L'invisibilisation du matériel amateur dans les médias rôlistiques
Publié : lun. déc. 16, 2024 10:46 am
Une chose qui me frappe depuis bien dix ans, c'est la grande rareté des mentions des créations amateurs dans les médias de jeu de rôle.
Le matériel de jeu amateur est partout dans notre domaine : aides de jeu, fiches de persos plus jolies, PJ prêts à jouer, visuels d'écran à imprimer soi-même, résumés en une page des règles ou d'un univers, mais aussi scénarios, campagnes entières, suppléments de règles, conversions d'un système à l'autre, voire des jeux entiers. Sans oublier les fanzines, sites web, wikis et gestion d'espaces de discussion, qui peuvent faire vivre un jeu des années après la fin de la gamme officielle (voire contribuer à le ressusciter !).
Je crois que n'importe quel auteur ou éditeur de jeu rêve de bénéficier de ce type de production amateur, qui est le signe qu'un jeu a trouvé son public et qu'il se forme une communauté autour. C'est aussi parfois une publicité bien utile.
Pour nous, au quotidien, cette profusion de matériel représente une aide, un gain de temps et un complément d'inspiration non négligeable, qu'il s'agisse de prendre en main un jeu, de récupérer un scénario à la volée ou de faciliter l'écriture des nôtres.
Certaines bases de données rôlistiques généralistes font une place aux créations amateurs, à commencer par la Scénariothèque, qui est le site généraliste le plus développé de ce point de vue, mais aussi le GROG qui ne recense cependant que les jeux (pas les scénarios ou aides de jeu). Le reste est beaucoup plus aléatoire et cloisonné. Il y a forcément des choses pour le matériel destiné à D&D ou Pathfinder (AideDD par exemple) et il y a Tentacules.net pour les cthulheries, mais le reste est très éparpillé.
Pourtant, que ce soit dans Casus Belli ou dans Jeu de rôle magazine, aucune rubrique spécifique n'est consacrée à ce type de création. Il arrive qu'un jeu ou une campagne particulièrement bien fignolée ait doit à une brève, mais c'est ponctuel, assez aléatoire, et les critiques développées sont encore plus rares. Ce n'est pourtant pas impossible de critiquer une création amateur, pour peu qu'on ne s'aligne pas sur les mêmes critères que pour un éditeur professionnel. Le Fix en parle un peu plus souvent, mais même la rubrique "Le lundi, c'est gratuit !" ne fait souvent que relayer du matériel offert par les éditeurs pro.
Dans les années 1990, Casus avait une rubrique très vivante consacrée aux fanzines. Il semble, depuis, que la création amateur se soit fragmentée, avec l'arrivée de la possibilité de créer facilement son propre site, puis de poster directement du matériel sur un réseau social, puis l tentation de monétiser ses créations via le mécénat participatif et les foulancements. Pourtant, la disparition des fanzines n'a pas coïncidé avec celle des créations 100% amateur, bien au contraire.
Cette invisibilisation de la production amateur dans les médias rôlistiques génère trois problèmes, à mon avis :
Un problème moins grave, mais un peu bête aussi, est que ce matériel reste souvent cantonné à la communauté d'un jeu en particulier, ou à la communauté d'un forum précis ou d'un groupe précis sur un réseau, alors qu'on pourrait tâcher de rendre plus systématiquement ce type de matériel accessible à plus de gens, puisque ça peut parfois s'utiliser pour plusieurs jeux (un visuel d'écran, un scénario ou même des PJ prétirés/PNJ, plans de bâtiments, vaisseaux, etc.).
Résultat : je vois passer régulièrement des pépites sur les forums et parfois sur les réseaux, mais elles ne sont pas pratiques à relayer et elles n'ont pas de reconnaissance critique.
Des choses qu'on pourrait faire pour ça, ce serait :
Qu'est-ce que vous en dites ?
Le matériel de jeu amateur est partout dans notre domaine : aides de jeu, fiches de persos plus jolies, PJ prêts à jouer, visuels d'écran à imprimer soi-même, résumés en une page des règles ou d'un univers, mais aussi scénarios, campagnes entières, suppléments de règles, conversions d'un système à l'autre, voire des jeux entiers. Sans oublier les fanzines, sites web, wikis et gestion d'espaces de discussion, qui peuvent faire vivre un jeu des années après la fin de la gamme officielle (voire contribuer à le ressusciter !).
