Quelques visionnages récents :
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L'Événement (Audrey Diwan, 2021) : 1963. Anne, étudiante en lettres, se retrouve enceinte. Elle ne veut pas garder l'enfant mais à cette époque l'avortement est illégal. Commence alors un véritable compte à rebours pour qu'Anne puisse choisir sa vie.
C'est l'adaptation d'un très bon roman autobiographique d'Annie Ernaux, qui a depuis reçu le prix Nobel de littérature. J'avais un peu peur en démarrant le film, refroidi que j'étais par la précédente œuvre de la réalisatrice, le très mauvais
Mais vous êtes fous. Ma peur s'est vite dissipée,
L'Événement est très réussi. On suit semaine par semaine le parcours du combattant d'Anne, qui veut seulement continuer ses études et devenir enseignante. Les lois et les opinions de l'époque étant ce qu'elles sont, elle se retrouve vite seule et doit envisager des solutions illégales et risquées. Ses déceptions, ses peurs, ses douleurs, ses espoirs, on subit tout avec elle, la caméra constamment proche, souvent par dessus son épaule.
L'actrice principale, que je n'avais jamais vue ailleurs, est incroyable dans le rôle : l'intensité et la dureté du regard, les mâchoires serrées (je lui ai trouvé un petit quelque chose d'Adèle Haenel), on ressent la volonté sans faille de cette jeune femme dans une société qui ne veut rien faire pour elle.
Une petite précision : le film n'est pas sanglant, loin de là, mais il y a quand même quelques scènes assez dures dans lesquelles la douleur d'Anne est montrée sans fard, ça peut gêner certaines personnes.
Un très bon film donc. J'espère revoir bientôt l'actrice Anamaria Vartolomei et j'ai repris confiance en Audrey Diwan, que j'attends au tournant sur son prochain projet qui semble sorti d'une partie de Kamoulox : une nouvelle adaptation du roman érotique
Emmanuelle, co-réalisé avec Rebecca Zlotowski (
Une fille facile,
Les Enfants des autres,
Planetarium...), avec Noémie Merlant dans le rôle titre !
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Frankenstein rencontre le loup-garou (Roy William Neill, 1943) : Lawrence Talbot, qui continue à se transformer en loup-garou les nuits de pleine lune, part à la recherche du docteur Frankenstein, qui serait susceptible de l'aider à se débarrasser de sa malédiction. Plutôt que sur le créateur, il va tomber sur la créature...
Au début des années 30, après les succès du
Frankenstein de James Whale et du
Dracula de Tod Browning, la Universal comprend qu'il y a du pognon à se faire avec les monstres. On a droit à des suites comme
La Fiancée de Frankenstein en 1935, à un développement du bestiaire (
La Momie en 1932,
L'Homme invisible en 1933...), puis, évidemment, les divers monstres finissent par se rencontrer. Et donc, en 1943 sort dans les salles
Frankenstein rencontre le loup-garou, parfois considéré comme le premier crossover cinématographique.
Elle est très sympa cette rencontre entre monstres, pour peu qu'on soit pas allergique au délire
Universal Monsters. Lon Chaney Jr. reprend le rôle de Lawrence Talbot qu'il avait tenu dans
Le Loup-garou deux ans plus tôt, et c'est Bela Lugosi qui se cache sous le maquillage du monstre de Frankenstein. Le scénario est bien sûr un prétexte pour que les deux bestioles puissent se rencontrer et se taper dessus mais c'est très rythmé et il y a quelques jolies séquences : la "résurrection" de Talbot dans le caveau familial, la découverte de la créature enfermée dans la glace, l'expérience finale suivie du combat et de la destruction du barrage...
-Toujours du loup-garou avec
Vikingulven (Stig Svendsen, 2022) : Thale, une lycéenne qui vient d'emménager dans une petite ville de Norvège, est agressée dans la forêt par une créature qu'elle n'a pas le temps de voir. Elle commence à avoir des visions étranges et des désirs bestiaux.
Un film de loup-garou norvégien, numéro 1 du top de Netflix ? Allez, pourquoi pas. Bof bof bof. C'est très très moyen tout ça. C'est même pas que c'est mauvais, c'est juste que tout est absolument sans surprises, tout est déjà vu et revu cent fois. Les personnages sont des archétypes (la lycéenne rebelle, le beau père qui essaie de faire des efforts, le vieux fou que personne ne croit, le scientifique un peu décalé, etc) et le scénario est extrêmement balisé. Si vous avez déjà vu/lu une histoire de loup-garou dans votre vie, vous comprendrez tout ce qui se passe bien avant les protagonistes. Je sauve le design des monstres, plutôt joli même si là aussi très (trop) classique, et le jeu halluciné de l'actrice principale, tout en grognements, en gloussements de cinglée et en regard illuminé.
On va dire que ça passe pour un dimanche de gueule de bois à glander devant la télé. Le film n'est pas détestable, il est juste ennuyeux. C'est dommage, à des moments on se dit qu'il aurait suffit de pas grand chose pour que ça soit un bon petit film d'horreur.
