[CR] Magistrats & Manigances - parties test [SPOILER SANGYUAN]

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Macbesse
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Re: [CR] Magistrats & Manigances - parties test [SPOILER SANGYUAN]

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[Post précédent mis à jour]

Les deux assistants font le tour des merceries pour trouver à qui peut bien appartenir le châle rouge brodé d'or. On les renvoie vers un tailleur, une femme, qui fournit les dames de la meilleure société de Sangyuan. Oui, elle se souvient avoir brodé ce châle, et elle peut dévoiler le nom de sacliente, Rouge Phénix, troisième épouse du négociant Lin Bin. Sa "maison", ou plutôt sa propriété devrait dire les assistants pour être corrects, est facile à trouver, c'est au nord-ouest, dans le quartier riche, juste à côté de celle d'An Nafis, la plus grande. En fait, il s'agit des deux plus grandes bâtisses du quartier. An Nafis tient le commerce vers l'ouest mystérieux, et Lin Bin la guilde des négociants.

Les assistants se regardent, remercient et sortent. Ils savent que le juge ne voudra pas convoquer au Tribunal une concubine de notable dès sa prise de poste, surtout pour une affaire susceptible de porter atteinte à son honneur. Ce serait troubler l'harmonie de la communauté. Ils reviennent voir la tailleuse et lui demandent s'il serait possible d'organiser un entretien au plus vite avec Rouge Phénix. Rendez-vous est pris pour le soir même. Yi Jen met l'après-midi à profit pour chercher si des affaires semblables sont répertoriées dans les archives, et forcément, il trouve quelque-chose... mais nous y reviendrons.

Rouge Phénix et sa servante Fleur de Prunier sont au rendez-vous. Les assistants exposent les faits avec une certaine gêne. Rouge Phénix demande en quoi cette affaire la concerne. Elle était chez elle la veille au soir, et des témoins pourront en attester. Il ne serait pas convenable pour une femme de son rang de se promener autrement qu'en palanquin fermé à une heure avancée.
Les assistants sont bien embêtés, mais Rouge Phénix a l'air nerveuse. [Interrogatoire : 2 yang, un yin, les joueurs demandent les mensonges et les omissions]. Les assistants sont convaincus que Rouge Phénix ne ment pas. Ce n'est pas arrivé. Du moins, ce n'est pas arrivé hier soir. Pao Gao reformule. On aura mal renseigné le Tribunal. Peut-être cette scène a-t-elle eu lieu un autre jour, et en journée ?
Rouge Phénix soupire. Oui, cette scène est arrivée, il y a trois jours, mais il n'y avait pas huit moines, seulement deux. Le premier était visiblement ivre, il lui a demandé de "faire une offrande", en accompagnant ses paroles d'un geste très déplacé. Le second, un homme patibulaire, l'a agrippée, l'a tenue, et a soulevé sa robe. Il essayait de la toucher. Alors, les nonnes sont arrivées. Elles ont crié, et elle en a profité pour s'enfuir avec sa servante. Rouge Phénix a tout dit d'une traite, avec douleur.

Les assistants témoignent de leur compassion. Ils demandent si elle serait prête à témoigner de tout ce qu'elle vient de dire devant le Tribunal. Elle ne préfèrerait pas. Pao Gao lui demande alors s'il peut lui emprunter son châle. Peut-être suffira-t-il pour que justice soit faite. Rouge Phénix les remercie de leur délicatesse.
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Macbesse
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Re: [CR] Magistrats & Manigances - parties test [SPOILER SANGYUAN]

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Les assistants rentrent au tribunal et exposent la situation au juge, qui les félicitent de leur sens de l'harmonie de la collectivité.

L'audience reprend. Le magistrat déploie le châle de Madame Troisième et s'adresse à l'aîné des moines :

- L'agression n'a pas peut-être pas eu lieu hier soir, mais elle a bien eu lieu et certains de tes moines reconnaîtront ce châle. S'il n'y en avait aucun, je serai obligé de considérer toute votre communauté comme complice.

Feuille de Thé blémit, puis se redresse et dit à ses frères :

- Parlez maintenant, si vous avez encore un peu d'honneur et si vous ne voulez pas être réincarnés en insectes !

L'un des moines, la trentaine rondouillarde, demande la parole.

- L'insignifiant vermisseau qui se tient devant Son Excellence se nomme Balle de Coton et reconnaît ce châle. Il appartient à une dame de qualité qu'il a rencontrée près du temple de Guanyin.

- Raconte-moi ce que je sais déjà.

- C'était il y a trois jours. Nous sortions de table et j'avais un peu trop bu. Cette dame était très jolie et j'ai eu des paroles tout à fait déplacées, ainsi qu'un mauvais geste en sa direction, vous comprenez ce que je veux dire. Ce n'était pas à mon honneur, et je le regrette aujourd'hui. Si elle était devant moi, je voudrais m'en excuser.

- Oui, je vois ce que tu veux dire. Je sais exactement ce que tu as dit et quel geste tu as fait, et nul n'est besoin de s'appesantir dessus. Tu as dit "nous". Désigne-nous qui était avec toi. Je sais qu'il est ici.

- Je prie Son Excellence d'excuser ce silence. J'attendais que Frère Brindille fasse cet aveu de lui-même.

- Brindille, j'attends ta version des faits.

Le gaillard, un homme au visage fendu d'une cicatrice, répond au Magistrat :
- Le frère Balle de Coton ne m'a jamais apprécié. Il ne m'associe à son acte que pour m'incriminer.

Balle de Coton se récrie et crache par terre :
- Salaud !... oh, que son Excellence excuse mes paroles et mon geste, mais l'inconduite de Frère Brindille est insupportable. Quand on sait ce qu'il lui a fait ! Quand les nonnes sont arrivées, il la tenait et il allait... il allait... vraiment lui manquer de respect !

- Brindille ! Tu as agressé une dame, qu'as-tu à dire pour ta défense ?

- Je ne suis pas sorti du monastère. Plusieurs témoins pourront en attester.

- Nous verrons cela avec le portier.

Frère Brindille a alors un petit sourire en coin. Le magistrat pense qu'il a un moyen de le contraindre et qu'il s'est assuré sa complicité. Les assistants ont pour mission de trouver comment.

C'est là que Yi Jen commence à assembler les pièces du puzzle. Dans l'après-midi, il n'a certes pas trouvé de documents faisant état d'agressions similaires à Sangyuan, mais un courrier du juge de Lanzhou a attiré son attention. Il fait état d'un meurtre commis sur la personne d'un artisan et du viol de son épouse, qui décrit l'agresseur comme un moine mendiant portant une cicatrice sur le visage.

