[livres] La Kiki de papier, la Kiki de tous les Kikis ?
- Erwan G
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Re: [livres] La Kiki de papier, la Kiki de tous les Kikis ?
Mouai, m'enfin, les trucs qui se tiennent sont ceux qui sont acceptés par tout le monde ou presque, non ? C'est un peu comme dire "la guerre, c'est pas bien" ou "il faut éviter de trop manger pour ne pas grossir". Ce qui pêche, ce sont ses raisonnements une fois les constats communs posés. On passe du "il faut faire attention à leur utilisation" à "c'est parce que les gens ont trop de temps libre qu'ils consomment des écrans comme des porcs, enfin, les pauvres, quoi, je m'comprends".
On est quasiment dans l'équivalent d'une approche "alternative" de la médecine : on constate un fait difficilement discutable (exemple : une nourriture équilibrée réduit des risques médicaux) pour en arriver à un truc délirant sans aucune justification ou demonstration ;le gluten, c'est le mal, entre autre). Mais sauf que là, il y a une justification comme le dit @Tybalt (le retour).
Je me méfie des "essais" qui pensent comme ceux qui les lisent, que ce soient ceux de gens comme Mona Chollet et Olivier Babeau ou ceux de vrais connaisseurs du domaine mais qui ont un trop grand parti pris.
On est quasiment dans l'équivalent d'une approche "alternative" de la médecine : on constate un fait difficilement discutable (exemple : une nourriture équilibrée réduit des risques médicaux) pour en arriver à un truc délirant sans aucune justification ou demonstration ;le gluten, c'est le mal, entre autre). Mais sauf que là, il y a une justification comme le dit @Tybalt (le retour).
Je me méfie des "essais" qui pensent comme ceux qui les lisent, que ce soient ceux de gens comme Mona Chollet et Olivier Babeau ou ceux de vrais connaisseurs du domaine mais qui ont un trop grand parti pris.
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Re: [livres] La Kiki de papier, la Kiki de tous les Kikis ?
Tybalt (le retour) a écrit : ↑dim. mai 07, 2023 9:46 am Il n'y a vraiment pas moyen de laisser les pauvres tranquilles : d'abord la droite soutient à fond les patrons de grandes entreprises et la pub dont on matraque le petit peuple pour lui faire acheter et utiliser des accessoires informatiques et des jeux vidéo, et ensuite la même droite se permet de trouver que ces braves gens se dévergondent et devraient se remettre au travail. Si ce n'est pas des injonctions paradoxales...
Est-ce la même droite?
La droite libéral, chantre de la croissance, n'a pas la même ligne que la droite réactionnaire, vieille France. le libéralisme, par exemple, peut aussi être critiqué voir méprisé par des "penseurs" classé à droite (Ligne Bernanos, mais aussi Maurras ou, même, De gaulle ).
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Re: [livres] La Kiki de papier, la Kiki de tous les Kikis ?
Harfang2 a écrit : ↑dim. mai 07, 2023 10:17 pmTybalt (le retour) a écrit : ↑dim. mai 07, 2023 9:46 am Il n'y a vraiment pas moyen de laisser les pauvres tranquilles : d'abord la droite soutient à fond les patrons de grandes entreprises et la pub dont on matraque le petit peuple pour lui faire acheter et utiliser des accessoires informatiques et des jeux vidéo, et ensuite la même droite se permet de trouver que ces braves gens se dévergondent et devraient se remettre au travail. Si ce n'est pas des injonctions paradoxales...
Est-ce la même droite?
La droite libéral, chantre de la croissance, n'a pas la même ligne que la droite réactionnaire, vieille France. le libéralisme, par exemple, peut aussi être critiqué voir méprisé par des "penseurs" classé à droite (Ligne Bernanos, mais aussi Maurras ou, même, De gaulle ).
À mes yeux, toute droite, dans la mesure où elle s'aveugle aux inégalités sociales et aux bonnes manières de les résoudre, est, au mieux, conservatrice, et, en général, réactionnaire. Le reste est une question de nuances, de moins en moins nuancées ces dernières années, d'ailleurs, au moins en France. Mais là il faudrait passer dans le fil Actus

Erwan G a écrit : ↑dim. mai 07, 2023 10:05 pmCe qui pêche, ce sont ses raisonnements une fois les constats communs posés. On passe du "il faut faire attention à leur utilisation" à "c'est parce que les gens ont trop de temps libre qu'ils consomment des écrans comme des porcs, enfin, les pauvres, quoi, je m'comprends".
