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Re: [Star Trek tous supports] Vis longtemps et prospère !

Publié : ven. août 29, 2025 4:48 pm
par Pascalahad
Carl Stanford a écrit : jeu. août 28, 2025 6:59 pm
Nolendur a écrit : mar. août 26, 2025 10:50 am
Pascalahad a écrit : mar. août 26, 2025 9:45 am  
Sur la question du conflit et de la critique de la supériorité morale de la Fédération vers la fin de TNG et dans Deep Space Nine, je pense au contraire que c'est intéressant, d'une part parce que ça oblige les personnages à se dépasser ou à trouver d'autres solutions pour préserver les valeurs humanistes de la Fédé dans un contexte beaucoup plus difficile, d'autre part parce que ça permet de faire écho,
comme l'a toujours fait Star Trek, à des situations ou problématiques de notre histoire. Il y avait au début cette espèce d'optimisme très américain et un peu léger des années 50-60, mais après les crises et les conflits de la seconde moitié du vingtième siècle (du Vietnam à la guerre du Golfe), et les limites de l'interventionnisme à l'américaine, la question se pose de savoir si tu peux faire de la SF comme avant ou non. En ce sens, DS9 opère un décentrage, dans un endroit où les choses sont nécessairement plus compliquées, et où il va falloir jongler entre la morale et la survie. C'est le dilemme qui a fait sauter ST Entreprise, avec une saison entière de guerre contre les Xindi, en mode post 11 septembre, avec la mise en veille de l'humanisme de la série et c'est dommage, parce que la 4ème saison était vraiment bien ensuite.


Star Trek a toujours parlé des problématiques de son temps, c'était le but secret de Gene Roddenberry d'ailleurs, de faire un "Voyage de Gulliver" dans l'espace, qu'il a vendu à la chaîne, de façon très roublarde, comme une série d'action. À la limite, la science-fiction était même secondaire dans son esprit. Il avait tenté d'aborder des sujets sociétaux dans sa série précédente, "The Lieutenant", une série contemporaine, ce qui avait entrainé son annulation.

Il n'y avait jamais eu besoin pour traiter de ces sujets de "griser" la Fédération, les problématique se posaient dans les civilisations rencontrées. L'absence de conflit entre les membres de l'équipage, particulièrement au moment de Next Generation (ce que les scénaristes appelaient la "Roddenberry's box"), posait d'ailleurs des problèmes aux scénaristes, les conflits devaient venir d'ailleurs. C'était d'ailleurs l'une des rares séries à accepter à un moment donné des propositions de scénarios venant de non-professionnels. Michael Piller avait très bien compris l'esprit de la série, selon Roddenberry. À partir de la saison 3 de The Next Generation, il avait su trouver le parfait équilibre pour la série entre les desideratas du créateur, et une approche plus moderne.

Jusqu'à ce que durant les débuts de Deep Space Nine, la "Roddenberry's box" devienne la "Piller's box". Les scénaristes de DS9 se sentaient limités sur DS9 parce les édicts de Piller, ce qui a entraîné finalement son départ. Il avouait même dans ses mémoires que Rick Berman, le producteur en chef de Star Trek jusqu'à Enterprise, n'était pas spécialement fan de la guerre contre le Dominion, mais il a laissé faire. Il produisait deux séries en parallèles, tant que les fans acceptaient (et ils l'acceptaient, j'étais dans la minorité à ne pas aimer), ça allait.

Pour moi, "griser" la Fédération reste une facilité scénaristique.

Re: [Star Trek tous supports] Vis longtemps et prospère !

Publié : sam. août 30, 2025 12:46 am
par Pyth
Carl Stanford a écrit : ven. août 22, 2025 3:55 pm
Tybalt (le retour) a écrit : ven. août 22, 2025 10:17 am Quelques actualités de la franchise :

- une nouvelle série en approche : Star Trek: Academy, située dans le futur par rapport à la plupart des autres (au XXXIIe s.). On y suit la formation d'une promotion de cadets et de cadettes de l'académie Starfleet, dans un contexte diplomatique délicat.
etc.
De mon côté, j'ai repéré deux rumeurs de nouveaux films, car apparemment Paramount souhaiterait relancer la franchise au cinéma :
- un nouveau film dans le Kelvinverse, c'est à dire la version JJ Ambrams avec Chris Pine en James T. Kirk, dix ans après  No Limits ;
- un second préparé par Toby Haynes (Andor, donc une belle référence) avec un tout nouvel équipage.