Au monastère des huit pétales de lotus où trône le Bouddha, les assistants accusent le portier de complicité de meurtre, du but en blanc, car ils savent qu'il a couvert les déplacements de Frère Brindille. Le portier blêmit et raconte tout. Frère Brindille lui fait peur. Il lui a montré son résonateur. Les veines du bois sont gorgées de sang séché.

L'audience n'avait pas été suspendue. Les moines et les moniales attendent sur le sol froid du tribunal depuis trois bonnes heures. C'est le soir. La salle d'audience est comble.

Le magistrat tonne :

- Brindille, je t'accuse du meurtre de l'artisan Feng, de Lanzhou, et du viol de son épouse. Le meurtre a été commis par un moine mendiant portant une cicatrice au visage.

- Le Seigneur Juge oublie qu'il existe des milliers de moines mendiants portant une cicatrice au visage.

- Sbires, saisissez vous du résonateur de ce faux moine !
Le résonateur est amené. Il est bien nettoyé mais les veines du bois sont sombres, gorgées de sang. Pao Gao confirme qu'il s'agit de l'outil qui a pu causer les blessures décrites dans le rapport.

[A ce stade, la jauge d'aveu est bien remplie. Elle a beau être longue, mais on a une reconstitution méticuleuse des faits, des témoignages, de la pression du groupe, des indices pour étayer le récit, et surtout, le prévenu a été piégé par son orgueil, ce qui est à la fois sa faille et ce que le magistrat fait le mieux. Le prévenu était aussi sensible à la torture mais le magistrat répugne à l'employer].

- Avoue, tant qu'il en est encore temps !

- Au moins, je n'aurais pas été pris par un imbécile. Tout ce qui a été dit est vrai. J'ai tué cet homme, violé sa femme, agressé cette richarde dans la rue, et je ne regrette qu'une chose, de ne pas avoir pu lui faire son affaire.

Cris répétés dans le tribunal : à mort !

- Tu mérites la peine capitale sous ses formes les plus sévères. Tu recevras ton juste châtiment pour l'assassinat et le viol à Lanzhou, pour que soit apaisés les mânes du défunt et restauré l'honneur de son épouse. Ici, tu recevras cinquante coups de gros bâton pour agression. Quant à toi, Balle de Coton, tu recevras dix coups de gros bâton pour outrage et attentat à la pudeur. Qu'ils te servent de leçon et te permettent de d'amender.

Le magistrat s'apprête à prononcer une admonestation contre Clarté Compatissante. Il comprend son geste, mais elle lui a menti en mélangeant la chronologie. Celle-ci prend les devants et demande la parole, prétexte la confusion liée à l'émotion du moment, et rétablit l'intégralité du récit de manière fidèle. Le magistrat est satisfait. Son autorité n'est plus remise en question. Ne reste plus qu'à appliquer les sentences.

Le magistrat confère avec son médecin, qui a charge de faire en sorte que le chef des sbires ne tue pas Brindille sous les coups afin qu'il puisse être jugé à Lanzhou, mais de le travailler suffisamment pour que la communauté soit apaisée.
Pour le châtiment de Balle de Coton, les coups sont plus retenus. Pour lui, le juge avait d'abord songé au petit bâton, mais il en avait fait donner cinq pour un litige la veille, et le châtiment aurait paru un peu faible.

La peine est appliquée aussitôt, sous les vivats de la communauté. Balle de Coton repart avec les fesses tuméfiées. Brindille profère des imprécations au début de son châtiment, puis hurle de douleur, et enfin perd connaissance. Il est bien possible qu'il ne puisse plus jamais marcher. S'il jamais il était gracié, il aurait bien du mal à reprendre sa vie de criminel. Alors que le châtiment de Brindille va bientôt s'achever, on voit une dame au visage couverte d'une voilette violette, accompagnée de sa servante, sortir de la salle d'audience. Justice est faite, elle n'a aucune raison de s'attarder.

Quelques jours plus tard, l'épouse du magistrat reçoit un disque de jade d'une grande transparence comme cadeau de bienvenue de la part de Rouge Phénix. Au moins les concubines des négociants ont-elles du goût et le sens des hiérarchies sociales, dans ce district, se dit-elle.

Quelques semaines plus tard, une lettre de remerciement arrive de Lanzhou. Le juge du district avait entendu beaucoup de bien du juge Lin - par le Préfet, ami du mentor - et il est ravi que la collaboration commence aussi bien au sein de la préfecture.

Bilan

Jeu
- Temps de création, d'impression et d'explication : 1h30.
- Temps de jeu : 3h (sans entrelacs d'intrigue).
- Joueurs : très satisfaits

Harmonie de la communauté : préservée (aucune hausse de jauge)

En détails, les hausses potentielles étaient :
- Clarté Compatissante : satisfaite (certes pas totalement), amie d'un PJ
- Rouge Phénix : satisfaite, a beaucoup apprécié les manières du nouveau juge et de ses assistants
- Océan de Sagesse (père supérieur du monastère) : bien content que le scandale ne l'ait pas éclaboussé (il n'a pas été convoqué au tribunal, les assistants n'ont interrogé que le portier).

Les PJ ont trouvé tous les détails de l'affaire en exhumant le courrier de Lanzhou.
Certains personnages d'autres affaires ont été mis en place.
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Arkham
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Re: [CR] Magistrats & Manigances - parties test [SPOILER SANGYUAN]

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Toujours aussi sympa à lire, vivement que je trouve le temps d'y jouer!!
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Macbesse
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Re: [CR] Magistrats & Manigances - parties test [SPOILER SANGYUAN]

Message par Macbesse »

Arkham a écrit : mer. avr. 05, 2017 2:47 pm Toujours aussi sympa à lire, vivement que je trouve le temps d'y jouer!!
Vivement que je lise ton CR ! ;)
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Re: [CR] Magistrats & Manigances - parties test [SPOILER SANGYUAN]

Message par Macbesse »

Reprise de la campagne Magistrat & Manigances, je retranscris une partie qui date du mois de juin. Une fois n'est pas coutume, elle commence dans la douceur et l'expression d'une grande affection mutuelle.