Ta fin de phrase me rappelle un autre livre, pas encore lu mais sur lequel il faut que je remette la main : Ce que les riches pensent des pauvres, par Serge Paugam, Bruno Cousin, Camila Giorgetti et Jules Naudet, paru au Seuil en 2017.
Spoiler:
Le quatrième de couv' :
Les pauvres suscitent-ils aujourd'hui, chez les riches, une répulsion similaire à celle que le peuple inspirait aux bourgeois au XIX siècle ? Autrement dit, les démunis sont-ils encore considérés comme une classe dangereuse, immorale et répugnante ?
En interrogeant le refus de la mixité résidentielle manifesté par les catégories supérieures, telle est la question frontale que pose cet ouvrage, issu d'une grande enquête comparative sur les perceptions de la pauvreté et des inégalités dans les beaux quartiers de trois métropoles : Paris, São Paulo et Delhi. À partir d'entretiens approfondis, il montre que la quête d'entre-soi des habitants des ghettos dorés n'est pas seulement motivée par une recherche de prestige et de qualité de vie, mais également par des représentations des pauvres qui les incitent à s'en protéger. Comment parviennent-ils à justifier leurs stratégies d'évitement et de relégation des catégories défavorisées, ainsi qu'à légitimer l'ordre local qu'ils s'efforcent de perpétuer ? Au-delà de la peur de la criminalité et de l'insalubrité apparaît la crainte des élites d'être en quelque sorte contaminées par des modes de vie jugés culturellement indésirables ou moralement nuisibles.
À travers les mécanismes du séparatisme social, ce sont les conditions de possibilité de la solidarité que cet essai explore.
Mes sites : Kosmos (un jdra sur la mythologie grecque qui a lu les auteurs antiques pour vous) ; blog de lectures ; site d'écriture.
Disclameur : j'ai écrit pour "Casus" et "Jdr Mag".
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Re: [livres] La Kiki de papier, la Kiki de tous les Kikis ?
L'utilité des loisirs, l'aversion aux jeux, la préférence de la lecture / auto-apprentissage, c'est aussi la logique interne des milieux cultivés qui valorisent le goût des études, les professions intellectuelles. Le refus des jeux vidéos, c'est typiquement le message véhiculé par mon père (qu'on peut difficilement traiter de patron).
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Re: [livres] La Kiki de papier, la Kiki de tous les Kikis ?
Le clivage existe, à mon avis, entre divertissement, passer son temps et loisir, utiliser son temps. la ligne de partage des eaux c'est l'acquisition de compétences.Inigin a écrit : ↑lun. mai 08, 2023 8:22 am L'utilité des loisirs, l'aversion aux jeux, la préférence de la lecture / auto-apprentissage, c'est aussi la logique interne des milieux cultivés qui valorisent le goût des études, les professions intellectuelles. Le refus des jeux vidéos, c'est typiquement le message véhiculé par mon père (qu'on peut difficilement traiter de patron).
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Re: [livres] La Kiki de papier, la Kiki de tous les Kikis ?
Sinon, pour changer de livre : j'ai enfin terminé Histoire criminelle des États-Unis.

C'est un gros pavé bien dense qui retrace l'Histoire américaine, depuis le début de la colonisation jusqu'aux années 1970, vu à travers le prisme de la violence et des activités illégales les plus diverses. Si tous les chapitres ne sont pas du même intérêt, on y trouve beaucoup d'informations passionnantes et sortant souvent des affaires les plus connues.
Autant être prévenu à l'avance : les auteurs sont bien engagés à gauche (on pense souvent à Une Histoire populaire des États-Unis, de Howard Zinn). Ils mettent surtout en avant les violences sociales et patronales, et tendent à démontrer que la corruption et la violence inhérentes à la société américaines découlent du capitalisme et de l'esprit de libre entreprise. C'est la mise en valeur de l'initiative et de la réussite personnelle qui a incité les plus puissants à violer impunément la légalité et la morale, sans que cela ne leur soit reproché dans la plupart des cas.
