[CR] Le Bestiaire

Critiques de Jeu, Comptes rendus et retour d'expérience
Schmill
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Re: [CR] Le Bestiaire

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🐰 Tout ému, Gaston prend congé du Scriptorium pour rejoindre la salle haute, où un nouveau banquet va commencer. Célestin, Barthélémy et Fulbert commence alors à arguer de la suite. La moniale laisse les deux compères pour aller coucher Chouquette dans leurs communs, et lui invente une historiette d’escargots qui parlent pour l’aider à s’endormir.

Isidore s’éclipse de la garde du dominicain et tout le petit groupe se retrouve dans la cour du château. Frère Barthélémy, éreinté par ces journées d’enquête, décide de se faire un petit remontant, et ramasse un tas de feuilles mortes dans le jardin, qu’il tartine généreusement de son foujou . Il utilise là un pouvoir acquis précédemment au dépens du Homard, réputé manger n’importe quoi, et qui lui permet de regagner un peu de sa fatigue.

Isidore raconte sa confession, et s’inquiète de l’intérêt du Père Jules. Ce dernier dominicain semble un exalté de premier ordre, et tient apparemment sous son regard inquisiteur le loufoque ordre de Saint-Luc. Pour se protéger de sa curiosité, les frères imaginent créer un livre de recettes pour imiter le Bestiaire, au cas où il souffrirait une investigation détaillée. Mais cela devra attendre de rentrer à l’abbaye.

La petite délégation, satisfaite de l’échange, décide de remonter dans la salle haute pour continuer ses investigations - et profiter de la bonne chair offerte par la baronne. Mais si cochon de lait et pâté croûtes défilent sur de riches plateaux d’argent, ils ne pourront guère y goûter. Prévenant, et soucieux du respect des jours de chair maigre, le père Jules leur a fait servir un infâme brouet clair.

Malgré la déconvenue, l’équipe se prépare au plus important : interroger Gaston sur Clotilde et le Lyon, maintenant que le chevalier leur est reconnaissant. Profitant d’un instant où le preux s’isole pour faire les 400 pas devant la cheminée, ils l’abordent et commencent à le questionner. Le frère Fulbert glisse même dans ses questions le mot de “connin” et, aussitôt, le charme féerique qui couvrait Gaston s’estompe, pour laisser place à un fort beau lapin.

Les membres du Scriptorium se rendent alors compte qu’ils l’ont déjà vu par le passé, à l’auberge des Trois Faisans lors d’une fête organisée par la grande Jacasse. Gaston lui-même ne semble pas décontenancé par la tournure des évènements, et semble garder quelques cartes dans la manche…

Le Scriptorium ne manque pas de le lancer sur le sujet du Lyon, ce qui courrouce fortement le connin. Le grand félin ne fut-il pas le meilleur d’entre eux ? Ne devait-il pas donner l’exemple ?
Jadis seigneur noble auprès de sa dame, il est désormais une bête féroce en proie à des crises de colère et de bestialité. Mutilé par l’amnésie infligée par la Dame, il est hors de contrôle. Comment a-t’il pu en arriver là ?
Au début, ils régnaient tous deux sur une cour de féérie jusqu’au moment où, drapée dans ses rémiges chatoyantes, la grande Jacasse vint à séduire le Lyon et l’éloigner de la Dame. Gaston fût le témoin amer de leur jeu de la cuisse, qu’il ne tarda pas à confesser à sa maîtresse. Folle de chagrin, furieuse, elle décida de tisser les mémoires de leur vie commune et la coquinerie de la Jacasse, pour les piéger à tout jamais dans la chaîne et la trame.
Ainsi, bien qu’elle ait perdu les émotions de ces moments douloureux, elle les conserve dans ses tapisseries. La peine est partie, et seules restent accrochées aux murs ces images d’une histoire qui fut la sienne et semblent maintenant celle d’une étrangère.
Malgré cela le Lyon commença à commettre des forfaits à cause de la douleur de l’oubli, et bientôt la Dame fut ravie d’aller en “Vulgairie” à l’occasion du Grand Jaillissement. Hélas le Lyon la suivit lorsque les portes s’ouvrirent vers l’autre monde.

