malgré leur inexpérience et le fait que le formateur leur disait de rentrer à la base. L'un des PJ s'est concentré sur le fait de sauver les enfants de la caravane. Il a eu besoin de booster son mecha, et ce faisant a dû sacrifier un souvenir précieux.

L'autre PJ a effectué le tir de barrage contre le gros de la masse horlas avec deux PNJ. Il s'est rendu compte que toute l'escouade ne pourrait rentrer sauve. Il a décidé de concentrer ses tirs de couverture sur le PNJ qu'il aimait le plus et du coup le PNJ qu'il aimait le moins s'est fait descendre.

Les horlas : un à taille humaine, corps de mante noire, visage humain cloué sur sa tête, la Némésis du groupe car il a tué les parents des ados

un horla colossal arachnoïde avec des grappes de crânes humains attachés à ses pattes

une nuée de horlas chauve-souris à tête de loup.
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Message par Pikathulhu »

Podcast Outsider N°67 [Magnéto jeu de rôle] Un mystérieux naufrage de vaisseau

Une partie de jeu de rôle enregistrée dans l’univers forestier d’un Cameroun afrofuturiste !

(temps d’écoute : 1h13)

Image
Gerald Machona, Uri Afronaut (2012), photo par Lucy Hawthorne, cc-by-nc-nd
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Re: [CR] Millevaux et autres jeux Outsider

Message par Pikathulhu »

MUDDUS

Ambiance délétère de film nordique pour ce premier opus qui amène l'horreur par petites touches. Un récit et un enregistrement par Claude Féry.

(temps de lecture : 5 min ; temps d’écoute : 2h03)

Joué le 02/02/2020

Le jeu : La Sorcière de l’écorce, un jeu de rôle suédois d’horreur folklorique et forestière par Pelle Nilsson et Johan Nohr.

Lire / télécharger le mp3

Générique de la Sorcière de l'Écorce

Image
Michiel van Nimwegen, cc-by-nc-nd

Toutes les photos suivantes sont de Claude Féry (par courtoisie).


L'histoire :

Préparation non préparation de notre prochaine partie, une séance qui sera placée sous les auspices de la Sorcière de l'écorce. Elle se passe dans le parc de Muddus, notre prochain lieu de villégiature...

Quarante minutes pour définir à cinq la situation de départ et créer les personnages.
Xavier joue Oscar Millepois un collégien passionné par le dessin, tendance manga, en établissement Freinet. Alex joue Leslie Millepois, sa sœur, une jeune lycéenne passionnée par les écorchés et les technologies chirurgicales. Tous deux sont invités pour une excursion de 4 jours au parc National de Muddus en Suède par leur cousin Adrien Dumont, un jeune virologue qui conjugue une semaine de vacances familiales subventionnées par son C. E. avec un séminaire d'immunologie qui doit se tenir sur la dernière semaine de Juillet 2020. Il est joué par Mathieu.
Gabrielle joue Joris Karl Conan, un jeune écrivain, cousin germain d'Adrien qui s'est exilé en Laponie pour se consacrer à son écriture.

Fiction deux heures, Mathieu a du nous quitter au bout de 35 minutes.

Image
Gabrielle joue Joris Karl Conan

Cela fait plus d'un an que Joris Karl est parti. C'est l'occasion de renouer avec la famille et de « remercier »  son bienfaiteur de cousin qui lui a obtenu une résidence en mécénat dans l'hôtel arboricole non loin de Jokkmokk, payée par sa boîte de recherches médicales.
Pour les trois grands voyageurs, l'arrivée à Lulea est un soulagement après la chaleur étouffante de Paris.
Ils voyagent peu nombreux sur la ligne intérieure pour se retrouver dans le combi Volkswagen affrété par l'office du tourisme de Noorbotten avec l'asiatique dûment masqué qui a fait route depuis Paris avec eux.
Leur chauffeur, Stig Noorboyten, un Saami en costume traditionnel à la soixantaine bien sonnée, sera leur guide pour leur randonnée dans le parc de Muddus. Leslie l'a pris pour un vieux déguisé en père Noël.
Adrien a été rassuré par les moyens déployés par les compagnies aériennes pour s'assurer de l'innocuité de leurs passagers au regard de la pandémie du Corona virus.
Ils passent la nuit dans la cabane de Joris Karl. Les deux grands dorment par terre dans leurs sacs de couchage, le frère et la sœur dans le lit deux places.

Image
Xavier joue Oscar Millepois

Au matin, le réveil tonitruant au gros son de rappeurs finlandais qui répandent leur Flow à la radio est une torture pour Leslie. Elle s'éveille avec le genou gauche bloqué. A l'examen, un immense hématome noircit sa cuisse et trois vilaines griffures purulentes entaillent son genou.
Joris Karl est maniaque et s'assure que toutes les issues sont hermétiquement fermées et remonte l'échelle de corde.
La boîte de céréales est éventrée et le sachet plastique plein de bave.
Cela n'empêche pas Oscar de manger avidement le reste.
Une martre peut-être ?
La blessure est trop vilaine et leur trousse à pharmacie trop légère.
Joris les accompagne chez Georg, un pharmacien qui parle un peu français.
Là le pharmacien soigne l'adolescente revêche. Piqûre antirabique, antibiotique large spectre, c'est sans appel une griffure d'ours noir.
Au moment de passer la carte européenne, Leslie apparaît dans le registre du pharmacien comme Leslie Ranso, âgée de 92 ans.
Ça lui parle Ranso.
Il n'est pas Sami lui même, mais par alliance avec sa défunte femme emportée par un cancer.
Et les Ranso sont célèbres pour avoir lutter contre la couronne pour maintenir leur droit à exploiter leurs terres au moment du tracé de la route et de l'extension du parc.
C'étaient pas des éleveurs de rennes, mais des vachers élevant des danoises. Dont une, la Marguerite a remporté de nombreux concours agricoles, une vache toute blanche, une albinos.
Puis le pharmacien a observé attentivement et de très près Leslie. Son regard lui dit quelque chose. Il demande par courriel à son fils éleveur de rennes qui lui renvoie une vieille photographie des enfants Ranso... Il y a un air de famille.
Shooté au cocktail de médocs, Leslie accompagne le petit groupe pour l'excursion qui débute par la visite de l'élevage de leur guide.
Ce dernier en profite pour faire l'article des produits de l'artisanat local.
Oscar lui achète un couteau et une pierre à aiguiser.
Il y laisse toutes ses couronnes.
Sur la pierre figurent des sigil.

Image
Gabrielle joue Joris Karl Conan

Stig remarque que Leslie boitille et lui administre un remède Saami à base de plantes.
Départ de l'expédition dans la forêt d'épicéas.
Puis la tourbière.
Stig les invite à quitter le chemin de planches pour goûter la mélasse noire qui suinte d'un champignon blanc. Adrien et Leslie goûtent c'est pas mauvais.
L'asiatique se régale.
Il se présente : Kiyoshi Kurosawa. Il réalise des films d'horreur. Kiyoshi tousse.
Oscar lui demande si il est atteint par le virus. Il lui répond « of course not! », il insiste.
la marche reprend.
Kiyoshi reste près du guide.
L'atmosphère est tendue.
Ce dernier, l'air mauvais, observe un gars au bord de l'eau assis sur un siège pliant qui prend des notes sur un ordinateur portable.
Il se rue sur lui, l'insulte copieusement, casse son matériel et le bouscule.
L'inconnu s'éclipse sans demander son reste, abandonnant son matériel sur place.
Stig explique qu'il s'agit de Clas Vahn, un emmerdeur d'ufologue qui n'a rien à faire sur les terres tribales. Après une longue marche, ils parviennent à une soucoupe volante perchée dans un arbre qui leur servira de logis pour la nuit. Ce refuge ridicule, c'est à cause des conneries de Svahn...
Pas de feu, y a tout ce qui faut dans le refuge. Quartier libre jusqu'au lendemain 10h00.
Le Témoignage audio suivra.
Nous jouerons la suite la semaine prochaine.

Image
Gabrielle joue Joris Karl


Commentaires de Thomas après lecture :

A. Rien qu'à lire la présentation des personnages, je sais que ça va tourner au film d'horreur :)

B. Très cool de voir une nouvelle partie centrée sur le folklore Saami :)

C. « Elle s'éveille avec le genou gauche bloqué. A l'examen, un immense hématome noircit sa cuisse et trois vilaines griffures purulentes entaillent son genou. » :
Ça sent la promenade somnambule qui se conclut par une attaque de zombie :)

D. « Stig les invite à quitter le chemin de planches pour goûter la mélasse noire qui suinte d'un champignon blanc. » :
Ça sent pas le bon plan :)

E. Kiyoshi Kurosawa : rigolo le caméo de l'auteur du film Charisma que tu avais cité comme inspi pour Millevaux :)

F. J'aime beaucoup l'altercation avec l'ufologue, je trouve ça assez typique d'un film d'ambiance aussi, on se demande qui est méchant, le guide ou l'ufologue.

I. Muddus, c’est un scénario de ta plume, pas un scénario officiel de Barkhäxan ?

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Xavier joue Oscar Millepois


Réponse de Claude :

E. J'ai dialogué dans un spit English de bon ton et Alex m'a surpris en jouant l'impact sur son personnage de la rencontre avec un réalisateur de film d'horreur.
La suspicion de Xavier était jouée à fond et cela a donné une scène intense autour d'un malaise confus empreint de racisme et d'ostracisme. Nous sommes demeuré dans le jeu et l'interprétation mais ce fut intense

F. J'ai préparé ma session en effectuant des recherches sur Internet. Le groupe UFO Sweden existe tout autant que l'ufologue.
L'opposition de Saamis aux investigations de ces chercheurs est en revanche pure invention.
Toutefois je souhaite aboutir à une situation semblable à celle dépeinte dans Cœur de Tonnerre de Michael Apted.
Le personnage de Stig est le souvenir d' un activiste de l'AIM que j'ai rencontré en 2000. Je cherche à créer une tension autour des terres ancestrales du parc, pour que notamment l'événement aléatoire à base de bâche plastique prenne toute son importance.

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G. L'autre moment intense était la scène de la pharmacie.
La blessure est un évènement aléatoire. Toutefois en le mettant en jeu, j'ai immédiatement établi un lien avec la menace qui plane sur le petit groupe de touriste.
J'ai joué en convergence avec les éléments matériels dont nous disposions. La photographie d'enfants de Muddus prise dans les années 40 et Alex face à moi.
Par coquetterie elle porte un cache nez et des gants. A ce stade j'ai réalisé que je n'avais pas pris de photographe de la séance.
Devant moi j'avais son regard intense, tout comme celui de la photographe des enfants que je voulais jouer.
Avec ma main j'ai mimé Georg isolant son regard et l'examinant attentivement. Puis il lui demande de la prendre en photo, ce que je m'empresse de faire.
La scène fut intense.
Alex a précisé que cela provoquait un malaise perceptible chez Leslie, en revanche elle s'amusait beaucoup de voir l'étrange s'installer à notre table.

H. La pierre à aiguiser avec sigil est un apport, parmi d'autres de Xavier. Celui-ci a cependant interpellé Gabrielle qui a oublié qui en était l'auteur et y perçoit un lien trouble avec l'identité trouble des enfants saami français

I. De mon cru

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Alex joue Leslie Millepois


Commentaires de Thomas après écoute :

A. C'est fou comme entendre un PNJ parler en anglais peut être immersif.

B. Cette introduction très low-key ressemble vraiment à du jeu de rôle de tourisme :)

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Re: [CR] Millevaux et autres jeux Outsider

Message par Pikathulhu »

VENGEANCE SYNDROME

Suite du scénario Muddus. On poursuit l'ambiance de polar nordique, sur fond de vengeance et de contamination. Un récit et un enregistrement de partie par Claude Féry !

(temps de lecture : 5 min ; temps d'écoute : 22 min + 1H55)

Joué le 08/02/2020

Le jeu : La Sorcière de l’écorce, un jeu de rôle suédois d’horreur folklorique et forestière par Pelle Nilsson et Johan Nohr.

Playlist La Sorcière de l’Écorce

Cet après-midi avec Alex, Gabrielle et Xavier nous jouerons la  suite de notre partie de La Sorcière de l'écorce, intitulée Muddus.

Lire/télécharger le mp3 (partie 1)

Lire/télécharger le mp3 (partie 2)

Image
Thomas, cc-by-sa

Toutes les photos suivantes sont de Claude Féry (par courtoisie).