L'Unique et les cinq épouses

Madame Liang, épouse du Juge Lin et seule femme en son cœur, arrange artistiquement une corbeille de pêches d'or de Samarcande sur l'une des tables basses laquées du gynécée. Ces oranges sont des fruits d'un luxe inouï, dignes des familles nobles et de la table impériale. Son époux n'a peut-être pas eu une si mauvaise intuition en demandant ce poste en province. Il faut dire que Madame Liang revient d'une excellente après-midi passée en la demeure du négociant le plus important de Sangyuan, Lin Bin. Madame Première l'a invitée à prendre le thé, certainement pour ne pas être laisser Rouge Phénix, la deuxième, prendre trop d'importance au sein de son foyer, se dit-elle en touchant machinalement le disque de jade que la concubine lui a offert en guise de cadeau de bienvenue. Cela fait peut-être beaucoup de cadeaux, se dit-elle. Elle en parlera à son époux, le juge Lin, le moment venu. Le voilà qui rentre justement d'audience. Le couple s'installe sur un tatami et prend un moment pour s'enlacer, sans un mot, puis les deux amants se racontent leur journée. Celle du juge Lin a été banale. Il a réglé des différents mineurs, dont un divorce à l'amiable ; les conjoints se sont mutuellement souhaité de trouver une personne mieux adaptée à leur tempérament et le partage des biens n'a été l'objet d'aucune contestation. Le district est tranquille, et il espère même qu'il ne deviendra pas ennuyeux. Madame Liang, elle, s'est beaucoup amusée. Promesse d'Aurore - c'est le nom de l'épouse de Lin Bin - s'est montrée d'excellente compagnie. En devisant, elles ont disputé une partie de weiqi [le go, pour les indécrottables japonisants]. Promesse d'Aurore jouait avec une apparente désinvolture, mais ses coups étaient difficiles à anticiper et parer. Madame Liang a toutefois gagné d'un point. Elle en éprouve une certaine joie bien qu'elle suppose que son adversaire lui ait laissé la victoire par politesse. Au moins aura-t-elle trouvé une adepte d'un loisir cultivé en cette région reculée de l'Empire. En outre, pendant la partie, Madame Première s'est laissée à quelques confidences. Madame Liang a beaucoup de compassion pour elle. Non seulement elle est mal mariée, et il faut supposer que ses parents étaient dans la gêne pour accepter une proposition de mariage d'un négociant, fût-il très riche, mais la maison est vide, sans enfants, si bien que Lin Bin a déjà trois concubines, et s'apprête à en prendre une quatrième. À l'exception de Madame deuxième, qui a le sens des hiérarchies et ses lettres, certainement parce qu'elle est la fille d'un fonctionnaire, il s'agit de filles de ferme mal dégrossies que cette pauvre Promesse d'Aurore doit continuellement supporter, sous prétexte qu'elles seraient, lui a dit son époux, plus fertiles. Mais aucun héritier ne vient, et le voilà qui vient de se mettre en tête de prendre une cinquième concubine, une courtisane de surcroît.

Le juge Lin réfléchit un instant avant de commenter le long monologue de Madame Unique. Il entrevoit d'abord de possibles complications au sein du foyer du chef de la guilde des négociants. En l'absence d'héritier, rancœurs et tensions s'y sont accumulées avec une telle force que la Première a éprouvé le besoin de se confier à une étrangère. Ses termes ont certainement été moins crus que ceux de son épouse, qui est perspicace et a dû percevoir ses blessures, mais le geste en lui-même n'est pas anodin. À ce propos, il se dit qu'il est assez rare que l'élue de son cœur exprime avec autant de force le mépris de leur caste pour les gens sans éducation, et il comprend parfaitement le message implicite. Madame Liang souhaite le voir passer davantage de temps au gynécée, à la fois par goût de sa compagnie et par volonté de concevoir l'héritier qui lui évitera de devoir partager son époux et son autorité avec une concubine. Il se dit qu'il peut bien lui concéder cela. Il reparle de sa journée, montre combien elle a été calme. Avec cette accalmie, maintenant qu'il a le Tribunal bien en main, il va pouvoir consacrer davantage de temps à son oiseau des îles. Il a même repéré des lieux charmants. Il ne dira pas lesquels, c'est une surprise, mais dès après-demain, il pourra organiser une sortie et un dîner en amoureux, loin du Tribunal et de ses obligations.

Madame Liang, épouse Lin, a décidément toutes les raisons du monde d'être radieuse.
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Re: [CR] Magistrats & Manigances - parties test [SPOILER SANGYUAN]

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La suite, la suite ! :)
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Re: [CR] Magistrats & Manigances - parties test [SPOILER SANGYUAN]

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Au diapason des peines

Le lendemain matin, vers dix heures, le gong du Tribunal est frappé. Le négociant Pei Guo, un homme d'une trentaine d'années et d'une sobre élégance, porte plainte contre la compagnie d'escorte des Flèches du Li Gong. Il payé pour que six personnes protègent une caravane jusqu'à Dunhuang, par-delà le corridor du Hexi, et retour. Or, trois gardes seulement sont arrivés avec les marchandises. Le Magistrat demande au négociant ce qu'il veut - le remboursement de la moitié de la somme versée, s'entend-il répondre. C'est ce qu'il a demandé à Shi Shuan, celle qui dirige la société. Le silence se fait dans la salle. Même sans manier les chiffres et le droit, il n'est pas difficile de comprendre que la demande est léonine. Le Magistrat est agacé. Il a l'impression que le négociant a utilisé la menace de porter l'affaire devant le Tribunal comme moyen de pression sur la compagnie, et en déduit qu'elle doit craindre pour son image, et donc éprouver des difficultés. Par acquis de conscience, il envoie Yi Zhen aux archives vérifier que les Flèches du Li Gong ne sont pas coutumières du fait, tandis que le négociant est congédié. Pendant ce temps, il fait convoquer l'héritière.

Yi Zhen compulse les litiges liés aux compagnies d'escorte. Il en trouve une épaisse liasse concernant une compagnie appelée les Terreurs Pourpres, principalement des marchandises manquantes, s'y perd un moment, avant de se reprendre et de trouver les rares litiges concernant les Flèches. Il trouve des petits retards, des chicaneries qui sont le lot commun des affaires, mais rien de croustillant, à l'exception d'un seul litige. Cinq ans auparavant, lors d'une banale expédition pour la capitale, une caravane a pris un mauvais itinéraire et une grande partie s'est retrouvée au fond d'un ravin à cause d'un glissement de terrain. L'enquête a établi que cet itinéraire avait été choisi sur les conseils insistants de Flèche Noire, qui commandait l'escorte, et la compagnie avait remboursé les marchandises perdues. En résumé, il s'agit d'une compagnie bien tenue, et la mort du fondateur, un an auparavant, ne semble pas avoir affecté la moralité de ses membres. Yi Zhen revient rendre compte au Magistrat.

Shi Shuan, qui se révèle une femme très athlétique au visage plutôt harmonieux, arrive sur ces entrefaites. Elle fait valoir que Wuwei est situé à l'est du corridor, qui est le point le plus dangereux du voyage, car c'est là que les Tibétains et les bandes de brigands y font des incursions. Il ne s'agit que d'un mince fil de territoire chinois en territoire barbare. Le chemin restant était le plus sûr. Est-ce pour cela que la société d'escorte a réduit la voilure ? Shi Shuan répond que le ce n'était pas prévu par le contrat et qu'elle aurait elle préféré que l'escorte revienne complète. Elle précise également que son lieutenant était parmi les trois restants. Il s'agissait du meilleur archer de l'escorte, et les marchandises sont bien arrivées. C'est aussi l'impression du Magistrat. Il décide de débouter Pei Guo de sa plainte. Il l'aurait peut-être entendue s'il avait été moins gourmand, et il refuse qu'on se dise qu'il est possible de se servir du Tribunal comme moyen de pression dans les affaires commerciales. Le plaignant et la défenderesse sont congédiés. Le Magistrat a cependant des inquiétudes. L'héritière a été évasive sur le départ de ses hommes et il se peut qu'un conflit couve dans la société. Il décide d'envoyer Yi Zhen en visite auprès des Flèches.