Lors de l’échange qui suit, plusieurs informations fusent. Gaston ne serait pas contre une action du Scriptorium à l’égard du Lyon. Celui-ci est une Majeure très puissante, dangereuse pour quiconque ne peut régénérer après avoir été coupé en deux… ce qui semble le cas des étranges humains de Vulgairie. Le seul point faible du Lyon serait sa fascination pour la Dame.
Le lapin passionné des romans arthuriens met également le Scriptorium en garde contre toute envie de l’enluminer : il garde une tapisserie des moines, très ancienne… qui concerne l’abbé et notre abbesse.

Au terme de leur discussion, Gaston de Cerfeuil accepte d’organiser une entrevue avec sa Dame du moment que les moines jurent de ne pas tenter de l’illuminer. Sœur Célestine s’y refuse et préfère jouer du luth, trop partagée entre ses serments et l’apparente loyauté du lapin. Frère Isidore s’empresse d’écrire les dernières nouvelles dans son journal afin de ne pas risquer de les oublier…

La fin du repas approche, et Gaston vient chercher ceux qui lui ont juré de se tenir pendant l’entrevue. Il les guide ensuite vers l’aile Est du château et, arrivé devant la porte de Clotilde, se tourne face au mur avant de s’avancer d’un pas ferme vers une tapisserie, dans laquelle il disparaît sous le regard surpris des moines.

Le tissu figure une grande porte antique à double battant, cernée de chèvrefeuille fleuri. Les trois moines se signent et sautent dans la tapisserie à la suite du Lapin, sous l’œil surpris de Sœur Célestine, qui les observaient du coin du couloir.

Le monde tremble, ondule, et se déroule de haut en bas comme le feraient mille tapisseries qu’on suspendrait depuis les murailles. Le sol est couvert de trames ondoyantes, imitant les carreaux de la grande salle du château. Il n’y a guère de murs ou de plafonds, mais des montagnes de tissus chatoyants, des rivières de galons dorés et des fontaines de laine aussi bleu que le ciel. Des fuseaux géants ont jailli du sol tels une forêt, alors qu’étranges métiers à tisser se déplacent sur quatre pattes de bois, tirant du sol de longs fils qui s’enroulent sur leurs chassis.
Tes propres mains sont tissées, faites de fils de trames s’enroulant autour de fils de chaîne, courant et s’entrelaçant en une armure de tissus complexes. Il n’est rien qui ne soit tissé, rien qui ne soit filé, rien qui n’éclate en couleurs claires et le monde entier est la plus incroyable des tapisseries.
Tendre la main, c’est se rendre compte que la vallée ondoyante qui s’étendait devant toi n’est qu’à quelques centimètres, et qu’elle n’est qu’un improbable rideau tombant d’un ciel confus. Derrière c’est un tout nouveau paysage qui s’annonce, un épais buisson de pelotes et de fils, un hallier de peignes et de barres de lisse, un plessis de fils de chaîne. Tel est le royaume de la Dame
.”
Surprise, Célestine décide de profiter du calme pour fouiller la chambre de Clotilde mais…celle-ci est fermée à clé.
Schmill
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[Petit point règles en début de partie : trois des membres du Scriptorium sont entrés dans une tapisserie. Toutes les épreuves de Gueules et Sinople peuvent y être franchies avec Azur, pour représenter le fait que la compréhension de la trame y est cruciale.]

Bercés d’illusions tramées, drapés dans des histoires inconnues, le dernier voile s’efface devant le Scriptorium pour révéler un nouvel espace.
Ses limites sont ondoyantes, tapissées de forêts de cocagne et de châteaux de contes de fées. Le sol s’y dresse en collines tissées, en plateaux et en pics, et pourtant… sous ses formes vous devinez le lit, les coffres, la chaise de la chambre de Clotilde, magnifiées ou révélées sous cette apparence, en une étonnante image miroir du château.

Elle est là, bien sûr, semblable à elle-même, assise sur sa chaise, l’aiguille à la main, le cercle à broder dans une autre. Elle est aussi toute autre. Car, malgré son calme et sa pose presque minérale, sa taille semble bien plus imposante et sa présence est incontournable,.