A suivre, donc !

Un tout petit peu plus d'infos sur ces deux films:

- Le film suivant No Limits en serait la suite directe;
- le film avec Tony Haynes aux commandes sera une origin story se déroulant plusieurs décennies avant le reboot de 2009, mais toujours centrée sur l'Enterprise ou du moins son futur tout premier équipage. Ça se passerait donc soit à l'époque du premier vol de l'Enterprise, sous le commandement d'April et avec un Pike premier officier plutôt que capitaine, soit avant même le premier lancement de l'Enterprise, avec un suivi du parcours des personnages qui seront amenés ultérieurement à former l'équipage d'un vaisseau qui n'existe pas encore.

Re: [Star Trek tous supports] Vis longtemps et prospère !

Publié : dim. août 31, 2025 1:47 am
par Carl Stanford
Bon, allons y, c'est le weekend, je n'ai pas encore totalement repris, c'est le bon moment pour balancer une présentation un peu longue et un peu subjective de VOYAGER.
 
 
 Créée par Rick Berman, Michael Piller et Jeri Taylor, Voyager a été diffusée entre 1995 et 2001. Son pitch, a priori passionnant : le dernier cri des vaisseaux de la Fédération, l’USS Voyager, se retrouve projeté et perdu à l’autre bout de la galaxie, dans le quadrant Delta, à plus de 70 000 années-lumière de la Terre. Soit 75 ans de voyage à pleine puissance.


L’équipage, mené par la capitaine Kathryn Janeway (Kate Mulgrew), doit trouver un moyen de retourner dans le quadrant Alpha en traversant des régions inconnues de l’espace. On sait dès lors que la série va développer des intrigues autour de la survie, de la diplomatie, du conflit entre espèces, et donc de l'éthique, en retrouvant l'esprit d'exploration et de découverte de la série originelle. Nous allons effectivement y retrouver ces éléments en partie, et même un certain optimisme. En partie seulement, car la série, si elle n'est pas mauvaise, n'a pas toujours tenu ses promesses, même si sa qualité s'est considérablement accrue à partir de la quatrième saison.
 
 
 D'abord, on lui reproche son manque de cohérence et d'ambition narratives. Malgré son potentiel, Voyager a parfois répété des schémas classiques (le « vaisseau de la semaine »), et recyclé des idées issues de Next Generation ou Deep Space Nine (mais qui ne l'a pas fait ?) sans toujours apporter une réelle originalité dans leur traitement. Par ailleurs, elle a sous-exploité les tensions internes de l’équipage (chères à Pascalahad :)) qui étaient annoncées par la complication du début de la série : l'USS Voyager était en mission pour appréhender un vaisseau du Maquis, le Valjean (sic !). Après la catastrophe qui lance la série, l'équipage du Maquis est intégré par nécessité, mais après quelques accrochages initiaux, tout le monde est copain. Ce n'est pas forcément un mal, parce que ça évite des histoires artificielles de trahisons et de dissimulations, mais dans ce cas pourquoi partir sur une telle prémisse ? Les premiers épisodes ont également peiné à trouver leur rythme, et certains arcs du début, comme celui des Kazons, une race belliqueuse de machos particulièrement moches, cons et relous (en deux mots, des streetgangs de l'espace), qui squattent littéralement les deux premières saisons, ont déçu par leur manque de profondeur. On est vraiment soulagés lorsqu'ils s'en vont...
 
 
 Le quadrant Delta, pourtant, c'est le bled où Q, l'entité quasi divine rencontrée dans le pilote de Next Generation, téléporte l'Entreprise (TNG, épisode Q Who ?) pour faire comprendre aux humains qu'ils ne sont que des fourmis sans défense : "Vous vous jugez par rapport aux adversaires pitoyables que vous avez rencontrés jusqu'à présent, les Romuliens, les Klingons. Ils ne sont rien comparés à ce qui vous attend, Picard .Vous vous apprêtez à atteindre des zones de la galaxie contenant des merveilles plus incroyables que vous ne pouvez l'imaginer - et des terreurs qui glaceront votre âme." C'est là où l'humanité connaît son premier contact avec les Borg. Et il faut reconnaître qu'on est loin, dans les premières saisons de Voyager, de ce qui était annoncé par Q. Et heureusement, de manière très attendue, c'est au moment où Voyager atteint l'espace Borg que la série s'améliore vraiment.
 