L'histoire :

Alors que le ciel puise la lumière pour la répandre vers les étoiles, Leslie prépare le repas du soir : renne et purée lyophilisée. A la demande d'Oscar elle prépare ensuite des gaufres. La soucoupe suspendue dans les arbres est agréable et fonctionnelle. Ils trouvent du lait, de la viande, des céréales de quoi se sustenter ce soir et déjeuner le lendemain. 
Oscar est ravi des couchettes qui ressemblent à celles de Tintin dans l'album objectif lune. 
Il dessine et négocie une gaufre d'avance sur le petit déjeuner. Adrien s'endort sur son téléphone en tentant de lire la documentation téléchargée. 
Joris Karl s'endort à demi sur ses notes et retrouve la photographie d'une obscure gravure glissée comme marque page dans son carnet, une représentation d'un Svarog en puissance. 
Kiyoshi, après avoir contemplé longuement la forêt, par la baie qui éclaire le séjour, se couche aussi. 
Le sommeil fuit Leslie qui repousse une attaque somnambule d'Oscar vers la pile de gaufre. 
Il renonce et se rendort par terre avec la BD de Tintin rabattue sur la tête. 
Le froid et un radio-réveil Bang & Olfusen les réveillent. Oscar danse comme un fou sur le rap Lapon et Kiyoshi retient le geste de Leslie qui s' apprêtait à couper la chique à la Saami revendicative pour profiter de son Flow. 
Adrien beugle. « c'est quoi ce binz ! »  désignant la bâche plastique qui remplace la porte oblongue de la soucoupe. En s'approchant il butte sur une bonbonne métallique qui achève sa course contre le chambranle de la porte. Inscriptions cyrilliques sur fond anodisé. 
Non sans mal il arrache la bâche agrafée depuis l'extérieur, la porte sagement posée sur le perron.
Kiyoshi l'aide à revisser les charnières et replacer la porte sur ses gonds. Une visseuse électrique gisait dans l'herbe sous l'échelle de corde.
Leurs narines sont emplies d'une odeur de cramé. Ils cherchent partout le départ de feu, sans succès.
Kiyoshi demande à goûter une gaufre. Leslie l'y autorise. Oscar et Adrien se joignent à lui.
C'est dégueulasse, pâteux et ils ont la bouche desséchée après une bouchée.
Un mince film gras et jaunâtre recouvre tout.
Il est six heures et c'est n'importe quoi beugle Adrien hors de lui.
Il est fiévreux, inquiet désorienté.

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Il chuchote à l'oreille de son cousin un discours décousu à propos de ses lectures de la veille.
Son débit est si rapide, qu'il perd le contrôle de sa voix et attire l'attention des gamins.
L'OCP n'a pas un stock suffisant pour faire face à la pandémie et envisage de diffuser des placebo en masse. Son séminaire c'est une réunion de crise et on a cherché à les gazer ! Et l'autre Kiyoshi il est atteint. On est des putains de rats de laboratoire.
Puis après sa diatribe il est saisi d'un vertige. Son bras est bloqué. Leslie l'examine, pas de griffures, mais il est brûlant de fièvre.
Elle lui donne un de ses cachets.
L'eau ne fonctionne plus dans le chalet. 
Plus de réseau, non plus et l'application boussole est folle !
Adrien clame qu'il faut partir immédiatement.
Kiyoshi est pris d'une nouvelle quinte de toux. 
Il descend une carte du parc qui était punaisée dans leur chambre.
Nouvelle quinte de toux.
Kiyoshi déclare qu'il doivent se séparer maintenant.
 Dans la main il tient une photographie d'une jeune femme qu'il contemple d'un regard triste, presque larmoyant, puis reporte son regard sur les traces laissées par des motos.
Joris Karl l'interroge.
Kiyoshi recherche sa future femme, Soeng, disparue au début du mois dans le parc. Elle y était venue pour mûrir sa décision sur sa proposition de mariage.
Joris Karl traduit les explications de Kiyoshi.
Adrien en conclut qu'il faut l'aider, qu'il était peut être la cible de la tentative d'empoisonnement.
Kiyoshi les avertit de ses intentions.
Il sort un revolver de sous sa chemise.
Ils décident de suivre les traces des motos en silence en essayant de surprendre les kidnappeurs.
Ils marchent jusque midi d'un bon pas, hors piste. Ils ne s'arrêtent que pour grappiller des myrtilles.
A la pause, Adrien s'approche de Leslie. 
Il frissonne, il est glacé. 
Il est incohérent. Il ne sait plus qui est qui. 
Il demande à Leslie, qu'il appelle Soeng de ne pas oublier leur promesse de bonheur de décembre. Il ne reconnaît plus Oscar, puis s'offusque qu'on lui réaffirme des évidences.
Leslie lui administre une bonne dose de ventoline.

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Ils reprennent leur progression et Leslie s'attarde pour récolter des simples. Un bon stimulant cardiaque dont elle enduit la lame de son scalpel et rempli une seringue.
En fin d'après midi, à la lisière d'une forêt de bouleaux, un campement sur les berges. 
Deux motos sont à l'arrêt et un solide gaillard tisonne un feu, leur tournant le dos.
Ils s'approchant en silence, Kiyoshi en tête, qui braque son arme sur le type. 
A cinq mètres de leur cible, Oscar laisse choir sa pierre à aiguiser sur les graviers. Le gars, barbu, massif se retourne et porte la main à sa ceinture tout en contournant le barbecue pour le placer entre eux et lui.
Kiyoshi crie « don't move! freeze! » 
Le gars lève la main gauche en signe de reddition et balance quelque chose dans le feu.
Joris Karl bondit et répand le contenu du barbecue au sol pour écraser une poignée de cartouches de chasse. Leslie en profite et lui plante une seringue de sa préparation.
Le gars tressaute au sol près des motos.
Alors, de derrière les buissons, surgit le second, une immense brute barbue, au teint sombre, brandissant une kalach.
Avec un accent épais il lâche
« Nu Pachli Don't move Drop your weapons! » 
Kiyoshi hésite
Joris Karl bondit et se jette sur lui pour le déséquilibrer.
Il reçoit un méchant coup de crosse au visage et entend résonner les cloches de Notre-Dame, retour express à Paris et plongeon dans la boue.
Aussitôt, Oscar tente de le planter de sa lame achetée à Stig. Il sectionne le ceinturon, mais dans un mouvement tournant la brute lui assène un méchant coup de pied à la mâchoire qui l'envoie valser. Leslie s'apprête à se jeter sur lui munie de son scalpel, lorsque son tympan droit explose en même temps que l'épaule gauche du mercenaire.
Il s'effondre et gémit faiblement alors que le sang noircit en étoile sa tunique camouflée.
Leslie se ressaisit et tente de comprimer la blessure.
Kiyoshi le secoue désespéré
« where is my wife? »
Elle y parvient brièvement. Pour le booster Adrien lui administre de la ventoline. 
Le gars est mourant
« You are all dead now!  If the virus don't leave us with you the Sentinel will kill you!  »

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Alex joue Leslie, Gabrielle joue Joris Karl


Bilan provisoire :

J'ai joué le personnage de Mathieu, non comme un figurant mais selon un mélange entre les réactions qui seraient les siennes propres en de telles circonstances et celles du personnage.
J'ai tenté de jouer Kiyoshi sur une ligne mélancolique et dramatique.
J'ai utilisé une fraction des remarques de la partie précédente pour jouer en miroir, même si je conserve l'histoire de père fouettard pour plus tard.
Alex était beaucoup plus actif qu' à l'accoutumée.
Dans la mesure où nous avons pleinement joué la barrière des langues, je craignais que Xavier se sente un peu délaissé.
Après la partie il m'a dit que c'était super de jouer comme ça en convergence avec son personnage.
Xavier a déclaré qu'il avait A D O R É et Alex a apprécié la forte adversité (beau sourire illuminant son visage).
Une partie très agréable !

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Claude


Commentaires de Thomas :

A. Quelle est le métier de l'homme barbu avec des chaînes sur la photo en noir et blanc ?

B. Merci pour ce récit très complet, ça a dû te prendre du temps de le rédiger ! J'aime beaucoup le côté polar.

C. Est-ce que « Sentinel » fait référence aux Sentinelles, les maletronches dotés de sens hyper-développés et utilisés comme « chiens de chasse » ?

D. Muddus est davantage improvisé et suit donc plus les directives du seul livre de base que Grätmyrsban, qui était un scénario un peu plus construit. Sur lequel des deux modes va ta préférence ?

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Xavier joue Oscar Millepois (C) par Claude Féry


Claude :

A. C'est le père fouettard (Hans Trapp dans l'est)

C. La sentinelle du gang des quads de Barbaque ! et Ballade pour un missile.

D. Muddus, en grande partie aussi parce que les personnages découvrent la Suède tout comme les joueuses.


Thomas Munier :

C. Ah oui alors c'est bien ça.

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Alex joue Leslie, Gabrielle joue Joris Karl
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Message par Pikathulhu »

Podcast Outsider N°69 : Magnéto : Le dernier chemin de Compostelle

l’oublie notre pain quotidien
le sel notre plaie en marche
le sang notre vin versé

Ultreïa !


Aujourd'hui, nous jouons en ligne une version réduite du GN Le dernier Chemin de Compostelle qui aura lieu le 10-11 septembre à Ambon, dans le Morbihan.

Une manière de vous donner un aperçu si vous hésitez avant de vous inscrire !

(temps d'écoute : 1H57)

Crédits : joué avec Crystal, luvan et Ulysse

Mixage : Crystal (à grand merci à elle !)

Lire / télécharger le mp3

Image
Jaroslav A. Polák, Natural Biodiversity Center, cc-0 & harem malik, cc-by & Ilkka Jukarainen, Martin SoulStealer_cc-by-sa & kotomi, ale triskele, cc-by-nc
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Re: [CR] Millevaux et autres jeux Outsider

Message par Pikathulhu »

LA CÉRÉMONIE DE L'OURS

Le final du scénario Muddus. Quelques rires, de l'action, de l'étrange et quelques scènes effrayantes, avec un père fouettard vraiment trop méchant et une histoire de couloir obscur... Un enregistrement de partie par Claude Féry.

(temps d’écoute : 3H08)

Joué le 09/02/2020

Le jeu : La Sorcière de l’écorce, un jeu de rôle suédois d’horreur folklorique et forestière par Pelle Nilsson et Johan Nohr.

Lire/télécharger le mp3

Image
Travis, cc-by-nc


L'histoire :

Cet après-midi nous jouons à La Sorcière de l'écorce la suite et conclusion de Muddus

Quatre heures de jeu pour aboutir à une scène finale de cérémonie de l'ours, selon les rites ancestraux Saami.

Belle partie.


Parties précédentes du scénario Muddus :

1. Muddus *
Ambiance délétère de film nordique pour ce premier opus qui amène l’horreur par petites touches. Un récit et un enregistrement par Claude Féry. (temps de lecture : 5 min ; temps d’écoute : 2h03)

2. Vengeance Syndrome *
Suite du scénario Muddus. On poursuit l'ambiance de polar nordique, sur fond de vengeance et de contamination. Un récit et un enregistrement de partie par Claude Féry ! (temps de lecture : 5 min ; temps d’écoute : 22 min + 1H55)


Note du 29/02/2020 :

Quand la réalité rencontre notre fiction

Samedi, après notre partie, j''ai pris connaissance de l'arrêté préfectoral de phase 2 Covid 19 emportant la fermeture des établissements scolaires.

Et non la réaction d'Alex et Xavier  ne fut pas de sauter à pieds joints sur le lit sur lequel ils discutaient, en beuglant l' école est finie, non...

Alex s'est tourné vers moi

« C'est vrai, c'est pas une histoire ? Non mais dans la vraie vie, c'est pas vrai, non ? Dis ? »

Pour mémoire, dans notre dernière partie en date de La Sorcière de l'écorce, je faisais l'hypothèse de l'extension de la pandémie au-delà de tout contrôle.


Thomas :

Bon, j'espère que vous avez assez de conserves dans votre abri anti-atomique :)


Claude :

Nous avons fait des provisions, mais dès samedi les rayons nourriture des supermarchés du coin avaient été dévalisés...


Commentaires de Thomas après écoute :

A. « Tu sens la chair noire frissonner sous ton doigt. »
Ah ah on dirait que la viande de l'ours est de la Viande Noire ;)
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Re: [CR] Millevaux et autres jeux Outsider

Message par Pikathulhu »

KRAKEN

Le joueur en personne se retrouve catapulté dans Millevaux ! Prisonnier de son propre jeu, il va devoir s’en remettre aux pires extrémités pour tenter une évasion. Nouvelle campagne solo multisystèmes par Damien Lagauzère, cette fois-ci axée sur Millevaux et Mantra 2ème édition !

