Amateurs d'aventures scientifiques au début du XXe siècle, laissez-moi vous présenter le baron Nopcsa, "l'Indiana Jones transylvanien" !
De son nom complet Franz Nopcsa von Felső-Szilvás, né en 1877 en Transylvanie et mort en 1933, ce baron hongrois, descendant d'un boyard annobli (mais il compte aussi des brigands des Balkans dans sa famille), découvre sa vocation en 1895 lorsque sa soeur Ilona découvre dans la campagne d'étranges os : des fossiles de dinosaures. Franz mène des études de sciences à l'université de Vienne, où il va jusqu'à la thèse, non sans avoir décrit son premier crâne d'hadrosaure à 22 ans. Ses études achevées, il mène plusieurs campagnes de fouilles dans les parages du manoir familial, avant de partir en mission en Albanie, pour les dinosaures, mais aussi en tant qu'agent secret mandaté par les Habsbourg pour fédérer les chefs albanais divisés depuis longtemps par des vendettas et des rivalités politiques et religieuses. Nopcsa, qui parle un nombre étourdissant de langues, s'acquitte de ces différentes missions en même temps et brillamment. Il tombe amoureux de l'Albanie... et de son secrétaire, Bajazid Elmas Doda, avec lequel il reste en couple jusqu'à leur mort.
Il combat pendant la Première guerre mondiale, mais la défaite de l'Autriche-Hongrie le contraint à quitter l'Albanie. Le baron retourne alors dans sa région natale, le bassin de Hațeg, où il perfectionne ses connaissances en géologie et découvre pas moins de cinq nouvelles espèces de dinosaures ainsi que des oeufs. Il contribue aux débuts de la paléoécologie (étude des systèmes écologiques disparus) et émet plusieurs hypothèses novatrices au sujet des dinosaures : il est l'un des premiers à en décrire des espèces petites et rapides, soupçonne que les dinosaures ne sont pas tous lents et stupides comme la majorité des scientifiques le pense à l'époque, et va jusqu'à supposer qu'ils seraient les ancêtres des oiseaux, ce qui fait rire tout le monde mais s'avère vrai 70 ans après.
Les années 1920 le voient assister au déclin de l'aristocratie tranyslvanienne. Lors de la réforme agraire de 1921, Nopcsa, qui a refusé de discuter de compromis avec les paysans roumains émancipés, est privé de son domaine et de ses revenus (Wikipédia mentionne qu'il aurait même reçu un coup de pelle sur la tête). Il doit déménager à Vienne, travailler pour se nourrir, et devient directeur de l'Institut hongrois de géologie à Budapest. Habitué à un train de vie dépensier plus qu'aux contraintes d'un emploi sédentaire qui contrarie sa passion des voyages, il finit par se faire limoger et accumule les dettes. Il fait un grand voyage en Europe en moto avec son compagnon. Il vend ses collections au Musée d'histoire naturelle de Londres. Ruiné, il se suicide avec Bajazid en 1933.
Après la mort de Nopcsa, ses archives et manuscrits reviennent à un Albanais, le richissime Midat Frashëri. Lequel finit exilé. Le gouvernement du dictateur albanais Enver Hoxha met les papiers sous séquestre. Après la fin du régime, les archives de Nopcsa sont transférées à la Bibliothèque nationale albanaise, où ils se trouvent toujours. Seule une petite partie a été étudiée en détail. Qui sait quelles découvertes attendent encore dans les comptes-rendus de ses multiples voyages et expéditions ?
Source :
article de Wikipédia en français (inégalement sourcé) et
en anglais (mieux sourcé, corroborant le contenu de l'article en français).