CasusNO

J'ai découvert les jeux de rôle via un jeu et stratégie de mon popa, avec un CR de partie.
L'auteur y racontais qu'à l'époque, il y avait toujours un traître dans le groupe et je me suis toujours demandé si c'était un mythe ou pas. Quelqu'un pour confirmer?

En tout cas merci pour toutes les info, c'est passionnant.

Découvert pour ma part lors d'un voyage linguistique en Angleterre à l'été 82, un autre ado du groupe cherchait l'Expert set qu'il ne trouvait pas à Clermont-Ferrand. Il avait déjà le basic set que j'ai acheté dans une boutique anglaise. Du coup, j'ignore comment il avait découvert ça.
J'ai trouvé un club fin 84, qui avait sans doute un an d'existence à l'époque : Les Paladins des Traboules. Il y avait alors deux boutiques à Lyon qui en vendaient : Jeux Descartes et A vous de jouer.

Je pensais qu'ODD avait été créé par des wargamers qui souhaitaient simuler non plus les grandes et petites batailles de l'histoire mais l'expérience de lecture de Tolkien et plus précisément l'épisode du donjon séminal de la Moria, dans lequel se distinguent d'une part des individus, d'autre part des classes (nain, elfe, ranger, etc).

J'ai acheté le J&S n°4 et j'ai joué au Château des Sortilèges avant de faire ma première partie de D&D avec un MJ qui avait la Holmes à l'été 81, un copain de mon frère. Mon premier achat ça a été le Player's Handbook d'AD&D1 juste après, mais la première fois que j'ai entendu parler de ce jeu c'était encore bien avant, un entrefilet dans un magazine que lisait mon père, un truc du style Mieux Vivre ou quelque chose comme ça.

Il y avait à Perpignan un passionné de wargames qui tenait une maison de la presse, il avait un rayon wargame et jeux au fond de sa boutique et on y trouvait de tout y compris du jeu de rôles.
Puis le gars en question a fondé un club, le premier club à Perpignan ...
J'y suis allé jouer quelques fois même si je n'y ai jamais été inscrit mais pas mal de mes potes de lycée y allaient tous les samedi soir jusqu'à ce qu'ils se fassent virer pour avoir pillé le frigo du club d'échecs.

bheng a écrit :J'ai découvert les jeux de rôle via un jeu et stratégie de mon popa, avec un CR de partie.
L'auteur y racontais qu'à l'époque, il y avait toujours un traître dans le groupe et je me suis toujours demandé si c'était un mythe ou pas. Quelqu'un pour confirmer?

En tout cas merci pour toutes les info, c'est passionnant.

Ca n'est pas tout à fait faux. L'assassin dissimulait souvent son identité en attendant d'occire l'un de ses compagnons, le voleur attendait son heure pour se barrée avec la caisse ou faisait les poches des autres persos. Le Kender kleptomane de Dragon lance ne sort pas de nulle part.

La feuille de perso d'Ad&d publiée par jeux Descartes avait un coin repliable pour l'alignement, puisque seul le MD et le joueur avaient accès à cette information.

La encore, le côté player vs player de Vampire sort tout droit de la période précédente.

Paiji a écrit :Pour changer un peu de toute cette poésie, j'ai retrouvé le récit du tout premier dungeon crawl par le seul survivant de l'aventure, en 1970-71, bien avant même la sortie d'OD&D.

J'suis à la bourre de dix pages mais merci pour ce témoignage, c'est passionnant.

Svenni a écrit :We realized that we had no time reference, but that we were all getting tired, so we stopped and set up camp in a large room and bedded down for the "night", carefully placing guards at the doors.

Pas de sorts, un seul pv...
Le premier repos court de l'histoire du JdR aurait été un acte de pur RP ?

Gobelure a écrit :En tout cas, désolé pour ce moment d'érudition complètement inutile, mais merci pour m'avoir fourni l'occasion de me replonger dans les vieux J&S, ça m'a fait ma soirée.

Merci à toi. Etant un petit jeune (ici, du moins), je n'ai pas du tout connu cette époque.

Gobelure a écrit :Allez, on remonte le temps : la première occurrence des JdR dans J&S date en fait du numéro 4 (août 1980), dans un article signé Froideval (évidemment) et Michel Brassine.

C'est aussi comme ça que j'ai rencontré le JDR ; quelques temps plus tard, je faisais ma première partie d'AD&D fortuitement avec le fils d'une amie de mes parents (à une centaine de mètres de l'ENS, d'ailleurs), armés tous deux d'un seul PHB. Je pense que j'ai dû recevoir le PHB et le M&M pour noël suivant (j'ai un vague souvenir de lecture au pied du sapin)

Snorri a écrit : Ca n'est pas tout à fait faux. L'assassin dissimulait souvent son identité en attendant d'occire l'un de ses compagnons, le voleur attendait son heure pour se barrée avec la caisse ou faisait les poches des autres persos. Le Kender kleptomane de Dragon lance ne sort pas de nulle part.

C'était même tout à fait vrai dans plusieurs groupes, au point que la norme n'était pas la coopération bon enfant. Les personnages étaient montés à la force du poignet face à des MJ intraitables. L'expertise de ces derniers étant évaluée à leur connaissance des règles plutôt qu'à leur maîtrise de la mise en scène. Bien que certains étaient fort habiles à ce jeu là également.
Le danger venait autant de l'intérieur que de l'extérieur, un perso risquant de se prendre un coup de grâce ou un coup dans le dos de la part d'un "compagnon" (1), notamment si certains objets faisaient de l'oeil. Une Vorpale ou un anneau d'invisibilité par exemple étaient de véritables pousse-au-crime, objets uniques passant de main en main au sein d'un groupe.