 
 La principale faiblesse de la série, ce sont peut-être ses personnages. Il faut bien le dire, la moitié de l'équipage (ok,disons le tiers) n'est pas très intéressant, voire plutôt ennuyeux. Harry Kim, l'enseigne timide, gentil, qui restera un éternel ado toute la série et son compère Tom Paris, le pilote un peu rebelle, un peu beau gosse (dans le genre californien), très porté sur la gent féminine, et qui règle toujours les situations impossibles parce que c'est un pilote génial et audacieux, mouais, bof. Le second, Chakotay, issu du Maquis et du peuple Sioux (ou Hopi, on ne sait pas très bien), n'est pas hyper bien développé. C'est dommage. Tuvok, l'officier scientifique Vulcain, est bien entendu caricatural comme un Vulcain (c'est peut-être le plus Vulcain de tous les Vulcains de la franchise), mais ses épisodes sont plutôt bons et il forme souvent un duo comique avec les personnages plus naïfs (Harry Kim) ou plus exubérants que lui, au premier chef Neelix, qui est un cas en soi. Neelix est un alien fantasque rencontré dans le premier épisode, qui va devenir cuisinier de bord et officier en charge de la bonne humeur. Même s'il a ses fans, il faut bien dire qu'il est horripilant. C'est Jar Jar Binks avec une toque et des chemises hideuses. Kes, sa protégée, est d'une race qui ne vit que 9 ans et qui a de vagues pouvoirs télépathiques. J'aimais beaucoup ce personnage, très doux, très pacifique, mais l'actrice a été écartée à cause de son comportement de plus en plus problématique.
 
 
 Certains personnages, heureusement, sortent vraiment du lot. L'ingénieure de bord, B'elanna Torres, qui a le malheur d'être une métisse latino-klingon à l'enfance troublée, car abandonnée par son père mexicain, c'est la meuf au sang chaud ! Issue de l'équipage Maquis, elle est toujours en train de lutter contre l'autorité et son propre caractère. On dirait comme ça une caricature, mais c'est en fait un très bon personnage, bien traité, attachant et indispensable. Celui que tout le monde aime, c'est le Docteur. Mais ce n'est pas un être vivant, parce que le vrai docteur meurt au premier épisode : c'est le programme d'urgence de l'IA holographique. C'est le personnage le plus drôle de la série et le plus décalé. Et arrive dans la deuxième partie de la série l'un des meilleurs personnages de la franchise, Seven of Nine. C'est une Borg que l'équipage réussit à couper du Collectif. Le problème, c'est qu'à partir d'un moment, on ne regarde plus Voyager que pour Seven of Nine, parce que c'est objectivement la plus intelligente et la plus intéressante, mais qu'en plus les showrunners en font rapidement une femme-objet en combinaison moulante. Heureusement que Jeri Ryan a suffisamment de talent pour la faire vivre en dehors de cette image facile de techno pin-up.
  
Reste Janeway, la capitaine. Antipathique pour certains, trop autoritaire, et parfois caractérielle. Étrange dans son développement. Elle peut alterner entre une attitude moralisatrice en mode " mais Star Fleet a des principes !" dans un épisode, et puis être une furie impitoyable et sans scrupules dans l'épisode suivant. Et en même temps elle a ce charisme et cette assurance qui la font admirer. C'est une badass. Elle ne laisse pas indifférent. Mais je n'ai pas bien compris cette manière de caractériser la seule capitaine féminine de la franchise. C'est comme s'ils avaient fait exprès d'en faire le modèle de la supérieure bossy. Peut-être pour créer des étincelles avec un équipage soit rétif à l'autorité, soit franchement fade ?