En l'absence de Shi Shuan, interrompue par le Magistrat en pleine préparation d'une expédition, Yi Zhen se rend à la maison de la société. Un jeune homme assure l'accueil. Athlétique, il n'a pas l'air fait pour la profession de comptable, et son visage poupin vient contredire son maintien. Il s'appelle Petit Nuage, et Yi Zhen commence à le faire parler sur l'héritière. Il explique qu'elle s'apprête à partir en mission d'escorte, mais qu'il pourra encore en faire la connaissance aujourd'hui s'il le souhaite. Elle part souvent, comme le faisait souvent son père. D'ailleurs, elle semble en avoir hérité tous les talents, à la différence près qu'en plus, ses mouvements ne sont que grâce et maîtrise. Petit à petit, Yi Zhen comprend que Petit Nuage n'éprouve pas qu'une admiration professionnelle à l'égard de sa patronne [attention, capacité "au diapason des peines" de l'archétype Mélancolique activée], mais qu'il souffre d'un amour contrarié. Il commence à lui-même s'épancher, à parler de son échec au concours, du sentiment de jalousie terrible qu'il éprouve face à cet ami qui, sans travailler, a réussi parce qu'il était bien né. De la jalousie, Petit Nuage en a éprouvé lui aussi, pour Flèche chantante. C'était le fiancé de Shi Shuan. Elle en était éperdument amoureuse. Ils devaient se marier, mais il lui a présenté sa demande en mariage voilà trois mois, alors qu'elle portait le deuil. C'est une fille très digne, pleine de piété filiale, alors elle est entrée dans une colère noire, et elle a rompu leur engagement. Elle a juré qu'elle ne l'épouserait jamais. Ensuite, Flèche Chantante est parti en mission pour Dunhuang, et il n'est pas rentré, comme ces petits salauds de Dragon Ténébreux et de Flèche Noire. Alors Petit Nuage a repris espoir, mais elle ne le remarque même pas, et elle ne le prend pas au sérieux. D'ailleurs, il ne fait pas partie de la prochaine escorte. Il reste là, alors qu'il connaît bien la région où ils vont. Dragon Ténébreux et Flèche Noire ? Deux imbéciles incapables d'admettre qu'une femme peut les commander. C'est ce qu'ils disaient, en partant. Il y a peut-être autre chose de plus ancien. Flèche Noire avait souvent de la colère dans le regard. Un jour, il l'a entendu dire qu'elle paierait l'humiliation. Laquelle, il ne sait pas. Mais ils ne sont pas pire que Lao Pai, le second. Eux ils sont partis, mais lui, il reste, et il est sournois, le borgne. Il a toujours voulu être le chef. Il croyait que le vieil archer allait faire de lui son héritier, du moins pour la compagnie. On dit même qu'il aurait voulu précipiter la succession, et c'est vrai que le fondateur avait une drôle de couleur quand il est mort. Et maintenant, le fourbe attend son heure, mais il y aura toujours un Petit Nuage sur sa route.

Les deux hommes parlent encore longuement, et l'après-midi passe. Une bouteille est sortie, et méthodiquement vidée. Il se peut même que des larmes roulent.
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Macbesse
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Re: [CR] Magistrats & Manigances - parties test [SPOILER SANGYUAN]

Message par Macbesse »

Dis moi Lune d'Argent

Alors que Yi Zhen enquête sur les Flèches du Li Gong et que la salle du Tribunal s'est vidée de son audience, le Magistrat reçoit - encore - la plainte d'un négociant. Il s'agit cette fois de Lin Bin en personne, venu discrètement déposer plainte. L'homme a la quarantaine bien tassée. Il est plutôt corpulent et ses vêtements chamarrés violent ouvertement les lois somptuaires de l'Empire, mais qui s'en émeut de nos jours, à l'heure où l'on confie la gestion des ressources de l’État à des marchands ? Lin Bin dit avoir conclu deux mois auparavant un accord préalable de rachat d'une courtisane de troisième rang auprès de Brise d'Automne, tenancière du Ciel penché sur les arbres. Le juge se souvient de ce qui lui a dit son épouse : Lin Bin s'apprête à prendre pour cinquième une courtisane. Le contrat préalable le confirme, dans la mesure où il précise, entre autres, que la demoiselle, appelée Lune d'Argent, réserve l'exclusivité des relations sexuelles à Lin Bin pendant toute la durée précédant son rachat. Le juge hausse un sourcil. Il lui semblait que le Ciel penché sur les arbres était davantage spécialisé dans les performances artistiques. Lin Bin continue à exposer son cas. Il souhaite désormais passer au rachat, mais Brise d'Automne a changé son prix, passant de deux talents d'argent à un talent d'or. Il demande donc à ce que la justice fasse respecter les termes du contrat.

Le juge soupire intérieurement. Il n'aime pas beaucoup les marchandages devant la cour, mais il est effectivement dans ses attributions de faire respecter les contrats. Il congédie Lin Bin et fait convoquer Brise d'Automne, qui apparaît dans un fourreau de soie rouge. Ses manières sont distinguées et le poids des ans ne semble pas l'avoir affectée. Elle a été jadis une courtisane très en vue à la capitale avant de se retirer dans sa ville natale pour ouvrir son établissement, et l'on peut facilement comprendre à la regarder et à l'écouter qu'elle a par le passé fait et défait des carrières. Brise d'Automne explique que les termes du contrat ne peuvent être appliqués à la lettre. Afin de mieux satisfaire les exigences de Lin Bin, elle a pris sur elle de parfaire la formation de la jeune fille aux arts musicaux. Lune d'Argent a donc été promue courtisane de second rang. En plus d'être une concubine agréable, elle a pu beaucoup plus facilement se prémunir contre toute sollicitation et ainsi respecter les clauses les plus importantes du contrat. L'argumentation ne manque pas de logique, mais le juge suspend sa décision. Suspectant que la promotion-éclair de Lune d'Argent n'est pas due à son seul mérite artistique, le Magistrat Lin envoie Pao Gao enquêter sur le terrain et déclare l'audience close. Sur ces entrefaites, Yi Zhen revient rendre compte, et Pao Gao décide de faire d'une pierre deux coups : ils enquêteront simultanément sur les deux affaires.