La pièce elle-même vit autour. Un carrousel de minuscules personnages vêtus de robes bleues court en tout sens autour de ses jupons, charriant des tombereaux de laines, les filant en pelote, ou les transportant en trébuchant vers un des murs de la pièce.

Gaston s’arrête au pied de son trône, et se retourne vers les moines avant d’annoncer cérémonieusement :

“Dame Laudine !”


C’est un défilé de pelotes et de trames. Le monde est un sanctuaire en deux dimensions, dont la Dame est le centre. Devant les frères Fulbert, Barthélémy et Isidore, elle déclare les reçevoir grâce à plusieurs de leurs actions : avoir enluminé la Grande Jacasse, aider Gaston, et la recommandation de ce dernier. Réfugié en Vulgairie, elle souhaiterait un monde meilleur, et selon elle, si la ville est aussi insouciante c’est parce qu’elle vit dans l’oubli grâce à elle. Elle revendique les amnésies, pour le bien de tous : Brunilde, qui ne pleure pas son fiancée, les gens réfugiés de l’auberge des trois corbins, paysans et marchands molestés…
Elle affirme que le Lyon ne peut être vaincu. Et pour elle il est impossible de rendre ses souvenirs à Lyon sans recouvrer elle-même les douloureux souvenirs qu’elle s’efforce d’oblitérer. Et le pardon de sa trahison et de cette gourgandine de Jacasse n’est pas une option. Frère Fulbert tente de la convaincre en vain de ne pas se réfugier dans le déni mais, en tension, elle se refuse à toucher aux tapisseries de ses souvenirs.
« Ce que j’ai brodé, je n’en déferai pas le fil. » affirme t’elle, alors que les couleurs des tapisseries autour s’assombrissent et que son ombre semble s’allonger.

Pendant ce temps, Sœur Célestine se trouve face à la porte de Dame Clotilde, au sein du véritable château. Déterminée, elle en crochète la serrure à l’aide d’une aiguille à chignon, et s’empresse de fouiner dans l’immense amas de pelotes, de draperies et de broderies accumulées dans la chambre de Clotilde. Elle fouine, et exhume bientôt… une carotte à moitié rongée a été oubliée sous un des tapis. Puis viennent deux mouchoirs brodés représentant l’un Jeanne, l’autre Humbert, les valets qui avaient perdus leurs mémoires. Sur le tissu ils semblent surprendre dame Clotilde en train de pénétrer dans une tapisserie.
Elle trouve enfin deux cheveux blonds posés sur une table… ceux de Dame Béatritz peut-être ? Mais voilà Jeanne, la femme de chambre, fait son apparition, et demande à la sœur ce qu’elle fait ici… Célestine improvise l’excuse d’un mouchoir oublié, et continue sa fouille. La femme de chambre part de la pièce en fulminant.
Soeur Célestine continue sa recherche et déloge une minuscule marginalia, une petite brodeuse qui s’enfuit en courant - mais déjà des bruits de pas résonnent dans les couloirs et, en hâte, la moniale décide de brûler les mouchoirs de Jeanne et Humbert dans un brasero. Elle se retrouve aussitôt nez à nez avec l’intendante en chef furieuse, qui se promet d’en parler à la baronne.

Pendant ce temps la Dame, qui a annoncé vouloir prendre le temps de la réflexion, congédie les trois moines. A peine les rideaux s’écartent-ils que de la fumée s’échappent des mouchoirs de Jeanne et Humbert, posés sur l’accoudoir du trône de la Dame. Ils sont ici et là-bas… La Dame explose de colère en comprenant qu’on brûle son ouvrage, et le monde entier, fait de tissu, vibre, roule et rugit en une énorme vague qui expulse les moines manu militari de sa tapisserie.

Ils se retrouvent dans le couloir, non sans quelques contusions, bientôt suivi de la Majeure et de Gaston, interloqué. Le chevalier de Garenne invite les moines à reprendre la conversation plus tard : « La Dame déteste qu’on touche à ses œuvres ! ».