Malgré cela, Voyager reste du Star Trek. Un peu saturé de technoblabla parfois (du genre "The secondary gyrodyne relays and the propulsion field intermatrix have depolarised !"). Sur le plan technique, les effets spéciaux, entièrement numériques, et la réalisation sont de qualité. On retrouve même un certain optimisme naïf digne de TOS, parfois un peu artificiel, parce que malgré les difficultés, la centaine de torpilles perdues, la quinzaine de navettes détruites (véridique), les avaries en cascade, tout est réparé à l'épisode suivant. Il y a toujours de l'espoir ! Certaines races sont de bons opposants, comme les Borg, évidemment, ou les Hirogens, et l'espèce 8472, et la série explore pas mal de concepts scientifiques et philosophiques, comme la dualité, le temps, ou l’intelligence artificielle. Certains épisodes, comme Year of Hell ou Scorpion, comptent vraiment parmi les plus meilleurs de la franchise.

En résumé, Voyager est inégale mais reste une série attachante. Elle a laissé certains fans sur leur faim, notamment ceux qui espéraient une exploration plus radicale de son concept de départ. Je l'ai vue, des années après avoir entendu "pas la peine, c'est pas terrible", à un moment très particulier, celui du confinement, où je me tapais trois épisodes par nuit. Et franchement, ça reste un souvenir agréable. Ce n'est pas la série que je préfère, mais je me referais bien quelques-uns des meilleurs épisodes, dont voici une liste glanée ici et là, non exhaustive et pas développée, parce que j'ai été suffisamment long et je m'en excuse :

 1x7 Eye of the Needle
2x15 Threshold (un épisode vraiment WTF, mais qui me fait encore marrer)
2x16 Mel
2x17 Dreadnought
2x21 Deadlock
2x24 Tuvix (vraiment dérangeant, mais intéressant)
3x2 Flashback
3x23 Distant Origin
3x26 et 4x1 Scorpion * (7of9 !)
4x7 Scientific Method
4x8 et 4x9 Year of Hell * (dont on se dit qu'ils auraient dû faire une saison entière comme ça)
4x14 Message in a Bottle
4x23 Living Witness
4x25 One
5x3 Extreme Risk
5x6 Timeless
5x7 Infinite Regress
5x10 Counterpoint
5x11 Latent Image
5x12 Bride of Chaotica (épisode Buck Rogers)
5x15 Dark frontier
5x22 Someone to watch over me
5x23 Relativity (globalement, la cinquième saison est vraiment la meilleure)
5x26 et 6x1 Equinox
6x4 Tinker Tenor Doctor spy
6x12 Blink of an Eye *
7x7 Body and Soul
7x10 Shattered
7x25 et 26 Endgame (le final, très honnête)


La prochaine fois, ce sera la série la plus injustement traitée de la franchise, qui a pourtant beaucoup de qualités : Entreprise.

Re: [Star Trek tous supports] Vis longtemps et prospère !

Publié : dim. août 31, 2025 11:20 am
par Tybalt (le retour)
Merci pour la présentation :) J'ai ajouté dans le premier message des liens vers les présentations et sélections d'épisodes, histoire qu'on puisse les retrouver facilement et s'orienter parmi les très nombreuses séries, saisons et épisodes de la franchise.

Carl Stanford a écrit : jeu. août 28, 2025 6:59 pmSur la question du conflit et de la critique de la supériorité morale de la Fédération vers la fin de TNG et dans Deep Space Nine, je pense au contraire que c'est intéressant, d'une part parce que ça oblige les personnages à se dépasser ou à trouver d'autres solutions pour préserver les valeurs humanistes de la Fédé dans un contexte beaucoup plus difficile, d'autre part parce que ça permet de faire écho, comme l'a toujours fait Star Trek, à des situations ou problématiques de notre histoire. Il y avait au début cette espèce d'optimisme très américain et un peu léger des années 50-60, mais après les crises et les conflits de la seconde moitié du vingtième siècle (du Vietnam à la guerre du Golfe), et les limites de l'interventionnisme à l'américaine, la question se pose de savoir si tu peux faire de la SF comme avant ou non. En ce sens, DS9 opère un décentrage, dans un endroit où les choses sont nécessairement plus compliquées, et où il va falloir jongler entre la morale et la survie.