Ce fil rouge qui soutient le livre a pour principal intérêt de sortir les hors-la-loi célèbres de la simple anecdote folklorique où ils étaient souvent cantonnés, pour être intégrés dans une réalité sociale et économique plus vaste. Par exemple, j'ai trouvé passionnant le chapitre sur le Far West, qui ne se contente pas d'aligner les desperados les plus connus et leurs méfaits, mais revient sur des événements historiques moins connus et décrit l'appropriation des terres par des grandes sociétés, source de violences entre grands et petits éleveurs.

C'est un gros pavé bien dense qui retrace l'Histoire américaine, depuis le début de la colonisation jusqu'aux années 1970, vu à travers le prisme de la violence et des activités illégales les plus diverses. Si tous les chapitres ne sont pas du même intérêt, on y trouve beaucoup d'informations passionnantes et sortant souvent des affaires les plus connues.
Autant être prévenu à l'avance : les auteurs sont bien engagés à gauche (on pense souvent à Une Histoire populaire des États-Unis, de Howard Zinn). Ils mettent surtout en avant les violences sociales et patronales, et tendent à démontrer que la corruption et la violence inhérentes à la société américaines découlent du capitalisme et de l'esprit de libre entreprise. C'est la mise en valeur de l'initiative et de la réussite personnelle qui a incité les plus puissants à violer impunément la légalité et la morale, sans que cela ne leur soit reproché dans la plupart des cas.
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Dime Legends et Pack Horse Library, mes jeux sur lulu.com...
...et sur itch.io
Pack Horse Library : des femmes, des livres et des chevaux dans l'Amérique des années 1930 - Un jeu de rôle clé en main.
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Re: [livres] La Kiki de papier, la Kiki de tous les Kikis ?
C'est exactement l'un des sous-textes des Sopranos.Léonard a écrit : ↑lun. mai 08, 2023 11:22 pm
Autant être prévenu à l'avance : les auteurs sont bien engagés à gauche (on pense souvent à Une Histoire populaire des États-Unis, de Howard Zinn). Ils mettent surtout en avant les violences sociales et patronales, et tendent à démontrer que la corruption et la violence inhérentes à la société américaines découlent du capitalisme et de l'esprit de libre entreprise. C'est la mise en valeur de l'initiative et de la réussite personnelle qui a incité les plus puissants à violer impunément la légalité et la morale, sans que cela ne leur soit reproché dans la plupart des cas.
Comme tout le monde tu as sûrement plein de trucs à lire mais ce que tu racontes me fait tellement penser à La Culasse de l'Enfer de Tom Franklin que je me dis que ça serait dommage de ne pas l'invoquer ici.Léonard a écrit : ↑lun. mai 08, 2023 11:22 pm Ce fil rouge qui soutient le livre a pour principal intérêt de sortir les hors-la-loi célèbres de la simple anecdote folklorique où ils étaient souvent cantonnés, pour être intégrés dans une réalité sociale et économique plus vaste. Par exemple, j'ai trouvé passionnant le chapitre sur le Far West, qui ne se contente pas d'aligner les desperados les plus connus et leurs méfaits, mais revient sur des événements historiques moins connus et décrit l'appropriation des terres par des grandes sociétés, source de violences entre grands et petits éleveurs.
Ca se passe pendant les Mitcham Beat Wars dans l'Alabama où des fermiers blancs désormais concurrencés par les Noirs et pressés par les Banques décident de se rebeller. Se crée alors une sorte de KKK local qui cherche à assassiner les capitalistes.
Johan Scipion a écrit : ↑lun. janv. 23, 2017 3:52 pm Ça va être fun, ça va être jeune, et vous allez tous mourir.
Mildendo aka Capitaine Caverne a écrit : Faire du Jdr c'est prendre une voix bizarre et lancer des dés en racontant qu'on tue des gobs.
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Re: [livres] La Kiki de papier, la Kiki de tous les Kikis ?
Orlov a écrit : Comme tout le monde tu as sûrement plein de trucs à lire mais ce que tu racontes me fait tellement penser à La Culasse de l'Enfer de Tom Franklin que je me dis que ça serait dommage de ne pas l'invoquer ici.