Pao Gao décide de se rendre d'abord au temple le plus proche du quartier des fleurs et des saules. Il y trouve quantité d'ex-voto déposées par les prostituées. La plupart demandent à ce que les dieux leur envoient un mari, mais des ex-voto de la main de Lune d'Argent portent les signes "grossesse" puis "bonne santé" et "enfant". Elle en a beaucoup déposé et doit être très pieuse. Pour Pao Gao, cela ne fait aucun doute : la courtisane est enceinte et Brise d'Automne, connaissant le désir d'enfant de Lin Bin, a augmenté ses tarifs. Il se demande pourquoi Lin Bin n'a pas cédé et se dit qu'il s'agit très certainement d'une sorte d'orgueil de marchand. Les deux hommes partent ensuite vers la maison du contrôleur des décès, qui est médecin en ville. Il est en consultation, mais son épouse, Qing Shin-Mu, peut les recevoir dans la pharmacie. Elle possède une belle collection de remèdes, très complète, se dit Pao Gao, heureux de pouvoir trouver quelqu'un à qui adresser d'éventuels patients. Il y en a pour toutes les bourses et il se dit qu'elle doit ajuster le remède aux revenus du patient. Il sait bien que parfois, un remède bon marché paraît suspect aux yeux des riches. Lune d'Argent lui a bien acheté des fortifiants, ainsi que des remèdes destinés à augmenter son yin et à favoriser sa fertilité. La pharmacienne développe longuement les mérites des différents remèdes, et elle fait une excellente impression au légiste. Au sujet de la mort de Shi Zhi, le vieil archer, elle se rappelle avoir été présente lorsque son mari a constaté le décès. C'était un contrôle de routine, et rien ne pouvait laisser supposer que l'arrêt cardiaque était dû à l'usage d'un poison. Peut-être une autopsie aurait-elle pu révéler un ulcère et la composition d'un poison rare en diluant le tissu prélevé, mais les symptômes ne justifiaient pas une telle profanation, aussi ne l'a-t-elle pas suggéré à son mari. Le légiste quitte la demeure du contrôleur des décès et confie à son compagnon : "il arrive que le coq dissimule un phénix".
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Re: [CR] Magistrats & Manigances - parties test [SPOILER SANGYUAN]

Message par Macbesse »

[Attention, si vous avez lu ce matin, j'ai édité le précédent pour le terminer proprement].

Le grand jury

Les deux enquêteurs n'ont pas très envie de passer leur nuit dans le quartier des fleurs et des saules. Yi Zhen éprouve pour les courtisanes une sorte d'aversion très particulière, lié à son passé étudiant. Les étudiants aisés ont en effet pour coutume, à la capitale, de fréquenter les bonnes maisons, qui jouxtent quasiment l'université. En plus de se divertir avec volupté, ils y apprennent l'art de la conservation. Il n'est pas rare que le style poétique d'une courtisane inspire un jeune lettré et sa copie d'examen. C'est précisément ce que Yi Zhen, issu d'une famille très modeste, n'a pas fait. Il a bûché seul, avec ses livres, pendant que d'autres se divertissaient. Et ceux-là ont réussi. L'injustice est flagrante. Aussi les deux hommes conviennent-ils de se retrouver le lendemain matin, pour une visite au surveillant de quartier.

Au petit matin, alors que les derniers palanquins quittent le Ciel penché sur les arbres, les rues du quartier des fleurs sont désertes. Les deux enquêteurs croisent seulement un homme. Il a l'air hagard, ou, plus exactement, il semble désespéré. Ses vêtements sont de bonne facture, mais ils sont hors d'âge. Ils le regardent passer, puis se rendent au Paradis des Brumes et Pluies, tenu par le surveillant du quartier. L'homme, appelé Kong Chen, est un peu contrarié d'avoir été réveillé alors qu'il venait de s'endormir, et il fait des efforts pour être aimable. L'établissement a l'air prospère, mais certainement plus orienté vers le plaisir physique que son homologue penché sur les arbres. Yi Zhen se fait d'ailleurs la réflexion que les noms des établissements les apparente à deux mondes différents : chez les gens cultivés, les brumes et pluies désignent l'orgasme, tandis que le ciel penché sur les arbres est une référence à un poème très en vogue dans les cercles lettrés de la capitale, lequel évoque la mélancolie du voyage. Les couleurs sont criardes, et les alcôves comportent des peintures érotiques.

Kong Chen a bien sûr entendu parler de la promotion de Lune d'Argent. Il faut dire que Brise d'Automne a coutume d'embaucher, en plus de ses vedettes, des courtisanes de troisième rang pour satisfaire les clients émoustillés après les représentations artistiques. Cette promotion au second rang ne lui semble pas justifiée, et il doit y avoir anguille sous roche. Il a assisté à l'audition, en tant que membre du jury, et il a voté contre. La majorité l'a emporté, mais les notables qui y assistaient ont certainement voulu complaire à Brise d'Automne et à la Reine des fleurs, Orchidée blanche, laquelle est une des pensionnaires du Ciel penché sur les arbres. Bien sûr, Lune d'argent manie un peu le luth, elle connaît bien les jeux à boire et connaît quelques classiques, mais pas plus que les filles de son propre établissement, à qui on a toujours refusé cette promotion alors qu'il dépense sans compter pour les éduquer. Il est bien possible que la composition du jury ait été manipulée, comme celui de la Reine des fleurs qui échappe à ses meilleures filles chaque année, et même à Lotus rouge, qui est pourtant une perle, encore au-dessus d'une Orchidée Blanche ou d'une Œil de Jade. Pour en revenir au jury, ces messieurs les assistants n'ont qu'à demander au Premier Scribe du Tribunal, c'est lui qui le présidait. Mais ils étaient au courant, n'est-ce pas ? ajoute-t-il avec un air malicieux devant la mine surprise des enquêteurs.