(temps de lecture : 40 min)

Joué le 20/07/2019

Le jeu : Mantra Oniropunk, vertiges métaphysiques et multiversels par Batronoban, Nina François-Lucchioni & co.

Salut, voici la 1ère partie de mon solo de Mantra qui se passe dans la forêt de Millevaux. ça finit un peu en sucette car en vérité j'ai dû me tirer un peu en speed et les Yeux s'en sont mêlés d'une façon un peu strange avec un enchaînement de questions tirées de hacks de Pour la Reine dont Oriente, le hack Millevaux et de Vertiges Logiques. Sinon, je joue donc cette campagne avec Mantra mais aussi Omniscience et les Forges d'Encre. la suite se situera dans le Berlin de Cold City.

Cette nouvelle campagne Millevaux / Mantra 2 peut être vue comme la suite de la précédente campagne Millevaux / La Trilogie de la Crasse

Avertissement  :contenu sensible (voir détail après illustration)

Image
RANT 73 - Digital Art., cc-0, sur flickr

Contenu sensible : camps de la mort


L’histoire:


Salut,
Il y a quelques semaines maintenant, j'ai lu Cheval du Diable, le dernier chapitre de La Trilogie de la Crasse (Tétralogie désormais), le jeu de rôle de Christophe Siébert et Batronoban. Et plus je lisais, plus une voix dans ma tête (la mienne) disait « Oh, putain !... Oh, putain !... »
Je n'ai nulle intention de spoiler le contenu de ce texte mais je dois dire que les révélations contenues dans Cheval du Diable ont fait plus que s'interroger le rôliste solitaire que je suis. Je me suis posé pas mal de questions après avoir lu Cheval du Diable. Mais j'ai aussi eu vachement la trouille ! Ça, je dois bien le reconnaître.
Histoire de me changer les idées (ou de me voiler la face) je me suis lancé dans quelques parties en solo mais sans finalement jamais réussir à trop m'éloigner des univers de la Crasse et de Millevaux. Il me fallait quelque chose de plus fort. Alors, j'ai ressorti Mantra. Pour des raisons finalement assez évidentes, je m'étais jeté dessus pour le lire au plus vite mais, plus ou moins consciemment, repoussais le moment de passer à l'acte et créer un personnage. Mais au bout d'un moment, je n'avais plus vraiment le choix.
Rôliste solitaire, il m'est plus facile qu'à d'autres de trouver la Magicienne. En plus, je la connaissais déjà depuis l'affaire des Cœlacanthes. Aussi, j'ai pu obtenir sans problème mes premières doses de Billes et de Noix, dont je sais aujourd'hui qu'elles sont en parties composées de Pétrol'Magie. Grâce à la Bille, j'ai eu une double illumination. Une bonne et une mauvaise nouvelle en quelque sorte.
La bonne nouvelle, c'était que j'allais de nouveau incarner le Kraken. Et pour ça, je n'ai même pas eu besoin de me jeter dans le Puits des Âmes. La mauvaise, c'était que j'avais désormais le Bureau des Narcotiques aux fesses. Et oui, j'ai beau être rôliste solitaire, il y a quand même des choses que même la double casquette de MJ/PJ ne peut permettre d'éviter. En ce moment, je n'ai pas de boulot donc ce n'est pas grave si je suis aux abonnés absents. Aussi, j'ai décidé de m'enfuir !
J'ai filé aussi vite que j'ai pu. J'ai juste pris avec moi mes dés, ma réserves de Billes, un rêve d'Anton Vandenberg et une photo d'Olav. J'ai fermé les yeux et, comme dans Fight Club, j'ai commencé à explorer ma caverne intérieure jusqu'à ce qu'un pingouin me dise « Glisse ! ».

Et j'ai émergé dans cette espèce de cave, au pied d'un escalier. En haut, une porte. La peinture s'écaillait. Ça avait l'air dégueulasse. Tout avait l'air dégueulasse. C'était humide et sale. J'ai d'abord cru m'être retrouvé à Silent Hill. Mais non ! Heureusement ! J'ai fixé cette porte un moment. Plusieurs choses, j'avoue, me fichaient la trouille. Déjà, l'obscurité de cette cave. Non pas que j'ai peur du noir mais je n'avais alors aucune idée de ce qui pouvait se tapir dans les ténèbres. Et c'est pas comme si, la seule chose dont j'étais sûr, c'est que partout autour de moi ça grouillait de Horlas. Et puis j'avais les pieds dans la flotte, ce qui est très désagréable. Et puis, il y avait ces runes sur la porte. Elles aussi ne m'inspiraient pas confiance, loin de là. Puis, enfin, la lumière derrière la porte. C'était une lumière éclatante. Un truc aveuglant. Un flash de fin du monde. Ou plutôt un flash de création du monde. Je n'avais aucune idée de ce qu'il pouvait y avoir derrière cette porte. Ma seule certitude concernait l'existence de Horlas. Voilà où j'en étais. Derrière moi, le Bureau des Narcotiques dont les agents étaient sûrement déjà à mes basques. Et devant, en haut des marches, un Nouveau Monde où tout était à découvrir, à construire. Et pour ça, je n'avais en poche que mes dés, le Rêve 18 d'Anton Vandenberg et les photos d'Olav. Mais heureusement, grâce à Christophe BJ Breysse, je reste Connecté.

XxXxX

Je monte les marches. Plus j'approche de la porte couverte de runes, plus la lumière est aveuglante. Derrière, il n'y a rien que le blanc. Tout est à créer. Et pour cela, je n'ai qu'un rêve d'Anton Vandenberg, le n°18.
Je ferme les yeux. J'ouvre la porte. Je fais quelques pas. J'ouvre les yeux. Je suis dans le salon miteux d'une petite maison en bois. En fait, c'est plus que miteux, c'est carrément à l'abandon. À travers la fenêtre perce un rayon de la Lune A, celle qui précède la Lune B, qui éclaire un pistolet, un Beretta, qui traîne sur la table basse. Je vais en avoir besoin. Dehors, j'entends hurler les Voix Mortes. Je savais qu'il y avait des Horlas ici.
Je monte à l'étage. Les escaliers grincent mais tiennent bon. J'entre dans une pièce vide. Une porte fenêtre s'ouvre sur un balcon. Là, je vois la forêt s'étendre à perte de vue. De tous les mondes maudits où je pouvais atterrir il fallait que ce soit celui-là ! Millevaux !
Au loin, je vois des immeubles abandonnés et envahis par la végétation. On dit qu'une tribu de tarés y vit. On les appelle les Natifs de l'Abattage. Tout un programme. Je vois aussi les ruines d'un théâtre antique. Je sais. C'est là que se trouve le prochain rêve d'Anton Vandenberg.
Pour l'instant, avec ce qui me reste du rêve n°18, je fais en sorte que trois ouvriers retapent un peu cette maison qui est désormais la mienne. Par le balcon, je vois qu'Olav a peint des runes un peu partout. Elles me protègent des Voix Mortes. Avec un nouveau rêve d'Anton, je pourrais améliorer tout ça.

Le rôliste solitaire est tout autant PJ que MJ. En cela, il est un peu Omniscient. Cela fait de moi, au moins de dans ce Nouveau Monde, ce nouveau Millevaux, un Connecté. Ainsi, je sais comment l'avènement de la Chèvre Noire, la Mauvaise Mère, a précipité la fin de l'humanité. Mais pour ce qui est de dire ce qui s'est vraiment passé à l'époque, je crois bien qu'il n'en existe plus aucune trace. Je crois que les survivants ont fait de leur mieux pour écrire leur histoire puis la transmettre oralement mais... l'Emprise, l’Égrégore et l'oubli. Bref, il ne reste plus rien aujourd'hui. Que des ruines. Des immeubles en ruine. Des ruines humaines à la mémoire rongée par la forêt. Et les Horlas et autres Cœlacanthes qui hantent les bois.
Il y a encore des zones saines bien sûr. Où ? Je ne sais pas encore mais il y en a. Tous les survivants n'ont pas fini comme les Natifs de l'Abattage. Certains ont rafistolé comme ils ont pu les ruines dans lesquelles ils se sont installés et y vivent aussi paisiblement que possible.
Les Horlas et les malades comme les Natifs ne sont pas les seules menaces auxquelles il faut faire face. L'ennemi est parfois plus insidieux quand il prend la forme de la corruption. Corruption de l'âme mais aussi des corps. La corruption frappe tout le monde, humain, animal, végétal, minéral. Tout ce qui est, sous l'influence de la Mauvaise Mère, peut devenir un ennemi mortel. C'est peut-être une des façons qu'a la nature de reprendre ses droits. Mais heureusement, il y a encore moyen de trouver de la nourriture saine et de l'eau potable. L'eau de pluie, quand elle n'est pas noire, peut être récoltée. Pour peu qu'on la fasse bouillir, l'eau des lacs est potable aussi.
Pour l'instant, la seule communauté que je connais est celle des Natifs de l'Abattage. Elle est à quelques kilomètres d'ici, dans les immeubles abandonnés. Là-bas, c'est la loi du plus fort et du plus fous. En ce moment, je crois que leur chef s'appelle Kainen. J'aimerais être sûr qu'ils sont comme ça à cause de Millevaux. Mais je crois que non. À ma connaissance, ils n'ont aucun lien avec les Horlas. Je crois même qu'ils les craignent. C'est leur choix de vivre ainsi, c'est tout. Il va vraiment falloir que je me protège car s'ils se rendent compte que je suis là, je ne donne pas cher de ma peau.
Et là, vient le moment où Christophe Breysse m'interroge à propos des Connectés. Comment ils sont perçus, s'ils sont l'objet de luttes d'influence etc. ? Sauf que, à ma connaissance, je suis le seul Connecté ici. Peut-être que j'en rencontrerais d'autres. Mais pour l'instant, je suis le seul.
Et la résistance ? Contre qui ? Millevaux ? La Chèvre Noire ? Les Horlas ? Je ne pense pas qu'on puisse dire que les Natifs de l'Abattage constituent un mouvement de résistance contre quoi que ce soit. Et comme pour les Connectés, s'il y a une résistance, je n'en ai vu aucune trace. En fait, j'ai l'impression que si quelqu'un fait office de résistance, c'est moi. Et là, on est vraiment mal barré.

Mes trois ouvriers, mes trois techies que j'ai appelés Haze, Corso et Lewis-Maria ont, entre autres petits travaux, restauré l'électricité. J'ai ainsi fait la découverte, à la cave, d'une Forge d'Encre. Ça tombe très bien. Grâce à elle, je vais pouvoir en apprendre un peu plus sur ce théâtre antique où se trouve le prochain rêve d'Anton Vandenberg.
Une fois seul, je m'installe et réfléchis à ce théâtre. Que sait-on à son sujet ? Que sais-je à son sujet ? Tout d'abord il s'agit d'une ruine datant de l'Antiquité gréco-romaine. Avant l'avènement de la Mauvaise Mère, c'était déjà une ruine. Mais des archéologues l'avaient extirpée de la terre. Ils avaient remis en état tout ce qui pouvait l'être et avaient reconstitué une partie de son histoire afin que le public se rappelle comment on vivait à l'époque et à quoi ce genre de lieu servait. À l'époque, cette découverte a stoppé net la construction de nouvelles barres d'immeubles. En effet, c'est en creusant les fondations d'un futur HLM que ces vestiges furent découverts. Aussi, pour des raisons historiques, culturelles, etc, le projet d'agrandissement de la ZUP locale fut abandonné. Au contraire même, les édiles de l'époque se félicitaient de la proximité de ces précieuses ruines avec les barres déjà existantes. Ainsi, la culture et l'histoire se trouvaient à quelques pas des populations les plus défavorisées. Avec le temps, la forêt a détruit les bâtiments les plus proches du théâtre. C'est pour ça que le quartier général des Natifs de l'Abattage semble plus éloigné.
De mon balcon, le théâtre ne paraît pas si décrépi que ça, comparé aux immeubles. En fait, il semble faire corps avec la forêt. C'est un peu comme s'il n'avait pas été envahi et rongé par Millevaux mais plutôt comme s'il en était une partie. D'ailleurs, on raconte des choses sur cet endroit. On dit que ceux qui en reviennent sont porteurs d'une maladie mortelle et contagieuse. Avec le temps, ce lieu s'est entouré d'une aura de mystère et de secret. Mais, en réalité, de secret il n'y en a point. C'est juste que cet endroit est le cœur du territoire d'un de ces Horlas qu'on appelle Manducateur. C'est lui le vecteur de la maladie. Les Manducateurs ne sont pas seulement des porteurs de maladies, ils se nourrissent aussi de cadavres. Et, quand ils n'en trouvent pas, ils tuent ! Une fois là-bas, je devrais être très prudent. Surtout que je n'ai qu'un Beretta pour me défendre.