Merci pour la référence. Je le note.
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Re: [livres] La Kiki de papier, la Kiki de tous les Kikis ?

Michel Pastoureau
Une histoire symbolique du Moyen-âge occidental
Ayant des amis qui se passionnent pour la lecture des oeuvres du Moyen-âge, notamment les façades de bâtiments religieux, je me suis dit qu'il serait intéressant de pouvoir comprendre un peu mieux. C'est frustrant, en général, de se retrouver devant une façade d'église ou de cathédrale, de trouver cela joli mais de peiner à lire certains passages architecturaux ou picturaux. Je n'avais jamais réellement cherché à approfondir le domaine jusqu'à ce que je lise le livre d'Isabelle Nadolny sur le Tarot, qui fait explicitement référence à ce livre et à un autre qui est sur ma PàL.
Donc, bref, je pensais apprendre énormément sur le sujet. Je suis un peu déçu, parce que j'ai simplement appris beaucoup. L'auteur se livre en effet à des explications sur le sujet (sa vision de médiéviste sur la symbolique et son importance pour l'époque considérée, la difficulté de lire des symboles provenant d'une autre culture, qu'elle nous soient lointaine pour des raisons géographiques ou temporelles), à des analyses de certains symboles (notamment sur le bestiaire médiévale, le passage de l'importance de l'ours et du sanglier à celle du Lion, les couleurs, les cheveux roux, l'héraldique...) qui sont, finalement, ses domaines d'étude. Mais, surtout, il pointe les manques de la recherche sur des domaines précis.
Le livre date de 2004 et je me demande, maintenant, s'il existe des recherches accessibles et compréhensible pour un non initié, de ces domaines (les prénoms, notamment). En tout cas, cela m'a fortement donné envie d'aller plus loin pour mieux comprendre aussi l'art médiéval et la façon dont se lise les images de cette époque. Je ne savais pas qu'il fallait lire les images médiévales par couche et la façon dont s'articulent les couleurs et le fait, évident quand on y réfléchit, que le classement qui est le notre, fondé sur le prisme, ne peut exister avant Newton et que l'on ne crée pas de couleurs par mélange d'autres couleurs. Je vais continuer dans cette découverte.
Le livre ouvre en grand sur le Moyen-âge en général et éclaire aussi l'époque par les évolutions postérieures. C'est donc un outil de vulgarisation qui se clot sur une réflexion : qu'est-ce que le Moyen-âge ? Ce qu'en disent les spécialistes ou plutôt l'image que l'on en perçoit. Michel Pastoureau achève sa réflexion sur une présentation d'Ivanhoé de Walter Scott, pour rappeler que même s'il est de pacotille, tout outil est intéressant pour donner envie de découvrir et d'explorer cette période.
Je termine ce livre sur une question de rôliste. Je lis ce genre de livre pour ma culture, par intérêt personnel (j'ai toujours été faciné par le Moyen-âge, comme bon nombre de rôlistes je pense, d'ailleurs j'ai un certain nombre de potes qui ont fait des études d'histoire médiévales qui ont fait partie de mes tables) et pour pouvoir jouer dans Hârn. J'ai une grande interrogation sur un point dans Hârn que je n'arrive pas à gérer ou à percevoir : celui des clans. D'après Pastoureau, c'est un phénomène existant à travers tout le Moyen-âge occidental, mais c'est une notion que je ne comprends ni ne maîtrise, alors qu'elle a l'air assez évidente à nos amis anglo-saxons. Existe-t-il un livre sur le sujet ? Le seul que j'ai trouvé date de 1974 et je me demande si, en 50 ans, il n'y a pas eu d'évolution sur le concept.
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Re: [livres] La Kiki de papier, la Kiki de tous les Kikis ?

Rama II
Arthur C. Clark
A un moment donné de sa vie, notre bon vieil Arthur n'en a plus rien eu à carrer de rien. Il vivait visiblement au Sri Lanka, avait assez de pognon pour vivre sa vie comme il le souhaitait et il s'est dit :
" - ah, on me critique parce que mes livres ne sont que des suites d'événements factuels sans émotion ni tension dramatique ? Certains de mes livres sont considérés comme impudiques et bannis des bibliothèques scolaires ? Bin, tiens, je vais leur en donner, moi, de l'émotion, de la tension dramatique, du sexe et des trucs qui vont faire faire pipi dans leur couche à ces vieux conservateurs aigris. Bon, alors, qu'est ce que je peux faire ?"