De son côté, alors que Célestine retournait dans ses quartiers, elle entend un cri. Jeanne est tombée à genoux en se tenant la tête, confuse, au milieu de la salle haute et des derniers convives. La moniale s’approche d’elle, malgré les avertissements de l’intendante, et entend des bribes de mots …Jeanne semble avoir recouvré la mémoire de ses instants perdus. Sœur Célestine a donc trouvé le moyen de rendre les souvenirs aux amnésiques.
Sur ces faits les frères et la sœur se retrouvent et échangent leurs informations. Ils se rendent compte que le chateau entier est rempli de tapisseries auxquelles ils n’ont encore guère prêté attention. Ils décident d’en établir l’inventaire.

Dans la salle haute se trouvent ainsi : les armoiries de Sifflemerle, une scène de chasse à courre et un duel entre un Lyon et un chevalier… qui rappelle le souvenir perdu de Dame Brunilde (ils notent aussi la présence d’un petit escargot-moine dans le décor). Dans la salle basse, c’est une tapisserie d’une annonciation à Marie. Une autre montre trois dames bien habillées visitant un hospice, une oie pinçant les fesses de l’une d’elle. Dans les communs Est, une tapisserie dépeint une scène de vendange. Il reste d’autres pièces, mais elles ne sont pas encore accessibles - ce sera pour un autre jour.

La petite congrégation se retire dans ses quartiers et prie avant d’aller se coucher.
Au chant du coq et alors que la maisonnée s’éveille, commence la dernière journée du tournoi des trois merles. Ce sera l’épreuve reine, la mêlée, suivie d’une cérémonie du pardon le soir, une messe qui doit permettre d’absoudre les nombreux péchés de ces jours de violence et d’excès.
Enfin le soir venu, la ville fera la fête et des spectacles sont prévus au château. Le Scriptorium pressent que la fin du tournoi pourrait bien marquer un tournant, et décide de se hâter. Ils vérifieront les tapisseries des salles suivantes : la salle de garde, ainsi que les chambres (à commencer par Dame Estelle). Ils veulent aussi localiser le repaire de Lyon, trouver un moyen de le mettre en présence de Laudine, et trouver la tapisserie qui renferme leurs mauvais souvenirs… un programme chargé pour un dénouement proche.
Schmill
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Chrétienne, l’intendante du château, vient trouver le Scriptorium à la sortie a la porte des communs, les poings sur les hanches : frère Fulbert et Célestine sont convoqués par la baronne pour lui évoquer les évènements de la veille.
Ils sont menés tous deux à la chambre seigneuriale. Un lit à courtine carmin, des rideaux qui cachent une bassine de laiton et de larges coffres couverts de coussins habillent la pièce au sol vernissé. La baronne est là, sur une grande chaise, ses lévriers à ses pieds, à prendre un rafraîchissement. Elle interroge posément Célestine sur la raison de sa présence dans la chambre de sa cousine, dont elle a été informée par son intendante. La sœur explique que c’est là le résultat de son invitation, car elle enquête partout. La baronne n’est alors pas sans lui rappeler que l’on parle de sa cousine, de son sang et de son toit. Célestine, comme démonstration, souhaite brûler des tapisseries qui seraient la cause de l’amnésie collective… ce qui ne convainc pas la baronne.

Toutefois, durant l’entretien, frère Fulbert détaille la chambre de la baronne et y trouve une tapisserie intéressante : un pays de cocagne, avec un verger et une rivière, ornée d’une large fontaine devant laquelle se trouve un couple. Un grand lion y embrasse passionnément une dame de sable et d’argent.

Pendant ce temps, les deux compères Barthélémy et Isidore, poursuivent leur enquête de la veille pour inventorier les tapisseries du château. Dans la salle des gardes, c’est l’heure du petit-déjeuner. Le sergent Marcian et quelques habitants de corvée sont en train de se tailler une petite tranche avant de commencer leur journée. Se faisant passer pour des érudits passionnés de tissage, ils découvrent une grande tapisserie représentant une scène : non loin de l’esperluette, des roseaux et des crapauds, alors qu’un lion anthropomorphe et ses soldats boutent le feu à une grande maison en feu. Des gens fuient ci et là. Frère Barthélémy coupe discrètement quelques fils de la tapisserie… puis s’étonne à voix forte qu’une telle œuvre soit abimée. Frère Isidore abonde dans son sens en arguant qu’il faut la renvoyer à l’atelier. Ils ramènent la tapisserie jusqu’à leur chambre, devant des gardes confus.