Les assistants reviennent vers dix heures porteurs de nouvelles en faveur de l'hypothèse d'une malversation et d'un certain dégoût. Le juge les écoute avec attention, puis leur annonce que Lin Bin est venu s'excuser au petit matin pour le dérangement. Il retire sa demande et la jeune femme va entrer le matin même comme concubine en sa maison. Le Magistrat suppose qu'un arrangement à l'amiable a été trouvé dans la nuit, ou que de nouveaux éléments sont venus changer sa décision. Il est tenté de poursuivre les investigations et d'interroger son Premier Scribe, puis se souvient qu'il a une soirée en amoureux à préparer. Son épouse avait un beau sourire ce matin, et il s'est encore accru quand un messager lui a remis un carton d'invitation de la part de Zhu Ruyi. Ce nom dit quelque chose au magistrat. Sa femme sourit avec bienveillance. Bien sûr qu'il lui dit quelque chose, il s'agit d'une cousine au troisième degré de l'Impératrice ! Heureusement qu'elle est là pour le guider dans les arcanes de la grande politique. Que serait-il sans elle ? Zhu Ruyi a été très proche de l'Impératrice quand elle vivait à Luoyang, ajoute-t-elle. Ce n'est plus vrai aujourd'hui, mais ce district est décidément plein de surprises exquises. Le Magistrat, lui, avait d'autres raisons de le connaître : c'est Zhu Ruyi que son assistant Pao Gao a croisée chez Clarté Compatissante sans bien comprendre ce qu'elle y faisait. S'il y a le moindre problème, il prendra des dimensions impériales, autrement plus graves que les affaires de Lin Bin ou des Flèches du Li Gong.
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Une lignée maudite

Il est passé une heure du matin quand le gong du yamen est frappé. Les assistants du juge sont réveillés. Le juge est absent et il faut prendre une décision. Une femme d'une vingtaine d'année, bien habillée, est introduite. Elle a l'air terrorisé. Il s'agit de Perle d'Eau, la quatrième épouse de Lin Bin. Elle est venue seule, sans servante, sous la pluie, et elle est totalement mutique. Pao Gao l'interroge [Interroger : 2 yang, un yin] et finit par lui comprendre quelle est la source de sa peur. Elle a vu un fantôme. Il fait chercher Clarté compatissante, et ils procèdent ensemble à des rituels pour le chasser. Les prières apaisent Perle d'eau. Elle se sent suffisamment en sécurité pour fait le récit de sa nuit [en termes techniques, c'est une magnifique réponse au levier demandé par le MJ sur son yin]. Madame cinquième a eu un malheur. Elle a fait une fausse couche et elle a perdu beaucoup de sang. Alors, son mari est descendu à la cave. Elle l'a suivi, et elle l'a vu parler avec un fantôme, celui de sa toute première épouse défunte. Il l'a accusé de l'empêcher d'avoir une descendance, il l'a suppliée, puis menacée, puis suppliée à nouveau, mais le fantôme est resté inflexible. Madame Quatrième ne veut pas rentrer dans une maison maudite. Il faudrait réveiller le juge, mais il est absent, et les assistants décident d'eux-mêmes d'aller sur place. Yi Zhen, en bon lettré qui tient les démons et fantômes pour des superstitions populaires, hausse les épaules, mais Pao Gao n'est pas très rassuré et c'est avec appréhension qu'il se dirige vers la demeure hantée.

Les deux assistants pénètrent le quartier nord-ouest. D'après le feng-shui, c'est la direction faste. C'est donc là que se sont installées les familles les plus riches de la ville. Se font face deux grandes demeures, celle du Sabao et celle de Lin Bin. Yi Zhen fait valoir sa qualité de médecin et les portes de la demeure lui sont grandes ouvertes. Il est conduit au chevet de la patiente, qui a perdu et perd encore beaucoup de sang. Le lit à baldaquin tendu de tissu lui masque Lune d'Argent, mais en dialoguant avec la patiente et en lui faisant pointer les points de douleur sur une figure représentant une femme nue [triple yang sur Prodiguer des soins], il parvient à déduire que la fausse couche n'est pas naturelle et regarde la théière de la jeune concubine. Il n'y a pas que du thé, mais un composé de puissants abortifs. Il en sait assez pour rédiger son ordonnance, mais il faut arrêter les effets maintenant, à la fois par une purge et par des médicaments adaptés. Il fait donc quérir Qing Shin-mu, la pharmacienne, laquelle vient aussitôt [c'est un "Solliciter un contact", encore un triple yang]. Elle amène de quoi contrer les effets du poison, examine à son tour la patiente, confirme le traitement. La patiente a eu de la chance de recevoir des soins si vite, ajoute-t-elle. Avec une telle dose, elle aurait pu mourir ou rester stérile. Pao Gao lui montre les herbes. Fausse pas-d'âne, achillée mille-feuille, armoise, nerprun, dong qi, une combinaison parfaite. La question est délicate, mais en a-t-elle vendu ? Qing Shin-mu sourit. Bien sûr qu'elle vend des abortifs. Il faut bien que les femmes puissent se délivrer des obligations que les hommes refusent d'assumer. Elle vend généralement ce complexe aux courtisanes de haut rang, car il est cher, parfois à des femmes de bonne famille désireuses d'éviter un scandale, et elle en a récemment vendu à une femme plutôt jeune, de taille moyenne. Elle portait une voilette mauve qui masquait son visage.

Pao Gao remarque que son interlocutrice regarde souvent vers la patiente. Quelque chose la gêne. Rien, répond-elle, mais... disons qu'elle a pu ausculter en détail la patiente, et que... enfin, son mari n'aurait pas pu se tromper, n'est-ce pas ? Yi Zhen procède à un nouvel examen. Il estime lui aussi que la patiente n'était pas enceinte. Et puis il se souvient combien elle est pieuse, et cela le touche. Est-ce vraiment nécessaire de lui infliger cette deuxième peine ? Est-ce vraiment nécessaire de troubler l'harmonie du foyer de Lin Bin et celle du contrôleur des décès ? Il arrive, dit-il à son confrère, que les femmes présentent les symptômes de la grossesse tant elles désirent un enfant. Le corps se conforme à la volonté de l'esprit. Qing Shin-mu accepte cette explication et il est désormais clair que ni l'un ni l'autre n'en parleront à personne.

Yi Zhen, pendant ce temps, laisse traîner ses oreilles près du gynécée [inspecter, 1 yang, 2 yin]. Il surprend une intéressante discussion entre Rouge Phénix et Madame Troisième, laquelle se montre particulièrement sarcastique sur les fausses couches à répétition des femmes de la maison et sur la gouvernance de Madame Première [c'est sa piste]. Rouge Phénix la fait taire, avec des mots très durs, puis découvre Yi Zhen et pince les lèvres. "Voilà où nous sommes tombées, à exposer nos conflits et la crasse devant des hôtes", commente-t-elle, amère. Non seulement Madame Troisième est humiliée, mais Yi Zhen est extrêmement gêné et s'abstient de tout commentaire [condition : gêné]. Le lettré perd sa rhétorique et balbutie une excuse, puis se perd dans l'ombre de la vaste demeure et se dirige vers l'aile réservée à Madame Première. Il pénètre dans la chambre, contemple avec surprise un univers très personnel, composé de problèmes et de traités de weiqi [de go]. Parmi les manuscrits, les pierres et les plateaux, une boîte à mystère émerge. Il réfléchit une dizaine de minutes et parvient à percer le puzzle. Dans la boîte, il y a des herbes et des racines, dont une qui ressemble à du ginseng. Étrange endroit, pour conserver des herbes [c'est un indice !]. Il prend un échantillon et repose la boîte à sa place, puis sort, et tombe sur Madame Première, qui déverse sur lui une froide colère et le prie de sortir séance tenante. Il n'est pas question de se prévaloir de l'autorité du tribunal, et Yi Zheng repart, rouge de honte [mécaniquement, j'utilise sa condition "gêné", mais le PJ est déjà sur le départ].
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Re: [CR] Magistrats & Manigances - parties test [SPOILER SANGYUAN]

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Attention, j'ai complété le post précédent ! Il clôture la séance en apothéose.