A ce moment là, il a quelques idées et il rencontre un autre auteur, un mec inconnu avant et après, dont le nom ne figure même pas vraiment sur les couvertures des livres auxquels il participe, mais qui connait Shakespear et l'histoire de France, en plus de la physique. Ils discutent et là, Arthur se dit :
"- Put***, il est trop bon ce mec. Il me donne plein d'idées. J'avais déjà pensé à mettre une femme en personnage principal, une noire, juste pour faire chier les vieux réac. Mais si en plus, elle est à moitié française et qu'on dit que c'est une grande scientifique, là, je vais faire chier du monde. Son père, il écrirait des livres sur la marotte de Machin, là, Aliénor d'Aquitaine. Je sais pas qui c'est, elle n'est pas dans l'espace, mais ça fait cultivé. Le père de la noire, il écrirait des livres sur elle. Et puis, il est rigolo, machin. Il arrête pas de vouloir me parler de l'homosexualité de Richard Coeur de Lion. Ca serait bien, un personnage homo. Pas que ça m'intéresse, hein ? Mais ça ferait chier les vieux. Surtout si l'homo est un personnage connu comme Richard Coeur de Lion. Hé, mais le père de l'autre noire, là, il pourrait écrire sur lui comme ça on pourrait l'écrire plusieurs fois : Richard l'est homo ! Richard, l'est homo !
Bon, puis comme elle est noire, elle est à moitié africaine parce que, bon, les français, ils fricotent toujours avec l'Afrique. Je sais pas de quoi il me parle, l'autre, là, avec sa guyane et sa réunion. Guyane, ça fait nom d'astéroïde et les réunions, ça m'emmerde. Bon, on sait que les africains, ils sont fumés. Ils prennent des drogues, font de la magie, alors mon personnage, il héritera de cela. Y'aura un vieux, parce que c'est mystérieux, les vieux. Il viendra lui donner des messages sibyllins. Ca veut dire des messages que je pense que personne ne comprends sauf le romancier génial que je suis. Et puis, elle fera une initiation zarb, dans la jungle, avec des animaux, parce qu'on se plaint que je ne fais que des trucs dans l'espace. Mais c'est bien, l'espace, c'est pour les gens construits, intelligents, scientifiques, pas les abrutis qui prennent des drogues et qui font des rêves. Oui, mais ça vend et puis des trucs religieux mais pas chrétiens, ça fait chier les vieux conservateurs. Tiens, je vais mettre un chrétien aussi, mais un catholique, ça va bien les faire chier."
Alors, il envoie ses idées au mec qui n'a jamais écrit de livres, mais qui a déjà été son nègre sur un livre précédent.
"- Il peut pas faire une phrase sans citer Shakespear. Non, sérieux, c'est moi ou c'est abusé ? Bon, je vais lui faire plaisir, je vais lui mettre un ingénieur top de chez top, qui sait faire tout comme mes héros, mais pour faire plaisir à l'autre niais, là, je vais en faire un fan de shakespear. Et il fabriquera de petits automates qui réciteront du Shakespear, comme ça, je pourrais caser toutes les citations de l'autre naze. Ah, c'est plus facile à écrire, un roman comme ça.
Bon, pour le fond, c'est simple, on va mettre comme la dernière fois, hein, mais en différent. L'autre, il a l'idée de faire une sorte de "trileur psychologique". Je vois pas le rapport avec Michael Jakson, mais bon. Il y aurait des morts, on recentrerait l'exploration de Rama sur les héros que j'aime bien. Il me dit qu'il faut aussi des méchants. On va mettre un scientifique frustré et voleur de travaux, et puis une salope. Elle serait journaliste. Et italienne. Ca fait fantasmer, les italiennes. Tiens, elle serait tellement salope qu'elle coucherait avec tout le monde. Et puis elle avorterait. Oh, oui ! Ca, ça fera bien chier les vieux, là. Et elle s'en foutrait. Bon, je dois calmer l'autre, il veut mettre des scènes de sexe, la bête à deux dos, tout ça. Mais faut pas déconner non plus, hein ? Ils baisent, mais on laisse ça à l'imagination des lecteurs, parce que, bon, je ne vois pas ce qu'il y a d'intéressant là dedans. C'est fatigant, c'est sale et ça se fait dans le noir, je ne comprend pas pourquoi tout le monde ne pense qu'à ça."