Pour nuancer un peu ce que tu dis, et comme je suis encore en train de regarder la série d'origine, je dois dire que j'ai été frappé par plusieurs choses dans les deux premières saisons (les seules que je connais pour l'instant) :

- l'éthique de la Fédération est loin d'être toujours très claire, on voit vraiment l'univers se mettre en place petit à petit. C'est peut-être parce que je ne regarde pas tous les épisodes dans l'ordre, mais par exemple, je n'ai pas trouvé trace de la Directive Prime dans la saison 1, il me semble qu'elle apparaît dans la 2.

- le principe de non-agressivité de l'Enterprise est déjà mis à rude épreuve et occasionne régulièrement des dilemmes, d'autant que le vaisseau a très souvent affaire à des peuples, entités, etc. aux pouvoirs bien supérieurs. Ça rappelle presque parfois les catalogues d'équipement des Investigateurs dans du L'Appel de Cthulhu classique : "vous avez armé les phaseurs et les torpilles à protons ? — Oui capitaine ! — Feu à volonté ! — Ça n'a rien fait, capitaine ! — Ah zut, bon, on va devoir trouver autre chose..."

- la Fédération est loin d'être parfaite dans la série d'origine : il y a plusieurs épisodes reposant sur des conflits hiérarchiques, avec Kirk qui se heurte à un supérieur borné ou à une question de protocole, ou à une situation exceptionnelle, et joue parfois sa carrière sur des coups de poker.

- l'ambiance garde un aspect très "Guerre froide" et la peur de la guerre ouverte en général, et du conflit nucléaire en particulier, apparaît assez souvent en sous-texte.

Reste que, comme tu dis, il y a une confiance dans la possibilité de tout résoudre, incarnée par Kirk dont l'aplomb est parfois assez agaçant avec son côté "mâle alpha américain beau fort et intelligent, figure d'autorité pas-militaire-mais-qui-y-ressemble-beaucoup (mais il n'est pas présenté comme parfait et le scénario joue parfois là-dessus).

Re: [Star Trek tous supports] Vis longtemps et prospère !

Publié : dim. août 31, 2025 2:19 pm
par Hyeronimus
Je ne sais pas dans quel ordre tu regardes TOS, mais je sais que l'ordre de production et l'ordre de diffusion (ou dans les dvd/blu-rays) ne sont pas les mêmes. Et même si les épisodes sont des stand-alone, il y a une (très très) légère évolution si tu suis l'ordre de production.

Sinon, fan des séries TOS et TNG, j'ai eu un peu de mal au début avec DS9 dans le sens ou pour moi aussi, cet aspect optimiste positif pas encore dégoulinant constituait pour moi l'ADN, la spécificité de Star Trek, et l'impression de "on va faire plus sombre et ce sera mieux" me faisait penser au contraire à une perte de cette particularité, et à un plus grand conformisme, moins intéressant. Et c'est vrai que la sortie en parallèle de Babylon 5 posait question. D'ailleurs la réception de DS9 a été un peu rude (mentionnée également dans le documentaire "What we left behind", mais en réalité, toutes les séries Star Trek ont connu une réception un peu rude : TOS a bidé jusqu'aux rediffusions, TNG a été comparée à un ersatz mou de TOS, DS9 a été accusée de perdre l'esprit Star Trek et de copier Babylon 5, Voyager d'être un TNG cheap, etc, sans parler de toutes les erreurs de continuité apportées par chaque série successive (avec quand même l'impression qu'à l'époque c'était moins volontaire et assumé).

DS9 met le latinum en avant notamment avec Quark, alors qu'on nous a répété que la Fédération avait dépassé les questions d'argent (et oui, je sais qu'on est à la limite de la Fédération et en lien avec d'autres espèces et civilisations). La religion est mise en avant, alors que là encore, c'était censé être dépassé, là encore, un recul selon moi (mais le conflit entre Bajor et les Cardassians était intéessant, par contre)...

Aujourd'hui j'apprécie davantage DS9 en tant que telle, même si je préfèrerai toujours TNG (ce qui ne me rend pas non plus aveugle à ses défauts, ni aux épisodes que je n'aime pas, (j'ai récemment revu celui sur le besoin de limiter le warp et la vitesse, qui me semble toujours aussi maladroit et lourdingue).

Re: [Star Trek tous supports] Vis longtemps et prospère !