Maintenant que j'en sais un peu plus sur ce qui m'attend, je me concentre. Grâce à Christophe BJ Breysse, même ici je reste Connecté. Aussi, je peux avoir une vision de ce qui m'attend. Je ne sais pas si me concentrer permet de la générer. Aussi bien, ces visions sont spontanées mais j'essaye quand même.
Est-ce un pur hasard ? Je vois ! Le théâtre bien sûr. Je suis dans la fosse. Étrangement, à l'intérieur, la végétation est moins envahissante. Je vois le rêve d'Anton Vandenberg. Il est gravé sur une plaque de pierre perché au sommet d'une colonne. Comment mettre la main dessus ? J'ai tout le trajet pour y réfléchir.

XxXxX

Et me voilà parti pour ce théâtre en ruine. Je pars seul. J'aurais pu emmener Haze, Corso et Lewis-Maria avec moi mais cette quête de rêve est la mienne. À moi, à moi tout seul ! Ça m'apprendra à ne jamais me rappeler de mes rêves. Je n'aurais pas besoin de piquer ceux des autres si je m'en rappelais.
Dans l'état actuel des choses, il n'est pas compliqué d'éviter les immeubles des Natifs de l'Abattage. Par contre, je vais quand même devoir me dépatouiller des Voix Mortes qui entourent la cabane (j'ai du mal à dire « ma maison »). Plus je m'éloigne de la cabane, plus je m'approche de la sphère d'influence de cet étrange Horla que sont les Voix Mortes. La cabane se situe dans une petite clairière et au moment de m'enfoncer réellement dans la forêt, je sens l'influence du Horla, quelque chose dans l'air, comme un filet, un réseau d’Égrégore. J'ai la sensation très nette que continuer ma route me serait plus que néfaste. Pour autant, je n'ai pas vraiment le choix. Je regarde autour de moi. Je cherche un autre chemin, sans trop y croire. Et je vois cette espèce se stèle qui se dresse un peu plus loin sur ma droite. Je m'approche. Le caillou fait environ un mètre de haut. Il n'a rien de particulier si ce n'est cette série d'encoches taillées au sommet. À cet endroit, la roche est particulièrement polie. Il ne faut pas être un génie pour comprendre que ces encoches sont une sorte d'interrupteur. Je vois bien qu'il faut que j'y pose la main, sauf que ce n'est pas vraiment configuré pour une main humaine. À la limite, je peux passer mes doigts dans chaque entaille, mais dans quel ordre ? Qu'est-ce qui va se passer si je le fais ? Qu'est-ce qui va se passer si je le fais mal ? Est-ce que ce truc va désactiver le Horla ou au contraire m'attirer la colère des Voix Mortes ? Je passe un doigt dans chaque encoche, l'une après l'autre, de gauche à droite. Maintenant, il arrivera ce qui doit arriver.
Et merde ! C'est ce que je craignais. J'ai attiré les Voix Mortes. Je les entends avant de les voir. En fait, je les sens dans ma tête. C'est un bourdonnement désagréable, les prémices d'une sacrée migraine. Le truc dont je n'ai pas besoin maintenant. Évidemment, aucun dealer de Relpax ou d'Ibuprofène dans le coin ! Je ne bouge pas. Je reste près de la stèle. Je penche la tête. J'essaye de voir les Voix Mortes mais je ne vois rien. Pourtant, je les sens. Elles approchent. Pourquoi je ne peux pas les voir ? Elles sont tout près. Je m'empare du Beretta, même si je sens bien que ça ne sert pas à grand chose. J'ai pris mes Billes avec moi. J'espérais ne pas avoir à m'en servir avant de tomber sur le Manducateur.
Une voix dans ma tête. Plusieurs voix dans ma tête, qui se superposent. Des hommes et des femmes, des adultes et des enfants, dans plusieurs langues.

« Prends le masque du Toxique ! »

De quoi ça parle ? Quel masque ? Involontairement, mon regard se porte sur la stèle. Et il y a un masque. Un mélange de masque à gaz et de cagoule SM. Je prends le masque.

« Mets le masque du Toxique ! »

Bizarrement, je ne sens aucune agressivité dans ces Voix. Normalement, les Voix Mortes devraient vouloir me tuer et me manger. Mais je ne le sens pas comme ça. Je mets le masque. Et je les vois. Les Voix. Les Voix Mortes. Des dizaines de silhouettes. Elles sont là, partout devant moi, si proches et immobiles. On dirait des statues de glaise. Elles sont orangées et décrépites. Elles ne portent pas de vêtement mais ne possèdent aucun organe génital visible. On ne peut pas faire la différence entre les hommes et les femmes. Ils n'ont pas de visage, juste deux trous pour les yeux et un pour la bouche. Pas de nez. Pas de dent. Pas de cheveux. Autour d'eux, l'air est trouble. Comme quand il fait très chaud. Je n'ose pas bouger. Je dis juste que, selon moi, elles étaient sensées me sauter dessus pour me tuer et me manger. Les Voix rient.

« Non, nous ne souhaitons pas te tuer, ni te manger. Mais tu as raison. C'est dans la logique des choses. Nous devrions avoir envie de te tuer et te manger. »

Je suis presque rassuré et je leur demande si leur changement de comportement est lié à mon projet de me rendre au théâtre. Évidemment ! qu'elles me disent. Je les crois solidaires du Horla qui vit là-bas. Alors, je leur explique ne pas spécialement vouloir tuer le Manducateur. Je veux juste le rêve d'Anton Vandenberg qui est au sommet d'une vieille colonne. Si le Manducateur me laisse le prendre et m'en aller, il ne se passera rien. Comme j'ai tendance à parfois trop parler, je leur explique aussi qu'à l'origine j'avais pour projet de « discuter » avec le Horla afin de savoir s'il y avait un moyen de s'allier contre les Natifs de l'Abattage. Mais je me suis rappelé que ce type de Horla ne communiquait pas. Ils ne font que tuer et répandre la pestilence. D'ailleurs, je note que ce masque est le bienvenu. Et maintenant, je leur pose la question qui me brûle les lèvres depuis hier. Les Voix Mortes pensent-elles qu'il est possible d'« apprivoiser » le Manducateur si je lui fournis de la nourriture ? C'est un non catégorique ! Il me tuera. Ça a le mérite d 'être clair.

Je ne comprends pas pourquoi elles m'ont donné ce masque. Est-ce seulement parce que j'ai touché la stèle avant de m'enfoncer dans la forêt ? Je n'ose pas leur demander. En fait, je me borne juste à les remercier pour le masque et leur mise en garde. Puis, le plus poliment possible, je leur explique devoir prendre congé. Un rêve m'attend. Les Voix Mortes ne bougent toujours pas. Elles me laisseront passer, elles disent, mais... Mais quoi, bordel ? Que veulent-elles ?
Et elles m'expliquent. Elles ont un ennemi. Elles me laisseront passer si j'utilise une partie du rêve à faire échouer ses plans. Je reste prudent et explique ne pas pouvoir promettre de réussir du premier coup. Peut-être qu'il me faudra plusieurs rêves pour ça. Et puis, j'ai besoin de savoir qui est cet ennemi. Il faudra m'en dire le plus possible. Partant de là, pourquoi pas, oui ! J'étais prêt à m'allier au Manducateur, pourquoi ne pas m'allier aux Voix Mortes ? Qu'elles me laissent aller à ma guise dans la forêt et moi, avec les rêves que je trouverai, je combattrai leur ennemi.

Les choses n'ont pas vraiment pris la tournure à laquelle je m'attendais mais soit ! Alors, avant que je ne parte pour le théâtre, qui est cet ennemi ? On l'appelle Euphorie ! OK, est-ce un chef de guerre, un sorcier, un solitaire ou est-il à la tête d'une armée, d'une bande ? Euphorie est un guerrier solitaire. Un véritable colosse. Je devine qu'il s'agit d'un redoutable chasseur de Horlas. Mais non ! Pas du tout ! En fait, Euphorie est un vieil ami. Je comprends pas. En quoi est-il un ennemi alors ? Parce que c'est un menteur ? Je ne comprends vraiment rien. Et les Voix Mortes m'expliquent que ce vieil ami s'est mis à colporter des mensonges à leur sujet. Aussi, il faut le faire taire. Bon, je sens bien qu'il va falloir faire avec ça dans l'immédiat. De plus, la journée avance et je dois encore récupérer le rêve d'Anton. Nous aurons de nouveau l'occasion de parler avec les Voix Mortes mais, avant de partir, je veux encore connaître un détail sur Euphorie qui me permettra de le reconnaître. Il a les yeux violets et de vilaines cicatrices.

Le moment était venu de prendre congés. Les Voix Mortes s'écartaient sur mon passage. Je gardais le masque du Toxique sur la tête jusqu'à ce que je sois sûr qu'elles étaient toutes loin derrière moi. Je le remettrai en arrivant au théâtre. Il me protégera de la pestilence du Manducateur.

XxXxX

Arrivé au théâtre, j'enfile le Masque du Toxique. Je regarde autour de moi, au cas où les Voix Mortes seraient là. Je ne vois personne mais je sens quand même leurs présences, à moins qu'il ne s'agisse du Manducateur. Je descends dans la fosse et commence à errer au milieu des colonnes recouvertes de lierre et autres plantes grimpantes. En vérité, c'est beau. Le marbre de certaines colonnes est encore lisse malgré les siècles. Je lève la tête. Je cherche celles de ces colonnes au sommet de laquelle se trouve le rêve d'Anton. Je finis par la trouver. Pas de bol, c'est haut. Un peu de bol, quand même, on dirait que le Manducateur n'est pas décidé à se montrer. Peut-être qu'il n'a pas faim.
J'ai pratiqué l'escalade en salle pendant quelques années. Sur le plan purement théorique, j'ai des restes. Maintenant, il faut voir si mes jambes et mes bras suivront. Ça fait presque deux ans que je n'ai pas touché une prise mais je continue à faire de l'exercice très fréquemment. Sans battre des records, je reste quand même assez endurant. J'espère que ça suffira pour arriver en haut.
J'ai encore de beaux restes en escalade, pour peu que les prises soient bonnes. Arrivé au sommet, je m'empare de la tablette sur laquelle est gravée le rêve. Être un Connecté me permet d'avoir sur moi de la corde et un petit sac à dos. C'est un peu casse-gueule mais j'arrive à ranger la tablette dans le sac et à redescendre sans rien me casser.
Une fois en bas, je regarde partout autour de moi. Aucune trace du Manducateur ! Limite, ça m'inquiète. À moins qu'il ne soit parti chasser, je ne sais pas. Autant en profiter un peu pour explorer les lieux. Je n'aurais peut-être pas l'occasion de le refaire. Errant d'abord au milieu des colonnes, je monte ensuite sur les gradins. Je regarde la scène. C'est vraiment bien fichu. Je me rappelle qu'on m'a aussi dit que ces théâtres antiques étaient une merveille d'acoustique. Aussi, je prête l'oreille. Le silence... absolu ! Ça, par contre, c'est vraiment bizarre. À moins que la pestilence du Manducateur ait fait fuir tous les animaux du coin ? En vrai, c'est très possible. Je renonce à l'idée de chercher la tanière du Horla. Ce serait vraiment un risque inutile. Par contre, je m'emplis une dernière fois les yeux de ce magnifique décor. Et je vois quelque chose qui brille en bas. Je redescends pour voir. C'est un diamant. Pas un truc énorme mais quand même, d'où je viens ça vaut une fortune. Je l'embarque et quitte les lieux. Rester plus longtemps, c'est s'exposer au retour du Manducateur.
Plus je m'éloigne du théâtre, plus je marche vite. Au bout d'un moment, je me rends compte que je me suis mis à courir. J'ai gardé le Masque du Toxique et j'ai bien fait. Il est là, soudain, dressé devant moi, le Manducateur ! Là, ça craint ! Ce truc ressemble à un cadavre momifié enveloppé dans un suaire dégueulasse. Le Masque du Toxique me permet en plus de voir l'aura de pestilence qui l'entoure. Plantée devant, elle avance la tête dans ma direction et ouvre grand sa bouche dans un feulement silencieux. Ce truc est doté d'une force prodigieuse et est quasiment indestructible. Et moi, je n'ai qu'un pauvre petit flingue. Il me faudrait un lance-flamme plutôt. Merde ! Je suis le Kraken, je peux le faire ! J'ai gobé de la Bille ! Du Pétrol'Magie coule dans mes veines alors... je peux le faire ! La drogue me permet de dépasser mes capacités de Connecté. Aussi, le flingue devient la lance relié au réservoir d'essence qu'est devenu mon sac-à-dos. Et je dis :

« Je suis le Kraken !
Ici et maintenant, pour te renvoyer dans les ténèbres que tu n'aurais jamais dû quitter, je te crames la gueule !
Je suis le Kraken ! »

Et j’envoie la sauce ! Et je pries pour que les Yeux de la Forêts me soient favorables. Alors, les Yeux, que dois-je faire de plus pour en finir avec ce truc ?
Et malgré le Masque, j'entends « … rétablir le Colosse... » Je comprends pas mais j'accepte. C'est promis, les Yeux, je rétablirai le Colosse !
Le vent se met alors à souffler. Le Manducateur s'enfuit en hurlant. Cette fois, je l'entends. Mais un retour de flamme me fait lâcher mon arme. Ça chauffe dur. Ça me brûle les mains. Heureusement, le Masque me protège le visage.