Donc, on se retrouve dans un vieux pot, mais un peu comme si on avait pris un vieux compotier mal lavé pour faire un boeuf bourguignon. Au final, ça donne un boeuf bourguignon goût fraise abricot et on a un peu du mal à le digérer. Les personnages sont archétypaux. Rien de ce qu'ils sont, font ou disent n'a d'intérêt. Les meuchants sont très meuchants. Les gentils sont vraiment très très intelligents, mais gentils, même s'ils ont des croyances bizarres dans les rêves ou dans le Pape. On explique pourquoi on n'a pas progressé tellement depuis le premier livre, 15 ans plus tôt, mais on se dit que ça doit être classe d'avoir des ordinateurs de poche. On abuse du slogan "la technologie très avancé parait de la magie" pour que tout soit magique, à tous les niveaux. On trouve de nouveaux "mystères" mais qui sont aussi intéressant qu'une émission de Michel Drucker. Et puis, comme on a prévu avec son pote de faire deux autres livres après celui là, bin, on fait pas vraiment de fin, hein, comme ça, on peut enchainer directement sur le troisième.
Bref, je pense qu'il a bien réussi à faire chier les vieux conservateurs, mais pas que. Le premier était déjà pénible, le deuxième est une gageure. Je vous avoue : ceux qui avez lu ces livres sur du papier, vous qui estimez que c'est une oeuvre de SF majeure, je vous admire. Je ne vous comprends pas, mais je vous admire. M'enfin, chacun ses goûts. Par exemple, moi, contrairement à vous, je pense que se coincer les doigts en fermant une porte n'est pas une forme de plaisir. Mais, hein, les goûts et tout ça.
Mention spéciale au lecteur qui se fait tellement chier à lire ce livre qu'il se décide à contrefaire des voix de façon chaque fois plus ridicule. Je regrette presque qu'il n'ait pas fait un accent à la Michel Leeb pour le vieil africain, histoire d'aller au bout de son délire, parce que tout le reste y est, à commencer par des voix ridicules pour les femmes. D'où une question que je me pose : pourquoi tous les livres audios que j'ai écoutés sont-ils lus par des hommes ? Les femmes font moins de voix nulles que les hommes ?
Bref, je n'ai pas aimé. Mais vraiment, vraiment pas. Le premier avait son charme, un peu comme gratter la croute d'une plaie pour être surpris de voir le sang couler à nouveau mais retrouver la douleur initiale sous une forme atténuée. Si je devais comparer ce deuxième tome à un plaisir, je reviendrais sur cette plaie, mais à coup de ponceuse et de vinaigre d'alcool : non seulement ça fait mal, mais en plus ça pue.
Bin, là, c'est pareil.
Ne comptez pas sur moi pour m'infliger les deux derniers tomes. Je crois que je préfère passer mes dimanches après midi sur des rediffusions des émissions de Michel Durcker.
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Erwan G a écrit : ↑mer. mai 10, 2023 10:11 amJ'ai une grande interrogation sur un point dans Hârn que je n'arrive pas à gérer ou à percevoir : celui des clans. D'après Pastoureau, c'est un phénomène existant à travers tout le Moyen-âge occidental, mais c'est une notion que je ne comprends ni ne maîtrise, alors qu'elle a l'air assez évidente à nos amis anglo-saxons. Existe-t-il un livre sur le sujet ? Le seul que j'ai trouvé date de 1974 et je me demande si, en 50 ans, il n'y a pas eu d'évolution sur le concept.
Retour tres interessant, je vais acheter merci !
Pour le system des clans je n'ai pas de livre précis à te conseiller mais ici au Canada c'est les coeur de la culture autochtone : il regule les affaires matrimoniales, les echanges economiques, les syteme politique et judiciaire etc.