Publié : mar. sept. 02, 2025 9:47 am
par Pascalahad
"Voyager" m'avait semblé assez light au niveau des conflits au sein de l'équipage. Finalement les maquisards semblaient assez bien accepter les ordres de Janeway. Bon, c'est l'époque où je décrochais, je n'ai pas vu l'ensemble de la série.

Mais ça a été mon plus gros fou rire, quand dans un épisode on a une reconstitution holographique de la période de l'occupation pendant la Seconde Guerre Mondiale, et qu'on voit passer une deux-chevaux en arrière-plan... :) 

Re: [Star Trek tous supports] Vis longtemps et prospère !

Publié : mar. sept. 02, 2025 10:32 am
par Carl Stanford
Pascalahad a écrit : mar. sept. 02, 2025 9:47 am "Voyager" m'avait semblé assez light au niveau des conflits au sein de l'équipage. Finalement les maquisards semblaient assez bien accepter les ordres de Janeway. Bon, c'est l'époque où je décrochais, je n'ai pas vu l'ensemble de la série.

Mais ça a été mon plus gros fou rire, quand dans un épisode on a une reconstitution holographique de la période de l'occupation pendant la Seconde Guerre Mondiale, et qu'on voit passer une deux-chevaux en arrière-plan... :) 

Moi c'est l'épisode 2x15, où Janeway et Tom Paris sont transformés en varans et ont des bébés  :bravo:
 

Re: [Star Trek tous supports] Vis longtemps et prospère !

Publié : sam. sept. 06, 2025 2:50 pm
par Carl Stanford
Entreprise (2001-2005) a longtemps été le mouton noir de la franchise Star Trek. Elle est peut-être sortie au mauvais moment. Son générique, déjà, est... surprenant, avec sa reprise américaine d'une chanson un peu ringarde de... Rod Stewart, au lieu du symphonique spatial de bon goût auquel TNG, DS9 et VOY nous avaient habitués. Sa troisième saison a globalement déplu, voire choqué les fans parce qu'elle rompait, en apparence, avec l'humanisme de Star Trek. Et surtout, elle n'a clairement pas été suffisamment soutenue par les producteurs et a pâti des remous au sein de Paramount à l'époque. En témoignent le fait qu'au même moment, c'est un film Next Generation (Nemesis) qui sort au cinéma, qu'elle a été supprimée au bout de quatre saisons et que son dernier épisode, mené par des personnages de Next Generation comme un épisode fantôme de cette série, est littéralement une insulte à tout le travail de l'équipage et de son casting. Après la fin d'Enterprise, on entre dans la première période depuis 18 ans où aucune nouvelle série Star Trek n'est diffusée à la télé et il faudra attendre quatre ans pour avoir du neuf dans la franchise, avec le reboot de 2009 au cinéma, qu'on aimera ou pas.


 
 Et pourtant, aujourd'hui, j'ai l'impression que la cote d'Enterprise est remontée, parce qu'on a vu bien pire depuis, et aussi parce qu'une fois l'ambiance post 11 septembre passée, il faut reconnaître que la série a beaucoup de qualités, que sa saison 4, avec l'arrivée du showrunner Manny Cotto, fan de TOS, est peut-être ce qui a été fait de plus proche de la série originale, et que c'est globalement une série sympathique, avec un équipage très sympathique, même si très américain, et un capitaine encore plus sympathique, Jonathan Archer (ce bon vieux Scott Bakula de Code quantum). Et ce capitaine est même tellement sympathique qu'il a un chien. A bord.
  

 
 Enterprise, ce sont les débuts de l'humanité dans la galaxie, dans le premier vaisseau terrestre capable d’atteindre la vitesse de distorsion 5 (waou), l'Enterprise NX-01. L’histoire se déroule au XXIIe siècle, une centaine d’années avant les aventures de Kirk et Spock. La Fédération n'existe pas encore. On commence tout juste à s’aventurer au-delà du système solaire pour explorer l'espace et nouer des contacts. Cette série, c'est un peu "les bleus dans l'espace". On se lance dans le grand bain, avec l'enthousiasme et l'esprit pionnier des grands découvreurs. Ce sont les premières rencontres avec les Klingons, les Andoriens, les Tellarites, ainsi que les premières tensions et alliances qui en découlent. On se fait souvent bananer par plus malin que soi. On se fait chaperonner de manière vraiment pénible par les grands voisins Vulcains qui, clairement, méprisent une espèce aussi impulsive et irrationnelle que le terrien. On n'est pas toujours bien accueilli. Mais globalement, on s'en sort, avec cette espèce de sagesse des rednecks et l'inventivité de ceux qui sont obligés de se débrouiller avec trois bouts de ficelle.
 