C'est pas la méga forme mais je finis par rejoindre la cabane, ma maison. Mes trois techos s'occupent de moi. Ils me passent de la crème sur les mains. Je vais avoir mal pendant un petit moment mais ça va finir par passer. Au moins, même si c'est douloureux, je peux me servir de mes mains. Je descends à la cave et dépose la tablette sur la plateau de la Forge d'Encre. Je commence la lecture du Rêve n°14.

XxXxX

Je commence à décortiquer le Rêve n°14. J'ai besoin d'une source d'information. L'air de rien, mes ennemis commencent à être nombreux : le Bureau des Narcotiques, le Manducateur, les Natifs de l'Abattage... et je ne sais pas trop ce que je dois penser des Voix Mortes et d'Euphorie.
Dans le rêve, il y a un micro et tout un matériel de sono. Avec ça, et mes souvenirs de la tête de Kid, je me bricole une radio. Le Bureau des Narcotiques travaille sous l'autorité directe du Président. Pas celui de la soi-disant République, non ! Ses agents travaillent pour le vrai Président, celui de mon signe astral, le Lion ! Liés que nous sommes par l'astrologie, je me mets au diapason de sa fréquence et écoute. Alors ? Savent-ils où je suis ? Non, mais... ils se rapprochent. Je vais devoir être vigilant.
Je change de fréquence et tente de capter les Natifs de l'Abattage. Hey ! Je ne m'y attendais pas mais ces barbares émettent. C'est plein de parasites mais je comprends quelques mots. Ils parlent d'étrangers et d'en finir. Parlent-ils de moi ? Je ne suis pas sûr qu'ils soient au courant de ma présence ici mais on ne sait jamais.
Je change encore de fréquence. Là, je capte une conversation. De qui s'agit-il ? De quoi parlent-ils ?

« ...il l'a tué et il a des remords !, dit une femme à la voix plutôt jeune.
C'est pour rompre la malédiction, répond un jeune homme.
C'est un rebelle...
… qui a la bougeotte !
Le Colosse, Euphorie ?
Oui, et ?
Il en a dans les boyaux ! Il sait se défendre !
Il a de bons outils. Tu as vu ces plaques rouges qu'il a sur tout le corps ? »

Ils parlent d'Euphorie. Ce Colosse aurait tué ? Pour rompre une malédiction ? On dirait qu'il s'en veut. Ces deux-là le perçoivent comme un rebelle, quelqu'un qu'il ne faut pas chercher. Mais, à les entendre, j'ai du mal à croire que ce soit vraiment un homme mauvais. J'ai quand même de plus en plus l'impression que les Voix Mortes ont essayé de m'entourlouper sur ce coup-là.

Mais bon, c'est pas tout ça mais... j'ai un rêve qui m'attend sur ma Forge d'Encre. J'ai du boulot ! À l'origine, je comptais utiliser les rêves d'Anton pour améliorer un peu le confort de ma cabane. Mais là, le rêve n°14 rend d'autres projets possibles. Enfin, surtout un. Aussi, je commence par demander à Haze, Corso et Lewis-Maria de remplir tous ces sacs de terre et de les empiler afin de faire de cette petite clairière un camp aussi fortifié qu'une banque suisse. À l'intérieur, j'installe plusieurs gibets et guillotines. Je m'inspire d'ailleurs de ces instruments pour protéger mon territoire de quelques pièges bien cachés. Je veux évidemment me protéger des Voix Mortes comme des Natifs de l'Abattage qui pourraient venir fouiner par ici. Et je ne veux absolument pas qu'on fouine car... j'ai un plan !
J'ai lu Cheval du Diable ! Et je sais quel rôle y jouent les camps de la mort. J'ai d'ailleurs une toute nouvelle théorie expliquant pourquoi les nazis les ont construit. Je ne rentrerai pas dans les détails car :
1-je ne veux pas spoiler.
2-je ne veux pas d'emmerdes ! Je ne me sens pas l'âme d'un Dieudonné... qui est pourtant parfois, voire souvent, très drôle quand même. Bref...
3-notez bien que ma volonté de ne pas spoiler (et donc vous inciter à lire Cheval du Diable en particulier et tout Christophe Siébert en général) l'emporte largement sur mon désir de ne pas finir devant un juge.
Bref, grâce à ma Forge d'Encre et au rêve n°14, ma cabane se retrouve au centre d'un camp retranché qui n'attend plus que d'être peuplé. Et là, comme objet et fruit de mes futures expériences, j'invoque une foule d'éclopés, d'éborgnés et d'édentés grâce au Rituel de la Charogne que j'accomplis en plongeant le Kriss de Vill dans le cœur d'un serval.
Et me voilà maintenant à la tête de mon petit camp. Haze, Corso et Lewis-Maria sont mes kapos. J'ai de hauts murs en sacs remplis de terre. Il y a des gibets, des guillotines et des pièges à l'intérieur comme à l'extérieur. Je n'oublies pas que je dois aussi m'occuper du Colosse Euphorie mais j'ai le sentiment que les choses vont bientôt commencer.
Pour fêter ça, je fais le plein de Billes puisque Anton a eu le bon goût de remplir son rêve n°14 de drogue !

Ça va être la fête ! Ça je vous le dis ! La fête à la charogne ! On va s'éclater un peu plus qu'à la kermesse d'un parti politique !

XxXxX

Je ne sais pas si c'est à cause de la drogue contenue dans le rêve d'Anton mais... j'ai eu deux visions cette fois.
Dans la première, je suis dans la forêt. Je cours ! Derrière moi, les agents du Bureau des Narcotiques. Ils m'ont retrouvé. Je dois les semer. Je dois sauver ma peau et surtout, surtout, faire en sorte qu'ils ne trouvent pas ma cabane.
Dans la seconde, je crois que c'est pire. Je suis chez les Natifs de l'Abattage. Comment me suis-je retrouvé sur leur territoire ? Ils forment un cercle autour de moi. Non, autour de nous ! Il est là, le Colosse Euphorie. On ne m'a pas menti. Il est énorme. Je lis des sentiments contradictoires dans ses yeux violets. Son corps est parcouru de cicatrices et, par endroits, recouverts de plaques rouges dont je ne sais si c'est de l'écorce ou de la pierre. Je me rappelle qu'il n'est pas seulement un guerrier puissant. Il est aussi connu pour être un sorcier. Est-ce que ces plaques sont le résultat de sa magie qu'il aurait utilisé sur lui-même ? C'est possible. Mais pour l'instant, il va falloir que je me sorte de là car, au milieu des Natifs, on dirait bien que je vais devoir affronter le Colosse. On dirait qu'il va se battre à mains nues. Moi, j'ai mon Beretta mais je ne suis pas sûr que cela lui fasse grand chose...

XxXxX

La drogue, c'est pas bien. Certes, j'ai eu deux visions mais ce sont vraiment des visions de merde. Dans chacune, je suis dans la merde jusqu'au cou et je n'ai aucun indice pour ce qui est de trouver le prochain rêve d'Anton.
De mon balcon, je regarde Haze, Corso et Lewis-Maria maltraiter les éclopés que j'ai invoqués. J'espère que ce camp deviendra vite un vrai camp de la mort. Je veux savoir si ce que Siébert a écrit est vrai. Mais pour ça, pour aller plus loin, il me faut un rêve.
Je lève la tête et regarde la forêt. Grâce au Masque du Toxique, je vois les Voix Mortes. Je vois les Voix, c'est drôle ça ! Bref, elles sont toujours là. Elles attendent que je règle leur problème avec Euphorie. Je vois les Voix et j'entends les Yeux. Les Yeux de la forêt qui ont, eux, d'autres projets pour le Colosse. D'habitude, je suis plutôt un observateur discret. Mais là, il va falloir que je me lance. Je regarde mes mains et constate que j'ai complètement oublié de m'en occuper. Les brûlures sont vilaines mais moins douloureuses.
Et là, j'ai une idée. Une putain d'idée de génie ! Je ne suis pas un génie, évidemment mais... je suis pas non plus un parfait abruti. J'ai le minium syndical de culture et je sais ce qu'est un haruspice. Et je possède un Kriss. Et, du haut de mon balcon, j'ordonne qu'on m'amène un éclopé, un édenté, n'importe lequel ! Dans ces entrailles, je trouverai un indice. Alors, je saurai où chercher le rêve d'Anton.
Je fais monter un autel entre une guillotine et un gibet. Je le fais construire entre autres par celui-là même qui va y passer. Ça ne m'amuse pas spécialement mais je dois être cruel si je veux que mon camp de la mort attire ceux que j'espère attirer. C'est à ce prix seul que je percerai les secrets de Cheval du Diable et que je saurai si, finalement, je suis bien réel ou si je ne suis qu'un personnage de fiction, moi aussi.
Il faut un minimum de mise en scène et de décorum pour impressionner mes prisonniers. Mais je ne veux pas trop en faire non plus. Je veux que ça reste « froid » et « mécanique », utilitaire. Je fais ça car c'est utile et eux, dans tout ça, ne sont plus humains. Ils ne sont plus sujets. Je veux qu'ils sentent qu'ils ne sont que de la matière. Pas même des objets. Ils sont ce qui sert à fabriquer les objets. Ils sont encore en dessous. C'est ma petite touche de cruauté mentale. J'espère que ce sera suffisant.
Allez, à peine un ou deux Iä Iä Shub-Niggurath pour le folklore et j'éventre l'éclopé. J'en fous partout et étale ses tripes en espérant vraiment y voir quelque chose. Et je vois ! Là où le temps s'écoule différemment. Là où le bois rejoint l'acier. Putain mais qu'est-ce que ça veut dire ? Je farfouille encore. Je vois de l'or. Je vois des cavernes. Des mines ! Ce sont des mines. Sous terre, dans le noir, on ne perçoit pas le temps de la même façon qu'en plein jour. Et dans ces mines, il y a du fer. Sous les bois, il y a de l'acier. Et entre cet acier serpentent les racines des arbres. Le bois rejoint le fer. Le rêve d'Anton serait donc dans des mines de fer ou d'acier. Mais où trouver ces mines dans le coin ?

J'ordonne à d'autres prisonniers de disposer du cadavre. Dans mon infinie bonté, je les autorise à le manger. Ça les changera de l'infâme brouet qu'on leur distribue et l'apport en protéines leur redonnera un peu de force. Moi, je rentre dans la cabane et m'enferme au sous-sol, face à ma Forge d'Encre. Où sont ces mines ? Merde ! Je n'ai plus assez du dernier rêve pour les créer. Mais, d'un autre côté, ce rêve m'a permis de faire le plein de Billes. Et avec une Bille, je peux créer une carte.
De retour dans le salon, je convoque mes trois kapos et leur explique que je vais devoir m'absenter. Je leur fais un topo de la situation. Je leur montre les mines et leur explique le contenu de mes visions. Pas de panique, je suis le Kraken ! Je m'en sortirai ! En vérité, je suis moins sûr de moi que je ne le montre mais bon...
Et les emmerdes arrivent plus tôt que prévu. Dehors, ce sont des cris et des hurlements. J'en vois mes kapos voir ce qu'il se passe et monte jusqu'au balcon. Merde ! On est attaqué ! Je reconnais ces costumes, le Bureau des Narcotiques. Heureusement, ils ne sont que trois. Je dois réfléchir vite, très vite. C'est moi qu'ils veulent. Et moi, je ne veux surtout pas qu'ils parlent de mon petit camp à leurs supérieurs. Alors, j'attire leur attention en gueulant un bon coup et quitte le camp en courant à en perdre haleine. Heureusement que je cours sur de l'herbe et de la terre. Les vibrations qui remontent jusqu'à mon épaule sont moins douloureuses. Les kapos savent ce qu'ils ont à faire. De toutes façons, je suis le Kraken et nous sommes Connectés. Pour l'heure, je veux juste entraîner ces trois andouilles loin du camp et les abattre avant qu'elles n'en communiquent les coordonnées à leurs chefs. Ça peut marcher !