Le point sur le hors-jeu

Ce que j'ai rédigé correspond à deux séances relativement courtes (4-5 heures), au cours desquelles j'estime avoir bien, voire très bien maîtrisé, et les deux joueurs n'ont pas été en reste. Les récits de partie ont parfois tendance à lisser, mais les parties en elles-mêmes étaient très fluides et j'ai laissé les joueurs aux commandes du Magistrat presque tout le temps.

Ce qui suit correspond à une nouvelle séance, environ trois mois après la précédente, avec quatre joueurs.

J'avais plusieurs sujets d'appréhension :
- trois mois après, il n'est pas évident de se replonger dans des enquêtes croisées.
- il n'est pas facile, pour des nouveaux arrivants, de prendre des enquêtes déjà en cours en route. Ne pas savoir ce qui se passe, c'est ne pas avoir de prise sur le jeu.
- il y avait un gros différentiel de connaissance du jeu, entre trois joueurs ayant déjà plusieurs parties de M&M au compteur et donc très autonomes sur la gestion du magistrat et très familiers de la logique du jeu, et un quatrième n'ayant pas lu le juge Ti (et ayant refusé de participer aux parties tests par hostilité initiale).

Après avoir un temps pensé à proposer autre chose qu'un Magistrat & Manigances, je me suis laissé convaincre par l'enthousiasme de mes joueurs. Je devais quand-même lever les obstacles que j'ai énoncés. J'ai donc fait avec les joueurs présents un long récapitulatif sur le district et les trois enquêtes, qui s'est étiré plus que de raison. L'air de rien, les deux séances précédentes étaient denses. Résultat : le joueur qui devait à la fois assimiler les principes du jeu et prendre les enquêtes en cours a été noyé sous les infos, et on n'a pas pris le temps de poser correctement son personnage.

Ensuite, j'ai moins utilisé le système (trois jets de la partie) et la possibilité de reprendre la main sur le juge que les fois précédentes, et il en a résulté une séance à la fois moins dynamique et moins carrée. Vous ne vous vous en apercevrez pas trop à la lecture, d'autant plus que des choses intéressantes ont tout de même émergé, mais je tenais à l'écrire pour montrer dans quels travers on peut tomber et comment les éviter.
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Re: [CR] Magistrats & Manigances - parties test [SPOILER SANGYUAN]

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Les nouveaux personnages

Au beau milieu de la nuit, Renard Rouge et Maître Jiang sont arrivés au yamen et ont trouvé porte close. Le premier est un ancien assassin. Sa spécialité était de s'introduire chez ses victimes sous un déguisement, de vivre au milieu de la domesticité, puis de frapper. Le juge l'a innocenté dans une affaire dans laquelle il servait de bouc émissaire. Depuis, il se rachète une conduite [en termes de règles, c'est un repenti travesti]. Il voyage sous l'apparence d'un bonze bourru prénommé Shu. Maître Jiang, la cinquantaine bien tassé, a quant à lui été l'assistant du mentor du juge quand il exerçait dans les districts et préfectures. C'est un fin connaisseur des procédures et des techniques d'enquête et il a l'habitude de représenter l'autorité [un familier méticuleux]. Le premier scribe leur ouvre et les installe temporairement.

Au petit matin, Shu, Maître Jiang et Pao Gao se lèvent aux aurores, tandis que Yi Zheng essaye de récupérer de sa longue et humiliante journée. Le Premier Scribe les informe que le juge et son épouse sont bien rentrés, vers trois heures du matin. Il demande s'il faut faire réveiller le juge. D'après Maître Jiang, qui connaît bien la maisonnée, il y a fort à parier qu'ils ont peu dormi et qu'ils sont encore ensemble. Les assistants craignent la colère de Madame Unique au réveil et préfèrent attendre que le juge soit sorti du gynécée. Ils choisissent de ne pas les déranger avant qu'un serviteur ne les ait informés d'un nouveau mouvement. Taquinés sur leur propre absence pendant la nuit, Yi Zhen et Pao Gao se récrient et font le récit des événements.
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Re: [CR] Magistrats & Manigances - parties test [SPOILER SANGYUAN]

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Secrets d'archives

Le fantôme apparu à Perle d'eau ne lasse de fasciner les assistants. Pour Yi Zhen, il parlait juste au corps. Les gens sont si impressionnables. Les autres en sont moins certains. Dans tous les cas, il faut tirer cela au clair. Yi Zhen descend aux archives [2 yang pour 1 yin] et met au jour le certificat de décès de la défunte. Le contrôleur de l'époque avait conclu à une mort accidentelle par hémorragie. Le rapport complet est pour le moins étonnant. Les blessures sont décrites d'une manière pour le moins évasive qui laisse supposer un arrangement à l'amiable [ce rapport est à la fois un indice et un levier, dépense des 2 yang]. Yi Zhen est frappé par ce document. Il ne trouvera le repos qu'après avoir trouvé la vérité [c'est mon yin et c'est une Condition]. Les assistants débattent. Maître Jiang suppose un assassinat en règle pour des questions crapuleuses, comme une captation d'héritage ou au contraire une volonté de se débarrasser d'une épouse mal née, mais il s'est écoulé un deuil de dix ans avant le remariage, ce qui laisse supposer que Lin Bin était vraiment amoureux. Pour Yi Zhen, c'est donc qu'il l'a surprise avec son amant et qu'il a disposé d'eux. Il s'est ensuite arrangé avec le tribunal pour sauver son honneur et celui de la famille de son épouse, d'autant plus qu'il y avait un enfant. Comme il avait le droit avec lui, la compromission n'a pas dû sembler si grande au magistrat.
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Les mystères de la boîte

Le Magistrat se réveille enfin. Il a des petits yeux, mais l'air épanoui. Il répartit alors les tâches. Pao Gao et Maître Jiang chercheront à en savoir davantage sur la poétesse afin d'éviter une crise d'ampleur impériale, tandis que Shu et Yi Zhen feront un complément d'enquête sur la maisonnée de Lin Bin. Shu estime que son amie "Pivoine mûre" sera plus à même de se charger de cette mission. Pivoine mûre rencontrera Yi Zhen près de la maison, grâce à sa description bien sûr. Renard Rouge, l'assassin aux mille visages, prend donc l'apparence d'une femme aussi plantureuse et sensuelle que fanée. Il fait le guet devant la maison et observe les allées et venues. Quelle n'est pas sa surprise quand il voit le Premier Scribe chercher une opportunité de rentrer dans la maison. Il la lui fournit en faisant diversion. Cette pauvre Pivoine mûre trébuche devant les gardes, qui sont bien obligés de l'aider, et ce petit monde rentre dans un jeu de séduction sans conséquence. Le Premier Scribe en profite pour pénétrer dans la demeure de Lin Bin. Il en ressort dix minutes plus tard, l'air sombre.