 
 Le design global du vaisseau, des uniformes, de l'équipement, avec ce côté low tech pour Star Trek, est vraiment réussi et a plutôt bien vieilli. NX-01 est moins avancé technologiquement que les vaisseaux des séries ultérieures et que ceux des espèces que l'équipage rencontre, ce qui ajoute une dimension réaliste. Il faut clairement faire gaffe quand on croise le vaisseau d'un peuple plus avancé : on n'est pas sûr d'avoir le dernier mot en cas de confrontation.
 
 
 Les thèmes principaux, ce sont donc bien sûr l’exploration spatiale - et la série met vraiment en avant la curiosité humaine-, la diplomatie et les difficultés de la coopération inter-espèces, les conflits moraux, notamment la question de l’interventionnisme et de la Prime Directive, qui n’est pas encore officiellement en vigueur, et les origines de la Fédération. On voit aussi comment certaines technologies emblématiques (les transporteurs, les boucliers, les communicateurs) ou certaines procédures (la Red Alert) sont mises en place, avec quelques clins d’œil aux autres séries évidemment.
 
 
 Côté équipage, c'est presque du 100% humain, avec des personnages très proches de nous : Hoshi Sato, la linguiste plus ou moins japonaise en manque de confiance en soi ; Malcolm Reed, l'officier tactique anglais procédurier et pince sans rire (qui invente la « Reed » Alert) ; Trip Tucker, l'ingénieur intrépide, avec son bon accent de sudiste ; Travis Mayweather, le timonier afro-américain, qui fait partie des premières générations d'humains nés dans l'espace ; et Archer, le capitaine optimiste, idéaliste, inventif et sympathique (on l'a déjà dit) qui apprend la diplomatie sur le tas. Il y a un côté très Yankee dans cet assemblage, comme si l'idée des showrunners était de mettre en scène des personnages plus proches du public américain du début du XXIème siècle que des personnages plus évolués de Next Gen. Deux aliens à bord tout de même : le Docteur Phlox, un Dénobulien aux coutumes vraiment étranges, mais qui est une incarnation de la curiosité, de la tolérance et du philosophe optimiste, et qui apporte une touche d'humour et de sagesse ; et T'Pol, l'officier scientifique et officier de liaison Vulcaine... froide, supérieure, méprisante (qui se contrôle en permanence pour supporter les odeurs corporelles humaines et celles du clébard), mais évidemment compétente, et qui va s'ouvrir progressivement à cet équipage de débutants... et que les créateurs de la série ont revêtu, comme Seven of Nine, d'une combinaison moulante pour attirer l’œil mâle... Cette sexualisation de certains personnages et certaines situations (avec une scène de décontamination dès le premier épisode) a également été critiquée. Aujourd'hui, cela pourrait prêter à sourire. On est très loin de ce qui a pu être fait plus tard dans GoT, Vikings et autres Spartacus, même si c'est le regard masculin qui domine encore dans Enterprise.

 Il y a vraiment trois périodes dans la série. La première, dans les saisons 1 et 2, est centrée sur l'exploration, avec deux intrigues récurrentes intéressantes : la relation avec les Vulcains, entre mentorat et mépris, qui est tout sauf facile, avec de belles surprises sur nos grands cousins un peu coincés ; et une idée formidable, celle de la Guerre Froide Temporelle, dans laquelle une entité ou une organisation venue du futur semble tout faire pour piétiner les efforts de l'humanité. Dans la saison 3, un événement perturbateur rompt le bel optimisme de la série : la Terre a été bombardée par un peuple inconnu, les Xindi, qui veulent détruire l'humanité pour des raisons totalement obscures. 7 millions de victimes. Ce fut, pour beaucoup, la saison de la rupture : tout cela fait écho au 11 septembre encore tout proche, et l'équipage se mue en vaisseau de reconnaissance et d'infiltration dont la mission est simple : identifier, localiser, et mettre hors d'état de nuire les Xindi. Archer devient vraiment impitoyable et prêt à tout pour éviter la destruction de la Terre, ce qui le conduit à certains actes désespérés, impensables en contexte Star Trek. Même s'il se rend compte de ses errances, et que la conclusion de la saison rachète cette ambiance controversée de commando suicide, le mal est fait, et la série ne s'en remettra pas.
 