XxXxX

Et voilà ! Comme dans ma vision, je suis dans la forêt et je cours. Et derrière moi, les agents du Bureau des Narcotiques. Il ne s'agit pas seulement de les éloigner de mon petit camp de la mort. Je dois surtout m'assurer qu'ils n'ont transmis aucune information me concernant au Bureau. Aussi, maintenir la pression pour qu'ils n'aient pas le temps de le faire. Les tuer. En gardant un vivant pour le faire parler. Je cours et tire quelques coups de feu pour maintenir la pression. Je ne suis pas un très bon tireur. En plus, le poids de l'arme me fait mal à l'épaule. Que j'en touche un serait vraiment un coup de bol. Coup de bol que je n'ai pas bien sûr. Mais ça suffit à leur mettre la pression. Maintenant, je dois trouver un lieu favorable à une embuscade. Je peux les conduire jusqu'à l'antre du Manducateur. C'est loin mais je suis endurant et je peux tenir. Je ne m'inquiète pas pour mes poursuivants, ils sont entraînés.

Le théâtre en ruine ! Est-ce que le Horla est chez lui ? Oui, et il a l'air particulièrement agressif. Tant mieux ! Je lui tire dessus. Pas pour le blesser car je sais qu'il est quasiment indestructible, mais pour l'énerver encore un peu plus. Les agents du Bureau sont juste derrière moi. Et moi, j'utilise ce don du Kraken pour passer en mode « camouflage » et me fondre dans le décor. Je peux le faire car...

« Je suis le Kraken !
Ici et maintenant, pour disparaître de la vue de mes ennemis, j'accepte de répondre sans réserve aux questions des Yeux.
Je suis le Kraken ! »

Et l'obscurité se répand, comme un nuage d'encre noire, dans tout le théâtre. J'entends le Manducateur hurler. J'entends les agents du Bureau aussi. Ils ne tirent pas mais crient. Ils tentent de comprendre ce qui est en train de se passer. Ils tentent de se localiser les uns les autres. Et moi, je réponds à la question des Yeux. Les Yeux de la forêt me demandent :

« Gardes-tu un bon souvenir de votre relation intime avec Oriente ? »

Quoi ?! Mais de quoi ils parlent ? Il me faut un petit moment pour comprendre. Les Yeux font référence à Trancher les parties pourries, la partie d'Oriente que je joue avec Thomas Munier. Sauf que, ni moi ni mon personnage n'avons eu de relation intime avec Oriente. Ou alors, qu'entend-on par intime au juste ? En fait, mon personnage est convaincu qu'Oriente est affilié aux Horlas et à Shub-Niggurath. Il craint fort que ce dernier ne nous guide tous à la mort, un peu comme le joueur de flûte. Mon personnage et moi croyons que nous sommes, pour Oriente, les éléments à sacrifier dans le cadre d'un rituel dédié à la Mauvaise Mère mais, comme nous ne pouvons rien prouver, une curiosité malsaine nous force à le le suivre. Mais peut-on vraiment parler d'intimité ? Je ne sais pas. Je ne crois pas. Ou alors, les Yeux feraient allusion à une intimité à venir ? Quelque chose qui va avoir lieu mais dont je ne suis pas encore au courant ? Oh, les Yeux ! Je ne suis pas sûr d'avoir répondu à votre question mais c'est ma réponse. Mais j'y pense, je devrais m'enfuir, non ? Il est plus que probable que le Manducateur ne va faire qu'une bouchée des trois agents du Bureau des Narcotiques. Il est dans ce cas plus que probable que je n'ai personne à interroger. Alors, pourquoi je reste ? Pour voir l'état des corps ? Par curiosité ? Comme mon personnage d'Oriente ? L'intimité, la proximité... Mon personnage est quasiment certain que sa curiosité va le mener à la mort. Et la mienne ? Je crois que j'ai saisi le message, je m'en vais. Je saurai bien assez tôt si les agents ont survécu et s'ils ont prévenu leurs chefs.
Je m'éloigne du théâtre. Je ne sais toujours pas où se trouve cette mine, là où je devrais trouver le prochain rêve d'Anton. Mais je sais qu'à un moment ou un autre je vais me retrouver chez les Natifs, face à Euphorie. Alors, et si je me jetais dans la gueule du loup ? Histoire de pouvoir dire « ça, c'est fait ! » Et puis, il n'est pas exclu que le Colosse ou un de ces barbares puissent me dire, justement, où est cette mine.

J'arrive sur le territoire des Natifs de l'Abattage. Une demi-douzaine d'immeubles en ruine envahis par la forêt. Il n'y a plus une seule vitre aux fenêtres. Des pans entier de béton se sont écroulés. Par endroit, les caves sont à ciel ouvert. Comme des mines ? Des mines à ciel ouvert ? Non, non ! Ça ne peut pas être là. Dans les entrailles de l'éclopé, j'ai vu une vraie mine.
Je m'approche et suis surpris par le silence qui règne là. Je ne sais pas pourquoi mais je m'attendais à tomber sur une bande de brutasses et une orgie permanente. Je crois que je m'attendais à une sorte de teuf tek, des « boum-boums » etc. Mais rien de tout ça. Je suis d'autant plus sur mes gardes. Ça sent le piège.
Soudain, une lance se fiche dans le sol, juste devant moi. Les emmerdes, c'est maintenant que ça commence. Je m'empare de l'arme et essaye de localiser celui ou celle qui l'a lancée. Un peu plus loin, sur ma gauche. Une jeune femme. Une jeune fille plutôt, elle doit avoir dans les 14 ou 15 ans à peine. Elle me regarde avec beaucoup d'attention mais son calme n'est qu'apparent. Il y a de la colère dans ses yeux. Ses yeux. Les Yeux. Je pourrais accepter de répondre à une autre de leurs questions pour me tirer de se mauvais pas mais... au contraire ! J'attends précisément de cette fille qu'elle me conduise là où je dois rencontrer le Colosse Euphorie à qui j'ai tant de chose à dire. Histoire de faire bonne impression, je retire le Masque du Toxique et je lui explique venir en paix.

« Je ne cherche pas les emmerdes ! J'en ai assez comme ça. Je veux parler à Euphorie. Je sais qu'il est ici. Peux-tu me mener à lui ?
Non, Euphorie n'est pas chez nous. Mais tu es bien renseigné. Il doit effectivement arriver sous peu. »

Elle ne pose pas la question mais je sens qu'elle a envie de savoir qui je suis. Alors, je dis la vérité, tout simplement, ou je me la raconte à mort en inventant un personnage de dingue ?

« Je m'appelle Damien. Mais on m'appelle aussi, ça dépend, Demian ou le Joueur. Je suis aussi le Kraken. Et toi ? »

A voir son air suspicieux, je ne suis pas sûr d'avoir marqué des points.

« Je m'appelle Barrette...
… parce que tu portes une barrette ? »

Elle porte effectivement une grosse barrette en bois. Je ne saurais dire si c'est joli ou non. Disons que c'est... spécial. En tout cas, on la reconnaît de loin.
Je fais un pas dans sa direction. Je tiens sa lance pointe baissée. Grâce à ma vision, je sais que les choses vont mal tourner mais autant retarder ce moment.

« Je ne suis pas si bien renseigné que ça. Je croyais que le Colosse était déjà là. Ça t'embête si je l'attends ? »

Et je continue d'avancer dans sa direction. J'espère qu'elle est seule même si je suis convaincu que plusieurs paires d'yeux nous épient. Je respire lentement. Je veux paraître le plus sûr de moi possible. Allez, je suis le Kraken et rien ne peut m'arriver.

XxXxX
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Pikathulhu
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Message par Pikathulhu »

À tout moment, je m'attends à ce qu'une bande de barbares me tombent dessus. À chaque pas, je sens la pression sur mes épaules devenir de plus en plus lourde. Mais il ne se passe rien. J'arrive face à Barrette. Elle me fixe du regard, menaçante. Je crois qu'elle a oublié que c'est moi qui ai sa lance. D'ailleurs, en signe de bonne volonté, je la lui rends. Alors, va-t-elle me conduire jusque chez eux pour y attendre le Colosse ? Non ! Comment ça, non ? Elle m'explique que je suis assez grand pour y arriver tout seul. Elle m'indique le chemin. Je n'ai pas le GPS intégré mais je devrais m'en sortir.

En vérité, même si le chemin n'est pas une ligne droite, trouver le repaire des Natifs de l'Abattage n'est pas très difficile. En effet, les hautes ruines sont toujours dans mon champ de vision et me permettent de me repérer. J'arrive donc dans ce qui reste d'un hall. Une grande partie du mur est effondré. Aussi, l'endroit est plutôt bien éclairé. À l'intérieur, le plafond menant au 1er étage est crevé et la végétation s'y est infiltrée. Certaines des branches et racines sont si épaisses qu'on doit pouvoir les escalader. Mais je m'amuserai à ça plus tard. En fait, il y a du monde et comme je n'ai rien fait pour que mon arrivée soit discrète...

Tous les regards se tournent évidemment vers moi. À ma grande surprise, il n'y a pas tant d'hostilité que ça. Ce n'est pas le grand amour, faut pas exagérer, mais ils ne tirent pas à vue. Aussi, je me présente, Demian, le Kraken ! Je viens ici pour rencontrer le Colosse. Je sais qu'il est attendu pour bientôt, Barrette me l'a dit.

« L'invasion avance un minimum à l'Ouest ! me dit un gars avec une longue barbe.
C'est possible, je réponds. En réalité, je n'ai aucune idée de quoi il parle.
Ceux qui sont contre nous veulent atteindre le minerai. »

Et là, je tilte ! La mine !

« Je sais ! Je dis alors qu'en vrai je n'en sais rien du tout. Je sais ! Vos ennemis en veulent au minerai. Ils veulent accéder à la mine. Moi aussi, mais pas pour les mêmes raisons. C'est pour ça que je dois voir Euphorie. Le Colosse, vous lui avez demandé de venir pour vous aider contre vos ennemis. Moi, ce sont les Yeux de la forêt qui m'envoient. Je dois rencontrer le Colosse ici. Je dois aller à la mine. Une fois fait, je m'en irai et je n'aurai pris aucun minerai. C'est promis. Mais si vous êtes menacé, je peux vous aider. Je suis Demian. Je suis le Kraken. Je peux le faire ! »

Les Natifs ont l'air dubitatif, même si je suis sûr qu'ils seraient incapable d'écrire ce mot sans faire une faute. Mais, l'air de rien, je sens que ça cogite. J'enchaîne.

« Je ne sais pas ce que vous demande le Colosse en échange de son aide. Moi, je ne vous demande qu'un accès à la mine. C'est tout. Les Yeux m'ont dit d'y aller. Alors, j'y vais. Puis je m'en vais. »

Je ne sais pas trop ce qui se passe. C'est moitié conscient, moitié seulement... Je gobe une Bille et sens le contenu voyager dans mon corps. Je sens le liquide traverser ma gorge, traverser la paroi de mes intestins pour se mêler à mon sang. Je sens une partie remonter jusqu'à mon cerveau. Et là, je ne saurais dire si c'est de la prescience ou si j'ai provoqué cet événement mais...
Le barbu veut savoir qui est le plus à même de les aider entre le Colosse et moi. Il veut que nous nous battions. Ils engageront le plus fort. C'est complètement débile car, objectivement je ne leur demande vraiment rien. Ils pourraient avoir deux protecteurs pour le prix d'un. Mais ce doit être à cause du mélange de Bille et de ma vision de Connecté ou un truc comme ça. Je n'aurais peut-être pas du prendre cette Bille. Mais bon, c'est comme ça. Maintenant, je n'ai plus qu'à attendre l'arrivée du Colosse.