De son côté, Yi Zhen fait le tour des boutiques afin de trouver un artisan susceptible d'avoir fabriqué la boîte. Il finit par trouver Maître Kang, sculpteur sur bois et fabricant de boîtes à mystères. Il s'intéresse aux boîtes, et précise qu'il s'agit d'un cadeau pour Promesse d'aurore, la Première Épouse de Lin Bin. Maître Kang lui dit qu'il a déjà vendu une telle boîte à Madame deuxième et Madame troisième. Elles sont venues ensemble et il y a fort à parier qu'elles l'ont offertes à l'épouse en titre, connaissant son goût pour les énigmes. "Ça ne vas pas aller du tout alors" répond Yi Zhen, qui se désole de ne pas pouvoir réduire davantage sa liste de suspectes. Il opte pour une statuette en bois de santal, hors de prix, qu'il espère se faire rembourser par le Tribunal. Trois femmes étaient donc capables d'ouvrir la boîte : la seconde et la troisième ont eu la démonstration, et Madame première a sûrement percé le mécanisme à jour rapidement. Si c'est le cas, il est possible qu'elle s'en soit rapidement désintéressée et il est étonnant qu'elle ait choisir de stocker des abortifs à l'intérieur.
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Prospections sociales

Pao Gao se rend au temple de Guan Yin auprès de son amie Clarté Compatissante pour en savoir davantage sur Zhu Ruyi, la cousine de l'Empereur. L'épouse du Magistrat a été invitée, fait-il valoir, et il aimerait en savoir davantage sur elle et sur les invités afin de lui inviter un impair. Clarté Compatissante s'en réjouit. Elle est également invitée et aura plaisir à faire la connaissance de Dame Liang, ainsi qu'à voir son ami Pao Gao ailleurs qu'au temple. Elle décrit Zhu Ruyi comme une personnalité jadis proche de l'Impératrice en son palais de Luoyang, moins depuis qu'elle s'est installée en la première capitale des Tang. Le mot "disgrâce" n'est pas prononcé, mais il flotte comme une hypothèse sur la description. Elle ajoute que Zhu Ruyi s'est installée là par goût pour les paysages minéraux, expressions des forces de la nature dans toute leur beauté sauvage et première. "Au moins, elle ne change pas sa version en fonction de ses interlocuteurs" se dit Pao Gao. Il ajoute que la conversation de Zhu Ruyi lui avait aussi semblé passionnante et qu'elle lui a fait forte impression. Alors que Clarté Compatissante s'étonne qu'il ait pu déjà faire sa connaissance, il précise qu'il l'a croisée au temple, quand il était venu faire une visite à sa patiente, le lendemain de l'altercation. Elle sortait de son bureau. Clarté Compatissante se fige, puis rit. Pao Gao se moque d'elle, ce n'est pas bien, dit-elle. Mais non, insiste-t-il, il n'oserait pas se moquer d'une amie. Alors Clarté Compatissante dit "Suis-je bête, mais bien sûr, nous avons pris le thé ensemble ce jour-là, je suis tellement occupée par mes pensionnaires que j'en oublie mes invitées". Par politesse, Pao Gao fait semblant de croire ce mensonge éhonté, et change de sujet. Clarté Compatissante en semble reconnaissante : personne n'est dupe. La présence d'une cousine de l'Impératrice dans son bureau soulève beaucoup de questions et promet de grandes complications. Il peut encore s'agir d'un simple problème personnel, une vérification concernant une lignée liée à une courtisane, mais aussi d'un problème politique. Un complot contre l'Empire ?

Pao Gao songe un instant à fouiller lui aussi le bureau, mais il ne ferait pas cela à Clarté Compatissante. Il prend congé et se rabat sur le volet social de l'invitation, et la fait parler des invités. Clarté Compatissante cite les habitués, à commencer par la fille du Sabao, la seule personne du milieu négociant admise chez elle. C'est une jeune célibataire très sportive, versée dans l'art équestre. Viennent ensuite les lettrés de la ville, et notamment Coquille Vide, un poète de la vacuité, un bouddhiste. Attention, précise-t-elle, comme tous ceux de sa voie, il peut être très sarcastique et démolir un invité. Enfin, l'ancien conseiller impérial, le comte Zhouqu, sera sûrement invité, mais il n'est pas dit qu'il vienne. L'âge l'a rendu fantasque. Pao Gao prend congé et passe par le temple de la cité pour discuter avec Pureté Généreuse à propos de Coquille Vide. Il craint qu'il ne soit là pour démolir l'épouse du magistrat. La description le rassure partiellement. L'homme a été un lettré de ministère, et c'est là qu'il a fait la connaissance de la poétesse. Il a tout quitté pour diriger un ermitage, où il n'a pas tenu un an. Ensuite, il a erré à travers l'empire en quête d'illumination, et le voilà. Il semble qu'il ne prenne même pas de plaisir à démolir quelqu'un. C'est sa voie, c'est tout. Il dit la vérité crue que personne ne veut entendre, peut-être pas pour éveiller les consciences, ajoute le prêtre, mais pour garder sa conscience éveillée quand tout le monde ment sur ce qu'il est, pour ne pas se laisser prendre soi-même par les apparences.

Pao Gao en sait assez. Il confère avec Maître Jiang, qui veut obtenir quelques compléments pour que Madame Liang soit parfaite à la réception. Si elle brille, elle sera heureuse et l'ambiance de travail ne sera pas la même au Tribunal. Ce dernier retrouve l'organisatrice de la soirée, une servante de la poétesse dénommée Pivoine [décidément !], devant le Ciel penché sur les arbres. Elle vient sûrement de recruter les danseuses et les musiciennes. Il s'enquiert des goûts de l'hôtesse, pour que le cadeau soit adapté, et apprend que la poétesse a le goût du jardin et adore les pivoines. La plus belle se tient devant lui, dit Maître Jiang, mais le compliment est ignoré. Il prend ensuite connaissance du programme : banquet, danses, auxquelles les hôtes seront invités participer, festin, puis bouts rimés, peut-être un feu d'artifice, et bien sûr des surprises. Elle a bon espoir de pouvoir faire en sorte que le dîner ait lieu dehors malgré la pluie.

Il est temps pour eux de faire leur rapport au juge et à Madame Unique.
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