Il n'était pas rare qu'un personnage ait été joué avec plusieurs MJ, porte ouverte aux déséquilibres (OM, montées de niveau plus ou moins difficiles), voir aux tricheries. Le contrôle des feuilles de perso en début de séance était donc commun. Le MJ pouvant refuser certains objets, ou les doublons dans un groupe. Ou même certains scores "étonnants".

C'était une façon de jouer, et si je ne voulais pas de cette parano à toutes les séances au sein de mon groupe (une fois que j'ai eu le mien), il m'arrivait régulièrement de prendre plaisir à me confronter à nouveau à cette adversité. Revenir d'une partie en ayant survécu à un module officiel - ou retors comme ceux de White Dwarf -, après avoir été entouré de salopards prêts à te planter au moindre signe de faiblesse, était en soi un exploit dont je n'étais pas peu fier. Ou mener un de ces modules à la dure, encore et encore, jusqu'à ce que mes joueurs parviennent à le vaincre, était un plaisir singulier.

Snorri a écrit :La feuille de perso d'Ad&d publiée par jeux Descartes avait un coin repliable pour l'alignement, puisque seul le MD et le joueur avaient accès à cette information. (...)

Merci pour la piqure de rappel
Noire comme un cul de basse fosse. Elle avait l'avantage d'être bilingue si ma mémoire est bonne, mais je lui en préférais une autre plus répandue, dont l'origine par contre m'échappe complètement.

Edit : A moins que je me mélange les pinceaux, et que je la confonde avec celle d'un des premiers Casus...

(1) Aaah l'assassin qui avait le droit au bouclier contrairement au voleur. L'astuce classique était de se faire passer pour un voleur, et l'erreur de débutant étant de s'équiper d'un bouclier... (contrôle systématique dès qu'un voleur intégrait une équipe).

La deuxième erreur de débutant étant de jouer un demi-orque ce qui te désignait immanquablement comme l'assassin du groupe:-)

Ego' a écrit : C'était même tout à fait vrai dans plusieurs groupes, au point que la norme n'était pas la coopération bon enfant. Les personnages étaient montés à la force du poignet face à des MJ intraitables. L'expertise de ces derniers étant évaluée à leur connaissance des règles plutôt qu'à leur maîtrise de la mise en scène. Bien que certains étaient fort habiles à ce jeu là également.
Le danger venait autant de l'intérieur que de l'extérieur, un perso risquant de se prendre un coup de grâce ou un coup dans le dos de la part d'un "compagnon" (1), notamment si certains objets faisaient de l'oeil. Une Vorpale ou un anneau d'invisibilité par exemple étaient de véritables pousse-au-crime, objets uniques passant de main en main au sein d'un groupe.

Il n'était pas rare qu'un personnage ait été joué avec plusieurs MJ, porte ouverte aux déséquilibres (OM, montées de niveau plus ou moins difficiles), voir aux tricheries. Le contrôle des feuilles de perso en début de séance était donc commun. Le MJ pouvant refuser certains objets, ou les doublons dans un groupe. Ou même certains scores "étonnants".

J'ai l'impression de lire un strip de mon comics prefere (cf avatar).
Je me souviens avoir cherché le PNJ qui avait mis a sac ma cache au tresor, alors que des annees apres le MJ m'a avoué que c'etait un des autres joueurs (le fourbe voleur)

On a eu une fois une séance avec un PJ anti-paladin. Un TPK plus tard, l'anti-paladin ayant trucidé petit à petit les autres joueurs avant de succomber finalement face à des PNJ, le groupe repart avec … que des anti-paladins, tous brûlants de se venger de la mort de leur personnage précédent. Cette fois, le groupe est arrivé peu ou prou au bout du donjon, mais ils se sont massacrés devant le trésor.
Finalement, on a jeté le Best of Dragon à la poubelle et nous sommes retournés à nos 4 classes d'AD&D officielles sans toutes ces c…ies, avec dérogations pour les paladins, illusionnistes et druides.

Ego a dit "Aaah l'assassin qui avait le droit au bouclier contrairement au voleur. L'astuce classique était de se faire passer pour un voleur, et l'erreur de débutant étant de s'équiper d'un bouclier..."

sur ce point, je me permets une anecdote.
Je joue un ranger et le DM me dit qu'un clerc mauvais est infiltré dans le groupe et que je dois l'identifier.
Me croyant finaud, je me présente sans ma cotte de maille, avec une leather armor et mon shield. L'objectif est de ferrer le joueur du clerc mauvais qui ne manquera pas de m'identifier comme assassin en raison de cet équipement!
Ca fait ni une ni deux,le joueur me prend à part pour qu'on s'allie!
Tout content de moi, je le maîtrise et le dénonce au reste du groupe.
Il crie son innocence...
Le reste du groupe tranche: "non, mais attends, t'as une leather et un shield, t'es pas ranger, t'es assassin!"
Et on me lynche...
Véridique!!!

Y'a plus qu'à mettre ça en nouvelle

Graou a écrit : sur ce point, je me permets une anecdote.
Je joue un ranger et le DM me dit qu'un clerc mauvais est infiltré dans le groupe et que je dois l'identifier.
Me croyant finaud, je me présente sans ma cotte de maille, avec une leather armor et mon shield. L'objectif est de ferrer le joueur du clerc mauvais qui ne manquera pas de m'identifier comme assassin en raison de cette équipement!
Ca fait ni une ni deux,le joueur me prend à part pour qu'on s'allie!
Tout content de moi, je le maîtrise et le dénonce au reste du groupe.
Il crie son innocence...
Le reste du groupe tranche: "non, mais attends, t'as une leather et un shield, t'es pas ranger, t'es assassin!"
Et on me lynche...
Véridique!!!

Et là trois tenants du contrat social au fond de la salle viennent d'avoir une attaque cardiaque