Que fout Euphorie ? Ça fait plusieurs jours que je suis là. On l'attend, comme des cons ! J'ai soigné mes mains et je n'ai presque plus de Billes. Ce n'est pas qu'on me retient prisonnier mais j'ai bien compris que je ne gagnerai rien à proposer de rentrer chez moi pour revenir plus tard. Alors, j'attends... comme un con ! Et le lendemain, enfin, le Colosse débarque. Avec ses yeux violets et ses plaques rouges. Il a pour seul arme un carreau d'arbalète. Pas l'arbalète, juste le carreau. Ça doit lui suffire et c'est pas rassurant.
Le barbu l'accueille. Ils discutent. Je suis trop loin pour entendre ce qui se dit et, en vrai, je m'en fous car je sais déjà comment ça va se finir. Ça ne traîne pas. Les Natifs forment un cercle autour d'Euphorie et moi. Le barbu explique la règle du jeu, l'enjeu. Le Colosse se saisit de son carreau et le projette dans ma direction. Il vise volontairement largement au-dessus de moi. Je me retourne et voit le carreau planté dans le béton. Ça promet ! Je me remémore ma vision. Euphorie est énorme. Je lis des sentiments contradictoires dans ses yeux violets. Son corps est parcouru de cicatrices et, par endroits, recouverts de plaques rouges dont je ne sais si c'est de l'écorce ou de la pierre. Je me rappelle qu'il n'est pas seulement un guerrier puissant. Il est aussi connu pour être un sorcier. Est-ce que ces plaques sont le résultat de sa magie qu'il aurait utilisé sur lui-même ? Il va se battre à mains nues. Moi, j'ai mon Beretta mais je ne suis pas sûr que cela lui fasse grand chose.
En vérité, je n'ai aucune intention ni même aucun intérêt à me battre avec lui. Alors, je m'assois en tailleur au milieu du cercle et je dis :

« Salut, Euphorie ! Je suis Demian, le Kraken. Je ne viens pas pour me battre contre toi. Je ne viens pas pour prendre ta place ou ton job. J'ai proposé mon aide aux Natifs, mais pas dans l'idée de te remplacer. Je pensais qu'on pourrait travailler ensemble. En fait, j'ai quelque chose à faire dans la mine. Ce n'est pas long. Mais je voulais aussi te parler. J'ai un souci car les Yeux de la forêt et les Voix Mortes m'ont parlé de toi. Les Yeux m'ont demandé de t'aider mais les Voix Mortes m'ont demandé l'inverse. Spontanément, j'aurais plutôt tendance à écouter les Yeux. Mais les Voix Mortes ont dit que tu étais un ancien ami, mais que tu avais dit des mensonges sur elles. Et les Yeux, au contraire, ont dit que tu avais besoin de mon aide pour te rétablir. Es-tu malade ? »

Le Colosse est vraiment plein de contradiction. Je vois bien dans son regard qu'il est irrité par mes propos. Pour autant, je sens qu'il prend sur lui pour rester conciliant. En vérité, il n'est pas du tout une brute sans cervelle ne pensant qu'à se battre. Il a un cerveau et il s'en sert. Mais pour autant, il demeure silencieux. Je crois savoir à quoi il joue. Il veut certainement laisser s'instaurer un silence gênant. Le premier à le rompre sera en quelque sorte le perdant car parler reviendra d'une façon ou d'une autre à livrer quelque chose de soi à l'adversaire. Bon, réfléchissons. Le concernant, j'ai deux sons de cloches différents. Celui des Yeux de la Forêt, qui sont bizarres mais plutôt bienveillant. Celui des Voix Mortes, des Horlas ! Ai-je vraiment besoin de réfléchir plus longtemps ? Je me relève et m'approche du Colosse.

« Écoute, ce serait ridicule de ma part d'accorder du crédit aux dires des Voix Mortes. Quoi que tu aies pu dire sur elles, que ce soit vrai ou non, cela ne me concerne pas et, surtout, je ne suis pas vraiment l'ami des Horlas. Par contre, les Yeux, c'est différent. Ils ne sont pas toujours très clairs dans leurs propos mais ils ont quand même eu l'air de dire que tu avais besoin d'aide. Alors, en quoi puis-je t'aider ? »

Et je me rappelle ces mots que j'ai entendu dans la Forge d'Encre. Une malédiction. Il a tué pour se débarrasser d'une malédiction. Peut-être que ça n'a pas marché, que ce n'était pas ça qu'il fallait faire. Je lui propose de continuer en privé mais il refuse. Bon, OK ! Alors je lui expose ma théorie selon laquelle il aurait effectivement été maudit. Il est un sorcier aussi connaît-il certains rituels. Peut-être est-ce pour accomplir un rituel de désenvoûtement qu'il a tué quelqu'un, comme l'ont dit les voix dans la Forge d'Encre. En tout cas, ça n'a pas marché. Je lui explique donc posséder une telle Forge. Je lui dis aussi qu'avec un rêve d'Anton je dois pouvoir lever cette malédiction. Mais, le rêve se trouve dans la mine. Alors, me laissera-t-il accéder à la mine ?

C'est pratique et bizarre d'être « dissocié », « clivé », je ne sais pas comment on dit. Mais alors que, au beau milieu des Natifs de l'Abattage qui s'attendaient à une boucherie en règle, je négocie avec le Colosse Euphorie, je suis également face à mon PC. Je tire une carte Muses & Oracles du paquet situé sur ma gauche. Je regarde le Colosse en souriant. Je retourne la carte en espérant ne pas tirer un « Non ! » et... Je tire un « Oui, et... » Et c'est pas tout ! Le picto représente une poignée de main. Mon sourire grandit. Et le Colosse se met à sourire aussi. Sur la carte, je lis des mots et des expressions comme « Fou de joie », « Relation : sauveur/sauvé », « Breuvage » et « paroxysme ». Je ne sais pas qui sont les ennemis des Natifs mais je sais que ce n'est pas moi qui les combattrais. Moi, je viens de me faire un ami pour la vie. On va fêter ça ici avec les Natifs et un flot de boisson. Ensuite, j'irai chercher le rêve d'Anton.

Je ne bois pas d'alcool. Jusqu'à ce que je me mette à la Bille, ma seule drogue était le glucose. Bon, ce soir je ne picole toujours pas et je n'ai pas assez de Billes pour me permettre de les gaspiller. Pour autant, je passe un bon moment. Même si les Natifs ne m'appréciaient pas au départ, Euphorie a fait en sorte qu'ils me fichent la paix. Je crois surtout qu'ils n'ont rien compris à ce qui s'était passé. Toutefois, le Colosse s'est en quelque sorte porté garant pour moi donc tout va bien. Je n'irai pas jusqu'à dire qu'avec les Natifs on se tape dans le dos mais je crois au moins pouvoir dire qu'ils ne me créeront pas d'ennuis.
En réalité, Euphorie m'a vraiment l'air d'un type bien. Ce n'est pas qu'une force de la nature. Il a aussi un cerveau. Je ne lui ai rien demandé de ses secrets mais je pense que cette réputation de sorcellerie lui vient entre autre de son intelligence à laquelle on ne s'attend chez un type comme ça. En fait, je ne lui demande rien car, et je le lui ai dit, je veux avoir le champ libre quand je serai devant ma Forge d'Encre. Tout ce qu'il pourrait me dire serait autant de contrainte. Si je ne sais rien, face à la Forge, je serai libre de tout inventer. Cela me sera alors encore plus facile de régler son problème de malédiction. De même, je me fiche de savoir ce qu'il a pu dire sur les Voix Mortes. Et même, j'en fais mon affaire. Avec ce prochain rêve d'Anton, je trouverais sûrement dedans de quoi fortifier un peu plus mon camp. Il y aura peut-être des armes dedans ou au moins de quoi en faire. Ce serait bien. Un moment, j'ai pensé offrir le Masque du Toxique à Euphorie. Mais en vrai, c'est plus prudent que je le garde. D'ailleurs... Non, aucune Voix Mortes à l'horizon ! Par contre, quand je regarde le Colosse à travers les yeux du Masque, je vois une sorte d'aura arc-en-ciel. Je pense bien sûr au Rainbow Flag et me demande si Euphorie est gay. En vrai, on s'en fout complètement !
Et c'est alors que je suis en plein je m'en foutisme concernant la vie privée de mon nouvel ami que j'entends, dans ma tête, les Yeux. D'habitude, ils me demandent quelque chose quand je leur demande quelque chose. Sauf que là, j'ai rien demandé. Pourtant...

« Crois-tu ce qu'on raconte sur Atlanta ? Si non, pourquoi pas ? »

Atlanta ? Merde ! De quoi ils parlent ? De la ville ? C'est quelqu'un ? À quoi ils jouent ? Ils savent très bien que je ne peux pas répondre à cette question sans gober une Bille. Ou alors, il faut que j'y consacre une part du rêve d'Anton. Mais dans ce cas, ce sera une part de rêve en moins pour aider Euphorie ou améliorer mon camp. J'ai l'impression que ces salauds veulent me forcer à gober une Bille. Ou alors, je peux m'en remettre au hasard mais avec le risque de tomber sur quelque chose de vraiment dégueulasse. Je n'ai plus que deux Billes. En claquer une juste pour m'assurer qu'Atlanta n'est pas une emmerde de plus... Est-ce que ça vaut vraiment le coup ? En plus, le temps file et le taux de Pétrol'Magie dans mon sang diminue. Bientôt, bientôt... Je serai en manque ! C'est ça, bordel ! Les Yeux veulent que je sois en manque ! Je dois absolument garder au moins une Bille alors je tire une carte ! Atlanta, c'est une personne ?

« Oui, mais...
Mais quoi ? Il est pas... humain ?
Si, mais...
Putain ! C'est une espèce de mutant dégueulasse ? C'est ça ? »

Soudain...

« Kraken, le chemin le plus long est parfois le meilleur : emprunte le ! »

Je me lève. Je me sens pas bien du tout ! J'explique comme je peux aux Natifs que je dois aller à la mine immédiatement. À part, j'explique à Euphorie que les Yeux viennent de me parler et que c'est louche. Lui, il ne doit pas s'inquiéter. Ça ne concerne que moi. Mais on dirait qu'un long chemin m'attend. Sauf qu'avant, je dois me préparer. Et il me faut le rêve d'Anton.

Je suis seul dans la mine. Je cherche. Je fouille. Je finis par trouver le rêve d'Anton. C'est le rêve n°7. Je rentre au camp. J'ai du boulot. Avec ce rêve je dois lever la malédiction qui pèse sur Euphorie, améliorer mon petit camp de la mort, me protéger des Voix Mortes et du Bureau des Narcotiques et me préparer à un long voyage pour savoir ce qu'on raconte sur ce mutant dégueulasse qu'a l'air d'être ce fameux Atlanta. C'est une bonne liste de course, ça !

XxXxX

OK, je m'attelle à ma Forge d'Encre avec sous les yeux le rêve n°7. La Forge me demande la biographie d'un personnage imaginaire. Ça tombe bien, je dois m'occuper du mutant Atlanta. Mais avant, je dois lever la malédiction pesant sur Euphorie.

J'ai fait en sorte d'avoir au maximum le champ libre pour aider le Colosse. Il ne m'a rien dit. Aussi, rien n'est fixé. Rien n'est vrai. Tout est permis. Je pioche dans le rêve n°7 d'Anton : «Dernières heures », « soleil », « accélérer » et « angoisse ». Ainsi, la malédiction qui le frappe lui fait revivre, à chaque lever et coucher du soleil, ses dernières heures en accéléré. Il voit sa mort à venir deux fois par jour. Et la vitesse du film est telle qu'elle le frappe comme un rocher dans la figure, le laissant rempli d'angoisse. Euphorie fait bonne figure mais il est en réalité rongé par cette peur que ces visions deviennent réalité. Mais que puis-je lui apporter ? Dois-je simplement le délivrer de ces visions en sachant qu'elles pourront malgré tout se réaliser ou dois-je encore consacrer une part du rêve à lui écrire une nouvelle histoire ? Je ne sais pas si c'est le meilleur des cadeaux que je lui fais là mais je décortique le rêve n°7 et en tire un « jardin », un « chien », un « chat » et le sentiment d'être « à l'aise ».
Nous mourrons tous. Que je le délivre de ses visions ne résoudra pas ce problème. Alors, deux fois par jour, il aura toujours une vision de ses dernières heures mais il les vivra dans un jardin, à l'aise, avec son chien et son chat !