Peut etre en cherchant des livres sur les clans dans les cultures autochtones tu peux avoir une bonne idée du systeme...
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Erwan G a écrit : ↑jeu. mai 11, 2023 6:27 pm (et tout le reste)
Mention spéciale au lecteur qui se fait tellement chier à lire ce livre qu'il se décide à contrefaire des voix de façon chaque fois plus ridicule. Je regrette presque qu'il n'ait pas fait un accent à la Michel Leeb pour le vieil africain, histoire d'aller au bout de son délire, parce que tout le reste y est, à commencer par des voix ridicules pour les femmes. D'où une question que je me pose : pourquoi tous les livres audios que j'ai écoutés sont-ils lus par des hommes ? Les femmes font moins de voix nulles que les hommes ?
Bref, je n'ai pas aimé. Mais vraiment, vraiment pas. Le premier avait son charme, un peu comme gratter la croute d'une plaie pour être surpris de voir le sang couler à nouveau mais retrouver la douleur initiale sous une forme atténuée. Si je devais comparer ce deuxième tome à un plaisir, je reviendrais sur cette plaie, mais à coup de ponceuse et de vinaigre d'alcool : non seulement ça fait mal, mais en plus ça pue.
Bin, là, c'est pareil.
Ne comptez pas sur moi pour m'infliger les deux derniers tomes. Je crois que je préfère passer mes dimanches après midi sur des rediffusions des émissions de Michel Durcker.

Bon, j'avais pas l'intention de lire mais là, juste, même si je le trouve à la benne, j'éviterais.
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Re: [livres] La Kiki de papier, la Kiki de tous les Kikis ?
Salut les gens qui lisent !
Je viens vous parler d'un livre post-apo (lente) sorti récemment chez Pocket : Symphonie atomique. L'auteur, biologiste, choisi le scenario le plus pessimiste (et encore) du dérèglement climatique et y ajoute un volet géopolitique. Le sens du rythme et la construction en font un roman particulièrement difficile à lâcher, mais qui laisse peu de place à l'optimisme (quoique...). En prime, une ITW de l'auteur et un exemplaire dédicacé à gagner.
La chronique et l'interview.
Merci
Je viens vous parler d'un livre post-apo (lente) sorti récemment chez Pocket : Symphonie atomique. L'auteur, biologiste, choisi le scenario le plus pessimiste (et encore) du dérèglement climatique et y ajoute un volet géopolitique. Le sens du rythme et la construction en font un roman particulièrement difficile à lâcher, mais qui laisse peu de place à l'optimisme (quoique...). En prime, une ITW de l'auteur et un exemplaire dédicacé à gagner.
La chronique et l'interview.
Merci

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La pluie de néon, de James Lee Burke.
C'est la première enquête de Dave Robicheaux.
À la veille se faire exécuter, un condamné à mort révèle à notre policier qu'un gang de Colombiens aurait mis sa tête à prix. Et Dave, il n'est pas du genre à s'en laisser compter, alors il va fouiller la merde jusqu'à ce qu'il nage dedans.
Et je n'ai pas aimé ce livre. Il est poisseux, le mot en N m'a saisi plusieurs fois, les migrants d'Amérique du sud y sont moqués pour leur couleur de peau ou leur cheveux gominés... J'ai bien conscience que la Louisiane est une autre réalité raciale que mon référentiel, mais j'ai été souvent mal à l'aise. Et qui pis est, Dave Robicheaux n'est pas sympathique. Son patron n'arrête pas de dire que c'est un bon flic, mais je peine à comprendre pourquoi tant il fait des trucs de travers. La lutte contre l'alcoolisme, le PTSD du Viet Nam... c'était sans doute hyper neuf à l'époque (1987) mais aujourd'hui ça fait cliché. Idem pour la fille dont il tombe amoureux : on aura connu plus crédible tellement il y a des redflags dès leur première rencontre.
Bref, je ne pense pas continuer la série, mais au moins j'ai goutté avant de dire que je n'aime pas.
- vivien
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Re: [livres] La Kiki de papier, la Kiki de tous les Kikis ?
Tiens ça me donne bien envie de le lire.
ok on a rien a se dire, mais on a tout le temps de trouver!