Les trois frères et la sœur se retrouvent dans les communs et discutent de la marche à suivre. Sœur Célestine montre la tapisserie récupérée plus tôt à Chouquette. Quand l’image de l’auberge est enfin révélée, elle regarde avec intensité, puis fait quelques petits pas de danse avant de cesser. Elle reste mutique.

Le Scriptorium veut continuer de récolter le maximum d’indices et de tapisseries, et décident de rendre visite à Dame Estelle. Sur le chemin, ils aperçoivent Jeanne alitée, une vieille femme à son chevet. Il semble que depuis la veille sa situation ne s’arrange pas.
Le groupe arrive au sommet de la tour Est, où loge dame Estelle. Derrière sa porte colorée de cires, de figures pieuses et de signes astrologiques, la sœur de la baronne est aux prises avec une couturière qui prend ses mensurations. Au cours de la conversation le Scriptorium comprend que l’astrologue semble voir comme eux les marginalia. Quand Fulbert lui demande si elle pense à d’autres personnes que Gaston, elle fait une référence subtile à Dame Clotilde, et avance que c’est à Béatritz qu’il faudrait plutôt en parler, car elle en est plus proche. Pendant ce temps Isidore inspecte les lieux et découvre une tapisserie qui dépeint les rois mages, mais ne semble pas particulièrement étrange.

Suivant l’entretien, Sœur Célestine, accompagnée de Frère Fulbert, décide de rendre visite à Dame Béatritz. Après tout deux cheveux blonds avaient également été découvert dans la chambre de Clotilde, et pourraient bien lui appartenir, confirmant le récit d’Estelle.
Hélas, devant sa porte, un novice de l’ordre des dominicains surveille les alentours. En effet, Mgr Orderic avait clairement défendu au Scriptorium de s’approcher de sa sœur, et mandater le père Jules pour s’en assurer. Au sommet de son art, Frère Fulbert décide de le barbifier pour laisser le champ libre à Sœur Célestine. Alors que le novice surveille le circateur de Saint-Luc avec un air investi, elle se glisse à pas feutrés dans la chambre de la trobaitritz. Le pauvre novice connaît alors le terrible tourment que d’entendre le verbe de Frère Fulbert.

Célestine découvre Béatritz près de la fenêtre, entourée de notes et de ses instruments. Elle prétend venir demander conseil sur une chanson qu’elle souhaite déclamer dès ce soir. Béatritz la questionne quelque peu sur ses intentions et son public, jusqu’à ce que les deux femmes viennent à discuter de Dame Clotilde… et des compositions que pourraient interpréter Célestine pour lui agréer Dame Clotilde, peut être pour se faire pardonner. Selon la trobairitz Chrétien de Troyes est une bonne inspiration pour la dame et Gaston… Lui pointant la tapisserie derrière elle, elle lui enjoint de s’en inspirer.

Elle dépeint une immense vallée peuplée de grotesques, des grylles, des escargots chats, des arbres à vits, etc. Au milieu, trône sur la colline une fontaine avec deux personnages en harmonie. Un grand Lion aux armes posées et une dame sereine, le cercle à broder sur les genoux.

Célestine devine un lien avec l’histoire d’Yvain et le lion, ce que Béatritz approuve, non sans dire qu’il ne faut abuser de ce pouvoir, car Clotilde semble encore meurtrie par une lointaine peine de cœur.

Satisfaite, Célestine quitte la chambre en catimini en passant par le balcon. Mais la descente est un peu chaotique et elle atterrit sur son séant dans un buisson, un peu contusionné.

C’est sur cette scène, les jambes de la sœur dépassant d’un buisson, que se termine cette séance…
Schmill
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Re: [CR] Le Bestiaire

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Avec un peu de retard, voilà la suite de nos aventures. :)