 
 Dommage : la quatrième saison, centrée sur la formation de la Fédération et l'exploration de thèmes/races/intrigues abordées dans la série originelle, est vraiment très bonne ! On y retrouve la relation avec les Vulcains, plus équilibrée, beaucoup de négociations, notamment avec les Tellarites, l'arrivée des Romuliens, les Augmentés, et pas mal d'escarmouches avec les Andoriens, peuple très passionné, dont le principal représentant, le commandant Shran, devient un personnage récurrent et attachant (Jeffrey Combs). Le dernier épisode apparaît presque comme un désaveu. La dernière mission de NX-01 est présentée par Riker et Deanna Troi de Next Generation comme une archive du holodeck. Même si cette mission se conclut par un événement très important, l'épisode laisse un goût amer, comme si on avait voulu donner le dernier mot de la série à des personnages plus prestigieux. En réalité, c'est l'annulation brutale de la série qui a obligé à écrire et tourner l'épisode pour raconter de manière résumée tout ce à quoi Enterprise aurait dû aboutir en sept ans au lieu de quatre. Scott Bakula était très en colère et même les détracteurs de la série ont trouvé cette fin irrespectueuse.
 
 
 Je pense qu'Enterprise, avec le recul, peut être une bonne porte d'entrée pour Star Trek (en dehors de la série originelle, qui reste la meilleure introduction), parce qu'elle plonge dans les bases de son univers. Elle offre aussi aux fans de longue date des réponses à des questions longtemps irrésolues. Plus accessible aussi, car moins technique que les autres séries, elle est finalement très humaine, avec un équipage moins parfait et plus modeste que l'humanité utopique des siècles suivants.
 
 
 Parmi les bons épisodes, on peut conseiller :
  • 1x1 et 1x2, Broken Bow, le pilote en deux parties, de très bonne qualité ;
  • 1x7, the Andorian incident, qui introduit la relation très très tendue entre Andoriens et Vulcains ;
  • 1x21 Vox Sola, un bon épisode de rencontre du troisième type ;
  • 1x26 Shockwave : excellent cliffhanger de la Guerre froide temporelle (et sa conclusion en 2x1)

  • 2x2 Carbon Creek : un crash vulcain dans l'Amérique des années 50, belle histoire
  • 2x4 Dead Stop, une station spatiale trop belle pour être vraie
  • 2x16 Future Tense : quelle est cette capsule venue du futur ?
  • 2x23 Regeneration, avec une race qu'on ne s'attendait pas à croiser ici ;
  • 2x26 The Expanse, l'attaque xindi qui va lancer la troisième saison, pour le meilleur et pour le pire

  • 3x8 Twilight : amnésie
  • 3x10, Similitude, avec un dilemme moral impossible
  • 3x13, Proving Ground, un bon épisode Andorien
  • 3x14 Stratagem, l'un des bons épisodes de la guerre contre les Xindi, où l'on privilégie la ruse à la force
  • 3x19 Damage : la fin justifie-t-elle les moyens ?
  • 3x22 The Council, vers la conclusion de la guerre, une solution en vue

  • 4x6 The Augments, les enfants d'Arik Soong (avec Brent Data spiner)
  • 4x7, 4x8 et 4x9 The Forge, Awakening et Kir'shara, une trilogie sur Vulcain, qui marque un tournant dans la politique intérieure des oreilles pointues
  • 4x12, 4x13 et 4x14 Babel One, United, et The Aenar, une bonne trilogie andorienne, avec la découverte de leur branche cachée
  • 4x16 Divergence, avec un virus klingon
  • 4x18 et 4x19 In a mirror Darkly, dans l'univers miroir
  • 4x21 peut-être un meilleur dernier épisode que le suivant (avec Paul Robocop Weller)