Et maintenant, Atlanta ! Tu es un mutant... artificiel ! Tu es un mélange de boue, de peinture et de plastique fondu. Tu as été crée à Berlin, dans un atelier caché sous un lac. Tu devais être une sorte de super Golem pour la plus grande gloire du Reich. Le premier d'une longue série de gardiens du nouvel Empire. Mais il s'est passé quelque chose d'inattendu. Un imprévu. Et tu n'es qu'une chose déclinante dont il a fallu se débarrasser. Voilà ce qu'on raconte sur toi. Et pour répondre à la question des Yeux, est-ce que je crois qu'on raconte sur toi ? Évidemment ! Et j'irai même plus loin que ça. Ce n'est pas pour rien que les Yeux m'ont parlé de toi, Atlanta, le mutant artificiel, le Golem raté ! Tu as été créé par des savants fous nazis, à Berlin ! Les nazis, ceux-là même qui ont crée tous ces camps de la mort. On dit que c'était pour se débarrasser de leurs ennemis, mais pas seulement. J'ai lu Cheval du Diable. Et je sais. Ou du moins, je crois savoir que les nazis voulaient surtout, en créant ces camps, attirer des Exilés afin de leur soutirer leurs secrets. C'est d'ailleurs ce que j'essaye de faire avec mon petit camp de la mort dans la forêt. Mais pour autant, le rêve d'Anton ravive une idée qui me trotte dans la tête depuis un moment. J'ai fabriqué mon petit camp mais je n'arriverai jamais à reproduire ce que les nazis ont fait. Si j'ajoute à ça que le Bureau des Narcotiques sait que je me réfugie à Millevaux et que, par conséquent, je n'y suis plus vraiment en sécurité (autant qu'on puisse être en sécurité à Millevaux), c'est peut-être tout simplement le moment de me tirer d'ici ! Et Berlin pourrait être la destination idéale. Pas le Berlin de la guerre, ce serait trop risqué. Le Berlin de l'après-guerre, du début des années 1950. La ville en ruine est aux mains des alliés. La plupart des nazis se sont enfuis en laissant tout en plan. Il reste certainement dans les décombres de leurs laboratoires les plus secrets des rapports concernant leurs expériences les plus barrées. C'est sûr, il reste des choses pour moi à Berlin. Les nazis n'ont pu ni tout emporter, ni tout détruire. Et en 1950, en tant qu'agent de la RPA, je pourrais mener ma petite enquête sans être trop ennuyé. Enfin, tant que le Bureau des Narcotiques ne me retrouve pas. Bon assez tourné autour du pot, mes trois kapos ne m'en voudront pas de les laisser là.
Par contre, j'ai un problème. Je pourrais gober deux Billes pour remonter le temps jusque dans les années 1950. Sauf que je n'en ai plus qu'une ! Mais, je suis le Kraken et dans d'autres vies j'ai su ouvrir des Portes entre les mondes. J'ai fait ça, notamment, quand j'étais Corso. Je saurai le refaire. Alors, « Geh nach Berlin ! »

Et là, je me revois, dans mon petit camp, en train de découper l'éclopé pour lire dans ses entrailles. Et j'entends, dans ma tête, les Yeux me demander :
« Qui connaît un secret te concernant ? Quel risque s'il le révèle ? »
En vrai, je n'en sais rien. De quel secret ils parlent ? Du fait que je sois un Ancien ? D'une certaine façon, tout ceux qui lisent mes posts sur Facebook sont au courant. Mais tout le monde s'en fout puisque tout le monde pense que c'est un jeu de rôle. Ça n'a même pas besoin d'être un secret. Ce serait plus gênant si le Bureau des Narcotiques tombait là-dessus.
Et je n'ai pas fini de penser cette phrase que tout change autour de moi. C'est comme si tout était de l'eau mais que soudain tout se figeait. Je suis maintenant dans un bureau. Le bureau de Don Vincente. Qu'est-ce que je fous là ? Tout le monde est immobile. Moi aussi, je ne peux pas bouger. En fait, on vient de me faire une proposition. Don Vincente vient de me proposer de travailler pour lui mais... cela voudrait dire que je trahirai ceux pour qui je travaille actuellement. Qui je suis dans cette réalité ? J'en ai aucune idée mais la situation a l'air des plus tendues. Je sens de la sueur perler au ralenti le long de ma nuque. Je ne peux absolument pas bouger. C'est même difficile de faire rouler mes yeux dans leurs orbites. Les Yeux, à quoi ils jouent bordel ?!
« Où trouvez-vous régulièrement des éclats de bois et des épines chez votre amant dryade ? Lors de vos rapports sexuels, comment vous protégez-vous contre ces petites douleurs ? »
Je crois que les Yeux ont complètement craqué ! Qu'est-ce que c'est que cette histoire ? Je n'ai aucune relation de quelque nature que ce soit avec un... dryade ! Et c'est quoi d'abord ? Une espèce d'arbre vivant ? Si c'était le cas, l'endroit privilégié pour ça aurait été... Millevaux ! Pile l'endroit dont je viens de me tirer. Est-ce une sorte de métaphore ? Est-ce la façon qu'ont les Yeux de me dire qu'en construisant mon petit camp de la mort, j'ai fait quelque chose de pas très joli-joli et que, d'une certaine manière, cela veut dire que je serais finalement un peu pourri comme le sont tout ceux qui sont contaminés par Millevaux ? C'est ça la « relation sexuelle » ? L'esprit de Millevaux vu comme une maladie sexuellement transmissible parce que, au final, on tire un certain plaisir à faire du mal à autrui ? Pour être clair, je n'ai pas crée mon petit camp de la mort par sadisme. Je l'ai fait car, après avoir lu Cheval du Diable, je suis convaincu que c'est le seul moyen pour moi de percer le secret des Exilés et savoir, enfin, si je suis un être réel ou un être de fiction, le personnage d'un jeu. Suis-je le Joueur ou le personnage joué ? C'est uniquement pour ça que j'ai crée ce camp. Et d'ailleurs, maintenant que j'ai peut-être l'opportunité de trouver la réponse dans les archives des nazis à Berlin, je n'insiste pas et abandonne le petit camp. Comme quoi, je ne suis pas un sadique fou-furieux ! Ai-je réellement réussi à convaincre qui que ce soit alors que je ne suis même pas certain de m'être convaincu moi-même ?



Commentaires de Thomas :

A. Ici, on passe la vitesse supérieure puisque c'est le Joueur lui-même qui se retrouve protagoniste d'un dangereux voyage dans le multivers. On voit ici bien l'effet Mantra 2 (on se joue soi-même) mais c'est très cohérent avec l'évolution de plus en plus méta de tes parties précédentes. L'aspect horrifique s'en trouve renforcé puisqu'on suppose le Joueur plus fragile qu'un PJ (et cette fois-ci, pas de fusibles) mais on suppose aussi que la force du Joueur c'est son 100 % en Mythe de Cthulhu...

B. [Pour le public : Christophe Breysse est l'auteur d'Omniscience] « Et là, vient le moment où Christophe Breysse m'interroge à propos des Connectés. Comment ils sont perçus, s'ils sont l'objet de luttes d'influence etc. ? »
Fais-tu référence à une discussion en ligne que vous auriez eue ?

C. « Que sait-on à son sujet ? Que sais-je à son sujet ? Tout d'abord il s'agit d'une ruine datant de l'Antiquité gréco-romaine. Avant l'avènement de la Mauvaise Mère, c'était déjà une ruine. Mais des archéologues l'avaient extirpée de la terre. Ils avaient remis en état tout ce qui pouvait l'être et avaient reconstitué une partie de son histoire afin que le public se rappelle comment on vivait à l'époque et à quoi ce genre de lieu servait. À l'époque, cette découverte a stoppé net la construction de nouvelles barres d'immeubles. En effet, c'est en creusant les fondations d'un futur HLM que ces vestiges furent découverts. Aussi, pour des raisons historiques, culturelles, etc, le projet d'agrandissement de la ZUP locale fut abandonné. »
Est-ce que tu fais référence à un endroit réel ?

D. « J'ai pratiqué l'escalade en salle pendant quelques années. Sur le plan purement théorique, j'ai des restes. Maintenant, il faut voir si mes jambes et mes bras suivront. Ça fait presque deux ans que je n'ai pas touché une prise mais je continue à faire de l'exercice très fréquemment. Sans battre des records, je reste quand même assez endurant. J'espère que ça suffira pour arriver en haut. »
Intéressant (et très Mantra !) que tu utilises tes compétences de la vie réelle pour gérer un obstacle.

E. « J'ai lu Cheval du Diable ! Et je sais quel rôle y jouent les camps de la mort. J'ai d'ailleurs une toute nouvelle théorie expliquant pourquoi les nazis les ont construit. Je ne rentrerai pas dans les détails car :
1-je ne veux pas spoiler.
2-je ne veux pas d'emmerdes ! Je ne me sens pas l'âme d'un Dieudonné... qui est pourtant parfois, voire souvent, très drôle quand même. Bref...
3-notez bien que ma volonté de ne pas spoiler (et donc vous inciter à lire Cheval du Diable en particulier et tout Christophe Siébert en général) l'emporte largement sur mon désir de ne pas finir devant un juge. »
C'est amusant comme le Joueur quitte un instant les considérations de survie immédiate qui devraient l'animer pour se lancer dans une diatribe méta.

F. « De mon balcon, je regarde Haze, Corso et Lewis-Maria maltraiter les éclopés que j'ai invoqués. J'espère que ce camp deviendra vite un vrai camp de la mort. Je veux savoir si ce que Siébert a écrit est vrai. Mais pour ça, pour aller plus loin, il me faut un rêve. »
Ah oui, c'est chaud quand même.

G. Sympa que tu utilises des questions d'Oriente et que tu fasses référence à la partie qu'on a jouée ensemble ! (partie que j'ai renommée Trancher les parties pourries )

H. « Mon personnage est quasiment certain que sa curiosité va le mener à la mort. Et la mienne ? Je crois que j'ai saisi le message, je m'en vais. »
Certes ! Cette fois-ci la curiosité maladive du Joueur, sa volonté de savoir ce qui va se passer, l'a poussé à s'impliquer un peu trop !

I. « C'est pratique et bizarre d'être « dissocié », « clivé », je ne sais pas comment on dit. Mais alors que, au beau milieu des Natifs de l'Abattage qui s'attendaient à une boucherie en règle, je négocie avec le Colosse Euphorie, je suis également face à mon PC. »
Autant c'est intéressant en matière de jeu sur le méta, autant ça diminue le sentiment que le Joueur soit vraiment en danger.

J. « Je suis maintenant dans un bureau. Le bureau de Don Vincente. Qu'est-ce que je fous là ? Tout le monde est immobile. Moi aussi, je ne peux pas bouger. »
Sympa l'effet de temps suspendu. Une technique de vertige logique de plus !

K. « Où trouvez-vous régulièrement des éclats de bois et des épines chez votre amant dryade ? Lors de vos rapports sexuels, comment vous protégez-vous contre ces petites douleurs ? »
Ça vient d'un jeu descended by the Queen ça ?

L. « Suis-je le Joueur ou le personnage joué ? »
Intéressante nouvelle couche métaphysique :)


Réponse de Damien :

A. Je pense être aller un peu plus loin dans le méta avec ma campagne de Mantra justement ^^

B. Pas du tout ^^

C. Pas du tout non plus ^^

D. Yep mais bon, je n'ai pas touché une prise depuis presque 2 ans donc je pense qu'une reprise serait très très dure ^^

E. En vrai, j'aime bien le méta-jeu justement ^^ c'est dommage de ne pas pouvoir dans le cadre d'une partie classique.

F. Cheval du Diable vaut vraiment le coup d'être lu 0_0 je n'en dis pas plus…

G. Méta toujours :)

H. Et bien, c'est un des paradoxes du perso. Le Quizz Mantra en fait un adepte de l'Hommonde mais son envie, voire son addiction au jeu de rôle, en fait plutôt un adepte du Cycle. C'est un de ses buts que de comprendre ça.

I. Bah je peux pas être tout le temps dans la méga-merde non plus ^^ autant qu'être un Ancien me serve par moment quand même ^^

J. Oui, je voulais tester une alternance de hacks de Pour la Reine et de Vertiges Logiques. Y a moyen de faire quelque chose de fun. Là encore, ça peut être drôle à plusieurs.

K. Oui :) voir le J. ^^

L. Questionnement tout droit sorti de ma lecture de Cheval du Diable :)
Outsider. Énergie créative. Univers artisanaux.
Ma page Tipee.
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