Je crois que n'importe quel auteur ou éditeur de jeu rêve de bénéficier de ce type de production amateur, qui est le signe qu'un jeu a trouvé son public et qu'il se forme une communauté autour. C'est aussi parfois une publicité bien utile.
Pour nous, au quotidien, cette profusion de matériel représente une aide, un gain de temps et un complément d'inspiration non négligeable, qu'il s'agisse de prendre en main un jeu, de récupérer un scénario à la volée ou de faciliter l'écriture des nôtres.
Certaines bases de données rôlistiques généralistes font une place aux créations amateurs, à commencer par la Scénariothèque, qui est le site généraliste le plus développé de ce point de vue, mais aussi le GROG qui ne recense cependant que les jeux (pas les scénarios ou aides de jeu). Le reste est beaucoup plus aléatoire et cloisonné. Il y a forcément des choses pour le matériel destiné à D&D ou Pathfinder (AideDD par exemple) et il y a Tentacules.net pour les cthulheries, mais le reste est très éparpillé.
Pourtant, que ce soit dans Casus Belli ou dans Jeu de rôle magazine, aucune rubrique spécifique n'est consacrée à ce type de création. Il arrive qu'un jeu ou une campagne particulièrement bien fignolée ait doit à une brève, mais c'est ponctuel, assez aléatoire, et les critiques développées sont encore plus rares. Ce n'est pourtant pas impossible de critiquer une création amateur, pour peu qu'on ne s'aligne pas sur les mêmes critères que pour un éditeur professionnel. Le Fix en parle un peu plus souvent, mais même la rubrique "Le lundi, c'est gratuit !" ne fait souvent que relayer du matériel offert par les éditeurs pro.
Dans les années 1990, Casus avait une rubrique très vivante consacrée aux fanzines. Il semble, depuis, que la création amateur se soit fragmentée, avec l'arrivée de la possibilité de créer facilement son propre site, puis de poster directement du matériel sur un réseau social, puis l tentation de monétiser ses créations via le mécénat participatif et les foulancements. Pourtant, la disparition des fanzines n'a pas coïncidé avec celle des créations 100% amateur, bien au contraire.
Cette invisibilisation de la production amateur dans les médias rôlistiques génère trois problèmes, à mon avis :
- Elle empêche ces créations de trouver un public plus large, qu'elles pourraient pourtant intéresser.
- Elle entretient un manque de reconnaissance de la masse de travail fourni pour ces créations, et de la qualité de ce travail. Tout n'est pas excellent (il faut dire aussi que ce n'est pas forcément le but). Mais tout n'est pas mauvais au point de mériter de rester dans les tréfonds du Web ou des tiroirs.
- Elle néglige un problème important de conservation de ce type de création, prompt à disparaître dans les limbes, et cela encore plus depuis que les gens postent sur les réseaux sociaux plutôt que sur le Web ou en version papier (les réseaux actuels ne sont pas du tout conçus pour favoriser l'archivage et la consultation pratique et rapide d'anciens messages ou l'hébergement de fichiers à long terme — c'est d'ailleurs un problème plus large, mais ce n'est pas le sujet).
Un problème moins grave, mais un peu bête aussi, est que ce matériel reste souvent cantonné à la communauté d'un jeu en particulier, ou à la communauté d'un forum précis ou d'un groupe précis sur un réseau, alors qu'on pourrait tâcher de rendre plus systématiquement ce type de matériel accessible à plus de gens, puisque ça peut parfois s'utiliser pour plusieurs jeux (un visuel d'écran, un scénario ou même des PJ prétirés/PNJ, plans de bâtiments, vaisseaux, etc.).
Résultat : je vois passer régulièrement des pépites sur les forums et parfois sur les réseaux, mais elles ne sont pas pratiques à relayer et elles n'ont pas de reconnaissance critique.
Des choses qu'on pourrait faire pour ça, ce serait :
- créer des rubriques "matériel amateur" dans les magazines et sites généralistes de jdr pour en donner l'actualité, ou au moins un aperçu de l'actualité.
- faire plus souvent des présentations d'un matériel amateur, ou des critiques, en mettant au point des critères d'évaluation adaptés à ce type de matériel.
- s'intéresser à la préservation et à l'archivage de ce type de création et pas seulement à celle de la production des éditeurs professionnels. Mais ça, c'est plus un clin d'œil-coup-de-coude à destination des bibliothécaires, archivistes et historiens et historiennes dans la salle...
Qu'est-ce que vous en dites ?