Conte du 22/02/2024

Le Scriptorium a passé la nuit dans les communs et, après les ablutions et les prières matinales, est surpris par quelques coups à la porte.
C’est Gaston, le chevalier lapin, qui tape à la porte. Gêné, le grotesque annonce que la Dame était tellement fâchée que les broderies de Jeanne et Humbert aient été détruites, qu’elle les a refaite aussitôt. Les deux pauvres serviteurs sont malades depuis et Gaston se demande quel remède pourrait les soigner. La marginalia fait preuve d’une forme de compassion, ce qui surprend le Scriptorium. Avant de partir, il offre une belle botte de carottes à Sœur Célestine, en gage de réconciliation.
Le chevalier de Cerfeuil guide ensuite les frères et la sœur jusqu’à Jeanne. Chacun y va alors de son remède : Frère Barthélémy fait une onction au “Saint-Doux” en prononçant une prière. Frère Isidore prépare une tisane avec sa réserve de simples et avec ce qu’il trouve dans les cuisines. Frère Fulbert lui parle d’une voix monotone et rassurante, prie pour son âme, mais… la chambrière reste confuse. Gaston cherche alors à faire amende honorable et se sent mal vis-à-vis des serviteurs - un vrai chevalier doit protéger les humbles. Subtilement, il indique aux moines qu’il ne peut pas être à deux endroits à la fois et qu’il sera à la lice pour la mêlée cet après-midi.
Frère Barthélémy et Frère Fulbert décident de profiter un peu plus tard de cette absence et vont jeter un œil au couloir en face de la chambre de Clotilde. Le jeune novice dominicain est toujours présent, et surveille la porte de Béatritz, qui donne sur la tapisserie que les deux compères veulent examiner. Barthélémy bloque les regards indiscrets avec sa stature, pendant que Fulbert confirme que l’entrée du sanctuaire de la Dame est toujours là, en tendant le bras. La toile crépite et sa main passe à travers le mur…
Les deux moines profitent d’un bref moment d’inattention du novice et basculent tous deux de l’autre côté.
Pendant ce temps, Frère Isidore prépare les pigments et les encres, fourbissant les armes pour l’enluminure à venir. Célestine compose sa chanson inspirée du récit d’Yvain et du lion.

Barthélémy et Fulbert se retrouvent à nouveau dans l’univers de fil et de laine qui est celui de la Dame. Ils progressent dans ce monde étrange, tentant de se repérer au milieu de l’incroyable succession de tapisseries, dont chacune est un trompe l'œil cachant une nouvelle profondeur.
Suivant les trames et les petites brodeuses qui s’y agitent, ils finissent par retrouver la tapisserie de la visite à l’hospice : Dame Brunhilde, Dame Clotilde et Dame Estelle rentrent dans le bâti alors qu’une oie mord les fesses de la dernière. Ils repèrent la porte qui mène à la chambre de Dame Clotilde, mais ils sont bloqués par une serrure en forme de tête de coucou - Barthélémy lui tourne le cou pour forcer le passage.
Derrière il découvre une grande tapisserie, qui représente le Lion et la Dame, régnant sur une vallée féerique. Un fil d’or qui part de la tapisserie attire leur attention. Ils le remontent avec pugnacité, et se rendent compte que le fil va vers l’extérieur, à travers la porte. Se saisissant de son implacable couteau à saucisson, frère Barthélémy coupe le fil. Tout le décor tremble alors, comme la fesse d’un cheval piqué par un taon, et les frères ne se font pas prier pour sortir, débaroulant de la tapisserie devant les yeux ébahis du novice dominicain,qui devient livide.

L’équipe est indécise et discute longuement de la suite entre tous ces épisodes. Au final, décision est prise de chercher Dame Clotilde pour l’enluminer. Mais alors qu’ils se présentent devant sa porte, c’est Dame Béatritz qui ouvre la porte…après tout leurs chambres communiquent par les toilettes. Elle leur annonce que Dame Clotilde ne sent pas bien et n’accepte de recevoir que Frère Fulbert.
Le circateur est circonspect. Il découvre Clotilde aux yeux rougis, se mouchant bruyamment dans les broderies de Jeanne et Humbert : ses souvenirs sont revenus ! Elle rappelle à Fulbert les mots qui lui avait confié : elle ne peut vivre dans le déni et doit faire face pour dépasser ses souvenirs. Et c’est ainsi qu’elle accepte de faire face à ses sentiments. Elle accepte de retourner en féérie. Les moines auront besoin d’elle pour attraper Lyon.
Le Scriptorium, surpris, se concerte, et décide de passer à la suite : trouver le Lyon. Ils partent donc vers la lice où la mêlée finale doit battre son plein…
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